Catherine pour son quatorzième anniversaire reçoit en cadeau de la part de ses parents un roman, 'Moi,
Christiane F., 13 ans, droguée et prostituée'... le programme est presque annoncée ainsi dans ce roman initiatique de l'adolescence, apprendre la vie de ses propres moyens, toutes expériences autorisées dans le Chicoutimi-Nord, là où il fait ben frette une grande partie de l'hiver. La meilleure période, celle des campes au fin fond des bois, autour de la chaleur d'un feu et d'une bouteille de vodka qui circule de mains en bouches, premières baises, premières drogues.
Pis, Catherine pour son quatorzième anniversaire se rend chez le coiffeur. Elle veut les cheveux de Mia Wallace dans 'Fiction Pulpeuse'. Des cheveux noirs comme la nuit sans lune, elle est belle, elle fait dix-huit ans au moins, Pascal va la regarder et pis Keven aussi qui va la regretter. Tout le monde autour va halluciner, même Marie-Êve. Les gars sont beaux, et elle aussi maintenant. Comme dans les films en noir et blanc. Comme les lagopèdes à queue blanche.
Pis, Catherine pour son quatorzième anniversaire a reçu aussi un de ces disc-man qui permet d'écouter de la musique partout, même au fond des bois, même dans son lit. de la bonne toune, entre deux rails de coke. du Aerosmith, du Nine Inch Nails, du Bowie et du
Kurt Cobain, 1967 - 1994. Toute la planète rock, complètement stone.
Kurt Cobain n'est pas mort, dans Chicoutimi-Nord. La playlist de mon adolescence. Et pis dehors, ça gèle. Alors je remets mon chandail d'adolescent, une effigie de Nirvana ou d'AC/DC imprimée dessus.
Et quand Catherine s'éclipse en pleine nuit pour aller voir son chum, se faire une ligne, et écouter un film (oui, là-bas on ne regarde pas un film, on l'écoute !) Et quel film !! Après 'Face à la mort', les ados se plongent allègrement dans 'Cannibal Holocaust', loués au club vidéo du coin. Deux petites douceurs cinématographiques pour accompagner la vodka achetée au dépanneur du coin et la poudre blanche du pusher du coin. Baiser pendant que des gens se font trucider à l'écran, le trip du coin. Un coin, qui donne pas vraiment envie d'y faire pousser sa progéniture. Aussi sombre que l'histoire de
Kurt Cobain, faite d'éclairs et de flip.
La déesse des mouches à feu, c'est un roman à la fois dur par son sujet, drôle par son langage, mais aussi ainsi profondément triste comme la voix de Kurt. Cru et cruel. Ça cogne, ça vomit, ça tripe, ça baise, ça sniffe, ça se culbute mais surtout ça se cherche. C'est l'adolescence, une vie, un mal de vivre. C'est tout sauf banal. Pis parfois c'est beau. Pis souvent c'est déprimant.