La femme aux doigts d'or

Encore une fois je me plonge avec plaisir dans les aventures du jeune gendarme Victor Dauterive.

J'apprécie de plus en plus ce personnage charismatique. Victor Dauterive est un personnage très humain, avec ses qualités et ses défauts, mais qui surtout évolue au fil des romans. On sent que la vie , la révolution française lui en apprend tous les jours. J'aime ce style de personnage.

Et puis il y a tout le talent de conteur de JC Portes. Une écriture fluide et agréable, un scénario palpitant et passionnant, et énormément de recherches et d'érudition sur la révolution française.

J'apprécie ce roman historique parce que l'auteur a la capacité de me faire voyager dans l'espace et dans le temps.

Une chose est sûre , c'est que je suis grande fan de ce personnage au grand coeur qu'est Victor Dauterive, mais surtout que JC Portes fait partie des meilleurs auteurs de romans historiques français.

Depuis 2015 et L'affaire des corps sans tête, les six épisodes des aventures de Victor Dauterive m'ont fait comprendre la mécanique de la Révolution.

J'ai ainsi découvert les polars historiques de Jean-Christophe Portes et j'ai illico approfondi mes connaissances sur cette période cruciale de notre histoire par une lecture plus sérieuse d'historiens incontournables (E. de Waresquiel, entre autres).

Le dernier opus de la série des aventures de Victor Dauterive, La femme aux doigts d'or, est encore plus haletant que les précédents. Nous y retrouvons la « tribu » logée désormais chez le jeune – il n'a que vingt ans - capitaine de gendarmerie, missionné en cette fin d'année 1792 par Danton.

Plus encore que le fil de l'intrigue, c'est l'ambiance délétère de cet hiver neigeux qui nous emporte sur les routes du Nord, vers la Belgique conquise par les armées révolutionnaires et où la Convention envoie – pure action de propagande - une troupe pléthorique de comédiens pour convaincre les Flamands de la supériorité des idées françaises de liberté, d'égalité et de fraternité. Ce qui insupporte les Anglais, naturellement.

Cependant, après l'enthousiasme général de 1789, on est passé de la suspicion à la colère puis à une sorte de peur diffuse. La Révolution n'a eu aucun impact positif sur les pauvres et n'a pas plus perturbé les trafics des spéculateurs – sur les assignats, les fausses rentes, les fournitures aux armées – bien au contraire. On soupçonne des complots partout - et ce ne sont pas seulement des fantasmes - jusqu'au sein des Comités révolutionnaires.

Pendant ce temps, le roi déchu de son trône, prisonnier au Temple, attend de savoir s'il aura droit à un procès, s'il sera défendu, s'il sera condamné à mort ou simplement exilé. Depuis la découverte des papiers serrés dans l'armoire de fer, chacun est persuadé de sa trahison. Les séances à la Convention sont houleuses, la corruption rode. Certains projettent de l'exfiltrer de sa prison pour le replacer sur son trône.

Au début de cette nouvelle affaire, Victor Dauterive enquête à Bruxelles sur la défenestration d'une servante qui ne peut être que criminelle, d'autant plus que quelques jours plus tard, sa patronne, comédienne et courtisane qui a séduit Victor, subit le même sort. Celui-ci mène ses investigations en compagnie du député Charpier devenu son protecteur mais aussi avec Joseph et Marie-Anne Potron, ses protégés et Olympe de Gouges qui se met de plus en plus en péril par ses prises de positions extrémistes.

On apprend davantage sur la personnalité désormais plus affirmée du jeune héros : il peut se montrer brusque, parfois hautain, il a ses préjugés et se trompe parfois, hésite souvent, a des scrupules. Mais il est sincère, ne calcule pas, est capable de risquer sa vie pour ceux qu'il aime. Et dans cet épisode, il risque sa vie et se fait rouer de coups à plusieurs reprises.

Les femmes tiennent un rôle éminent dans ce complot à multiples tiroirs où se mêlent trahisons, ralliements opportuns, prévarication, coalitions parlementaires et haines exacerbées entre Girondins et Montagnards … Rien ne change à plus de deux siècles de distance.

Tout se termine au matin du 21 janvier 1793 à la fois place de la Révolution et dans le logis de Victor où Marie-Anne donne naissance à une fille qui n'est pas la sienne. La Terreur approche ... la guerre civile aussi : une affaire à suivre.

N.B. Il n'est pas indispensable d'avoir lu les précédents épisodes de la vie trépidante de Victor car l'auteur nous en donne d'utiles éléments. Cependant, je mets en garde le lecteur : dès que vous aurez commencé la série, vous n'aurez plus qu'un objectif : en lire les six premiers livres !

