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EAN : 9782809844665
260 pages
L'Archipel (23/02/2023)
4.33/5   3 notes
Résumé :
Une étude biographique consacrée à l’un des plus grands penseurs de notre temps, Edgar Morin, au travers des grands thèmes qui ont aiguillé sa vie et son œuvre.

Edgar Morin n’a cessé de le répéter : « Ma vie et mon oeuvre sont indissociables. » Qui veut comprendre son parcours intellectuel doit le suivre de l’avant-guerre jusqu’à l’invasion de l’Ukraine et de Mai 68 aux secousses de la mondialisation. Sans oublier sa rupture avec le communisme, en 195... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Cette biographie s'attache à comprendre le parcours intellectuel d'Edgar Morin sur sa très longue vie et les tumultes de plus d'un siècle. Changer de voie, mais quelle voie suivre ? Telle est la question à laquelle il a tenté de répondre en explorant de nouveaux modes de connaissance. Il ne prétend pas donner une méthode à appliquer mais sa méthode de pensée, construite sur le doute, la remise en question permanente et l'écoute, pourrait peut-être être utile pour dépasser bien des blocages de notre époque.

La vie d'Edgar Morin est esquissée, dans ses grandes lignes, dans une première partie où il est question des idéaux qui vont l'amener à un engagement politique. Il est né en 1921, enfant unique aux origines multiples il porte le nom de Nahum, son père ayant fui les combats de Salonique lors de l'effondrement de l'Empire ottoman à la fin de la Première Guerre mondiale, mais le fil de ses origines remonte jusqu'en Italie et en Espagne, à l'exil qui a été le lot de bien des familles d'origine juive. Dès l'enfance, c'est un esprit curieux, avide de connaissance que ce soit en littérature, en philosophie ou en cinéma, pages passionnantes où j'ai vu se forger une personnalité hors du commun au contact des oeuvres du passé et des intellectuels qu'il a pu côtoyer dans l'entre deux guerres. En 1943, devant la menace d'un enrôlement dans le STO (Service du Travail Obligatoire), il rejoint la Résistance où il prend le nom de Morin, qu'il gardera par la suite. Engagé en politique au côté du Parti communiste, il a pris ses distances et en est exclu en 1951.

Après les années 1950, sa méfiance des idéologies le conduira à se diriger vers la sociologie, obtenant un poste au CNRS en 1950 dont il deviendra Directeur de recherche en 1993. Je le connaissais sympathique humaniste, invité régulièrement des médias, je le découvre sociologue, philosophe, chercheur dont la longévité et la production m'impressionne. J'ai apprécié l'effort fait par l'auteur pour rendre abordable la pensée de Morin : il y est question de boucles de rétroaction, des systèmes complexes, d'étude de la dimension sociale de l'homme, de théorie des systèmes et de l'organisation… Edgar Morin s'intéresse à la biologie, aux théories quantiques, à la neurobiologie et la cybernétique dans le cadre d'une interdisciplinarité qu'il juge indispensable. Son oeuvre la plus célèbre «  La méthode », dont la rédaction s'étale sur une trentaine d'années à partir de 1973, comprend quelques deux mille pages.

Il a été profondément marqué par la façon dont l'URSS, qu'il a défendue dans sa jeunesse au sein du Parti communiste et de la Résistance, a pu caricaturer ses idéaux. L'autocritique de ses erreurs vis à vis du stalinisme dans un contexte de lutte contre le nazisme est largement présentée. L'auteur insiste sur l'influence qu'elle va exercer sur son oeuvre.

C'est une biographie tout à fait agréable et intéressante, un retour sur l'histoire et la vie des idées sur une période qui s'étend de 1930 à maintenant et un focus sur la vie d'un homme remarquable. J'ai découvert quelles fortes influences il pouvait avoir sur la réflexion contemporaine dans le monde méditerranéen et en Amérique latine, et jusqu'en Chine, Corée, Japon… Edgar Morin fait un centenaire d'une jeunesse d'idées incroyable. Refonder la pensée à partir de là où l'ont laissée les grands philosophes et l'histoire récente, défi immense qu'il relève avec élégance. J'y ai vu une recherche morale tout à fait passionnante de la part d'un homme épris de fraternité, cultivant la tolérance et l'espérance.

