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Martine Reid (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070359783
144 pages
Gallimard (05/03/2009)
3.83/5   21 notes
Résumé :
"Le marquis trouva le moyen de lever les faibles scrupules d'Hortense ; elle se donna à lui ; elle oublia la tendresse et les bontés d'une amie, pour jouir du goût passager d'un amant. Quelle différence ! Quelle perte ! Quoi qu'on en puisse penser dans l'égarement de son coeur, un amant ne vaut pas une amie."
Marie-Jeanne Riccoboni (1713-1792), amie de Diderot, David Hume et Horace Walpole, fut longtemps actrice à la Comédie-Italienne, avant d'écrire des roma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

Avant de prendre la plume, Madame Riccoboni fut comédienne. Elle écrivit cette nouvelle et la fit éditer en 1758.

1714, le marquis de Cressy revint de la guerre d'Espagne avec le duc de Vendôme, auréolé de gloire et de fierté. Six années plus tard, il a vingt-huit ans et se présente à la cour. Ambitieux, il songe à accroître ses biens par le biais d'une union. Fin esprit, son charisme fascine les deux sexes. Tel un paon, de soie et de plumes, il séduit les femmes tout en affichant de l'indifférence. Appâter sans le montrer, il présente un leurre désirable et fascinant.

"L'apparence des vertus est bien plus séduisantes que les vertus mêmes, et celui qui feint de les avoir a bien de l'avantage sur celui qui les possède."

Sa séduction enchante deux femmes. La première, la comtesse de Raisel, est une veuve fortunée, encore jeune, belle, intelligente, charitable et généreuse. Malgré son âge et sa situation, elle est une personne pudique et timide dans ses élans. La deuxième, une enfant-femme, Adelaïde du Bugei, a la pétulance, l'insouciance et la naïveté de sesseize ans. L'une, sage et pondérée, reste secrète, l'autre, jeune lionne, manifeste son amour et se laisse courtiser, parfois en cachette de son père qui voit d'un mauvais oeil ce béguin.

"Vous dire de m'oublier ? Ah ! jamais ! on m'a forcé de l'écrire ; rien ne peut m'obliger à le penser ni à le désirer."

De promenade en promenade, de soirée en soirée, de billets doux aux mots cachés, le marquis de Cressy oublie quelques temps son arrivisme et se donne à cette romance. Car il lui plaît d'être aimé.Mais…
L'histoire rencontre deux autres personnes. La marquise d'Elmont, femme calculatrice, vaniteuse, jalouse et sournoise, qui ressemble à la marquise de Merteuil dans les "Liaisons dangereuses" De Laclos. Elle sonde les faiblesses, offre une oreille compatissante et se propose dans le rôle de confesseur pour mieux perdre le pénitent. Et une jeune orpheline, Hortense, qui est confiée à la garde et au dévouement de le comtesse de Raisel. Considérée et choyée comme une fille ou comme une soeur, elle remerciera la gentillesse de sa marraine, par la traitrise, la froideur et l'insensibilité de son coeur.

D'une pièce de Marivaux… Vous ! ici ?… Les scènes dégénèrent en farce, les fils s'emmêlent et les marionnettes succombent à la duplicité. La comédie engendre la tragédie.

Au seuil de sa vie, le marquis de Cressy se posera certainement les questions :
Pouvoir ou Amour ? Félicité ou concupiscence ?
Car, "Il fut grand, il fut distingué ; il obtint tous les titres, tous les honneurs qu'il avait désirés : il fut riche, il fut élevé ; mais il ne fut point heureux."

Ce livre est intéressant et l'écriture est fine. A travers cette histoire, la condition de la femme à cette époque est encore sombrement amenée. de mes trois lectures pour ce challenge, mes héroïnes sont enclines à l'autodestruction. La faiblesse d'Eve ?
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Dans ce roman paru en 1758, le marquis de Cressy est un homme brillant, mais sans une fortune capable de subvenir à ses appétits, mais ayant surtout pour lui ses exploits au cours de la guerre d'Espagne. Charmeur, il a pour objectif de s'attacher le meilleur parti: une femme avec de la fortune. Peut importe son âge, pourvu que la donzelle aie le titre et la monnaie sonnante et trébuchante qui va avec. Il fera ses armes sans conviction mais avec succès auprès d'Adélaïde, pour le malheur de cette dernière, un coeur pur et innocent; puis il n'aura pas grand chose à faire pour séduire la comtesse de Raisel, amie d'Adélaïde, à la fortune considérable et admirée de tous. Mais bien sûr, l'union se faisant aux dépends de la jeune fille, et étant fondée sur un mensonge, elle n'en peut que connaître une fin funeste.
Homme léger, ambitieux, le marquis de Cressy est avant tout le stéréotype du personnage masculin vaniteux pour qui séduire une femme tient plus du jeu qu'autre chose. Les femmes de ce roman sont aussi calquées sur les représentations sociales de l'époque dans les relations hommes/femmes, ces dernières étant passives.
Dans une plume élégante, Madame Riccoboni conte les turpitudes d'un homme qui perdra au final la femme dont il tomba finalement amoureux. Obsédé par son intérêt, vaniteux, il jouera des sentiments des unes et des autres provoquant le malheur. L'histoire de M. le marquis de Cressy m'a plus semblé celle de "ses" femmes, dont les tourments sont le miroir du caractère de cet homme avide d'avancement et de gloire.
Si évidemment, l'intrigue est marquée par son temps, de même que les effusions que les agissements du marquis provoquent chez ces dames, ce court roman n'est pas aussi poussiéreux qu'il pourrait y paraître. Car au final, il ne fait que raconter les rapports humains, et les conséquences de nos choix de vie sur nos relations avec les autres. Madame Riccoboni ne manque pas non plus de critiquer les hommes en général.
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J'ai pris beaucoup de plaisir à découvrir cette autrice. J'aime son "ton".
Elle oppose dans ce roman un homme ayant l'apparence de toutes les vertus à deux femmes ayant ces vertus et rajoute que "L'apparence des vertus est bien plus séduisante que les vertus mêmes, et celui qui feint de les avoir a bien de l'avantage sur celui qui les possède".
On voit comment l'histoire va se terminer. L'homme en question n'est pas un libertin comme chez Laclos ou Crébillon, mais la question du masque social que l'on revêt revient avec insistance ici aussi, avec la conclusion que le masque l'emporte donc sur la réalité. M. de Cressy n'est pas vraiment un libertin comme Valmont ou Versac, il se laisse entraîner plutôt qu'il ne choisit de séduire, il est l'homme du caprice qui ne considère jamais les conséquences de ses actes pour les autres parce qu'il ne pense qu'à lui-même.
Mme Riccoboni étudie les relations homme-femme dans ce court roman avec un regard résolument féministe et, si elle souligne le rapport déséquilibré qui existe, elle met aussi en avant la solidarité féminine qui peut exister : "Quoi qu'on en puisse penser dans l'égarement de son coeur, un amant ne vaut pas une amie".
Bref, c'est une bonne découverte qui me donne l'envie d'aller à la pêche de ses autres romans (je ne suis pas sûre qu'ils soient très faciles à trouver).
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L'histoire, évoquée ici par Madame Riccoboni, est simple : un homme séduisant mais ambitieux, aimé de plusieurs femmes toutes très différentes, va susciter la passion et la jalousie chez certaines, le dépit et le malheur chez d'autres. Quoique l'époque soit lointaine, le sujet est intemporel : l'ambition ne peut servir les intérêts d'une personne qui s'y consacre toute entière sans qu'elle y sacrifie plus que son énergie...

