Troisième et dernier volume de la trilogie "Mathilde", ce roman se passe plus tard, on retrouve Mathilde en Grèce. La Révolution Française essaime en Europe et la Grèce grogne. L'auteur nous offre ici, en plus du roman, des reproductions de toiles, des cartes et des repères historiques qui nous aident à comprendre cette période. Les personnages sont hauts en couleurs, l'écriture toujours bien rythmée et très plaisante. Les histoires d'amour de Mathilde toujours complexes et romantiques. Des trois livres de la trilogie celui-là est mon préféré. Je trouve le style vraiment abouti.
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– Pour quel jour faut-il que j’annonce madame la baronne à mon pacha ?
– De grâce, Sakis ! s’exclame l’intéressée. Quitte ce ton cérémonieux à mon égard ! En France, nous n’avons plus l’habitude de tant de pompe, depuis notre révolution ! Et ne sommes-nous pas appelés à nous voir beaucoup désormais ?
Le Grec, sans manifester le moindre sentiment à ce reproche, demeure immobile, attendant une réponse.
– Mais, il me semble, tu sais mieux que moi le temps qu’il faudra pour nous rendre à Ioannina, poursuit Mathilde, un peu étonnée de cette question.
– Oui, madame, je le sais. Mais combien de jours madame compte-t-elle séjourner à Missolonghi, avant de prendre la route ? précise Sakis, imperturbable.
– Mon Dieu ! Dès que possible ! Mon fils s’est débarrassé de son mal de mer, dès qu’il a posé le pied sur la terre ferme. Une nuit paisible l’a remis parfaitement en état de voyager. Mon bagage est entièrement débarqué, je m’en suis assurée moi-même ce matin. Partons au plus tôt !
– Madame ne préfère-t-elle pas attendre ici ? insiste-t-il, sur le même ton uni.
– Attendre ? Mais qui donc ? s’exclame Mathilde sans comprendre.
– Monsieur de Saint-Leu, répond Sakis qui ne marque pas la moindre impatience, le gentilhomme recommandé par le consul.
Elle accuse le coup avec un rire amer.
– De monsieur de Saint-Leu, il n’y en a pas, mon pauvre Sakis ! Il n’y en a plus. Le gentilhomme recommandé par le consul, c’est moi-même !
Au silence qui lui répond, elle devine que le Grec est décontenancé un instant.
Par un de ces heureux caprices qui se rencontrent fréquemment sur la côte grecque, ce jour-là, le soleil inonde la campagne, comme aux premiers jours de l'été. A l'est, les oliviers et les vignes, sur les collines, se nimbent d'une ouate d'argent que fait s'élever la chaleur nouvelle. Des chants d'oiseaux se répondent, plus ou moins lointains, pour égayer l'oreille des promeneurs.