Francis Lecompte est journaliste et collabore à CNRS le journal et Carnets de science. Il a nourri son étude de nombreux entretiens avec Edgar Morin et avec des chercheurs familiers de sa pensée. A la fin du livre, l'index des nom cités et une bibliographie des oeuvres d'Edgar Morin, ainsi que des livres et articles cités, permettent de juger de l'énorme travail fourni par l'auteur.
Lien : https://clesbibliofeel.blog/..
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La traversée du siècle
Francis Lecompte nous offre un trousseau de clefs pour aborder l'oeuvre d'un de nos plus grands penseurs.
Avec une analyse aussi dense que complexe nous avons une introduction éclairante aux écrits d'Edgar Morin.
Quand on écoute les interventions d'Edgar Morin on saisit immédiatement que l'homme et l'oeuvre sont indissociables.
Cette construction de l'homme indocile, du penseur de la complexité qui repousse les opinions unilatérales, qui fustige le manque de nuances s'est construit au fil du siècle, totalement en phase avec les grands évènements de l'Histoire.
Le fil de son oeuvre est que :
« Tout observateur doit s'auto-observer en même temps qu'il pratique une observation. »
Fraternité et conscience sont deux moteurs pour apprendre de ses erreurs, les reconnaître fait avancer.
Cette intelligence de la complexité, il va la cultiver hors des sentiers battus et avec un flair hors du commun il plaidera pour l'émergence d'une nouvelle culture.
Cette biographie nous montre ce qu'est la rencontre des savoirs et combien ce penseur est en vigilance permanente.
Dans son ouvrage de 1981 :
« Pour sortir du vingtième siècle, qui met précisément en garde contre la désinformation et les leurres politiques qu'elle peut occasionner. Un spécialiste québécois de la communication souligne à l'époque que Morin met en avant dans ce livre « la détresse informationnelle qui se manifeste par des pseudo-faits, des pseudo-événements et de la pseudo information […] rendu possible, parce qu'on a isolé l'information du problème social, du problème de l'idéologie et du problème de l'esprit humain. »
Les interrogations d'une vie.
Pour conclure « La pensée complexe ne s'applique pas, elle doit inciter. »
Une recension difficile à écrire car cette traversée du siècle est riche intellectuellement et humainement, et j'ai juste envie de vous donner envie de saisir ce trousseau de clefs et ensuite d'aborder cette pensée.
En le suivant sur sa voie puissiez-vous entendre sa voix.
Je remercie Babelio et les éditions de l'Archipel pour cette lecture.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2023/03/13/edgar-morin-en-suivant-la-voie/

