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Anne-Laure Tissut (Traducteur)
EAN : 9782742779888
300 pages
Actes Sud (04/11/2008)
2.99/5   36 notes
Résumé :
4° de couverture :
(Edition source : Actes Sud, Lettres anglo-américaines - 11/2008)


Le point de vue des éditeurs :

Très vite, le prodigieux QI et la vulnérabilité du bébé Ralph ont fait de lui l'objet de toutes les convoitises : celle du docteur Steimmel, une psychiatre en mal de reconnaissance, qui veut lui disséquer le cerveau. Celle des services secrets du Pentagone qui voient en l'enfant un précieux atout stratégiq... >Voir plus
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Farce énorme narrée par un bébé (très) surdoué, mix d'effets drôles et sérieux très réussi.

Publié en 1999 (en 2008 en français), le dixième roman de Percival Everett marquait un aboutissement provisoire, allant sensiblement plus loin que précédemment dans le mélange bakhtinien des tonalités, pour fournir au lecteur, sous le fil conducteur apparent d'une farce rocambolesque, l'un des plus fascinants pots-pourris narratifs et intellectuels que je connaisse.

Ralph, bébé de quelques mois, possède quelques particularités, dont un QI proche de 500, une capacité phénoménale de lecture et d'écriture, et un refus catégorique d'utiliser la parole… C'est lui qui nous raconte quelques mois de sa vie, entre sa mère artiste peintre peu convaincue, son père (que Ralph appelle « le Bouffi »), professeur d'université, post-structuraliste, amer et ami de Roland Barthes (qui parcourt le récit sous les traits appuyés d'un satyre logorrhéique et incompréhensible), les psychologues psychopathes qui, confrontées au phénomène, et passées les phases d'incrédulité, sont prêtes au kidnapping, pour pouvoir tester à loisir – voire, in fine, disséquer – le bébé qui les fera entrer dans l'histoire des sciences, les militaires reconvertis dans les services ultra-secrets, qui voient rapidement dans le nourrisson l'arme ultime en matière d'espionnage scientifique et industriel, ou encore le couple de travailleurs mexicains en mal d'enfant à adopter, voire le prêtre réprimant à très grand peine sa pédophilie…

Ce fil relativement linéaire est fiévreusement entrecoupé de bribes d' « autres choses » (selon un procédé qui sera encore développé dans « le supplice de l'eau », mais avec d'autres prémisses) qui vont, elles, demander un certain effort au lecteur (particulièrement français) pour parvenir à la jouissive fusion finale de ce redoutable cocktail : poèmes écrits par Ralph, dialogues imaginaires mais singulièrement drôles et pertinents entre philosophes, linguistes et écrivains (avec les difficultés que peuvent représenter, par exemple, les romanciers Ralph Ellison ou James Baldwin, a priori moins familiers au lecteur français qu'à un intellectuel afro-américain), constructions et schémas linguistiques tous droits échappés de manuels structuralistes et post-structuralistes…

Ne nous y trompons pas, en effet : si le récit follement débridé joue au faux thriller et à la vigoureuse parodie des travers universitaires, Ralph nous propose aussi, en constant filigrane, une robuste réflexion, imagée et dansante, sur le sens de la narration, la limite de la compréhension et de l'exégèse, et le pouvoir de la création linguistique…

Sans doute l'une des tentatives les plus réussies que je connaisse, donc, pour mêler de l'essai « sérieux » à une narration « déjantée », sans sacrifier les ressorts de l'un ou de l'autre, fût-ce au prix d'un charmant effort requis de la part du lecteur.
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Un glyphe, c'est un caractère (comme dans hiéroglyphe). Comme tout ceux que Ralph écrit pour se faire comprendre. Ralph est le fils de un an de Douglas et Eva Townsend, des intellectuels. Il a une intelligence exceptionnelle, ce qui attire quelques personnes malveillantes qui pensent mettre son don à profit. Ralph a un point de vu lucide sur ce qui l'entoure mais aucun moyen de se défendre...
Un peu dur de comprendre toutes les pensées de ce bébé, ses réflexions sont parfois assez complexes ! Celles-ci mises à part, le récit donne une image très cynique de la société, philosophes et psychiatres sont tournés en ridicule. J'aime bien l'humour d'Everett même si dans ce roman, il est un peu compliqué !
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retour de bibliothèque... lecture en attente...

***

L'autobiographie hilarante et érudite d'un bébé incroyablement surdoué qui décide de renoncer au langage articulé pour écrire, sidère et manipule ses parents avant de devenir l'objet de la convoitise générale et de passer de mains en mains, victime d'enlèvements successifs orchestrés par des scientifiques, des agents du Pentagone ou des prêtres en mal d'exorcismes.


