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Delphine Jacquot (Autre)
EAN : 9791035205591
Editions Thierry Magnier (07/09/2022)
4.31/5   13 notes
Résumé :
Mathilde est jeune, belle, et elle rêve d’une vie bien plus grande que la sienne.
L’invitation à un bal est l’occasion toute trouvée pour enfin s’échapper de son quotidien étriqué…

La célèbre nouvelle de Maupassant, revisitée ici avec brio.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Mathilde est jeune, belle, mais chagrine. Là où son mari se contente de peu, elle désespère de mener une existence aussi étriquée, rêve luxe et mondanités. Ces rêves semblent à portée de main le jour où le couple est convié à un bal…

La couverture ne parlait pas trop à mes moussaillons : « Ça parle d'art ? C'est une histoire de pigeon ? » Ça ne leur disait pas plus que ça. Et pourtant, l'objet-livre semble venu tout droit d'une bibliothèque cossue du XIXe siècle avec son dos tissé, son lettrage à l'ancienne et son beau papier. Et dès la première page, nous avons été captivés. Quelle riche idée de revisiter cette nouvelle De Maupassant sous forme de récit animalier illustré ! Et quelle réussite !

Annelise Heurtier excelle dans ce format ramassé comme dans ses romans (dont j'ai déjà eu l'occasion de parler). Sa plume, avec ce mélange de délicatesse et de vitriol qui semble n'appartenir qu'à elle, restitue admirablement l'atmosphère du texte De Maupassant. Ses mots résonnent, passionnent et bouleversent en faisant jaillir les envies dévorantes de Mathilde, les efforts désespérés de son mari pour la rendre heureuse, le désarroi de « trébucher au seuil d'un conte de fées ». Et quelle chute !

Delphine Jacquot dessine les salons feutrés et les parures jusqu'à la moindre perle, la moindre plume et la moindre dorure et fait le choix génial de donner aux personnages une forme animalière (extraits disponibles via le lien ci-dessous). Mathilde Loisel est évidemment une oiselle, son mari un castor désarmant, tandis que les bourgeois et commerçants sont représentés sous les traits d'une hautaine girafe ou d'un requin (il y a même un homard). Cette forme va comme un gant à la nouvelle. Cela lui donne des allures de fable. Une fable terriblement actuelle qui nous interroge sur l'être et le paraître, la vacuité du bling-bling, l'importance à donner au regard des autres et la violence inouïe des déterminismes sociaux.

Sublime !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Une bonne idée de la part des auteures Annelise Heurtier et Delphine Jacquot que d'adapter "La parure" à un jeune public, avec un sujet et un humour satirique, que l'on saura adapter à une société d'aujourd'hui, tout aussi dictée par le culte des apparences.
L'anthropomorphisme sera aussi une excellente idée, rappelant un peu le moyen du conte et des fables pour offrir à une morale cinglante un peu de distance, plus d'humour avec de la légèreté enfantine.
Voyez Monsieur Loisel en castor et son épouse en pigeon.
"Ce soir, je serai la plus belle pour aller parader, mais que vais-je porter, monsieur mon époux ? Je vais me couvrir de ridicule et de honte en me présentant comme je suis, juste comme je suis (à entendre, une ménagère qui éveillera à l'imaginaire de l'assemblée les produits pour le parquet, les fumets de pot-au-feu et les cris d'enfants. A noter tout de même que les Loisel bénéficiaient d'un personnel de maison)".

Tout partira de là, pour la mésaventure de "La parure", récit d'un humour savoureux et un peu mordant.
Il sera permis au couple Loisel de pouvoir assister à une de ses soirées mondaines données pour un Ministre et l'épouse ne saura pas quoi se mettre pour ne pas faire honte et se sentir à la hauteur esthétique.
Le mari, prévenant, se serrera la ceinture, se privera donc de l'achat d'un nouveau fusil pour acheter une nouvelle robe pour son épouse.
Mais cela ne suffira pas.
Il lui indiquera l'idée d'emprunter alors une somptueuse parure à une de ses amies plus riches pour présenter bien.
La suite fera penser à la fin du conte de Cendrillon, l'épouse retrouvant ses simples atours et ayant égaré une chaussure du costume magique (la parure de diamant, ici).
Comment faire pour ne pas subir une humiliation sans nom ? Elle a emprunté, cette fortune autour du cou n'était pas elle et elle a perdu ce bijou.
Que faire, dieu des ménages ?
Emprunter, la remplacer, se ruiner ?
La fin est terrible, hélas, Maupassant promettra un retournement de situation et on en rira et à gorge déployée.
Les apparences sont décidément sans mercis.


