Et mes seins, tu les aimes ?

Un livre qui patientait vers le fond de ma bibliothèque, attendant un hypothétique lecteur; sont-ce ces seins de la première de couverture, menus et assez jolis, le droit savamment valorisé entre deux doigts parfaitement manucurés, présentant tous deux une légère chair de poule très sensuelle, qui m'ont décidé? Sans doute, mais pas seulement, d'autant que le texte n'est pas illustré...

Je savais que ce livre évoquait des films, 50, réalisés entre 1929 et 2006, de l'Ange bleu à Lady Chatterley, mais c'est surtout son titre reprenant la fameuse interrogation de Brigitte Bardot à Michel Piccoli sur son goût à propos de sa poitrine, qui est un bon déclencheur de lecture.

Car ce livre parle avant tout de cinéma, un cinéma très varié, avec des choix de films pas systématiquement érotiques, certains tout au plus assez sensuels, d'autres plus explicites. L'intérêt, ce sont à la fois des anecdotes pour cinéphiles que Gérard Lenne livre avec assurance -- j'en déduis qu'elles sont exactes -- tout en laissant aller quelquefois très loin le fantasme, faisant évoluer les dialogues et, souvent, l'histoire dans des directions bien éloignées de la pellicule grand public.

Ainsi les questions de Brigitte à Michel vont bien plus dans le détail en recherchant son avis sur d'autres aspects de son anatomie qu'elle n'a d'ailleurs jamais exhibés au cinéma. de même, les rapports entre Tarzan et Jane évoluent vers de l'imprévu digne de Brassens, le chimpanzé suppléant le gorille.

Pas mal d'humour dans les différents fantasmes de l'auteur, certes de qualité inégale, mais l'ensemble fournit un sympathique divertissement pouvant éveiller le désir de revoir tel ou tel film, peut-être d'un autre oeil...

Tout d'abord, merci à Babelio et à leurs opérations masse critique que je ne rate jamais, ainsi qu'aux éditions La Musardine, spécialisée dans les livres coquins. Parce qu'il s'agit d'un livre pour « public averti » dont je vais vous parler, une fois n'est pas coutume…. Mais c'est aussi un livre qui nous parle de cinéma comme la réplique culte de B.B. dans le mépris qui lui sert de titre nous l'indique.
L'auteur, critique de cinéma, fait le pari de nous offrir 50 fantasmes cinématographiques. En effet, il choisi 50 scènes tirées de films cultes aptes à nous faire avoir des bouffées de chaleur… selon lui. (En passant pourquoi 50 ? Doit-on ce chiffre au hasard ? Au fait qu'il n'en ait réellement trouvé que 50 ? Que ce soit un chiffre « rond » ? Ou à la mouvance 50 shades dont la couverture en noir et blanc rappelle discrètement les nuances de gris ?... digression marketing, désolée !)
Alors concrètement, comment çà se présente ? Et bien 50 « chapitres » de 2 à 5 pages sur une scène d'un film dont le titre n'est donné qu'à la table des matières, à nous de trouver du quel il s'agit (ou de tricher en gardant un oeil sur ladite table). Quelques pages sur des scènes "osées" du cinéma entre réalité, fantasme, remaniement, histoire du film ou de la scène... Il faut à chaque fois faire un effort de mémoire pour démêler le vrai du faux parce que c'est là l'habileté de l'auteur, partir d'un moment du film pour le faire basculer dans l'érotisme, où s'arrête le réel, ou commence l'imaginaire ? J'avoue que pour certains il va me falloir revoir les films parce que si parfois c'est évident, d'autrefois, pas tant que çà, et puis parfois, honnêtement, je ne les ai pas vu (honte sur moi, il ne s'agit quand même que de films particulièrement connus)
L'auteur s'amuse donc comme un petit diable à désacraliser Blanche-Neige (vous ne regarderez plus le film de Disney du même oeil), épicer la Belle et la Bête (dans les deux cas Bettelheim ne désapprouverait peut être pas), punir Alex dans orange mécanique, trouver un compromis entre Louis XIV et Geoffrey de Peyrac… J'en passe et des meilleurs. J'avoue avoir souri plus d'une fois à la lecture de ces scènes grivoises mais finalement pas si osées que cela, coquines tout au plus. Bien entendu, tous les fantasmes y passent, de A comme abus à Z comme zoophilie. La performance sportive de l'auteur consistant à rajouter des scènes dans des films tels qu'Histoire d'O et l'Empire des sens. Jamais on ne bascule dans le trash, c'est écrit simplement ce qui permet de faire passer même ce qui pourrait être particulièrement choquant, ce qui le rend accessible à tous (plus de 18 ans quand même) et le rendra peut être un peu léger pour les habitués de lectures plus sulfureuses, de l'érotisme tout public presque…
J'aurais bien un regret, l'absence d'illustration, qu'il aurait été agréable d'avoir un support visuel pour ces hommes et ces femmes évoquées, ces scènes décrites… même sans inclure des images tirées des films pour des questions de droits…