J'ai beaucoup apprécié ce très court récit d'un auteur qui m'était jusque là parfaitement inconnu. Je ne connaissais absolument pas l'histoire du Marquis avant de m'y plonger, et je me suis longtemps demandé comment cette histoire allait finir. C'est un récit que j'ai dévoré, tant j'étais impatiente d'en connaître le dénouement. J'y ai parfois trouvé une vague ressemblance avec Les Liaisons Dangereuses de Laclos dans le choix et la personnalité des personnages.

C'est d'abord une histoire sentimentale, qui nous présente le jeune marquis de Cressy, récemment revenu de la guerre, comme quelqu'un qui semble détenir tous les charmes au regard de ces dames. Malheureusement, le Marquis est un ambitieux, et son unique préoccupation est d'accéder à un mariage prestigieux avec une personne de haut rang. Malgré ses défauts, il hésite parfois à sacrifier ses sentiments à cette fameuse ambition. Il est capable d'aimer sincèrement et profondément et ne supporte pas qu'on puisse avoir une mauvaise opinion de lui. C'est, de plus, un homme sensible et raffiné. Malgré ces faiblesses - c'est du moins sous cet angle qu'il voit les choses - il va très vite se détourner de la belle et jeune Adélaïde dont la fortune n'est pas suffisante pour qu'il l'épouse, et s'intéresser de très près à Madame de Raisel dont le haut rang et la richesse sans pareil excitent sa convoitise.

Sans se préoccuper des conséquences de son désintéressement, et par la suite de son comportement égoïste et manipulateur, le Marquis de Cressy va semer le trouble autour de lui, précipiter les destins et faire germer les émotions les plus néfastes dans le coeur des femmes de son entourage.

La suite ici :
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
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Deuxième livre lu ce mois-ci pour le club de lecture d'Antastesia, ce court roman sentimental m'a parfois ennuyé mais est parvenu à aiguiser mon intérêt sur la fin.
Nous découvrons un personnage masculin, le marquis de Cressy, à l'ambition démesurée et sans scrupules, qui manipule plusieurs femmes pour parvenir à ses fins. Ces manigances et calculs font froid dans le dos et ne sont pas sans rappeler les stratagèmes toujours utilisés par certains hommes, notamment les pervers narcissiques.


L'originalité n'est pas le point fort de l'oeuvre car nous sommes en présence de personnages assez stéréotypés et de schémas narratifs vus et revus.
En revanche, la description des sentiments, surtout concernant les personnages féminins, est particulièrement juste et intemporelle.
L'écriture est aussi très belle, le roman faisant moins de 200 pages, il se lit très facilement.


Une autrice à la plume fine, très populaire à l'époque et malheureusement tombée dans l'oubli, à découvrir !
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] mais les êtres inconséquents qui nous donnent des lois se sont réservé le droit de ne suivre que celle du caprice.
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Le marquis de Cressy devint en peu de temps l’admiration des deux sexes. Les gommes recherchèrent son amitié, et les femmes désirèrent sa tendresse ; mais celles qui tentèrent de l’engager trouvèrent dans son cœur uune barrière difficile à forcer. De toutes les passions, l’intéêt est celle qui cède le moins aux attaques du plaisir.
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"Il fut grand, il fut distingué ; il obtint tous les titres, tous les honneurs qu’il avait désirés : il fut riche, il fut élevé ; mais il ne fut point heureux."
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"L’apparence des vertus est bien plus séduisantes que les vertus mêmes, et celui qui feint de les avoir a bien de l’avantage sur celui qui les possède."
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"Vous dire de m’oublier ? Ah ! jamais ! on m’a forcé de l’écrire ; rien ne peut m’obliger à le penser ni à le désirer."
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