La Femme aux Doigts d'Or, septième enquête de Victor Dauterive, a été publié par les éditions City en 2022. le style vivant et dynamique de Jean-Christophe Portes contribue à assurer au lecteur une lecture fluide et agréable, très important lorsqu'il s'agit d'un roman historique aux développements parfois complexes: "Tout comme le ministre de l'Intérieur humilié, Olympe de Gouges fulminait depuis les tribunes réservées au public, où elle assistait presque chaque jour aux débats. Fin 1789, l'ancien manège d'équitation du jeune Louis XV avait été pourvu de travées et de bancs, de bureaux pour le président, l'orateur et les secrétaires, et de quatre gros ventilateurs qui dispensaient des courants d'air aromatisés." (Page 74)..."Comme le laissaient deviner les communs et les remises à voiture, l'intérieur dénotait une certaine aisance, peut-être pas celle d'un riche propriétaire, en tout cas un confort bien supérieur à celui d'une simple métairie." (Page 158).

Hiver 1792. Suite à la victoire de Dumouriez sur les armées autrichiennes et prussiennes venues délivrer le couple royal, la monarchie a été abolie au profit de la République, marquant un tournant important pour la Révolution. Mais que faire du roi et de sa famille, enfermés dans une tour du temple, sous haute garde? Faut-il le bannir? Ou l'exécuter comme traître à la patrie? S'ensuivent des querelles entre les Montagnards, guidés par Robespierre et Marat, et les Girondins menés par Brissot, Roland ou Condorcet. Seul Danton, le sauveur de la patrie, pourrait réconcilier les deux partis.

C'est dans ce contexte explosif que le gendarme Victor Dauterive est chargé par Danton d'escorter la célèbre actrice Julie Renard en Belgique où elle doit donner une représentation. Mais à peine arrivés dans la cour de l'auberge où les comédiens doivent loger, un terrible accident se produit: la domestique de Julie Renard tombe de la fenêtre de la chambre attribuée à sa maîtresse. Malheureux accident? Bien que le corps ne comporte aucun trace de violence, Victor n'en est pas convaincu.

Danton, en mission en Belgique depuis quelques semaines, confie à Victor une mission bien plus périlleuse: porter un message de sa part à l'ambassade de France à Londres, et lui rapporter le rapport que Talleyrand lui remettra. L'homme étant surveillé par les agents de Pitt qui le redoute et veut l'isoler de tout contact avec la France, Victor devra se montrer d'une prudence extrême.

De retour à Paris, Dauterive découvre que Julie Renard est rentrée dans la capitale, sa servante ayant succombé à ses blessures. Ou plutôt qu'on l'a étouffée. Qui? Et pourquoi? Pour la faire taire ou pour effrayer sa maîtresse? Mais bientôt, la comédienne est à son tour victime d'un "accident" pour lequel Victor, qui se trouvait sur place, est accusé. le seul moyen de se disculper est de retrouver le véritable assassin. Plus facile à dire qu'à faire, au vu des circonstances.

Le +: l'évolution du personnage de Victor Dauterive qui, au fil des enquêtes, devient plus aguerri, moins naïf . Il se débarrasse de ses préjugés de classe et mesure la détresse et la misère du peuple. Il comprend mieux les motivations pas toujours bienveillantes des membres de chaque faction politique. Avec l'expérience, il devient plus intuitif. Nous le voyons acquérir une stabilité personnelle et sociale, assurance qu'il met au profit de ses investigations.

Bien que parfois la narration soit cousue de fils blancs ( le mot de la Renard tait clairement un piège), La femme aux doigts d'Or propose une intrigue policière qui colle au plus près des événements historiques dont l'auteur offre une lecture claire et circonstanciée qui permet au lecteur novice de comprendre les enjeux politiques qui agitent les différents partis.
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Qu'est-ce que j'aime les romans historiques comme celui-là ! On ne s'ennuie pas une seconde, on aime les personnages et on navigue en pleine Révolution Française ! du plaisir d'un bout à l'autre. Que demander de plus ! Et je ne dis pas ça parce que c'est un service de presse... si je n'avais pas aimé, cette chronique n'existerait pas.

Quel plaisir de retrouver Victor Dauterive (pardon, Victor Brunel de Saulon, chevalier d'Hauteville)... notre jeune gendarme de 20 ans dont j'ai fait la connaissance il y a quelques années déjà dans la sombre Affaire des corps sans tête, puis suivi dans deux autres enquêtes. Vous voyez, même si je ne les ai pas toutes lues, nous nous connaissons bien. Victor  donc,  Marie-Anne sa "compagne", Joseph son "fils" et les autres... Amis ou recueillis, tous sont liés par l'affection de ou pour Victor. 

Mais de quoi est-il question cette fois ? Notre gendarme est officiellement missionné pour accompagner en Belgique une troupe de comédiens portant la Bonne Parole Révolutionnaire. Hélas, à peine arrivés, la jeune bonne de la comédienne Julie Renard (à laquelle Victor n'est pas indifférent) est assassinée. Et quelques jours plus tard, c'est au tour de la jolie Julie de mourir tragiquement. Blessé dans son orgueil  (avant de l'être plus gravement par la suite 😉), notre héros se jure de trouver le meurtrier. 

