J'ai lu ce livre suite à une opération masse critique. Merci aux protagonistes. Je me disais que l'avis d'un chercheur « spécialiste » de la démocratie directe, pourrait m'aider à formuler mon ressenti coléreux vis-à-vis de ceux qui fustigent le populisme en fourrant dans le même sac toutes les idées qui remettent en cause l'ordre établi des démocraties néo libérales. Je suis un peu déçu, pour les mêmes raisons, d'ailleurs, que celles évoquées dans les deux critiques figurant sur le site.
D'autant plus que l'idée est intéressante : analyser non pas les populistes, mais ceux qui en parlent. Car, la plupart du temps, ce terme est utilisé par des intellectuels, journalistes, politiciens, avec mépris, sous des propos presqu'insultants, sans tenir compte de l'histoire des idées et de la sociologie des mouvements qui revendiquent un partage des pouvoirs. Pour eux il s'agit de stigmatiser ces mêmes mouvements car ces derniers remettent en cause leur statut d'élite. Ces antipopulistes deviennent en fait hostiles à une démocratie reposant sur le pouvoir des citoyens, en dénonçant les prétendus excès de la démocratie : pour eux seuls les experts, technocrates, politiciens professionnels, sont capables de savoir et de mettre en place ce qui est bon pour une population ignare, incapable d'apprendre et de comprendre les rouages d'une société trop complexe. (La convention citoyenne leur a bien démontré le contraire mais…)
Il est vrai qu'
Antoine Chollet s'appuie sur une étude du contexte nord-américain à la fin du 19ème siècle et plus particulièrement sur la transformation du mouvement « Greenback » (alliance coopérative et mutualiste de fermiers), en parti politique : il nous montre comment la classe dominante a su le discréditer, et réutiliser, par la suite au cours de 20ème siècle, ce discrédit, pour étouffer tout élan de renouvellement démocratique.
Oui le langage n'est pas toujours facile à suivre, et ne se met pas à la portée d'un citoyen ordinaire pour qui le titre de l'ouvrage ouvre une perspective argumentaire excitante … et j'aurais souhaité des exemples plus pratiques et actuels.
Donc, intéressé mais déçu : je ne retiendrai que peu de choses de ce livre, pour étayer mon ressentiment vis-à-vis des éditocrates…