Dans le dialogue
J'ai décidé il y a plusieurs jours de donner ce titre à ma chronique de Devenir oiseau, mais c'est en l'écrivant que cette pensée se matérialise effectivement. Il me reste 10 jours et il me reste un chapitre, je n'attendrai plus. J'aime lui laisser une part d'inconnu, sa petite part de mystère ... Certes, il s'agit là de deux gestes pour le moins inhabituels, osons le, singuliers. N'ai-je pas déjà dit me considérer comme un de ces marcheurs d'à côté (*) ? Sandrine Willems en est une, son écriture une matérialisation de sa pensée, une partition de son chant, et son livre nous entraîne à la suivre dans une tentative de l'intime.
C'est un livre lent. Fait de pensées profondes qui serpentent, parfois péniblement, à travers une forêt de doutes, d'angoisse et de peurs, parfois plus légères et poétiques, vers la lumière et le chant. Je remercie Babelio et Les impressions Nouvelles de l'avoir mis sur mon chemin. Je l'avais ajouté en dernière minute à ma sélection de la masse critique non-fiction, pour le titre m’évoquant : "rien jamais ne l'empêche, l'oiseau, d'aller plus haut ..." et, parce que l'auteur est belge. En recherche d'absolu, elle se déplace. Sa vie est faite de remises en questions et recommencements après table rase.
A la réception de ce livre, je m'inquiétai d'un possible prêchi-prêcha. Crainte dissipée dès la p.9 "Non que je prétende indiquer le moindre chemin, qui vaudrait pour tous, ou même pour quelques autres que moi. Juste une résonance, de singularité à singularité." Voilà pourquoi j'en ai apprécié la lecture, même s'il s'agit alors pour qu'elle soit pleine et entière de confronter chaque pensée, non dans un esprit de contradiction pour se prémunir d'une différence à laquelle on ne voudrait s'exposer mais, pour enrichir un dialogue intérieur.
C'est le récit de son installation à Montpellier et d'un re-nouveau que l'auteure nous livre avec bienveillance et générosité dans un style simple et souple pour aborder des choses graves et profondes. Pour se chercher, elle a lu énormément et parmi les tous grands : Deleuze, Nietzsche, Spinoza, Maître Eckhart. Son livre contient, je ne sais pourquoi ce besoin, nombres citations. Je n'en ai lu aucun, il me suffit qu'ils aient existé et de savoir leur haute pensée depuis influer sur le monde. Cela ne m'empêche pas pour autant d'admirer Sandrine Willems capable de les lire et les comprendre.
Peut-être le petit poème laissé en son temps sous ma rubrique de l'excellent essai d'Eric Mangin, Maître Eckhart ou la profondeur de l'intime, a-t-il pris racines^^ ?
Hêtre en soi
Qu'il est doux d'être chien
de s'amuser d'un rien
japper sous les caresses
partager liesse ou tristesse.
et s'il faut faire le gros dos
autrement ronger son os
ou plutôt être un oiseau
pouvoir chanter si haut
et de liesse et des ailes
faire pâmer les belles
soirs et matins
aussi serein
ou bien naître
grand hêtre
à nulle aucune ombre pareille
dans le susurré murmure
des sereins sur sa ramure
protéger les petits du soleil
ou mieux être à la fois
tout ça aux racines de soi
qu'il est bon en somme
pour tout quiconque se confie
au fougueux fleuve de la vie
d'être femme et homme.
(*) cf. Les indociles de Murielle Magelan
Commenter  J’apprécie         319
Choix de Masse critique, cet ouvrage, de par son thème, le rapport de l'humain au non-humain, contient pour moi une promesse d'originalité. La superbe photo de couverture avait attiré mon regard. le résumé éditeur m'a finalement décidée.
Dès les premières pages, toutefois, j'ai été déçue par l'écriture, qui tient plus du journal intime, de confessions, ou du mémoire que du texte littéraire. Dépourvu de limpidité, tourmenté, le récit est celui d'une psy qui a le sentiment d'avoir raté sa vie sur tous les plans. Il est truffé de citations philosophiques ou bibliques, avec un leitmotive : »un mystique c'est quelqu'un qui... »
Dans la fuite, l'auteur cherche à faire table rase et se met en mouvement. Elle puise dans le bouddhisme, la musique indienne, le shivaïsme, l'astrophysique, pour élaborer une foi toute personnelle, basée sur la reliance, qui semble lui procurer un certain apaisement.
Rien de bien convaincant, si ce n'est la puissance du chant, comme thérapie. L'expérience qu'en a fait l'auteur aurait peut être été un bien meilleur sujet. Son évocation apporte une bouffée de fraîcheur au récit.
Commenter  J’apprécie         10
livre reçu dans le cadre de masse critique spéciale non fiction.
Dire que cette lecture a été un calvaire pour moi est bien loin de la réalité.
Quel gâchis d'avoir abattu des arbres pour ce bouquin.
Je ne veux pas être trop méchant , mais ici impossible de faire autrement.
Sachant que je me désintéresse totalement de la question de dieu, et qu'ici ça prend une place importante, sans parler des nombreuses citations.
Lire une liste de course oubliée dans un chariot et sans nul doute plus intéressante .
Commenter  J’apprécie         20
Pour donner quoi que ce soit, n'a-t-on besoin, d'abord, de le manifester ? Comment pourrait-on aimer, pleinement, sinon en déployant, dans tous ses chatoiements, notre singularité ?
Et c'est là, où ça cesse de servir, que ça devient beau. […] Contrairement à ce qu'on pensait, c'est la vie qui est au service du beau.
Quand la vie semble derrière soi - quand en un sens elle l'est. Alors se lève une étrange insouciance, un printemps immense.
Mais qu'importe de réussir - le tout est de continuer, à toujours commencer.
Jan Baetens nous parle de « Les petits dieux » de Sandrine Willems.
Lien vers le livre : https://www.espacenord.com/livre/les-petits-dieux/