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EAN : 9782757806050
320 pages
Points (08/11/2007)
3.58/5   24 notes
Résumé :

Evaristo Reyes, flic à la police judiciaire mexicaine, s'est fourré dans un sale guêpier. Chargé de rendre une "petite visite" à un journaliste, il est le dernier à l'avoir vu vivant et, par conséquent, le premier sur le banc des suspects.

Obstiné, Evaristo mène l'enquête en solo. Sage décision: entre magouilles politiques et corruption, mieux vaut ne faire confiance à personne...

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Décidément ces Mexicains sont forts pour nous proposer de superbes romans noirs ! Ici c'est un polar noir, un vrai, mais avec comme toile fond le monde littéraire mexicain et, même si l'on n'en possède pas toutes les clés, on entre dans ce monde avec délectation.

Evaristo Reyes, écrivain raté et ex-journaliste, travaille dans la police sous les ordres du corrompu Maytorena. Celui-ci, pour se faire bien voir du procureur, veut éliminer Lima, un écrivain qui a écrit quelques lignes injurieuses pour le gouvernement dans un obscur journal. Mais Lima est tué le soir-même dans des circonstances mystérieuses et Reyes est chargé de l'enquête. Pour cela il va rencontrer toute l'intelligentsia mexicaine et découvrir les bassesses, renvois d'ascenseur et autres conflits d'intérêt qui mènent ce petit monde. Pourquoi l'ex-petite amie de Lima l'a-t-elle quitté pour le célèbre mais vaniteux Vilchis ? Et celui-ci aurait-il pu tuer Lima ? Mais les policiers vont trop vite en besogne et une bavure supprime Vichis. Et cette poétesse aussi directrice de collection et qui fait la pluie et le beau temps, elle aussi en veut à Lima pour une histoire ancienne...
Mais ces petits arrangements ne seraient rien sans les ramifications avec la police et le pouvoir. Les trafiques de drogue sont connus mais les policiers suffisamment arrosés pour se taire, et chacun a intérêt à se taire et à protéger l'autre. Reyes se retrouve dans un monde corrompu jusqu'à la moelle et lui-même perd complètement pied..

