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Eva Rollin (Autre)
EAN : 9791037511072
Les arènes BD (18/01/2024)
4.08/5   13 notes
Résumé :
De la préhistoire à aujourd'hui, à l'école et dans les familles.
S'il est un sujet qui déchaîne les passions, c'est bien celui de l'éducation. Tout le monde a son mot à dire sur l'école ou, au sein des familles, sur la façon d'éduquer un enfant. Plus que jamais, l'enseignement se révèle comme l'un des défis majeurs de nos sociétés.
Cette BD nous propose un voyage hors du commun dans l'Histoire et nous fait découvrir la manière dont on a éduqué, enseign... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
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Comme son titre l'indique, ce tome constitue un exposé historique sur l'éducation. Sa première publication date de 2024. Il a été réalisé par Jean-Yves Seguy (maître de conférence émérite en sciences de l'éducation à l'université Jean-Monnet de Saint-Étienne) pour le scénario, par Eva Rollin (bédéiste de profession) pour les dessins, et Nicolas Bègue (coloriste professionnel) pour la mise en couleurs. Il comprend environ deux-cent-cinquante pages de bandes dessinées. En fin d'ouvrage se trouve un chapitre sources et bibliographie de neuf pages. Puis viennent deux pages de notes et références des citations. Suivent deux pages listant les images gravures, photographies et autres qui ont été utilisées comme appui documentaire par la dessinatrice, qui a systématiquement réinterprété ces images, ajoutant ainsi sa propre créativité à l'oeuvre originale, une page de remerciements et une page pour la table des matières.

Chapitre I : Préhistoire, des formes élémentaires de transmission. On ne sait pas vraiment grand-chose de la manière d'éduquer à la préhistoire. Les traces ne permettent que de formuler quelques hypothèses. Que se passe-t-il à la fin du Paléolithique avec l'ami Cro-Magnon ? On peut parler d'éducation naturelle, face à un environnement hostile. Les jeunes vivent avec les adultes et apprennent à leur contact. On apprend en participant à la vie collective. On fait avec… On apprend en imitant. On apprend en observant. On fait ensemble. On en sait peu sur les rapports de domination de l'époque… mais la femme avait peut-être une place plus importante que ce que les premiers préhistoriens avaient imaginé. La plupart des représentations des humains dans l'art préhistorique ne sont pas sexuées… et, quand elles le sont, les femmes sont très présentes. Enfin, bref, on est bien loin de l'école, encore que !

Chapitre II : L'éducation chez les Gaulois. Pour les Gaulois, l'éducation, réservée à une élite, devait se faire au contact de la nature, de la forêt, du monde animal… on y apprend les cycles de la nature… et de la chasse… et aussi un peu la guerre ! Une éducation fortement teintée de magie, essentiellement orale, sous la forme de chants poétiques. Cette éducation est assurée par les druides. le druide est un personnage central du monde gaulois, assurant des fonctions religieuses, politiques et éducatives. Et puis il y avait les bardes – une sous-catégorie de druide –, spécialistes des chants religieux ou guerriers… Les bardes étaient classés en dix catégories selon la capacité de leur mémoire. Les champions pouvaient connaître par coeur jusqu'à 350 histoires. On l'a compris, l'éducation chez les Gaulois est surtout une affaire orale. Jules César (100-44 avant J.-C.) s'est beaucoup interrogé sur les raisons de ce refus de l'écrit pour transmettre les connaissances. Cela dit, il faut se méfier de ce que disait César. Cette image des Gaulois provient pour beaucoup de son best-seller La Guerre des Gaules… et on peut s'interroger sur l'objectivité des propos d'un acteur essentiel de cette époque, qui plus est, vainqueur desdits Gaulois !

Dans l'avant-propos, l'auteur énumère les questions abordées, ainsi que les choix effectués pour concevoir cet exposé. Qui a inventé l'école ? Qu'enseigne-t-on dans l'université du Moyen-Âge, dans les collèges de l'Ancien Régime, dans les écoles primaires de la Troisième République ? Comment l'enseignement s'adapte-t-il aux situations de guerre ? Quelles sont les conceptions de l'éducation dans la famille dans l'Antiquité, au Moyen-Âge ou au XXe siècle ? Quelle place accorde-t-on à l'éducation des filles tout au long de cette histoire ? […] Écrire une histoire de l'éducation, comme toute histoire, suppose des choix et des renoncements. La vérité historique n'existe pas dans l'absolu, et il faut, de ce fait, rendre scrupuleusement compte de ses sources… et expliciter ses choix. Il a ainsi été décidé de limiter le propos à l'espace géographique et politique de la France, non que l'histoire de l'éducation d'autres pays manquât d'intérêt, mais une histoire universelle aurait nécessité une large multiplication du nombre de pages de l'ouvrage. […] le lecteur constate que l'ouvrage retrace plus les formes de cadres structurés de système scolaire, que l'action en elle-même, c'est-à-dire la façon de développer les facultés intellectuelles et morales de l'enfant, même si cette facette est reflétée par les différentes structures éducatives.

