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EAN : 9791040403098
Passes Composes (08/03/2023)
4.3/5   5 notes
Résumé :
Alors que la "question russe" semblait enterrée depuis la fin de la guerre froide, voici qu’elle revient sur le devant de la scène à l’occasion d’un conflit qui échappe à l’analyse. Si la géopolitique classique s’est cruellement trompée, c’est qu’elle ne prêtait pas suffisamment d’importance aux guerres spirituelles qui font rage en coulisse, dans les couloirs feutrés des chancelleries et jusque dans l’antichambre du président russe. Les Russes choisissent-ils d’env... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un célèbre dicton affirme : « Il n'y a pas de pire aveugle que celui qui ne veut pas voir ». Si vous considérez que les chaînes de diffusion de nouvelles en continu permettent de vous informer, si vous pensez que Vladimir Poutine (et plus globalement la Russie) est isolé sur le plan international, si vous adhérez au discours de M. Lemaire qui nous a affirmé il y a plus d'un an qu'économiquement, la Russie allait s'effondrer, si vous ne voulez pas voir que l'inflation y est bien moindre qu'en Europe, que son économie tourne, sur du « réel », alors ce livre n'est pas fait pour vous.
Il s'adresse à tous ceux qui n'ont pas envie de se limiter à condamner une seule guerre, mais à ceux qui ont envie de comprendre les schémas mentaux qui opèrent chez les acteurs de celle-ci. Donc vous êtes avertis, vous pouvez passer votre tour.

Bien sûr les auteurs expliquent bien que cet aspect seul ne suffit pas à expliquer le pourquoi de cette guerre. Tout le côté militaire, géopolitique, stratégique etc... existe bel et bien. Mais ce livre offre un cadre intellectuel de perception du fond idéologique russe actuel. Une lecture indispensable pour avoir une vision plus fine des enjeux civilisationnels à l'oeuvre.
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nouveau livre dans la considérable production littéraire parue dans le sillage du conflit ukrainien,qui tranche sur cette dernière et apporte un éclairage original.

Son titre est proche de celui du livre récent (2019de Galia Ackermann, le régiment immortel, la guerre sainte dé Poutine, consacré au rôle dans l'idéologie russe contemporaine dé la Seconde Guerre Mondiale, ou La Grande Guerre Patriotique comme l'appellent les Russes, le propos du présent ouvrage, qui intègre le rôle de ce conflit dans la Russie contemporaine, est plus vaste, puisqu'il intègre ce conflit, ainsi que la guerre actuelle menée contre l'Ukraine dans mille ans d'histoire russe, est beaucoup plus vaste. Par parenthèse, il montre que c'est à tort que l'on considère comme circonstanciel et anecdotique le rapport établi par le gouvernement russe entre ces deux conflits.
Pour les auteurs, ce qu'on appelle un peu vite en Occident le poutinisme est un avatar d'une idéologie beaucoup plus ancienne qui trouve ses origines dans mille ans d'histoire russe et qu'on a sans doute tort de traiter sur le mode de l'anathème comme la simple rconsequence de la psychologie pathologique d'un homme isolé, avec lequel elle disparaîtra, car il est loin d'en être l'origine, pas plus que le djihadisme (qui n'a d'ailleurs pas disparu après la mort de Khomeini) n'est la simple rconsequence de la pensée et de la personnalité de ses dirigeants actuels conséquence ou de l'histoire récente du Proche Orient.
Il faut au contraire remonter à l'origine même de l'Etat Russe, né avec la Rous de Kiev et les Rurikides,qui s'identifie très vite après la consersion de Saint Vladimir au christianisme orthodoxe,. Devenue Russie avec son développement dans le cadre de la Principauté de Moscou vue par la pensée orthodoxe, elle devient dans la pensée russe -orthodoxe dans le sillage de la bataille victorieuse de Koulikovo remportée sur les Tatars la Quatrième Rome, "Celle qui ne tombera pas"; cette appellation et Quatrième Rome ne doit cependant pas faire illusion : à la différence de l'Europe occidentale, contre laquelle se construit d'ailleurs en partie cette Quatrième Rome, la Russie n'a pas d'antiquité et son lien avec l'Antiquité gréco-romaine reste mineur. On sait que le Xixeme siècle voit s'opposer en Russie le courant occidental, rattachée au tzar Pierre le Grand et à la tzarine Catherine Il, , l'amie des philosophes (et certes cette tentation a existé et s'est peut-être incarnée une dernière fois sous Bois Eltsine, dont il ne faudrait pas oublié d'ailleurs qu'il a laissé un souvenir épouvantable en Russie), et le courant slavophile, représenté par de nombreux penseurs russes (au premier rang desquels il faut sans doute mettre Dostoïevski : sans la lecture de ses Frères Karamazov (dont on peut hélas deplorer l'absence propable sur la table de chevet des dirigeants et géopoliticiens occidentaux ) on ne comprend pas grand chose à la mentalité russe,)
Et le moment historique actuel est certes dans la mouvance slavophile (à laquelle aussi, et paradoxalement, il faut sans doute rattacher Staline, dont on ne doit pas oublier l'image très positive dans la Russie contemporaine), tout en trouvant comme on l'a dit ses origines dans un contexte plus vaste et plus ancien
De nombreux penseurs et intellectuels contemporains illustrent ces mouvances ; faute de pouvoir reprendre la nomenclature de ceux qui sont mentionnés dans l'ouvrage, on citera simplement ici Douguine (dont la fille a été assassinée par les services secrets ukrainiens) ou Baranov, connu chez nous par l'excellent roman de Da Empoli qui a cependant sans doute le tort de le voir essentiellement comme un opportuniste cynique et ambitieux
En conclusion la lecture de ce livre apparaît éminemment utile pour comprendre ce qui se passe actuellement en Russie, et continuera après Poutine(qui en est la dernière incarnation, et qu'on n'exorcisera pas en prétendant qu'il est fou, se condamnant ainsi à ne rien comprendre,).et après s la fin de la guerre
.Et il ne faut pas oublier qu'après ce dernier événement, quelles que soient ses modalités), la Russie ne se convertira pas aux droits de l'homme tels qu'on les entend en Occident ou à la démocratie libérale, pas plus qu'elle ne déménagera loin de nous
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La guerre russo-ukrainienne a commencé en février 2014, dix ans donc que la « question russe » refait surface, alors qu'on pensait l'affaire enterrée depuis la fin de la guerre froide. Cela a commencé avec le statut de la Crimée, puis du Donbass, pour arriver à l'invasion pure et simple de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022, que l'Europe n'avait pas vu venir. Encore une preuve que la Russie étonne, en même temps qu'elle effraie.
Comment expliquer ce qui ressemble à un suicide au niveau des relations internationales, le fait de sacrifier l'économie russe pour une conquête de territoire et une mobilisation générale contre l'Occident ?
Pour Sébastien Boussois et Noé Morin, spécialistes en relations internationales et en géopolitique, la raison ne serait justement pas géopolitique mais de l'ordre du spirituel et du religieux. Une « guerre contre les forces du mal », selon le patriarcat de Moscou. La Sainte Russie mènerait donc une « guerre juste » contre un monde occidental indécis, déchristianisé, pour ne pas dire en perdition. Une guerre de civilisation où s'affrontent les Anciens et les Modernes, la Tradition et le New Age. L'Ukraine est devenue le théâtre d'une lutte ancestrale, celle qui opposait Rome et Byzance, Latins et Grecs, Occidentaux et Orientaux. Une sorte de croisade que mènerait Vladimir Poutine pour revenir selon lui à « l'esprit de l'orthodoxie originelle qui s'était établie depuis des siècles en terre russe ».

