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Jean-Luc Defromont (Traducteur)
EAN : 9782867464225
279 pages
Liana Lévi (05/10/2006)
3.86/5   40 notes
Résumé :
"Je n'ai pas prononcé un seul mot depuis le matin où je suis descendu du car à Barrington, il y a cinquante-deux ans. J'avais dix ans, et ma mère venait de se volatiliser au beau milieu de la nuit. Depuis, elle n'a plus jamais donné signe de vie [...]. Tout le monde ici vous dirait que je suis sourd-muet. Rien de plus faux. En réalité, j'ai entendu tout ce qui en valait la peine dans cette ville." Les confidences qui vont suivre dévoilent une ville du sud des Etats-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quand le silence est d'or…

Comme il ne parle pas et qu'on ne l'entend pas, on ne le voit plus guère le jeune Sammy, débarqué d'un car à Barrington - comté de Soque, Géorgie - un petit matin, sans parent ni bagage. Recueilli et hébergé dans une cabane par le chef de la gare routière, il a fini par se fondre dans le paysage de cette petite ville, vivant des services rendus à la communauté.

Pourtant, dans cette ville marquée par la ségrégation et la lutte des courants religieux (chrétiens, baptistes et méthodistes), d'aucuns feraient mieux de se méfier de ce faux sourd-muet, qui ne l'est que parce qu'il l'a décidé lorsqu'il a réalisé son abandon. À commencer par les prédicateurs tartuffes et magouilleurs, cupides et sans scrupules.

Quelle délicieuse farce que J'ai tout entendu de Dan Gearino, traduit par Jean-Luc Defromont. C'est rythmé, drôle - voire quasi burlesque - et ça part dans tous les sens, avec une fraîcheur narrative qui dose savamment ses effets et prend le lecteur à témoin ou pour confident à intervalles réguliers. Quelques scènes mémorables de cabaret ou d'incendie resteront ancrées dans la tête du lecteur, longtemps après la fin de sa lecture.

Au-delà de la farce, Gearino dessine aussi un portrait de ce Deep South de l'après-guerre dans tout ce qu'il a d'injuste, de cynique, de clivant et de rude. Avec le recul, le sourire faiblit un instant, puis revient vite car l'intention n'est jamais moralisatrice ni culpabilisante. Juste un rappel de se méfier de l'eau qui dort, ou du sourd-muet qui a tout entendu…
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Sammy Ayers est âgé de 10 ans quand il se retrouve, seul, à la gare routière de Barrington, Georgie....
Quelques minutes auparavant, il fut réveillé par le chauffeur du bus, qui nettoyait son car....
Quelques heures auparavant, il s'était endormi sur sa mère.... quittant Birmingham pour un monde meilleur et un avenir plus sur....enfin c'est ce qu'il avait compris des propos que sa mère lui avait tenus...
Nous sommes à la fin des années 30.....

Mais le voilà seul....Dans une gare vide de toute activité humaine, sous un soleil de plomb....et le chauffeur, sans un mot, sans un regard, lui dépose une valise à ses pieds..... le voilà seul au monde. le choc est immense. Intense. le vide. le néant. L'absolue négation.... être abandonné par sa mère !...

Sammy Ayers est K.O debout....Il perd l'usage du langage... et il est tellement abasourdi par le choc, qu'on le croit sourd.... C'est du moins le sentiment que ressent JERKINS, le chef de la gare routière de Barrington, qui le remarque et l'accueille en attendant "que ses parents viennent le chercher".....

Jenkins et Sammy attendront en vain.... Jenkins, dans un souci d'ordre fini par ranger la valise qui traînait sur le sol, dans une consigne, "en attendant qu'un des parents vienne"...

Jenkins, tout comme Sammy est un être blessé par la vie...ayant perdu sa femme et sa fille, le même jour, un 24 décembre d'une sale grippe...Il est persuadé que la mort de ses deux êtres chéris est due à un péché qu'il a commis alors qu'il était sous les drapeaux... La culpabilité protestante le ronge et l'étouffe, toutefois, cet homme est pétri de charité et de bon sentiment....

Bien qu'il accueille Sammy, il le laisse cependant, au fond de la gare routière, dans un petit débarras, qui deviendra pour une grande partie de sa vie, le "home sweet home" de Sammy Ayers....

Lucille, la patronne du café, à côté de la gare routière, amie de longue date de Jenkins, prend soin, en le nourrissant, de cet enfant, qui se rend utile en balayant la cour, en rangeant les bagages de ceux qui arrivent, en recevant ceux qui arrivent...

Sauf que Sammy Ayers n'a toujours pas dis un mot depuis sa descente du car...

Etant donné que les gens pensent que Sammy est sourd, ils parlent ouvertement de tout sujet devant lui.... Sammy est une "éponge"...il capte tout, il enregistre tout, il stocke tout.... Abraham Thacker, chef patriarchie d'une tribu de noirs "sans le sou" l'apprendra, bien plus tard....

Jenkins, le scolarise et Sammy Ayers devient vite la "bête noire" (et le terme est à- propos dans cet Etat du Sud des Etats Unis : le noir n'est même pas une couleur à cette époque....) d'un certain Tolliver Tynan fils d'une bonne famille, et de la plus grande fortune du conté fils d'Alford Tynan.....