L'ouvrage se compose de neuf chapitres chronologiques, en plus de l'avant-propos : Préhistoire (des formes élémentaires de transmission), Antiquité (un modèle d'éducation autoritaire), Moyen-Âge (des expériences multiples qui s'organisent peu à peu), Renaissance et Ancien Régime (la construction de la forme scolaire), Révolution (de grandes ambitions… et des réalisations relativement modestes), Consulat et Empire (un monde éducatif sous contrôle), XIXe siècle, de la Restauration aux débuts de la IIIe République (des luttes pour le contrôle de l'éducation), XXe siècle (l'ère des grands bouleversements), XXIe siècle (suite de l'histoire… et nouveaux enjeux). L'auteur tient toutes les promesses contenues dans l'avant-propos. Il contextualise les notions qui sont passées dans la culture populaire, voire dans l'inconscient collectif, par exemple la culture orale des Gaulois, la prédominance tenace du latin dans les études pendant de nombreux siècles, la présence de l'Église dans les structures de l'éducation (également pendant de nombreux siècles). Il évoque de nombreux personnages historiques passés à la postérité pour leur apport à l'éducation : Charlemagne (742-814, A-t-il eu un jour cette idée folle d'inventer l'école ?), Ignace de Loyola (1491-1556, fondateur de la Compagnie de Jésus, c'est-à-dire les Jésuites), Jean-Jacques Rousseau (1712-1778, Émile ou de l'éducation), Jules Ferry (1832-1893, lois de 1881 & 1882, sur la gratuité, l'obligation d'instruction et la laïcité), Élise (1898-1983) & Célestin Freinet (1896-1966, Pédagogie Freinet), Maria Montessori (1870-1952, méthode Montessori).

Le lecteur découvre également des personnages dont le nom lui dit vaguement quelque chose ou dont il n'a jamais entendu parler : Christine de Pizan (1363-1431, égalité de nature entre l'homme et la femme en matière éducative), Jean Standonck (1443-1504, le collège Montaigu de Paris), Claudio Acquaviva (1543-1615, le Ratio Studorium), Angèle Merici (1474-1540, congrégation des Ursulines, créée en 1535), Madame de Maintenon (1635-1719, fondation de l'école de Saint-Cyr), Poulain de la Barre (1647-1723, un ouvrage pour l'égalité des filles et des garçons dans l'éducation), Joseph Lakanal (1762-1845, ouverture d'écoles publiques et d'écoles privées), Antoine-François Fourcroy (1755-1809, création des lycées), Augustine Fouillé (1833-1923, le tour de France par deux enfants), etc. le découpage en période lui permet de garder le fil chronologique. À la fois pour les grands événements historiques politiques, mais aussi pour des inventions majeures comme celle de l'imprimerie par Johannes Gutenberg (1400-1468), les différents plans d'éductions, par exemple ceux après la Révolution de Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord (1754-1838), Nicolas de Condorcet (1743-1794), Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau (1760-1793), ou encore les enjeux de l'éducation pendant les périodes de guerre, en particulier la première et la seconde guerre mondiale.

Le lecteur a bien conscience de la nature de l'ouvrage qu'il s'apprête à lire : un exposé de nature universitaire, dépassant largement la simple vulgarisation. Il sait que ce genre d'ouvrages se présente avec de copieux textes, et une place très contrainte pour la dimension bande dessinée. Au pire, il s'agit d'une collection de vignettes illustrant littéralement ce que dit le texte avec une tentative humoristique de ci de là, au mieux l'exposé a été conçu avec la bédéiste pour assurer un minimum d'interaction. Cet ouvrage n'échappe pas au principe du texte illustré. Pour autant, la dessinatrice n'est pas cantonnée à montrer des personnalités en plan serré, en train de parler. La narration en images recouvre plusieurs champs d'expression. L'artiste réalise des dessins un peu simplifiés, oscillant entre une description fidèle, et une exagération comique. Dans le premier registre, elle reproduit l'apparence connue des femmes et hommes célèbres, ainsi que certains tableaux, ou documents visuels, toujours en citant ces derniers dans la case, donnant ainsi la latitude au lecteur d'aller consulter l'original par lui-même. Elle intègre des éléments historiques dans ses cases, de manière à ancrer la scène dans l'époque. Dans le second registre, elle force les expressions des visages, les postures, elle intègre quelques anachronismes (difficile de résister à Christine de Pizan répondant au micro d'un intervieweur), et quelques comportements récurrents en coordination avec des remarques récurrentes. Elle rend l'exposé plus vivant, et plus incarné.

