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EAN : SIE339780_785
Flammarion (30/11/-1)
4.5/5   2 notes
Résumé :
« Voici un livre extrêmement digne de remarque, et que j’ai plaisir à signaler. […] Il est conçu avec intelligence, écrit avec fermeté et délicatesse, et, surtout, il s’en dégage une vie ardente, une sorte d’exhalaison chaleureuse, qui atteint et gagne le lecteur. Il sent le désert, les fleurs sauvages, et les parfums de l’Arabie. »

L’article élogieux consacré par Léon Blum à La Conquête de Jérusalem, lors de sa publication en 1904, l’intérêt que vou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand Hélie Jamain arrive à Jérusalem c'est plein de fougue et d'espérance qu'il aborde la ville sainte. Elevé dans le catholicisme mais passionné par le monde de l'antiquité, il vient se consacrer aux fouilles. Mais la vie n'y est pas si paisible et il se retrouve à l'hôpital soigné par la blonde Cécile, jeune diaconesse originaire d'Alsace. Tombé sous le charme de la jeune fille il l'épouse, acceptant de se convertir à l'austère protestantisme, sa religion et la source de leur désaccord profond. Alors qu'il est de plus en plus attiré par le paganisme et les plaisirs de la vie terrestre, il se heurte à l'incompréhension de son épouse et à l'hostilité de ses anciens congénères. Quand au milieu protestant, étriqué et mesquin, il n'a rien pour l'attirer non plus.

La liberté il la retrouve avec les peuples nomades, quand il quitte Jérusalem et ses ruelles semées d'embûches et de ces religions qui se croisent et s'échangent, n'ayant qu'un point commun, leurs intolérances réciproques. Même la naissance de sa fille, la petite Siona, élevée par une nounou arabe, n'arrive pas à le sortir de la morose torpeur de sa vie familiale. Il entreprend la rédaction d'un ouvrage sur le paganisme, qu'il finira par détruire, voit mourir sa femme sans qu'une réconciliation puisse les réunir, et achève tragiquement son existence.

