Cesar Aira, très original
Cesar Aira n'aime pas s'attarder sur les introductions de ses livres, mais préfère prendre rapidement son envol à partir de là, et voir comment il peut improviser. Ces improvisations peuvent donner lieu à des rebondissements totalement inattendus dans le style de narration. Il passe du surréalisme, du dadaïsme, du quasi non-sens, au pulp, au style de la science-fiction populaire ou à celui des feuilletons télévisés, mais fait également appel à la narration fantastique. Il reste très ouvert, tout est possible dans ses livres. Volontairement, il veille aussi à ce que les histoires ne se terminent pas comme on l'attend généralement en littérature. Dans ce livre aussi, la fin est quelque peu étrange, et c'est à cause de cet aspect inattendu qu'elle est si attrayante : elle peut aussi être différente de ce à quoi nous sommes habitués !
L'intrigue
Fantômes" est l'histoire d'une journée, la veille du Nouvel An. Il fait une chaleur de sang, trente et un degrés. Pendant cette journée, du matin au soir, nous suivons une famille de migrants chiliens en Argentine, avec leurs collègues ouvriers travaillant dans le bâtiment, et plus tard avec les autres membres de la famille des migrants qui viennent fêter le réveillon. La famille chilienne loge dans une maison inachevée sur un quai d'appartements de luxe à Buenos Aires. Il y a encore des trous dans les murs, aucune fenêtre ou porte n'a encore été placée, mais leurs enfants sont occupés à jouer partout. C'est très dangereux. Enfin, il y a les
fantômes. Il s'agit d'une bande de folichons incontrôlables qui font les tours de singe les plus fous et qui aiment rire.
Toutes sortes d'éléments
Voilà pour l'intrigue. Mais il y a plus que l'histoire de ce réveillon.
L'architecture : Pour l'instant, la famille vit en tant que concierge dans un immeuble d'appartements de luxe en cours de construction. Cela donne lieu à de belles et inspirantes réflexions sur l'architecture, et la relation des bâtiments à l'espace en général.
Questions sociales : la famille pauvre vit dans des conditions dangereuses et est chargée de l'entretien de cet endroit jusqu'à ce que les appartements de luxe soient terminés pour que les riches puissent venir y vivre. le livre comporte un aspect social.
La philosophie : Parfois, surtout vers la fin du livre, l'auteur adopte des théories plus philosophiques, souvent très mathématiques, basées sur des réflexions sur l'espace. Pour ma part, je les ai trouvées plutôt compliquées et pas très révélatrices pour ne pas dire caduques, parfois.
Les
fantômes : dans les pays d'Amérique du Sud, on joue beaucoup avec des éléments comme la mort, le carnaval (se déguiser en mort, défier la mort). La mort fait partie intégrante de la culture, tout comme les
fantômes font partie intégrante de ce livre.
Conclusion
Un auteur très original, au style intriguant, avec des aspect sociaux, et il ne manque pas d'humour… il a tout pour plaire, et en plus on est dépaysé vers la culture de l'Argentine, de l'Amérique du Sud.
Les fans peuvent aussi essayer l'auteur Copi, que
Cesar Aira admire.