Cette bande dessinée développe un exposé sans mesure commune avec une simple énumération. Très vite, le lecteur relève deux thèmes majeurs récurrents : la question du latin dans l'enseignement, l'enseignement destiné aux filles (au pire inexistant, au mieux au rabais par rapport à celui des garçons). Même s'il se doutait que Rome ne s'est pas faite en un jour, il n'anticipait pas forcément de voir chaque étape de la forme de l'organisation éducative qu'il connaît en France, école maternelle, école primaire, enseignement secondaire, enseignement supérieur, avec les structures nécessaires pour former les enseignants, l'idée de consacrer des bâtiments à l'éducation, la coexistence d'une école religieuse et d'une école laïque dans des proportions très variables en fonction des siècles, la notion de programme scolaire, jusqu'aux inspecteurs. Il apprécie de découvrir des enjeux de nature très différentes : imposer l'école à des parents qui font travailler leurs enfants, d'où viennent les bons points (du Maréchal), l'affichage contre l'alcoolisme dans les classes, etc. Outre une vision détaillée de l'évolution des structures éducatives, le lecteur en ressort avec la compréhension que le modèle d'aujourd'hui provient d'une évolution sur le long terme, qu'il n'est pas immuable, et il lui revient à l'esprit que l'éducation ne figure pas dans les ministères régaliens de l'État.

À nouveau un titre très ambitieux dans la collection L'incroyable histoire de…, à nouveau une réussite. le scénariste est un expert en la matière, et le lecteur perçoit qu'il plonge dans un ouvrage enrichi par une longue pratique, sachant respecter l'ordre chronologique tout en montrant que la construction du système éducatif a fait des tours et des détours, prenant un soin exemplaire à citer ses sources, faisant apparaître les enjeux pérennes. La narration visuelle ne se limite pas à une simple caution pour rentrer dans le champ de la BD, elle montre les différents personnages historiques ce qui rend l'exposé incarné, elle apporte des touches d'humour très humaines, elle montre l'époque, elle fait ressortir les hypocrisies et les injustices. Magistral.
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Club N°56 : BD non sélectionnée
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Très riche album, bien documenté (très belle bibliographie en fin d'ouvrage).

On découvre l'histoire de l'éducation et de l'instruction de la préhistoire à nos jours.

C'est très dense et je pense qu'il faudrait plusieurs lectures pour tout assimiler.

J'ai apprécié les planches consacrées à la fin de chaque chapitre à l'éducation des filles.

Petit bémol pour la taille des caractères : il faut avoir une bonne vue !

Virginie
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Dense et réussi mais nécessite une relecture si l'on n'a pas déjà quelques bases...

Plus je lis cette série, plus je trouve la typo difficile...

C'est peut-être l'âge...

Vincent
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Un peu trop dense mais très intéressant !

Morgane R.
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C'est un ouvrage que j'ai beaucoup aimé, très intéressant à la fois sur l'histoire de l'éducation donnant ainsi naissance aux écoles d'aujourd'hui, mais aussi de l'éducation au sein des familles.

J'ai apprécié ces deux aspects et que la chronologie aille jusqu'à nos jours, posant des questions importantes qui doivent être prises en compte. de plus, je tiens à souligner tout le travail de recherches qui se ressent entre ces pages sans être trop sérieux, ponctué d'humour.

Les planches sont simples et jolies à découvrir, apportent un humour supplémentaires aux propos et à cette chronologie. Chaque chapitre correspond à une période histoire de la Préhistoire à nos jours. On peut découvrir à la fois les grands concepts qui ont forgé l'éducation, les noms de personnalités aussi très importantes. de plus, avoir ajouté l'éducation plus familiale est intéressant et important puisque l'une ne va pas sans l'autre. On peut ainsi y redécouvrir les différences entre les garçons et les filles, mais aussi la prises en compte de l'enfant au sein de la famille plus largement.

