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EAN : 9782021113228
240 pages
Seuil (06/02/2014)
3.33/5   21 notes
Résumé :


Du côté de la place Pigalle, on l’appelle M. Fernand. Figure pittoresque du quartier, avec son manteau en peau de singe et sa Rolls blanche un peu défraîchie, il a connu son heure de gloire du temps où il vendait de faux tableaux à des collectionneurs américains. Mais à la fin des années soixante-dix, c’est plutôt la dégringolade : M. Fernand est fauché, et il n’y a plus que les habitants un peu bohèmes du 11 Boulevard de Clichy pour être encore sédu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Un homme est retrouvé mort dans une poubelle, un pic à glace dans l'oeil.
c'est ainsi que débute le récit de M Fernand, trafiquant d'art des années 70.
Puis, l'histoire à rebours jusqu'à sa fin fatidique nous raconte ses réussites et ses déboires tant dans ses activités que dans ses relations.

L'auteur avertit le lecteur que toute ressemblance avec des faits, des lieux ou des personnages serait fortuite; mais pour qui connait le quartier de Pigalle, d'autant plus dans ces années là, peut se faire une idée des nuits chaudes et des trafics de tout bord en activité.
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« Seul le haut du corps dépassait de la poubelle. Une chemise blanche à jabot et une veste en velours multicolore à motifs ronds et triangulaires. Les bras du mort pendaient à l'extérieur comme ceux d'une maisonnette à fil. de grosses tâches rougeâtres qui viraient au marron parsemaient ses habits et la peau de son visage. Il avait un oeil crevé, la tête rejetée en arrière et la bouche ouverte. »

C'est de cette manière un peu brutale que le lecteur fait la connaissance du personnage principal du dernier roman de Louis Sanders . Un homme mort dans une poubelle, le corps transpercé de 17 coups de pic à glace, et jeté là comme un vulgaire déchet humain. Nous sommes à la fin des années 70.

Mais qui était donc ce monsieur Fernand, que ne manque pas de reconnaitre le commissaire Cabrillac en arrivant sur place ,et qui lui arrache un sourire quand on lui demande si la victime était connue?

C'est bien pour le découvrir que Louis Sanders invite son lecteur à remonter dans le passé de ce personnage et à revivre à ses côtés, les derniers mois d'existence de cet homme à la personnalité et au parcours hors du commun.

Car M. Fernand n'est effectivement pas n'importe qui. Si son étoile ne brille plus au firmament comme autrefois, s'il ne connait plus la vie fastueuse qui fut la sienne à l'époque où il côtoyait les grands de ce monde, il lui reste de sa renommée flétrie, sa Rolle-Royce, son long manteau à poils noirs en peau de gorille, son chapeau à large bord, et l'admiration béate de certains des habitants du quartier.

En son temps notre homme était un escroc hors pair, revendant à travers le monde des faux tableaux de grands maîtres, peints par quelques complices talentueux qu'il employait pour son compte. C'est grâce à cela qu'il a pu approcher le gotha qu'il dupait allègrement en lui refourguant les objets de sa supercherie. Une époque faste pour M Fernand, où le champagne et les Rolle-Royces qu'il collectionnait se conjuguaient avec des noms prestigieux comme celui de Marilyne Monroe James Dean ou Henry Miller, auprès desquels il aimait à s'afficher . Mais les choses ont bien changé depuis, ses artistes faussaires et complices se sont envolés ou sont en prison.

Alors M. Fernand s'accroche à ce passé révolu, donne le change pour maintenir l'illusion que rien n'a changé, qu'il reste une personnalité à part et qu'il a encore un réseau de relations à faire pâlir d'envie le moindre de ses interlocuteurs. Et c'est auprès des habitants du 11 boulevard de Clichy qu'il trouve son meilleur public, dont il finit par parasiter l'existence, quand il n'est pas à parader au Favoris, une boîte de strip-teaseuses courue de la capitale.

Alors on savoure sa présence, ses bons mots, ses souvenirs pittoresques, son charme et ses bonnes manières, mais on s'accommode aussi de sa jalousie , de ses colères homériques et de son penchant pour l'alcool.

Pourtant peu à peu quelque chose se fissure derrière ce fard mondain et le spectacle permanent d'un homme qui tient en équilibre sur le fil de sa légende surannée. Parfois le mirage s'estompe subrepticement, laissant entrevoir à ceux qui le côtoient , les coulisses de carton pâte de cette existence de paillettes, de faux semblants et de tricheries.

Assez pour que s'installe progressivement la désillusion, l'agacement, l'ennuie et la colère chez son public autrefois fidèle et ébloui.