Le personnage de Reyes et le monde dans lequel il évolue sont décrits avec précision et sans concession, et, si l'on ôte le contexte très violent et quand même très très corrompu, on retrouverait un petit monde germano-pratin bien connu. Tu me fais ma préface et je te mets dans mon anthologie, tu me fais cette conférence et je te mets dans la liste des écrivains qui partent en voyage en Europe, je couche avec toi mais tu essaies de faire éditer mon recueil, etc... Les clés nous échappent forcément mais j'ai quand même noté deux noms. A deux reprises Octavio Paz est cité et, si lui est visiblement unanimement admiré, son entourage est la cible de quelques piques : "des soirées pour gens délicats où les intellectuels courtisans buvaient l'haleine d'Octavio Paz". Et le Vilchis dont on a parlé est visiblement quelqu'un de très connu sur le plan international : "Vilchis leur a fait croire qu'il était un intellectuel de prestige parce qu'il prenait par le bras les célébrités internationales qui venaient au Mexique. Sans l'éclat des autres il ne serait tout simplement rien". Sont cités les écrivains en photos avec lui, Harold Pinter, Garcia Marquez, Vaclav Havel,...Quand on cherche Fuentes et ces noms... on trouve des photos où il est bras-dessus, bras-dessous aves eux....Coïncidence ??
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Enrique Serna est un narrateur et essayiste mexicain né en 1959. Gabriel García Márquez inclut un de ses contes, L'homme avec le minotaure sur la poitrine, parmi les dix meilleurs récits mexicains de la fin du XXe siècle et il apparaît dans presque toutes les anthologies narratives mexicaines contemporaines. La Peur des bêtes, paru en 1995, a été traduit chez nous en 2006.
Evaristo Reyes, ex-journaliste, divorcé et porté sur la bouteille, aurait voulu être écrivain mais il n'est que flic à la police judiciaire. Quand le commissaire Maytorena l'envoie rendre « une petite visite » à Roberto Lima, un journaliste ayant vertement critiqué le président de la république dans une feuille de chou que personne ne lit, Evaristo écoute avec bienveillance le contestataire se sentant vaguement lié avec lui intellectuellement parlant. Peu de temps après la découverte du cadavre de Lima, Evaristo fait un coupable idéal, étant la dernière personne à l'avoir vu en vie. Pourchassé, Evaristo va devoir se battre seul pour se sortir de ce guêpier. S'il s'en sort ?
Nous voilà donc avec un polar pas trop mal mené dans l'ensemble, avec quelques naïvetés du héros rappelant les Séries noires d'antan et liées à son romantisme sentimental, où alcool et petites pépées s'insèrent naturellement dans le décor. S'il n'y avait que cela dans ce bouquin, loin d'être mauvais, ce serait un peu court, mais Enrique Serna élargit son propos très habilement, éveillant l'intérêt du lecteur en incrustant son histoire dans le contexte socialo-politique ainsi qu'intellectuel de son pays, le Mexique. Et là, c'est carrément passionnant.
Nous ne sommes donc pas vraiment étonnés de voir les méthodes utilisées par la police, gangrénée jusqu'à la moelle par la corruption, le commissaire gérant comme un caïd, trafics, meurtres, drogue, avec une répugnante impunité. Son seul souci étant de rester dans le sens du vent soufflé par ses propres supérieurs et le pouvoir. Evaristo n'est pas de cette eau croupie, il essaie de gagner sa croûte, sans grande conviction, moqué par ses collègues et son supérieur qui le traitent « d'intello ». Pouvoir, Justice, Police, toutes les institutions sont pourries, se tenant les coudes en une farandole qui entraîne dans son sillage la vie culturelle et intellectuelle du pays. Et c'est sur volet – le milieu littéraire - que l'auteur insiste particulièrement, rendant extrêmement intéressant/instructif ce roman.
Magouilles, combines et connivences entre journalistes et écrivains, on se renvoie l'ascenseur (« je t'inclus dans mon anthologie si tu me fais inviter au prochain voyage d'intellectuels en Europe »), on se jalouse, on se hait, des carrières se font ou se défont, « Des écrivaillons qui n'étaient rien dans le monde des lettres devenaient du jour au lendemain des gloires nationales. » Enrique Serna dénonce tant et plus, invitant les écrivains mondiaux les plus illustres dans son propos, glissant dans son texte son crédo d'écrivain, « Parce que les mots sont notre seule arme, une arme que nous utilisons pour donner une voix à ceux qui n'ont ni visage ni terre, aux oubliés d'aujourd'hui et de toujours. » Cette partie du livre, qui n'est pas mince, est aussi celle qui m'a le plus intéressé car elle s'étend certainement au-delà des frontières du Mexique…
Du banal polar du départ, nous nous retrouvons donc avec un bouquin ne manquant pas d'ambitions et comme il s'avère de surcroît joliment écrit, je ne peux que le conseiller à tous.
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Evaristo Reyes aurait voulu devenir écrivain. C'est pour trouver de la matière à ses futurs écrits qu'il est entré dans la police judiciaire où il se morfond dorénavant sous les ordres du commissaire Maytorena, adepte des survêtements aux couleurs criardes, des travestis et, accessoirement, vendu aux narcotrafiquants.
Chargé par son chef de trouver l'adresse de Pedro Lima, un journaliste qui a insulté le président dans un article, Evaristo, emporté par un élan de solidarité confraternelle envers un autre écrivain, dit à Lima de quitter Mexico au plus vite. Mais, le lendemain, Lima est retrouvé mort et Evaristo se trouve être le principal suspect. Relégué depuis des années dans un bureau avec une bouteille de whisky, il doit prendre le mors aux dents pour se disculper et trouver le véritable meurtrier. Une enquête dans laquelle il va faire preuve d'une opiniâtreté qu'il ne soupçonnait pas lui-même et qui va le faire aller de désillusion en désillusion.

« Ainsi était le Mexique, un pays où la moindre bonne action est punie avec toute la rigueur de la loi ».

Comme c'est souvent le cas dans le roman noir mexicain, le héros se trouve donc confronté à la corruption de l'appareil politico-judiciaire de son pays. Une corruption généralisée mais dont chacun finit par s'accoutumer, à tout le moins jusqu'au moment où l'on se trouve sur le point d'être broyer par la logique impitoyable de ce système. Décidé à sauver sa peau, rattrapé par sa conscience et par ses idéaux de jeunesse, Evaristo Reyes part donc seul à l'assaut de cette forteresse baroque.
Et pour cela, il compte bien s'appuyer sur ceux qu'il estime être ses semblables : l'intelligentsia mexicaine éprise de démocratie au sein de laquelle il enquête pour mettre la main sur le véritable assassin de Pedro Lima.
Mais la désillusion est à la mesure des espoirs qu'Evaristo a fondés sur l'élite littéraire de son pays qui, bien vite, se révèle être un calque du reste de cette société corrompue de laquelle il voudrait s'extraire.