C'est un voyage intéressant et pertinent, que j'ai aimé suivre et découvrir. J'ai pu apprendre des choses, sans avoir la sensation grâce à ce format, mais aussi à la plume, de lire quelque chose de trop académique. C'est facile à suivre, à lire et apporte un regard intéressant sur l'éducation scolaire actuelle et l'héritage encore présent.

Les Arènes BD proposent plusieurs thématiques sous ce même format par exemple la mythologie grecque, mais aussi les sciences ou encore la philosophie… Une façon d'améliorer sa culture générale de façon plaisante !
Lien : https://www.mamzellepotter.fr
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La collection "L'Incroyable Histoire" des Arènes BD réserve à bien des égards de belles surprises .
D'abord dans ses dialogues : beaucoup d'humour, de nouveau, pour cet ouvrage consacré à l'histoire de l'éducation.
Des dessins joliment colorisés (on parle peu souvent des couleurs, mais c'est tout un art de rendre agréable et jolis des dessins, plus largement ici, des pages entières de bande-dessinée !).
Pour ce qui est des connaissances acquises, elles sont sérieuses, chronologiques et décomplexées. Nous ne sommes pas ici dans un exposé des savoirs, mais plutôt - et c'est d'ailleurs de cette façon que nous concevons de plus en plus l'éducation aujourd'hui - dans le développement de la curiosité, dans l'amusement et le plaisir.
Il ne manquait qu'un roman graphique sur l'éducation pour illustrer toute la collection, qui se veut, par bien des égards, une vulgarisation plaisante des connaissances histoires et académiques.
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Ce livre nous emmène dans un fascinant voyage à travers les époques, depuis les temps préhistoriques jusqu'à nos jours, explorant les différentes approches éducatives qui ont façonné l'histoire de l'éducation.

Les auteurs dressent une perspective globale riche des méthodes et des visions éducatives ayant influencé les sociétés à travers les siècles. Ils abordent la genèse des premiers enseignements, les écoles sous l'influence de l'Église, le rôle de la famille, l'émergence de l'université, l'éducation des filles, les législations scolaires, etc.

L'ouvrage met en lumière de nombreux moments clefs de l'histoire, présentant des figures telles que Robert de Sorbon, Jean-Jacques Rousseau, Maria Montessori, Célestin Freinet, Christine de Pisan, Robespierre, Olympe de Gouges, Napoléon, et bien d'autres.