La vie et les années vont défilées.... 1966 : Tolliver deviendra un pasteur baptiste confondant le remplissage des fonts baptismaux et le vidage des fonds baptistes et Sammy Ayers sera toujours à la gare routière, balayant, rangeant et faisant bien d'autres petits travaux locaux. Jenkins aura rejoint sa femme et sa fille dans l'au delà et Abraham Thacker sera toujours noir....

Mais Sammy Ayers n'a pas oublié les sévices de Tolliver et sait tout de ces manigances et de son manque de foi.... La crise de foi n'est pas loin... et le drame non plus...

Le drame viendra suite à une phrase de John Lennon qui mettra la communauté baptiste sans dessus-dessous et comptez sur Ayers pour jeter de l'huile sur le feu..... Imaginez....

De ce drame, naîtra pour Sammy Ayers une autre vie.... Une consigne oubliée.. Une vérité enfin dévoilée.... une fleur qui pousse sur le béton d'une gare routière et une autre que l'on détruit sur un parking d'un bar...

Une mère à jamais, une mère pour toujours....

C'est un bon livre, le seul défaut, est que l'auteur nous livre des bribes du drame, qui se construit, par petites touches avant de nous replonger dans les années précédentes ou dans des situations antérieures... La fluidité de la lecture en est impactée du fait de ces flash-backs...

Mais un livre plaisant, tout comme une chanson des Beatles....
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L'histoire est bien ficelée, l'atmosphère du sud des Etats-Unis depuis les années 40 est bien retranscrite, mais j'ai trouvé que les personnages manquaient de consistance, même le narrateur paraît un peu fade, mis à part le personnage de Jenkins (le vieil homme qui recueille l'enfant), je n'ai pas éprouvé grand chose pour eux, on les croirait presque transparents.
J'ai été un peu déçue par ce bouquin auquel il manque l'alchimie nécessaire pour être vraiment emporté même s'il est très bien écrit.
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Pour ceux qui ont adoré "Un petit boulot" de Levison, je vous conseille vivement de vous précipiter sur "J'ai tout entendu", récit d'un homme, abandonné enfant dans une gare par sa mère et qui choisira de se protéger en jouant le sourd. Les années passent, le petit, sous la coupe du chef de gare, habite un cagibi, s'occupe du ménage des lieux et offrent ses services ici et là. Et surtout, il garde bien ouvert les oreilles, au point de connaitre tous les petits secrets de la ville. Et durant toutes ces années, il organisera avec patience et malice sa vengeance ! Ca se dévore !
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Avec comme personnage central/narrateur un faux sourd qui attend son heure, voici un roman truculent, malin, prenant, original, drôle, un polar plein de la poussière du Sud qui vous fera passer une bien bonne soirée.
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Barrington est l'archétype de la ville du Sud. Nichée dans les petites collines au nord-est d'Atlanta, elle est jolie comme tout, avec ses clochers dépassant de la cime des arbres, et son vieux tribunal trônant au milieu d'une vaste pelouse. On y trouve quelques rues avec des demeures néoclassiques appartenant aux notables, d'autres rues avec les maisons modestes et classées de la classe moyenne ; quelques îlots de caravanes et de baraques de fortune en marge de la ville, où vivent les blancs pauvres ; enfin une communauté noire regroupée dans le quartier de Buttermilk Bottom. Elle compte aussi une entreprise de conditionnement de viande de poulet, deux usines produisant l'une des pots de peinture et l'autre des fermetures Éclair, et – Dieu soit loué d'avoir placé un gisement de granit aussi près – une carrière qui fournit des stèles funéraires à trois États.
Une douzaine d'écoles élémentaires alimentent en élèves deux lycées, qui à leur tour livrent au monde leurs contingents d'égorgeurs de poulets et de tailleurs de stèles. On y dénombre trente et une églises, trois détaillants de machines agricoles, une quarantaine de gardiens de la paix, trois bibliothèques, zéro marchand de vin et taverne, une statue de soldat confédéré, en mémoire des troupes que Barrington envoya défendre la cause, et dont la majeure partie trouva la mort dés la première nuit, après qu'un soldat ivre eut renversé une lanterne dans la grange où ils bivouaquaient.
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Le Beatle en question était John Lennon, bien sûr, qui proclamait que le christianisme passerait de mode. "Il faiblira et s'éteindra. Inutile de polémiquer; j'ai raison et l'histoire le prouvera. On est devenu plus populaires que Jésus. Je ne sais pas lequel des deux disparaîtra le premier, le rock ou le christianisme. Jésus était très bien, mais ses disciples bornés et insignifiants."
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Je passe un certain temps à entretenir la tombe de Jenkins, au dépotoir humain de Barrington. Officiellement, le lieu s'appelle le cimetière du mémorial, mais c'est un nom trop solennel à mon goût ; si on ne peut pas rire de la mort, alors à quoi ça rime de vivre ? La plupart des gens n'ont pas la bonne attitude vis-à-vis de la mort : ce n'est pas parce qu'ils la traitent avec respect qu'elle les épargnera. Il n'y a rien à faire, des milliards d'individus en ont déjà fait les frais. D'ailleurs, elle est bien souvent le terme heureux d'une vie malheureuse.
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Je gardais pour moi les choses que je découvrais en fouinant, ce qui faisait de moi un détective, Beckmann partageait ce qu'il apprenait avec des milliers de gens, ce qui faisait de lui un journaliste.
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Bien sûr, dix-sept syllabes de poésie, qui sont du meilleur effet sur une épitaphe, ne sont pas tout à fait aussi utiles qu’un indicateur des cars du district.
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