Connaissant parfaitement le monde slave et orthodoxe, les auteurs nous offrent une vision totalement nouvelle du conflit russo-ukrainien qui dépasse ses frontières. de façon claire, documentée, bienvenue dans l'histoire de la Russie depuis ses origines, un monde où se mêlent religion, occultisme, acceptation et intégration de communautés tout au long des siècles, mais aussi le patriotisme endémique russe, et le lien indéfectible de l'État et de l'Église. Exception faite de la période Lénine, qui ira jusqu'à pourchasser et tuer les prêtres orthodoxes. Aujourd'hui, 80% des russes se déclarent croyants dont 68% chrétiens orthodoxes.

Un livre étonnant et extrêmement intéressant pour connaître la Russie de Poutine et surtout l'âme russe.

Lien : https://www.instagram.com/zo..
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"La guerre sainte de Poutine", livre écrit à quatre mains par deux auteurs, retrace de manière synthétique les fondements de la spiritualité en Russie, depuis l'époque de la Rus' de Kiev à nos jours, en apportant des éclairages sur des périodes qui de prime abord pourraient sembler antagonistes à toute spiritualité (le siècle communiste).

Une grille de lecture originale et pertinente sur les racines idéologiques de ce conflit.


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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Cette nouvelle Russie sortie de Koulikovo, pieuse et enflammée par la
chute de Constantinople aux mains des Turcs en 1453, est une nation fière et puissante qui s’imagine investie de la mission de protéger et diriger le monde chrétien.

C’est la sobornost, l’Église universelle ou la communauté fraternelle des
individus œuvrant pour la vérité chrétienne ; cette notion fondamentale a traversé les siècles comme un fil rouge qui a permis, à certains points nodaux de l’histoire de la Russie, comme aux instants du règne d’Ivan IV qui suivirent l’incendie de Moscou ou à l’avènement du communisme (le matérialisme historique serait une émanation du millénarisme russe si l’on en croit les philosophes Nicolas Berdiaev, Vladimir Soloviev ou Pierre Pascal), d’unir en parfait mariage le peuple et son État en vue de la transfiguration.
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Plus question de postuler la rationalité des politiques, car seule compte leur vérité. Mais la vérité est un domaine très extérieur à la politique, qui ne doit jamais s’y frotter, au risque de devenir l’arme d’un régime de contrôle total, totalitaire, inquisiteur. De là provient la dialectique du complotisme et de l’anti-complotisme qui à d’autres époques s’appelaient scepticisme et bigoterie, conviction et pharisianisme, Réforme et Contre-Réforme.
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