Critique de cinéma passionnée et passionnante,
Murielle Joudet réinterroge autant qu'elle invite à redécouvrir l'histoire de cinéma notamment grâce aux femmes qui l'ont construites. Ainsi, après deux essais successivement consacrés à deux actrices à l'exploration psychologique profonde
Isabelle Huppert. Vivre ne nous regarde pas (2018) et
Gena Rowlands. On aurait dû dormir (2020), l'autrice donne à présent la parole à une cinéaste dont l'ensemble de la filmographie reste encore trop méconnue. Dans l'exercice traditionnel de l'entretien,
Murielle Joudet révèle en introduction qu'elle a fini par accepter de suivre la direction du dialogue guidée par
Catherine Breillat. Ainsi, inutile d'attendre ici une exploration chronologique de la vie et de l'oeuvre de la cinéaste avec une attention toute particulière à chaque film, puisque les problématiques se développent plus particulièrement là où se trouvent concentrés des noeuds dans une histoire de vie d'artiste. L'échange est particulièrement vivant car les polémiques et les tabous ne semblent aucunement exister dans cette réflexion sur une vie à l'oeuvre d'une femme qui n'a jamais cessé de penser intrinsèquement le cinéma par le corps en expérimentant sans cesse sa mise en scène avec l'éclairage d'une composition picturale.
Même si ce dialogue est loin d'être exhaustif sur l'ensemble d'une filmographie et des questions qu'il nourrit, il permet de réaliser un portrait inédit d'une réalisatrice qui n'a cessé d'être précurseure dans une affirmation de l'introspection au féminin qui n'a d'égal au cinéma que l'univers viscéral des passions représentées par
David Cronenberg et Paul Verhoeven, comme elle s'en revendique elle-même. Une plongée vertigineuse dans une oeuvre qui a su saisir l'inquiétante étrangeté de l'intime de chaque époque.
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