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J'avoue que je ne connaissais pas bien Edgar Morin et la sortie de ce livre sur sa vie et son oeuvre a ouvert ma curiosité.
J'avais la représentation d'un vieux monsieur très actif, s'exprimant facilement dans les médias sur les faits de société ou les évènements politiques.
J'ai découvert bien plus que cela. Sa vie et son oeuvre sont contées par le journaliste Francis Lecompte,qui nourrit ses propos en s'appuyant sur les nombreuses lectures du philosophe, d'entretiens personnels avec lui et des chercheurs qui l'ont côtoyé.
Le livre se divise en 8 parties,la première sur les 20 premières années de sa vie,puis chaque chapitre décline une nouvelle décennie jusqu'au dernier pour les années 2000. Ce choix de présentation est très judicieux car il exprime la longévité du personnage(101 ans à ce jour !)et modèle l'évolution de sa pensée au cours des évènements du siècle et de ses rencontres.
On comprend au fil de la lecture l'ordonnancement de sa pensée complexe qui s'ouvre à la sociologie,la philosophie,les sciences humaines,les techniques scientifiques, l'éducation et ...le cinéma. L'ouvrage accepte les redites dans un souci pédagogique d'éclairer la position morinienne sans condescendance,avec un regard admiratif plutôt sur l'infatigabilité du personnage.
Il n'est pas toujours aisé de suivre ses voies politiques.Comme tout discours nuancé,il s'expose à des méprises, confusions ou amalgames. Ainsi le personnage ne sera pas compris par exemple lors du conflit des Balkans où il ne verse pas dans l'antiserbisme.
Impossible de résumer l'ensemble de sa pensée ici.
Ce qui m'a le plus touché,c'est la capacité d'autocritique assumée (adhésion jusqu'en 1951 à l'idéologie communiste durant l'ère noire soviétique ), qui l'amènera plus tard à ériger des principes fondamentaux de la connaissance : accepter la contradiction,faire entrer l'aléa et l'incertitude, s'ouvrir à la pluridisciplinarité,se fonder sur un savoir objectif ( le chapitre sur la rumeur d'Orléans est intéressant), continuer à se former et s'informer,pratiquer une dialectique permanente entre la raison et la passion.
J'ai été au début irritée par des positions un peu tièdes,faciles,refusant de s'engager en s'appuyant sur des arguments pour et contre.en se distanciant des évènements.
En parcourant le livre,j'ai saisi l'ampleur de son influence actuelle dans notre manière d'appréhender le monde et sa modernité et je remercie Babelio et les Éditions de l'Archipel de m'avoir proposé cette opportunité.
Un tout petit bémol,la place de sa vie personnelle et affective est peu abordée, citée à quelques moments clés,alors qu'elle a probablement accompagné toute son oeuvre.
Je ne peux que conseiller ce livre à ceux et celles qui connaissent mal le personnage,n'ont pas lu ses livres mais sont piqués de curiosité pour le rencontrer !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Dans la préface aux « soixante propositions pour une autre économie », qui suivront cet évènement, Morin écrit qu’il est possible de « refouler progressivement et systématiquement l’aire économique déterminée par le seul profit », montrant qu’une économie plurielle pourrait accompagner en même temps qu’elle se nourrirait d’elles d’autres évolutions, culturelle, intellectuelle, sociale… Les myriades d’initiatives allant dans ce sens sont donc bonnes à prendre, qu’elles concernent l’éducation, le travail, l’habitat, la santé ou la consommation. 
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Il s’agit, explique-t-il, de se livrer de loin en loin à une sorte de décrassage mental, c’est-à-dire de se remettre régulièrement en question, de la même façon que l’on procède à la révision de la toiture : vérifier ses connaissances car le monde se transforme en permanence, ne jamais cesser de se former ni de s’informer et pratiquer systématiquement le doute, afin de nettoyer l’esprit de tous les dogmes et tous les formatages dont il est la proie. Edgar Morin nous dit que toute sa vie, en somme, n’aura été qu’une longue cure de désintoxication mentale, sans cesse renouvelée. 
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Edgar Morin a désigné un horizon, à chacun de tracer son chemin, puisque la vie de la pensée, n’a-t-il cessé de répéter, se confond avec la vie tout court. La sienne, avec ses racines culturelles et familiales, ses circonstances historiques et ses lignes de fuite idéologiques ou ses perspectives scientifiques, nous montre comment négocier avec notre histoire personnelle, tenter de la comprendre, d’en saisir toutes les facettes, afin d’approcher toujours un peu plus la « bonne connaissance.
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Même en pleine recherche philosophique, il n’a donc en rien renoncé à ses espérances d’une société plus humaine. Politiquement, il reste fidèle à son principe dialogique, qui vise à réunir des entités ou des instances antagonistes ou concurrentes dans des unités complexes et complémentaires, sans que l’une exclue radicalement les autres. Un quart de siècle après des erreurs staliniennes, il continue ainsi à inclure le marxisme dans sa pensée politique. Bien qu’il l’ait dépassé, il ne peut être question de l’éliminer. Une unité ne dissout jamais ses composantes, même contradictoires.
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Moins connue que la métaphysique, la morale ou la politique, l’épistémologie est cette branche de la philosophie qui s’apparente littéralement à un « discours sur la science » […] Désormais, l’approche philosophique des sciences au sein de l’épistémologie s’intéresse aux modes d’acquisition des connaissances, au rôle de l’expérience et de l’expérimentation, à la logique, à l’histoire des sciences, à leur place dans la société ou encore aux implications éthiques des différentes découvertes.
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