Conçu comme une parodie des dogmes de la déconstruction, une satire non seulement des milieux universitaires, artistiques ou scientifiques mais d'une manière générale, de l'absurdité des comportements du genre humain.

Très vite, le prodigieux QI et la fragilité' enfantine du bébé Ralph font de lui un objet de convoitise : pour le Dr. Seimmel, psychiatre de son état et en mal de reconnaissance de la part de la communauté de ses pairs, comme pour le service de renseignements du colonel Bill, lesquels ont dans ce phénomène rare, repéré' un sujet d'étude scientifique aussi bien qu'un atout stratégique précieux.

Bientôt arrache' a' son père, un universitaire ambitieux (mais jusqu'à présent frustré de la gloire dont il escompte voir couronnés les travaux qu'il mène dans l'ingrat domaine de la sémiotique) et a' sa mère, une artiste-peintre (en proie aux affres du doute quant à la valeur de son geste créateur), Ralph relate les divers enlèvements dont il est victime et les stratégies mises en oeuvre par les uns et les autres pour exploiter son potentiel exceptionnel, sans cesser de rédiger des notes inspirées des nombreuses lectures que lui a procurées sa mère bien-aimée (la première à avoir repéré ses talents et la seule à lui prodiguer un amour sans partage).


Les réflexions pédantes du bébé mutique constituent l'un des points-forts de ce récit jubilatoire ou' l'auteur détourne les conventions du discours savant au profit d'une savoureuse composition romanesque, dont la « géométrie métaphorique » défie volontairement toute tentative d'analyse structurale.

De divisions en subdivisions, l'approche fragmentaire n'y joue d'ailleurs d'autre rôle que celui d'une brillante mise en scène qui convoque tous les genres (du traite' de physique au roman en passant par l'essai philosophique et le conte de fées) au service d'une histoire au fil de laquelle une nébuleuse de détails rend compte du geste autobiographique en tant que véritable laboratoire de la réflexion.

Parodie de structures et de genres, « Glyphe » est aussi une satire des milieux universitaires qui ne craint pas de s'attaquer aux diktats littéraires et philosophiques.

De démonstrations par l'absurde en mises en scènes comiques ou' l'on assiste a' d'improbables dialogues entre Socrate et Baldwin ou entre Wittgenstein et Nietzsche, les icônes du post-modernisme ne sont pas épargnées, et Barthes se retrouve à plusieurs reprises en « protagoniste invité », très irrévérencieusement croque' en clown burlesque au discours abscons et prétentieux.

Percival Everett accomplit ici le tour de force de tenir le lecteur en haleine avec un récit où l'érudition rencontre le comique, voire le grotesque (parfaitement assumé en tant que tel).

Suivre les tribulations de ce jeune héros (dont on découvre assez tardivement dans le roman qu'il s'agit, « de surcroît », d'un bébé de couleur) livre' aux ambitions de la psychiatrie et de l'espionnage, alors qu'il n'aspire, en authentique bébé, qu'a' retrouver sa maman, c'est aussi s'interroger presque a' chaque page, élargir l'horizon de sa connaissance.

L'impressionnante vigueur de ce livre tient sans doute a' sa forme hybride, ou' l'odyssée de Ralph, conjuguée sur le mode du fragment, nous propose, en même temps qu'une histoire fertile en rebondissements, une réflexion brillante et rafraîchissante sur le langage et l'écriture.

Publié en 1999, ce roman annonce certains des thèmes qui se retrouveront dans Désert américain et dans « Effacement ».

source : http://livre.fnac.com/a2481521/Percival-Everett-Glyphe?PID=1878

Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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En créant le personnage de Ralph, un bébé au QI inouï qui a déjà tout lu et tout intégré, sauf -évidemment- une bonne partie de l'expérience humaine vécue puisqu'il est encore essentiellement dans son berceau et sur le pot, un bébé qui a renoncé volontairement à la parole et n'utilise que le langage écrit, Percival Everett peut tout se permettre et il ouvre de fait un espace immense de jubilation, de dérision et de réflexion.

Dès que les capacités extraordinaires de Ralph sont découvertes par d'autres que ses parents (son père ayant eu bien du mal à les reconnaître), il devient l'enjeu d'une compétition acharnée, kidnappé successivement par une psychiatre démente ayant découvert son QI pharamineux et trouvé en lui le moyen de sa reconnaissance, par les services de renseignement américains qui veulent l'utiliser à des fins d'espionnage, par un couple de mexicains en mal d'enfants et enfin par un prêtre à la pédophilie à peine refoulée.