Quand un caïd corse commande à M. Fernand un faux tableau de Dufy, se rallumera en lui la flamme de l'escroc, comme une promesse d'un nouveau départ. D'autant que s'offre à lui une opportunité incroyable. Mais ce que ne sait pas Monsieur Fernand, c'est qu'il a déjà glissé de son fil, qu'il a perdu l'équilibre depuis longtemps , et que sa chute est déjà entamée. Et elle sera fracassante.

Louis Sanders nous ramène dans le Paris des années 70 à travers un roman truculent. A la fois drôle, émouvant , emprunt de mélancolie, avec un zeste d'acidité, il nous offre une peinture originale des moeurs et de cette vie parisienne de bohème , à travers une galerie de personnages particulièrement colorés:

Une baronne toxicomane, un américain aboulique et déserteur ,un cabot prénommé Jouvencelle, un chanteur qui cherche son succès, un amant homosexuel garde du corps , un artiste peintre relégué en fond de cour, sans oublier le commissaire, à la vie personnelle et au passé professionnel des plus cocasses. Autant de personnages d'une farandole urbaine, mis à nu progressivement par l'auteur, et qui donne au roman tout son relief et toute sa saveur acidulée.

Dans cet univers de la nuit, de putes, de drogués de flambeurs et de travelos, Louis Sanders parvient avec talent à faire transpirer cette atmosphère si particulière, et à nous livrer une comédie humaine des plus réussies.

Ce roman est inspiré de la vie d'un escroc qui a réellement existé, Fernand Legros, mort lui de mort naturelle, dans son lit, mais dont l'auteur s'est nourri de ses exploits pour bâtir son conte urbain.

Le lecteur ne fera qu'une bouchée des 229 pages de ce court roman, mais en gardera longtemps la couleur en mémoire.
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Cette fois, Sanders braque son microscope sur un monde que dès l'enfance il a connu, où vivaient ses propres parents artistes parisiens, un petit monde interlope qui a grouillé à Pigalle, à Montmartre, et connut des jours meilleurs avant les seventies.

Dans les seventies, donc, il commence par la fin puisqu'il nous présente un cadavre dans la poubelle d'une boîte de nuit, lardé d'une vingtaine de coups d'un pic à glace ou d'on ne sait quel objet contondant.
L'homme dont le cercueil est une poubelle a connu son heure de gloire une bonne décennie plus tôt, au temps où il fourguait dans le beau monde des contrefaçons d'artistes majeurs, au temps où il était une figure connue du monde parisien de la nuit friquée et du luxe clinquant.

Le parti-pris est donc, en un sens, de remonter progressivement le cours du temps, d'entrer dans un microcosme en affinant progressivement la mise au point sur une micro-faune qui survit désormais à bas-bruit, au point qu'elle ait besoin d'un ampli.

En tous cas, touche après touche, les portraits se précisent et le tableau de groupe qui en résulte tient la route, même si pour ce qui me concerne je l'ai trouvé glauque, aussi souvent parfumé à outrance que fleurant parfois très fort la térébenthine des ateliers et finalement...le formol.

C'est l'imagerie sans concession d'un monde égoïste jusqu'au repli sur soi, un univers du narcissisme, de la jouissance aspirée, rarement un monde de l'inspiration. Oui, un monde du paraître et du prendre. Un monde où sévissent les toxiques, qu'ils soient substances ou humains qui les consomment.

Un monde qui sent le renfermé, donc, un monde qui ne me fait pas envie.
Pourtant, si Sanders ne ménage ni sa "victime" ni la plupart des protagonistes, il laisse deviner chez quelques figures une réelle humanité. Il a ce talent de croquer les outrances sans juger les hommes.

Dans ce fatras touffu je me suis surpris à fouiller avec lui pour voir comment se goupillent les choses dans son tableau.
Comme je l'ai dit, ça ne m'a pas donné envie d'entrer dans la toile.

