La Règle de Trois est le quatrième roman de
Chloé Saffy et le deuxième à paraitre aux éditions
La Musardine (que j'affectionne tout particulièrement).
Ophélie, serveuse (presque) trentenaire dans un coffee shop, et son amie Livia, gothique black au tempérament calme et aux punchlines cinglantes, doivent remplacer leur colocataire en urgence. À l'encontre de leurs principes, c'est Milo, un mec (séduisant), qui va les rejoindre. « Et si l'histoire s'aventurait au-delà du partage des taches et du loyer ? » tease la quatrième de couverture.
Cette intrigue classique sert de base à la nouvelle comédie amoureuse et érotique de
Chloé Saffy, dans laquelle l'autrice exprime son talent et sa personnalité.
La formule « pop et explicite » est bien trouvée pour décrire ce roman érotique tant le quotidien des héro-ïne-s de
la Règle de Trois est ancré dans la pop culture. En effet, les références culturelles sont parsemées tout au long du récit, succédant scènes pornographiques (mais pas vulgaires) et tranches de vie.
Par exemple, Ophélie, la narratrice, collectionne les Popples et les Kiki (Monchhichi), écoute de la new wave (Depeche Mode, New Order) et des podcasts de true crime, regarde des films et séries télé (Prête à Tout de Gus van Sant, Dollhouse), lit les romans de
Bret Easton Ellis et
Virginie Despentes, et mange des Dinosaurus (bon, ce n'est pas elle qui les ramène à l'appart' mais quand même !)
« Pop » sont également les couleurs du maquillage fluo qui recouvre les membres de Punish Yourself, véritable groupe toulousain de métal industriel en activité depuis trente ans, dont notre trio assiste à l'un des concerts, en festival.
D'ailleurs, ils rencontrent là-bas un jeune homme, élégant, dont le style vestimentaire s'apparente à celui d'un cowboy (image d'Épinal de l'imaginaire érotique). Et c'est après la rencontre avec ce personnage que mon esprit a fait le lien entre ce roman de
Chloé Saffy et le cinéma de Gregg Araki : dans les deux oeuvres, le sexe et la musique tiennent une place importante (on troque ici le shoegaze contre de la synth-pop), les personnages sont cyniques et jeunes (sauf Kevin, lol), à la sexualité fluide et d'une beauté sculpturale (sans pour autant être « dans la norme »).
La Règle de Trois, comme les films d'Araki, est le genre d'oeuvres qui peut déboussoler ma sexualité. (Le plan à quatre avec le jeune cowboy, aïe aïe aïe !)
Pour mon plus grand bonheur, l'autrice fait l'impasse sur le sadomasochisme, pratique à la mode depuis Cinquante Nuances de Grey (et bien trop présente à mon goût dans la littérature érotique), pour partager avec nous des moments de plaisirs solitaires, en duo (hétéro et lesbien), en trio (Homme Femme Femme), en quatuor (HHFF), en privé... ou en public, du voyeurisme par-ci, de la domination (soft) par-là, j'en passe et des meilleurs, durant lesquels les personnages féminins savent ce qu'elles veulent.
La Règle de Trois de
Chloé Saffy est un roman très prenant, débordant de bienveillance, d'humour et de féminisme, aux personnages attachants (sauf Kevin, lol), aux intenses scènes de débauche, qui n'est pas dénué de réflexion sur les relations amoureuses contemporaines.
Je vous le conseille vivement !
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