Mais cette odyssée burlesque n'est pas tout, sinon ce ne serait pas du Percival Everett. Avec Glyphe, en juxtaposant les péripéties de Ralph et ses écrits, des scènes de la vie de ses parents (Douglas, un universitaire médiocre et prétentieux que Ralph appelle «Le bouffi», et qui, on le comprend, se sent mis en danger par son fils, et Eve, une artiste peintre peinant à percer), des dialogues imaginaires particulièrement savoureux entre des écrivains et des philosophes, et d'autres fragments du matériau universitaire linguistique et structuraliste qu'il côtoie quotidiennement, Percival Everett réussit le prodige de produire en même temps qu'une intrigue jubilatoire, une critique acerbe et follement drôle, même si elle est souvent opaque pour le commun des mortels, de la pédanterie intellectuelle, et une réflexion sur le langage toujours étincelante.

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A noter : J'ai lu le roman en anglais

Glyph est un roman écrit à la fin des années 90 par le professeur d'anglais Percival Everett. le roman met en scène un bébé nommé Ralph, qui est un génie et qui lit des livres et écrit des poèmes dans son berceau. Cependant, il ne prononce aucun mot et ne s'exprime que par l'écriture. Sa mère s'inquiète pour lui et l'emmène chez une psychiatre, mais lorsque tout le monde commence à prendre note des capacités de Ralph, cela conduit à son enlèvement.

Pour des romans comme celui-ci, le début doit être convaincant, étant donné qu'il s'agit d'une prémisse absurde et que l'auteur l'a très bien écrite pour attirer le lecteur dans son monde. le roman comporte de nombreux éléments humoristiques, à commencer par l'antipathie de Ralph envers son père, due à l'insécurité de ce dernier, écrivain en difficulté, qui a du mal à accepter que son bébé soit plus intelligent que lui. Il y a également plusieurs références où Ralph parle de littérature connue, De Balzac à Baldwin, ainsi que de divers philosophes tels que Nietzsche et Platon. Je n'ai pas pu m'identifier à toutes les références littéraires, mais il s'agit d'un cas où l'auteur joue avec sa force, celle d'être un professeur d'anglais.

Bien que j'aie apprécié la prémisse et les éléments humoristiques, j'ai trouvé que le roman était un peu trop long. Un seul enlèvement était acceptable, mais un deuxième enlèvement faisait traîner l'histoire en longueur. Bien que je puisse adhérer au monde où un enfant est un prodige, le fait qu'il soit capable de conduire met le lecteur à rude épreuve et c'est là que j'ai eu l'impression que l'humour se perdait.

L'humour n'est pas un genre que je lis habituellement et ceux que j'ai lus ne m'ont pas particulièrement plu. Cependant, ce livre s'est avéré être une exception et je l'ai trouvé tout à fait amusant. Même s'il n'est pas le plus facile à lire et qu'il pourrait être mieux apprécié si l'on pouvait comprendre toutes les références littéraires et philosophiques, je dirais que ce livre satisfera le public moyen et, sur cette note, je donne une note de trois sur 5.
Lien : https://lastute.blogspot.com..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
L'ennui est l'ami du bébé. Si je gloussais chaque fois que le Bouffi se mettait à me faire sauter comme un sac de farine, c'était pour voir si je n'arriverais pas à déclencher quelque réaction révulsive qui me ferait lui cracher à la figure. L'ennui ne rend pas aveugle, et n'entrave en rien l'étonnement. Certes, l'ennui n'a rien à voir avec l'étonnement, et loin de moi l'idée de suggérer que le sens de l'un bifurque pour revenir au plus proche du sens de l'autre, que l'on croyait contraire. L'ennui est une colline élevée, un nid de corbeau, un affût de chasse, d'où l'on voit tout (que soit écartée pour de bon l'idée d'aveuglement). Peut-on rêver meilleur endroit d'où s'observer soi-même, à l'abri des sensations comme des risques de confusion ? Taedet me ergo sum.
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Au début, on rit, c'est drôle, cultivé, un peu arrogant mais de la part d'un surdoué, c'est normal. Mais vite la lecture s'épuise. Vite on a compris que toutes les personnes qui croiseront Ralph dans cette histoire voudront se l'approprier. Et les dialogues Kantiens, spinoziens, les références philosophiques ou mathématiques, les irruptions de Barthes, si drôles au début mais poussives ensuite, deviennent cuistres et très lassants.
Heureusement, les livres que Percival Everett a écrit plus tard, dont l'Effacement, Blessés et Pas Sydney Poitier font oublier ce premier essai, pas transformé.
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« Si le langage était ma prison, alors l'écriture était le mur que j'escaladais pour m'échapper »
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Vidéo de Percival Everett
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