C'est un album passionnant, enrichissant, détaillé et accessible, qui répond à de nombreuses interrogations sur l'histoire et les défis de l'éducation.
Lien : https://www.instagram.com/bd..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Et du côté des filles ? Avec l’avènement de la Troisième République, il est certain que les filles et les garçons vont pouvoir bénéficier des mêmes enseignements ! Bon, d’accord, les républicains s’emparent de la question en ouvrant l’enseignement primaire aux filles, ainsi que l’enseignement secondaire avec la loi Camille Sée de 1880. Mais cet enseignement primaire et secondaire des filles est radicalement séparé de celui des garçons. Et surtout… les programmes scolaires ne sont pas les mêmes pour les filles et les garçons. Dans l’enseignement primaire, il s’agit toujours de préparer les femmes à leur futur rôle d’épouse. Et il faut montrer que les opérations en apparence les plus humbles de la vie domestique se relient aux principes les plus élevés des sciences de la nature. Il en va de même pour l’enseignement secondaire des jeunes filles… qui ne dure que cinq ans (au lieu de sept ans pour les garçons) et qui dispense ses élèves de l’enseignement du latin, du grec et de la philosophie. Jules Simon, philosophe et ancien ministre de l’instruction publique, pense même que les études philosophie peuvent être dangereuses pour les jeunes filles… et les conduire à la folie. Et Jules Verne, défenseur de la science et du progrès, s’interroge en 1893, dans un discours de distribution des prix au lycée de jeunes filles d’Amiens, sur l’intérêt des sciences pour les filles. Malgré ces oppositions à l’enseignement secondaire des jeunes filles, l’histoire est lancée… et il faut bien vitre trouver des professeurs pour enseigner dans ces nouveaux lycées. Ainsi est créée en juillet 1881, l’École normale supérieure de sèvres, réservée aux futures enseignantes de lycée, avec un succès certain, puisqu’on compte dès 1896, 36 lycées et 26 collèges de jeunes filles. Le XXe siècle qui se profile sera-t-il le siècle de l’éducation des filles ?
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Une figure marquante : Christine de Pisan. Parmi ces femmes qui surent conquérir une place de choix dans le monde intellectuel médiéval, Christine de Pisan (ou de Pizan) joue un rôle particulièrement important. Christine de Pisan naît en 1363 (ou 1364) à Venise. Elle arrive à Paris à 5 ans et passe son enfance à la cour du roi Charles V. Le père de Christine, Thomas de Pisan, y est effectivement médecin et astrologue. Thomas de Pisan souhaite que sa fille bénéficie d’une instruction très poussée. À 15 ans, elle épouse Étienne du castel, un des secrétaires du roi. Malheureusement, Étienne meurt en 1389 (ou 1387 selon les sources), et Christine se retrouve seule avec trois enfants. Pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, elle commence à publier ses œuvres. De 1389 à 1405, elle compose quinze ouvrages et de nombreux autres écrits annexes. Elle rédige d’abord des poèmes, puis des traités politiques, moraux, philosophiques… Elle écrit même un traité militaire dans lequel elle donne des conseils sur ce que devrait faire tout souverain en temps de guerre… et insiste sur les conditions permettant de maintenir la paix. Ses nombreux écrits lui valent en effet une grande renommée, et la reconnaissance de personnages politiquement importants : le duc Jean de Berry (frère de Charles V), Louis d’Orléans (frère de Charles VI), la reine Isabeau de Bavière (épouse de Charles VI). Une des grandes originalités de l’œuvre de Christine de Pisan porte sur sa défense acharnée des femmes. Elle remet en cause la vieille idée d’Aristote selon laquelle une femme est un homme manqué. Christine de Pisan, qui est sans doute une des premières à vivre de sa plume en Occident, cherche ainsi à revaloriser l’image de la femme. Elle critique aussi fortement les romans d’amour courtois. Christine de Pisan souhaite que les femmes, outre des connaissances de philosophie morale, puissent acquérir une science pratique leur permettant d’administrer des terres et des domaines. De tous ces engagements découle une idée fondamentale en matière éducative : il y a égalité de nature entre l’homme et la femme. Filles et garçons doivent donc pouvoir recevoir une même éducation. Pour elle, si les femmes sont moins instruites que les hommes, c’est tout simplement parce que les filles ne bénéficient pas de la même éducation que les garçons. Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour parvenir à une égalité d’instruction entre les filles et les garçons… égalité qui n’est pas encore atteinte en ce début de XXIe siècle… Mais Christine de Pisan a sans doute contribué, à travers ses engagements, sa réussite personnelle de femme du Moyen-Âge et ses conceptions de l’éducation, à faire évoluer, certes modestement, les mentalités.
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On aurait pu penser que la Révolution s’accompagnerait d’une révolution de l’éducation des filles… mais il n’en est rien ou presque rien ! Elle fait face à des avancées très modestes et des mentalités qui évoluent très peu quant à la place des femmes dans société. Pourtant, les femmes ont largement pris part à la Révolution, payant parfois de leurs vies leurs engagements. Elles ont dès le début de la Révolution occupé une place essentielle dans le mouvement… Elles participent par exemple activement aux journées d’octobre 1789, marchant sur Versailles pour réclamer du pain, et le retour du roi et de la reine à Paris. Elles participent également pleinement au processus révolutionnaire en intervenant dans les assemblées où se discute l’avenir de la société. Souvent exclues de ces lieux de parole et de pouvoir, elles en viennent à fonder leurs propres clubs où elles peuvent faire valoir leurs idées. Pour se moquer de certaines de ces femmes, par exemple de celles qui soutiennent Robespierre, on tente de les cantonner dans le rôle qu’elles sont supposées jouer… et on les appelle les tricoteuses. Parmi les femmes qui prennent une part active à la Révolution, il existe de fortes personnalités dont les noms ont traversé les siècles, telle Olympe de Gouges. Elle est l’autrice d’une célèbre Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. L’article 10 de cette déclaration est cruellement prémonitoire : La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune.