Mais ça m'a intéressé.
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Faux et reventes de faux !
L'histoire de la chute d'un homme, M. Fernand. Il eu ses heures de gloire, il n'est plus qu'une figure pittoresque mais pathétique de Pigalle. Richissime marchand de tableaux faux pour la plupart, il vit d'expédients, seul signe de sa richesse passée un manteau en peau de gorille et une Rolls-Royce blanche.
Hiver 1979.
Lorsqu'au petit matin un cadavre est découvert dans la poubelle d'une boîte des Champs-Élysées, ce n'est pas courant. le corps qui porte les traces de dix-sept coups de pic à glace s'avère être celui d'un habitué des lieux M. Fernand, personnage qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut.
Hiver 1978.
Comment en est-on arrivé à ce crime ? Et pourquoi ? En souvenir de ses compétences passées, un de ses avocats lui propose un marché qui devrait lui permettre de gagner pas mal d'argent. Chose qui serait la bienvenue. Son rôle : trouver un tableau de Dufy, ou le faire peindre et s'arranger pour avoir également un certificat d'authenticité. Les temps ont bien changé, mais sa situation financière l'oblige à accepter le marché.
Il tente de reconstituer son équipe d'antan, lui n'était que le marchand d'arts. Son peintre le plus doué qui fut également son amant coule des jours heureux sous le soleil brésilien. Un autre sort de prison, un troisième est assassiné.
La surprise est qu'il trouve un vrai Dufy, le problème est de le subtiliser sans trop de casse !
Le client potentiel est un membre éminent de la mafia corse qui pense diversifier ses activités !
Pour M. Fernand, il va falloir jouer serré.
M. Fernand Legras est loin d'être un personnage recommandable, mythomane, alcoolique et coléreux, il sait jouer et abuser de son charme. Mais le monde a changé, son étoile a fortement pâli, il ne reste plus grand chose de son pouvoir passé. Maintenant c'est lui qui est à la merci des plus puissants. Ses ennemis sont nombreux, alors le ou lesquels sont derrière ce meurtre ?
Le commissaire Cabrillac, chargé de l'enquête, est lui aussi un marginal. Il y a longtemps il a tué un homme et vit avec une ancienne hôtesse de bar. Un autre policier, Le Guen, cherche depuis plusieurs années à coffrer Legras, sa persévérance et son insuccès se transforment en haine.
Les personnages du 11 boulevard de Clichy, sorte de cour des bohèmes , sont pathétiques mais attachants. Des mères, anciennes prostituées ou vieille noblesse, ont des problèmes avec leur fils, un couple, lui, peintre sans succès, elle, institutrice qui perd la tête. Pour M. Fernand un public rêvé pour ce maître affabulateur qui profitera de la faiblesse des femmes surtout.
Son chauffeur et amant Karl sert vraiment d'homme à tout faire et à tout subir. Provocation suprême, il couchera avec une femme malgré les menaces de mort proférées par Legras !
J'ai beaucoup aimé les descriptions de ce microcosme parisien en plein coeur de Pigalle où vit cette communauté de personnages hétéroclites, un quartier en miniature, chacun partie prenante de la vie et de la mort de M. Fernand.
Les dessous pas très net du monde de l'art !
Lien : http://eireann561.canalblog...
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Un pitch très alléchant : place Pigalle, Monsieur Fernand avec son manteau en peau de singe et sa rolls blanche un peu défraîchie. Il est fauché et va reprendre les affaires pour répondre à la demande d'une de ses connaissances corses (Albertine, un caïd, bien évidemment) : trouver un faux Dufy.
En parallèle le meurtre d'une prostituée qui fait entrer en scène un drôle de flic Cabrillac, avec ses chemises col pelle à tarte. Des soirées hautes en couleurs dans le monde de la nuit, de la drogue, de tous les excès.
Tout cela pour finalement un matin, arriver à la découverte du cadavre de Monsieur Fernand, dans une poubelle, tué de dix sept coups de pic à glace.
Tout était là pour plonger dans cette histoire!!! Mais je n'y suis pas rentrée, personnages pas forcément faciles à suivre, il faut attendre plus de la moitié du livre pour voir l'enquête sur le meurtre de M Fernand commencer.
En synthèse un pitch peut être trop alléchant!!
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critiques presse (1)
Lexpress
24 février 2014
Louis Sanders raconte une histoire simple. Un homme, une mort, une vie. Au singulier et au pluriel. Une réussite.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tout le monde parlait de ce personnage fascinant, et elle ne gardait que le souvenir d'un homme si banal et si miteux qu'il avait dû s'envelopper d'une peau de gorille et d'un grand chapeau pour cacher au monde ce qu'il avait d'anodin. C'était peut-être cela, sa plus belle et sa plus grande escroquerie.
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Du côté de la place Pigalle, on l’appelle M. Fernand. Figure pittoresque du quartier, avec son manteau en peau de singe et sa Rolls blanche un peu défraîchie, il a connu son heure de gloire du temps où il vendait de faux tableaux à des collectionneurs américains. Mais à la fin des années soixante-dix, c’est plutôt la dégringolade : M. Fernand est fauché, et il n’y a plus que les habitants un peu bohèmes du 11 Boulevard de Clichy pour être encore séduits par les récits enjolivés de son passé - enfin, jusqu’au jour où ils ne supportent plus ses éclats et ses indélicatesses. Les affaires semblent reprendre quand on le charge de trouver un faux Dufy pour un caïd corse, mais les temps ont changé ...
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De la cocaïne?
Je prends tout ce qui traine.
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