Jour J, tome 19 : La vengeance de Jaurès

Raoul Villain, l'assassin de Jaurès est tué dans les baléares : Jaurès est vengé ! Et c'est le Parti Socialiste Corse qui est le commanditaire de cet assassinat, un acte qui pourrait faire tomber le gouvernement en place si cela se savait, voir pire, la République !
Derrière l'assassinat - réel - de Raoul Villain en Espagne, la BD développe une affaire policière potentiellement explosive. Moi qui n'est pas un adepte des récits policiers, j'ai été captivé par celle-ci : qui sont ces hommes tués par ce meurtrier solitaire ? Quel est leur point commun ? Comment les enquêteurs vont arrêter le coupable ? Des questions classiques dans une oeuvre policière mais plutôt bien mises en scène dans cet album avec un style aux « tontons flingueurs » (je soupçonne d'ailleurs un petit hommage avec des visages ressemblant à Francis Blanche et Bernard Blier parmi les personnages, mais je n'en suis pas sûr).
Même si j'ai mentionné une étiquette « uchronie », l'histoire se limite au changement de tueur de Raoul Villain et une modification des événements de la seconde guerre mondiale ; et encore mentionnée sur une seule page avec très peu de détails.

Et si... la SFIO avait décidé de lancer un tueur corse aux basques de Raoul Villain, l'assassin de Jaurés, acquitté au terme d'un procès en 1919. Et si... le tueur finissant par accomplir sa tâche dans les années trente, outrepassant ses consignes, s'attaquait aux jurés du procès...
Sur un très beau graphisme de Gaël Séjouné, assez distancié, loin du réalisme habituel de cette série, ce récit arrive à concilier le souvenir de la première guerre mondiale, les oppositions politiques, la montée des extrêmes dans les années trente.
Tout cela est bien mené, avec le petit plus donné par les « gueules » des personnages, fortement inspirées par le cinéma, avec notamment Bernard Blier en directeur de la sûreté nationale et Jacques Villeret en Bichon, un policier simplet, mais attachant.

Bluffé. Ce tome est excellent. Un assassinat, un tueur, des temps troublés, rien de bien original. Pourtant, l'angle utilisé par le scénariste pour dérouler L Histoire est particulièrement intelligent. Il nous tient en haleine et nous balade le long d'un parcours tortueux sans jamais nous perdre.
Le dessin est très approprié, je suis resté scotché sur la planche 52 (page 54). Rien d'extraordinaire à première vue alors allez savoir pourquoi ...