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Les collèges jésuites – Autre pensionnaire du collège Montaigu en 1528, mais pour s’y former aux méthodes en vigueur dans l’établissement : Ignace de Loyola, futur fondateur de l’ordre des Jésuites. Son passage par le collège Montaigu, puis par le collège Sainte-Barbe de Paris, sont à la base de la doctrine éducative fondatrice des collèges jésuites. Avec ses mots : Eh bien, avec moi les choses n’ont pas trainé. Il fallait lutter contre le pouvoir grandissant des protestants. Comme vous le savez, j’ai été ordonné prêtre en 1537, après une brève vie de combats militaires. J’ai même été sérieusement blessé lors du siège de Pampelune. Dès 1540, je fonde la compagnie de Jésus, avec le soutien indéfectible du pape. Et huit ans après s’ouvre le premier collège, à Messine, en Sicile. Et je ne m’arrête pas là. Nous fondons ainsi en France le collège de Billom en 1556, de Mauriac en 1560de Tournon en 1561… Et ainsi de suite. Très rapidement, c’est le monde entier qui se couvre de nos collèges. L’évêque de Clermont, Guillaume Duprat, fonde un collège jésuite dans son hôtel parisien. Cet établissement, d’abord appelé collège de Clermont en référence à son fondateur, deviendra plus tard le collège Louis-le-Grand, en l’honneur du roi Louis XIV. Puis, bien plus tard, le lycée Louis-le-Grand, lycée public… qui existe toujours au XXIe siècle. De là à imaginer une forme de filiation entre les collèges jésuites et les lycées du XXIe siècle ?… Les Jésuites ont alors une idée géniale et assez nouvelle. Les promoteurs des collèges jésuites poussent et développent les méthodes issues du modus pariseinsis. […] C’est Claudio Acquaviva, à la tête de la Compagnie à partir de 1582, qui se charge de coordonner la lourde tâche. Et c’est ainsi qu’en 1559 est publiée la Ration atque institutio studiorum Societas Iesu (Plan raisonné et Institution des études dans la Compagnie de Jésus)… mais, pour faire plus court, on dira simplement : la Ratio studiorum. Parmi les principes de la Ratio studiorum : on reprend l’organisation en classe du modus parisiensis. Au début, les élèves peuvent être d’âges très différents dans chaque classe. Il peut y avoir jusqu’à seize ans d’écart entre l’élève le plus jeune et le plus âgé. Puis peu à peu, tout au long des XVIIe et XVIIIe siècles se met en place l’adéquation entre la classe et l’âge… que nous connaissons encore aujourd’hui. Autre particularité de l’organisation des collèges jésuites : l’émulation perpétuelle. Les élèves sont généralement répartis en deux groupes ; les Romains et les Carthaginois en opposition permanente.
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Sur le XXe siècle, on aurait pu dire… encore bien des choses en somme… De nouvelles questions d’éducation apparaissent au XXe siècle, tandis que d’autres se transforment progressivement ou brusquement. Petite revue rapide de certaines d’elles elles. La massification de l’enseignement : L’augmentation du nombre de naissances faisant suite à la Seconde Guerre mondiale, associée à la volonté politique d’allonger la durée de la scolarité, conduisent à un afflux massif d’élèves, en particulier dans l’enseignement secondaire. Mais alors que certains pensent que cette massification est synonyme de démocratisation de l’enseignement, dans les années 1960, deux sociologues, Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, ne trouvent rien de mieux que de montrer que l’école joue involontairement un rôle considérable dans la reproduction des inégalités sociale. Eh oui ! L’enseignement privé : Pendant très longtemps, l’enseignement a été régi en bonne partie par l’Église. Avec les lois scolaires de Jules Ferry de 1881 et 1882, puis la loi de 1905 sur la séparation des Églises et l’État, l’école prend des distances vis-à-vis de la religion. Depuis les oppositions entre école publique et école privée (dans la plupart des cas, catholique) ne manquent pas. En 1959, la loi Debré instaure un nouveau mode de relation entre l’État et l’enseignement privé. L’État finance en partie ces établissements, et en échange, les programmes doivent être les mêmes que dans l’enseignement public. Ce principe d’un financement de l’enseignement privé par l’État suscite de vives réactions dans les milieux laïques. En 1984, le ministre socialiste Alain Savary tente de fusionner enseignement public et privé dans le cadre d’un grand service public unifié et laïque de l’éducation nationale. Le projet suscite une opposition radicale de l’enseignement privé et des mouvements politiques de droite… conduisant à de nombreuses manifestations. Et le projet est enterré, la situation évoluant très peu depuis. L’enseignement technologique et professionnel : Le XXe siècle, c’est aussi une formidable évolution de la manière de former à un métier. On passe ainsi d’un apprentissage sur le tas, à la construction d’un modèle de formation au sein des établissements scolaires : établissements d’enseignement technologique et professionnel, ou à la formation en alternance : temps de travail dans le milieu professionnel et des temps en centres de formation.
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