"La parure", une des Nouvelles les plus connues de l'auteur français Guy de Maupassant.
Une comédie et une satire d'une époque, se moquant un peu d'un idéal social, de ses apparences, raillant sous-couvert autant les riches (qui tricheront parfois) que les plus modestes qui les envieront.
Sans nul doute qu'avec le temps et la douleur, l'auteur, malade et spectateur des comédies qui l'entourent, n'y trouvera plus sa place et verra en cette quête de réussite sociale "vitrine" une futilité et de quoi rire car devant la mort, il le sait, nous sommes tous égaux.

Cette petite introduction permettra de recontextualiser un peu le personnage féminin de "La parure" qui va suivre.
Oui, Maupassant se moquera un peu d'un moule social familial obligatoire de son époque et vanté comme la marque d'une réussite sociale minimum, mais où maris et épouses parfois se sentiront un peu pris au piège.
Les apparences seront trompeuses et il faudra jouer le jeu, ne jamais avouer que cela ne fonctionne pas toujours avec les règles de société, avec la pression de l'éducation des enfants, des relations de couples, avec l'organisation familiale du chef de famille qui seul travaille et de sa fidèle assistante qui règle les soucis domestiques seule, il faudra tenir bon, l'estime des autres sera à ce prix et avec un peu de chance, peut-être nous honoreront-ils en nous enviant un peu.

Maris, épouses, carcan social d'une époque pour des "Loisels", mode d'emploi stricte d'une utopie ?
Les jeunes lecteurs devront bien réaliser avec pareille histoire que papas et mamans seront des gens ordinaires avec leurs lots de soucis et d'aspirations personnelles qui ne concerneront pas toujours la famille.
Travail, famille, patrie, pour les adultes. Ecole, famille et une tenue correcte exigée en société pour les enfants.
Comment se détendre, s'octroyer des récréations revigorantes lorsque l'on est adultes et revenir gonflé d'une nouvelle énergie, fin disponible sur le devant de la scène familiale et professionnelle (il n'y avait pas encore les bistros, la télévision, internet et les réseaux sociaux, les cours de pilates, les cours de golf ou de squash, jeunes gens) ?
Et il était de bon ton que les hommes ne discutent qu'avec les hommes, les femmes qu'avec les femmes, c'était une autre époque.
L'époux comme M. Loisel aura ses parties de cartes en clubs privés de temps à autres, pour parler politique entre hommes, refaire le monde, y tenir un langage moins retenu, se détendre sans tenir de rôle de composition et de modèle, pour s'encanailler un peu avec des jeux d'argent et de l'alcool qui n'auront pas leur place à la maison (ou exceptionnellement si l'on reçoit).
Et des épouses comme Mme Loisel?

Où retrouver du rêve à son époque, sa bouffée d'air frais dans un quotidien très réglé, d'une pression sociale aussi usante, où retrouver l'excitation d'une aventure plus envoûtante et imprévisible, au-delà de la reconnaissance d'un travail de "management" domestique bien fait (que parfois l'époux ne remarquera pas. Imaginez un patron qui ne dirait jamais à ses employés qu'ils font du bon travail)? Une maison bien tenue, une nouvelle coiffure, tu ne vois donc rien?
Bleu ou rayé, pour recouvrir ce siège ? Tu ne m'écoutes plus.
Pauvre "Mesdames Loisel".
Eviter surtout de s'épancher sur ces problèmes de coeur auprès des amies dont les époux côtoient son mari et auprès de la bonne aussi.
Des épouses qui profiteraient d'un club pour femmes, qui boiraient des cocktails alcoolisés, diraient des gros mots, parleraient garçons en des termes gourmands ? Grands dieux, jeunes gens, votre imagination va trop loin. Il faudra vivre avec son temps et avec des prétentions "olé olé" qui ne décoiffent pas de trop dans des vêtements trop cintrés où l'on étouffe parfois.
Devenir adultes, promettait-il vraiment d'être aussi contraignants ?
Rien d'étonnant à ce que leurs grandes soirées qui rassembleront le beau monde fassent un peu rêver des épouses dans de jolies cages dorées, privées au quotidien des grandes sujets du monde entre grandes personnes (De quoi parlent-ils entre eux ? Comment s'habillent-ils ? Qu'y aura il de servi aux invités en cuisine ? Il n'existait pas encore la tv, les People, c'était eux).
Devenir soi un "People", quel frisson, quel tourbillon !
Mais ces gens importants, ces modèles, jouent-ils eux-mêmes le jeu de toutes ces contraintes ?
La fin de "La parure" sera sans appel : chacun fera comme il pourra pour entretenir les apparences.
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Je n'ai pas (encore) lu l'oeuvre originale De Maupassant, mais je suis toujours curieuse se découvrir un nouveau livre d'Annelise Heurtier.

