AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782707302762
109 pages
Editions de Minuit (01/09/1979)
3.68/5   17 notes
Résumé :
Contribution à la discussion internationale sur la question de la légitimité : qu’est-ce qui permet aujourd’hui de dire qu’une loi est juste, un énoncé vrai ? Il y a eu les grands récits, l’émancipation du citoyen, la réalisation de l’Esprit, la société sans classes. L’âge moderne y recourait pour légitimer ou critiquer ses savoirs et ses actes.
L’homme postmoderne n’y croit plus. Les décideurs lui offrent pour perspective l’accroissement de la puissance et l... >Voir plus
Que lire après La condition postmoderneVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Évidemment, ce livre vous décevra si vous y chercher une affirmation politico-philosophique, idéologique, ou encore, moderne, de la postmodernité.
Dans la mesure où l'Occident trouve l'une de ses affirmations civilisationnelles la plus pleine et entière dans le concept de « modernité », la « postmodernité » correspond en effet à une prise de conscience de son déclin.
L'état morbide de l'affirmation de modernité actuelle en Occident, subsistant par force d'inertie, se révèle effectivement comme déterminisme désespéré, contradiction historique logique de ses promesses initiales.
J'apprécie beaucoup le réalisme déployé de manière magnifiquement lapidaire par Lyotard, par exemple :
« La transmission des savoirs n'apparaît plus comme destinée à former une élite capable de guider la nation dans son émancipation, elle fournit au système les joueurs capables d'assurer convenablement leur rôle aux postes pragmatiques dont les institutions ont besoin. » (p.79-80)
Pour ce qui est d'une appropriation possible des « métarécits », qui pourrait éviter le paralogisme communicationnel, je crois que le livre ouvre la question plutôt qu'il ne la clôt puisqu'il demeure hors du sérieux existentiel.
Commenter  J’apprécie          220
L'essai s'attache à définir la place du savoir dans la société contemporaine, bouleversé par l'irruption de l'informatisation. Celle-ci, en prétendant autonomiser le savoir de l'individu, redéfinit son utilisation. Tandis que jusque là, le savoir était lié à la formation de l'individu, il est maintenant possible de le faire exister sans eux, dans des machines. On se prend à transférer des connaissances dans celles-ci.

Mais on aurait tort de penser que ce que l'on enregistre dans des bases de données se confond avec le savoir : celui-ci intègre des composantes comportementales (savoir-vivre, savoir-faire, savoir-être), que ne reprend pas l'enregistrement de "quantités d'informations", qui est la forme d'enregistrement des connaissances : seule la connaissance scientifique s'y prête facilement. A l'opposé, l'autre grand pan de la connaissance, la connaissance narrative, échappe aussi à la traduction en quantités d'informations.

Lyotard prévoit que l'informatisation des sociétés amènera une exigence de transparence de la connaissance, assimilée à la seule connaissance scientifique, et que cette exigence affaiblira la puissance publique, toujours acculée à plus de "transparence" et débarrassée de la connaissance narrative, ce qu'il nomme les "grands récits". Il s'ensuivra une fragmentation de la société, une explosion des échanges de la connaissance qui, parce qu'éloignée de la formation, ne sera plus réductible à un savoir nécessaire à la construction de la société.

Suivant les schémas financiers, elle se scindera en connaissance d'investissement (pour les décideurs) et en connaissance d'échange (pour acquitter sa dette envers la société). En perdant en partie sa valeur d'usage et ramené à une connaissance vérifiable et prouvable puisque scientifique, le savoir informatisé affaiblira le lien social et sera responsable de la redéfinition du rôle de l'Etat. le contrôle de l'information deviendra un enjeu essentiel pour la domination mondiale. La question ne sera pas qui décide, mais qui "sait", et ce "qui" pourra ne pas être une structure publique.