Action Masse Critique. Merci à la maison d'édition « La Musardine ».
Un livre de 188 pages où se succèdent 50 récits très courts, inspirés chacun d'un film et mettant en scène les fantasmes de Gérard Lenne, critique de cinéma. « Fantasme : construction imaginaire par laquelle le sujet se laisse entraîner dans un univers de rêveries personnelles, parfois obsédantes ». Ici malheureusement, peu d'imagination. Et donc ouvrage assez décevant dans l'ensemble. Comme l'est trop souvent la littérature érotique, à mon avis.
Un intérêt quand même : un soupçon d'humour, de dérision, parsemé de ci de là. Avec des questions importantes posées : dans « 7 ans de réflexion », lors de la scène de la bouche d'aération, Marylin avait-elle une culotte ? Mr Hulot était-il un vrai célibataire endurci ? Frankenstein et King Kong auraient-ils été des heureux « hommes » ? Qui était pour finir le véritable assassin dans Psychose ? Les seins de Cléopâtre-Taylor ont-ils changé la face du cinéma-péplum ? Enfin une explication du naufrage du Titanic qui tient la route ? Et vous saviez pour Milady et le Cardinal ? Et pour Blanche-Neige et les sept mains ?
Apparemment un poète aurait dit que le sexe était à réinventer ; et bien, il y a du boulot !

Tout d'abord merci à Babelio et aux éditions la Musardine pour cette découverte.

C'est un "petit" livre au format étrange que j'ai reçu. Pas vraiment poche, il n'est donc pas si facilement transportable... D'un autre côté, l'illustration de la couverture étant très suggestive, difficile de le lire dans les transports en commun... A moins que...

Il est composé comme un recueil de nouvelles, avec des chapitres très courts, un par extrait de film. Cependant, les titres "originaux" ne sont exposés que dans le sommaire. Au lecteur de les retrouver seul, ou de jongler entre ledit sommaire et les chapitres.

Il peut se lire comme un livre, et l'on explore ainsi les fantasmes de l'auteur inspirés par, pour la plupart, de grands chefs d'oeuvre du 7ème art (mais honte à moi, j'avoue ne pas avoir vu bon nombre d'entre eux...), ou l'on peut choisir d'aller revisiter sciemment des scènes, au gré de ses humeurs et surtout de ses envies...

J'avoue, toutefois, avoir été un peu déçue par cette lecture. A mon goût, tous ces fantasmes ne sont pas de qualités égales, et finalement, ils m'ont semblé "assez sages". Je pense que je m'attendais à quelque chose de plus osé. L'avantage, c'est que l'auteur laisse de la place à notre propre imaginaire et à nos propres fantasmes, nous laissant ainsi finir certaines nouvelles...

Enfin, l'écriture reste agréable et accessible à tous (enfin public averti s'entend) sans jamais choquer.

Au final, une lecture coquine qui reste un bon moment et qui peut être une bonne introduction, ou initiation, à la littérature érotique.