Simultanément, dans un Paris glacé et enneigé, se tient le procès de Louis XVI. Nous sommes en effet pendant l'hiver 1792. On voyage de Bruxelles à Londres, on croise Danton, Talleyrand, Olympe de Gouges, quelques députés pas très honnêtes (!?), une célèbre directrice de théâtre... L'auteur a très bien reconstitué l'atmosphère de ce Paris dangereux et instable, juste avant la Terreur. Tous ceux que l'on croise ne survivront pas forcément à la tourmente qui s'annonce. Victor lui-même est bientôt accusé du meurtre de Julie et arrêté. En ces temps où l'on guillotine pour un rien, il faudra toute l'amitié et l'appui de ses amis pour le tirer de là. Mais l'affaire est bien plus compliquée et ramifiée qu'il n'y paraît. Il l'apprendra à ses dépens. Et la fin pleine de rebondissements  est haletante, comme il se doit.... On tremble, on enrage, on dévore le livre ! 

Formidablement documenté (réflexe de vieux prof, j'ai vérifié dates, lieux et CV des personnages), Jean-Christophe Portes "tord" juste assez L Histoire pour la rendre encore plus passionnante. Dumas "violait" celle-ci pour "lui faire de beaux enfants" (je cite), Jean-Christophe Portes la bouscule et le résultat est un vrai plaisir !  

Vous pourrez lire cette histoire sans avoir lu les opus précédents, mais nul doute que vous irez à leur recherche tout de suite après. Si la Révolution vous intéresse, si les tractations autour de la mort du Roi vous sont inconnues, voilà l'occasion.... et Noël approche !

Hâte de retrouver Victor et sa petite "famille" pendant la Terreur. Cela promet bien des frissons !

Alors ? Jean-Christophe, c'est pour quand ? 😉

Quel plaisir de retrouver Victor Brunel de Saulon, chevalier d'Hauteville, dit Dauterive et son petit monde : Joseph, Marie-Anne, Duperrier , sans oublier bien entendu Charpier et Olympe de Gouges.

Dauterive travaille maintenant pour Danton, après avoir oeuvré sous les ordres De La Fayette. Et avec les années et l'expérience il est devenu plus fort. Il vit maintenant en compagnie de sa petite tribu dont il prend soin. N'empêche que le fait de tomber amoureux ne va pas lui rendre les idées plus claires! Surtout qu'il choisit bien évidemment la mauvaise personne, magnifique mais terriblement manipulatrice et insensible! Quand en prime Olympe et Marie-Anne occupent son coeur, de manière différente. Olympe qui continue à défendre le Roi, ce qui pourrait lui coûter cher…
Alors direction Bruxelles, qui est à cette époque un territoire sous occupation française, où Dauterive assistera à un crime atroce : la jeune servante d'une comédienne réputée passera par la fenêtre d'un hôtel sous ses yeux. Pas question de croire au suicide ou à l'accident malencontreux…
Une fois encore le petit Joseph va mettre sa vie en jeu alors qu'en théorie il est supposé étudier mais il est toujours partant pour aider Dauterive dans ses enquêtes. Des enquêtes qui l'entraînent dans des milieux corrompus, qui mettent sa vie en péril… Dès que politique et argent s'en mêlent, le danger s'invite… et en cette période troublée, la mort est omniprésente car les pauvres n'ont pas disparu, les tensions sociales et économiques sont bien là, les esprits s'échauffent, les suspicions de complots pullulent. Et le meurtre de Bruxelles est bientôt suivi par une autre défenestration dont on veut faire accuser Dauterive…


Coté contexte, la période du procès de Louis XVI, l'affrontement entre « Montagnards » et « Girondins », ceux souhaitent couper la tête du Roi et ceux qui souhaitent l'exiler. Un procès qui n'aurait jamais dû se tenir, le Roi était au dessus des lois si l'on se réfère à la Constitution de 1791… et pourtant…
N'oublions pas qu'entre entre 1793 et 1794 on va vivre la période de « la terreur »… le Roi perdant sa tête le 21 janvier 1793 le contexte bouillonne … Mais on sait bien que Violence et Révolution Française ont toujours été de pair et la fin de la monarchie laisse augurer le pire pour l'avenir..
Et toujours ces notes au lecteur en fin de volume que j'apprécie tout par et cet contexte historique si bien intégré à l'action, les acteurs fictifs et les acteurs historiques qui se complètent si bien. 
Vous vous intéresser à l'Histoire de France? A la Révolution française? Je ne vois pas de meilleur compagnon que Victor pour vous accompagner … Je le suis depuis le début et je me réjouis de le retrouver pour la suite de ses aventures (et étoffer plus encore mes connaissance de cette période importante de l'Histoire)