Ecrit en 1979, on est surpris de tant de (post)modernité. Changeons "IBM" par "Google", "connaissance" par "information", le monde décrit est pleinement le nôtre. Cependant, l'essai ne se veut ni pessimiste ni optimiste, traçant seulement des conséquences prévisibles à partir d'une évolution technologique. La lecture de l'essai nous permet de prendre de la hauteur sur les questions actuelles et la place du "savoir-connaissance-information" aujourd'hui.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai entrepris la lecture du ce livre parce j'avais compris qu'il mettre de la lumière sur la littérature postmoderne. En fait elle parle plutôt de la crise de légitimation dans le domaine du savoir scientifique qui existe depuis la fin de la deuxième grande mondiale.
D'après Lyotard, l'époque postmoderne est celle où les deux grands métarécits hégéliens (ceux de l'émancipation de l'humanité et de l'esprit universel ) ont perdu leur pouvoir de légitimer les savoirs. Les conséquences sont particulièrement graves dans le domaine du savoir scientifique qui vit une crise de légitimation.
Lyotard travaille avec un modèle (qui semble être Derridien mais qui vient d'après Wikipedia de Jürgen Habermas) où le savoir commence avec un destinateur qui communique un idée (un référent) à un destinataire. Pour la communication normal la légitimation du destinateur vient du sont statut social (roi, président, directeur, patron, etc.) que le destinateur reconnait. Cependant dans le cas de la communication du savoir scientifique c'est le consensus des destinateurs qui accordent la légitimité ou au moins c'était le cas à l'époque moderne.
De nos jours postmodernes, les scientifiques ne sont pluscapable de se mettre d'accord. Toute vérité est provisoire et sera éclipsé par des nouvelles découvertes dans l'avenir. Dans la science, selon Lyotard: "Le consensus est un horizon, il n'est jamais acquis." (p 139)
On a donc recours à la "performativité" comme outil de légitimation ce que Lyotard déplore: "La performativité exclut en principe l'adhésion à un discours métaphysique, il requiert l'abandon des fables, il exige des esprits clairs et des volontés froides, il met le calcul des interactions à la place définition des essences." (p. 142) Bref, ce le meurtre de la philosophie par la rentabilité.
À la place de la performativité, Lyotard propose comme solution aux scientifiques la paralogie ce qu'il définit comme une multiplicité de moyens de légitimation. Son choix de mots dérange. le dictionnaire définit la paralogie comme "raisonnement involontairement erroné". On se demande si Lyotard s'en crisse du sort du savoir scientifique
En général, le ton de Lyotard est très amère. Au nom de la performativité et de la croissance économique les états augmentent les investissements dans l'instruction de l'informatique et diminuent les fonds alloués aux humanités.
Personnellement je crois que Lyotard devra revoir ses mots. Si on vit à la suite d'Hegel, on devra dire que notre époque est postromantique. Quant à la performativité, c'est une doctrine à caractère utilitariste et pas très brillant. Dans la forme où Lyotard l'a rencontré c'était seulement une proposition de marketing de l'industrie de l'informatique. Lyotard n'aurait pas du le prendre aussi au sérieux.

Commenter  J’apprécie          00
Faut-il être absolument postmoderne ? :
Lien : http://didier-moulinier.over..
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
La transmission des savoirs n’apparaît plus comme destinée à former une élite capable de guider la nation dans son émancipation, elle fournit au système les joueurs capables d’assurer convenablement leur rôle aux postes pragmatiques dont les institutions ont besoin.
Commenter  J’apprécie          370
Le savoir en général ne se réduit pas à la science, ni même à la connaissance. La connaissance serait l’ensemble des énoncés dénotant ou décrivant des objets, à l’exclusion de tous autres énoncés, et susceptibles d’être déclarés vrais ou faux. La science serait un sous-ensemble de la connaissance. Faite elle aussi d’énoncé dénotatifs, elle imposerait deux conditions supplémentaires à leur acceptabilité : que les objets auxquels ils se réfèrent soient accessibles récursivement, donc dans des conditions d’observation explicites ; que l’on puisse décider si chacun de ces énoncés appartient ou n’appartient pas au langage considéré comme pertinent par les experts.

Mais par le terme de savoir on n’entend pas seulement, tant s’en faut, un ensemble d’énoncés dénotatifs, il s’y mêle les idées de savoir-faire, de savoir-vivre, de savoir-écouter, etc. Il s’agit alors d’une compétence qui excède la détermination et l’application du seul critère de la vérité, et qui s’étend à celles des critères d’efficience (qualification technique), de justice et/ou de bonheur (sagesse éthique), de beauté sonore, chromatique (sensibilité auditive, visuelle), etc. (p. 36)
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jean-François Lyotard (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-François Lyotard
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=38930&razSqlClone=1
LE POSTMODERNISME
Une utopie moderne
Thomas Seguin
Pour Comprendre
Voici décrit les principaux motifs de la théorie sociale et culturelle postmoderne en simplifiant l'abord de la pensée post-68 (Baudrillard, Deleuze, Derrida, Lyotard, Foucault, Guattari). Ce livre a pour ambition de clarifier les incompréhensions et les erreurs qui ont alimenté les débats parfois polémiques concernant ce courant de pensée. le postmodernisme n'est pas une constellation théorique, il déploie aussi ses valeurs propres au sein d'une utopie assumée.
Broché ISBN : 978-2-336-00638-3 ? décembre 2012 ? 188 pages
+ Lire la suite
autres livres classés : philosophieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (83) Voir plus



Quiz Voir plus

Philo pour tous

Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

Les Mystères de la patience
Le Monde de Sophie
Maya
Vita brevis

10 questions
438 lecteurs ont répondu
Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..