Après "Combien de terres faut-il à un homme ?", le thème de la pléonexie irrigue aussi cette réécriture. Les héros de ces deux albums ne se satisfont pas de leur quotidien et vont le risquer en tenant de s'élever (socialement, financièrement). Ce "plus" était-il indispensable à leur bonheur ? Eux le pensent, le lecteur en jugera.

Tout d'abord déstabilisée par les illustrations de Delphine Jacquot qui a fait le choix de l'anthropomorphisme, j'ai finalement trouvé qu'il permettait d'installer une certaine distance qui aidera sans aucun doute les enfants à entrer dans le récit et à se questionner.

Une nouvelle réussite de l'une de nos auteures préférées !
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La Parure d'Annelise Heurtier est une adaptation illustrée pour enfants du célèbre conte éponyme De Maupassant. Quelle bonne idée d'initier ainsi les jeunes lecteurs à la littérature classique !
L'album à la couverture rigide reprend les grandes lignes de la nouvelle, ici rédigée au présent, dans un style raffiné et soutenu. Les illustrations de Delphine Jacquot occupent une large place sur chaque page, rendant ainsi accessible aux enfants un texte qui pourrait leur sembler hermétique.
Je conseille ce petit livre à tous les parents qui souhaitent faire découvrir la nouvelle De Maupassant en l'abordant comme une fable De La Fontaine : l'illustratrice a en effet choisi de représenter chaque personnage sous les trait d'un animal lourd de symboles : Mathilde Loisel en pigeon, son amie Jeanne en girafe, les invités du bal en crocodile, renard, singe...
Merci à Babelio et aux éditions Thierry Magnier pour l'envoi gracieux de ce petit livre dans le cadre d'une Masse Critique jeunesse.
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Ce livre est d'abord un bel objet, le papier est de bonne qualité, les couvertures en carton épais sont reliées avec un tissu, le titre y est gravé en lettres dorée. Il est donc digne du texte qu'il renferme.
Encore une fois Delphine Jacquot nous offre des illustrations d'une grande qualité. La finesse des détails le choix des couleurs sont à la hauteur de mes attentes. La mise en scène est un clin d'oeil à "Le portrait de lapin" et les personnages ont un air de "Portraits de famille" ce qui n'est pas pour le déplaire. Cette illustratrice a trouvé sont style et il se marie parfaitement avec l'époque de l'histoire.
Ce livre revisite avec brio le célèbre nouvel De Maupassant. le texte d'origine est raccourci et remanier mais le style est toujours là. L'écriture est plus adaptée à son jeune public.
Je trouve l'ensemble parfaitement en adéquation, c'est un livre à glisser sous le sapin pour faire découvrir des auteurs classiques aux plus jeunes.
Bravo! Et merci à Babelio de m'avoir fait découvrir ce livre 😍
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mathilde rêve de mondanités qui font briller et tinter les noms, Mathilde rêve de plaire et d’être enviée, de paillettes et de tourbillons, Mathilde rêve, rêve à en crever, le nez écrasé contre la fenêtre de sa vie terne et étriquée.
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Vidéo de Annelise Heurtier
Café littéraire des jeunes avec Annelise Heurtier (FRANCE) Sweet Sixteen - Casterman – avril 2013 Little Rock, rentrée scolaire 1957. le plus prestigieux lycée de l'Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l'aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher. Cette histoire est inspirée de faits réels. Annelise Heurtier est une autrice française née en 1979. Grande voyageuse, elle a gardé un lien de coeur très particulier avec l'Outre-mer (Tahiti, Antilles) où elle a effectué trois expatriations. Traduits dans de nombreux pays, ses ouvrages rencontrent un franc succès. Souvent inspirés de faits réels, ils sont autant de prétextes au voyage, à la découverte de cultures différentes, de parcours de vie singuliers, ou de problématiques d'actualité : l'isolement de certains adolescents à l'ère d'Internet (Chère Fubuki Katana), les violences sexuelles dans le sport (PUSH ), l'émancipation féminine (La fille d'avril, inspiré de l'histoire de la marathonienne américaine Kathrine Switzer), le racisme ou encore la question de la masculinité. Son roman Sweet Sixteen, publié en 2013 aux éditions Casterman, a été primé à de nombreuses reprises. Considéré comme un classique de la littérature jeunesse, il est étudié dans de nombreux collèges.
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