Si Myriam Harry s'est inspirée de sa propre biographie, elle nous offre un roman enchanteur, d'une profonde culture biblique malgré sa critique des religions, une langue vivante et très riche qui nous fait gouter le charme à la fois sensuel et aride, proche et lointain d'un Orient mêlant la précision du vécu à la saveur du conte. On découvre une femme écrivain qui mériterait d'être mieux connue, on y retrouve l'influence de Huysmans pour lequel elle avait beaucoup d'admiration et une vraie plume nourrie de passion pour la vie mais aussi de douleur face à la cruauté des hommes. Une magnifique découverte !
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Jérusalem est la ville où Myriam Harry a passé son enfance. Fille d'une Allemande protestante et d'un juif d'origine russe converti au christianisme, le français n'est donc pas sa langue maternelle. Pourtant elle le maîtrise parfaitement, les descriptions des paysages, de l'ambiance de Jérusalem et de ses alentours, sont très belles. Elle n'a pas un style réaliste mais symbolique et rêveur, les sensations sont pleines de sens, si j'ose dire. le fait que tout se passe dans cette région sacrée du monothéisme, avec tous ces noms de lieux si célèbres, renforce l'impression irréelle du texte, comme si c'était un conte. Mais un conte plus païen que chrétien, même si le héros a quelque chose de christique.
Hélie Jamain est aussi vaguement inspiré par le père de Myriam Harry, et son épouse par sa mère. Leur rencontre, leur mariage, leurs problèmes conjugaux, c'est avant tout une histoire d'amour avec ses hauts et ses bas. Bien qu'élevé par des catholiques, Hélie Jamain marque une forte attirance pour le paganisme arabe pré-biblique, il est archéologue et s'intéresse à la période du passage entre le paganisme et le monothéisme. Ce qu'il retrouve dans le paganisme c'est une sensualité perdue par le judéo-christianisme. Pour le dire clairement, il souffre du manque de rapports sexuels avec sa femme, bridée par la religion. Il aime la vie, le désir, la liberté et il a horreur des dogmes religieux qui attisent les haines.
Dans l'esprit, Jérusalem n'a jamais beaucoup changée en deux mille ans. C'est toujours le centre de toutes les confrontations religieuses. Les acteurs changent, prennent de l'importance ou en perdent, mais c'est toujours la même violence qui anime cette ville. Hélie Jamain qui se trouve à la croisée de toutes les religions, sans prendre parti, seul tolérant, devient la victime de tout le dogmatisme biblique, alors il se tourne vers une religion plus primaire, davantage tournée vers la sensualité, moins hypocrite, l'ancienne religion des Moabites.
Comme je l'ai dit, à travers cette histoire d'amour, il y a beaucoup de symboles dans la manière dont se comportent les différents personnages entre eux ou avec Hélie Jamain. Personnellement, j'ai beaucoup aimé les deux seuls amis d'Hélie Jamain : le comte Bohémond, un vieux fou don quichottesque qui se croit encore au temps des croisades, et son ami médecin tout le temps perdu dans les vapeurs du haschich. Deux grands rêveurs détachés du monde, l'un plein d'illusions et l'autre sans plus aucune.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
En attendant l'époque tant désirée pour repasser le Jourdain, il avait commencé un ouvrage colossal, La Résurrection du paganisme, où il se proposait de démontrer l'immortalité du paganisme, qui, après avoir été supplanté par le judaïsme, le christianisme et l'islam, se réveillerait un jour universellement victorieux, pareil en cela à ces monolithes, formidables gestes d'amour éternisé et qu'une pioche pouvait faire surgir intacts et impérieux des sables millénaires. Alors la civilisation retournerait au panthéisme, l'âme sceptique à la nature ; et les siècles à venir connaîtraient une religion vivante et lumineuse, n'ayant qu'un temple, l'humanité ; qu'un culte, la beauté ; qu'une doctrine, l'amour.
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Un jour, il lui demanda :
— Etes-vous tout à fait heureuse ?
— Oui, répondit-elle évasivement, puisque j'aime les pauvres et les malades.
— Moi aussi je les ai aimés, mais cela ne m'a pas procuré le bonheur.
— Parce que vous ne les avez pas aimés en Jésus-Christ.
— Le Christ ! ... je l'ai cherché, mais je ne l'ai trouvé nulle part. Il n'est ni à Jérusalem, ni ailleurs.
— Il est partout ; mais vous ne savez pas le chercher.
— Sœur Cécile, voulez-vous m'aider à le chercher. Voulez-vous que nous le cherchions ensemble ?
Il s'était jeté à genoux devant elle, assise.
— Ma sœur, ma sœur bien aimée, voulez-vous que nous le cherchions ensemble ? dites, voulez-vous ?
Elle était devenue pâle, très pâle ; et ses mains tremblaient dans celles d'Hélie qui les enserrait. Ils se regardèrent jusqu'au fond de l'âme. Puis les yeux bleus et limpides de sœur Cécile se voilèrent : elle baissa ses paupières, et elle pleura doucement, sans trop savoir elle-même si elle pleurait parce qu'elle quittait Jésus ou parce qu'elle allait vers l'amour.
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— Alors, vraiment, docteur, vous ne pouvez rien contre la lèpre? demanda Hélie enfoncé dans une chaise longue d'osier, sur la tour de la Tancrédia, à côté de M. d'Amenjeu, qui, maigre comme un squelette et livide comme un cadavre, savourait l'éternel oubli de son tabac vert.
Le médecin mit un temps pour répondre : le temps de revenir des pays du haschisch ; et d'une voix si incolore, si légère, si fuyante, qu'elle ne semblait, elle aussi, qu'une fumée :
— Non, rien, absolument rien.
— Voyons, docteur, je sais bien que l'on ne peut pas la guérir ; mais soulager, du moins, est-ce possible?
— A quoi bon, mon ami, soulager c'est prolonger le martyre. D'ailleurs, on finit par aimer tout, même son mal.
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Restez, restez près de moi ; et surtout ne me guérissez pas trop vite. Vous voyez bien que je ne suis qu'un malade à qui l'existence a fait tant de mal; qu'un pauvre enfant, votre enfant, qui n'a plus ni volonté, ni orgueil, ni foi en dehors de vous. Faites de moi ce que vous voudrez, mais surtout ne me renvoyez pas, ne me laissez pas partir seul vers la vie.
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Mais au fond, nous croyons à la même chose, puisque nous voulons le bien... Non, ce n'est même pas de mon incrédulité qu'ils me font un péché, c'est de mes sens, de mon besoin impérieux de vivre, de mes élans vers l'amour. Eux, cherchent la vérité dans la doctrine, et moi, hélas, je la cherche dans la nature. Voilà mon crime. Ah ! sans religion, combien paisible et bonne serait l'existence.
P. 240
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La petite fille de Jérusalem, de Myriam Harry
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