«
L'histoire pour quoi faire ? » de
Serge Gruzinski ouvre un vaste débat .Il légitime la nécessité de fonder une histoire globale, mondialisée et veut rompre avec « la vision eurocentriste de l'histoire ». L'interprétation théâtrale de son ouvrage « L'Aigle et le Dragon » dans un lycée de Roubaix lui donne l'occasion d'expliquer et de confronter l'ouverture de l'Europe vers l'ouest par les espagnols ( aux XVème et XVI ème siècles) et l'échec de l'expédition des portugais en Chine au XVIème siècle. L'auteur multiple les sources possibles de la recherche historique : films, mangas, photographies, oeuvres d'art … elles sont autant de vecteurs d'études historiques. Les exemples (L'Arche russe (2001) d'Alexandre Sokourov …) montrent nos hésitations à reconstruire le passé. L'écrit ne peut plus être le support unique ou privilégiée des études historiques.
L'Europe rassemble des populations aux origines diverses. L'histoire nationale ne répond plus au présent. L'histoire globale décentre les démarches traditionnelles vers les lieux de contact où les sociétés ont construit de nouvelles organisations humaines, politiques, économiques…Les lieux sont autant de situations concrètes qui permettent de fonder des références d'échanges « mondialisés ». L'Europe n'est plus dominante dans ce contexte, elle s'est transformée et reste un acteur parmi d'autres dans l'histoire des rapports humains.
L'intitulé de la dernière partie, « Quelle histoire enseigner ? », répond davantage au propos du livre.
L'ouvrage est dense, il développe la réflexion sur une discipline « tourmentée » par la mondialisation. Cependant, des questions demeurent sur la constitution d'un référentiel commun aux européens, aux français… L'éparpillement des centres d'intérêt rend difficile la construction d'une synthèse. La pandémie a rappelé (et par quasi réflexe) que le territoire national reste la référence de repli…Le débat reste ouvert.