Mêlant habilement gravité et humour, Enrique Serna, dans La peur des bêtes, dresse un portrait à la fois cruel et tendre de la société mexicaine. Une société dont les élites, qu'elles soient politiques ou culturelles, oeuvrent avant tout pour elles-mêmes mais dans laquelle le peuple n'est peut-être pas aussi résigné qu'il y paraît et entend bien accéder un jour ou l'autre à plus de transparence et de démocratie. S'il semble seul contre tous, Evaristo a pour lui toute une tradition de révolte populaire à laquelle Serna fait régulièrement référence. Confronté à ses propres contradictions, il décide finalement de lutter pour faire éclater la vérité dans un système qui n'en a que faire mais qui le lui fera sans doute payer.
Cruel, désenchanté souvent, ce roman d'Enrique Serna n'en est pas moins porteur d'espoir et d'un humour salutaire.

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Un bon livre avec un petit bémol car même si son écriture est bonne et son sujet honorable, le polar n'en est que l'emballage car Evaristo Reyes fait un bien piètre enquêteur, (cela dit c'est rafraîchissant comparé à tout ces flics omniscients qui trouvent le coupable simplement en le voyant ) et pour le reste de son propos, hélas, rien de nouveau sous le soleil, je n'ai pas eu le sentiment d'apprendre quelque chose si ce n'est une nouvelle façon de fumer! Peut être est-ce une provocation ou un appel à l'humilité pour les pseudo-écrivains du monde? En tout cas, j'ai choisi ce livre grâce à l'éloge de Gabriel Garcia Marquez sur son auteur et je suis restée quelque peu sur ma faim car on est, malgré tout, loin, très loin du talent de Gabriel Garcia Marquez. Cependant cela reste un bon livre en ce qui me concerne, j'ai seulement eu le tort d'en attendre davantage.
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Résumé : Evaristo Reyes, flic à la police judiciaire mexicaine, s'est fourré dans un sale guêpier. Chargé de rendre une « petite visite » à un journaliste, il est le dernier à l'avoir vu vivant et, par conséquent, le premier sur le banc des suspects. Obstiné, Evaristo mène l'enquête en solo. Sage décision : entre magouilles politiques et corruption, mieux vaut ne faire confiance à personne…

Commentaires : J'avais hâte de lire ce roman noir d'un auteur qualifié par Gabriel García Márquez comme l'un des meilleurs écrivains mexicains et que j'ai brièvement rencontré au Salon du livre de Montréal en novembre 2016. Et je n'ai pas été déçu. le personnage créé par Enrique Serna évolue dans un contexte où violence et corruption alimentent le quotidien des forces de l'ordre et des autorités politiques dans le milieu littéraire mexicain où un retour d'ascenseur est attendu à la suite de tout service rendu : « je fais une bonne critique de ton recueil de poèmes et tu me donnes un coup de pouce pour le prochain prix littéraire ».

« En littérature et surtout en poésie, tu n'es rien si tes collègues t'ignorent. Tu as besoin du soutien de l'establishment, sinon tu es considéré comme un poète quelconque, même si tu es un génie » (p.165)

Constat : même les figures publiques du journalisme ou de la littérature populaire qui semblent, à première vue, lutter contre les injustices sont, en privé, les pires coupe-gorges.

« Parce que tu ne sais pas comment fonctionne la critique […]. Ce qu'on déclare en public ne compte pas. Pures formules de politesse. C'est dans les conversations de café ou les réunions entre amis qu'on dit vraiment ce qu'on pense de quelqu'un, à condition qu'il ne soit pas là. » (p. 87)

Évidemment, c'est presque devenu une constante dans le roman policier, le personnage principal a une propension marquée pour l'alcool, le sexe et la drogue. En soi, sa personnalité « polardienne » est peu originale. Il se démarque cependant par son intérêt pour la littérature, pour l'écriture romanesque, au point d'être qualifié par ses collègues d'intello. Un policier dont la culture littéraire est définitivement non compatible avec milieu pourri dans lequel il lutte pour sa survie, mais qui lui permettra de résoudre le crime dont il est injustement soupçonné. Et de découvrir, après avoir transposé sa recherche de la vérité dans une fiction, l'identité du meurtrier révélée en toute fin.

J'ai beaucoup apprécié La peur des bêtes parce que ce roman soulève, évidemment dans le milieu littéraire mexicain, la problématique des nouveaux auteurs qui se butent à percer dans un univers contrôlé par une clique de célébrités prêtes à tout pour conserver leur statut d'écrivains adulés. Dans un environnement politique qui lui aussi aspire à une stabilité permettant aux différents protagonistes de profiter des avantages du pouvoir et du contrôle des masses populaires à garder dans l'ignorance.

« Tu vois ces millions de livres entassés ? Eh bien, personne ne les lira jamais, parce que ce gouvernement qui diffuse la culture à grands renforts de trompette est le même qui a besoin d'un peuple ignorant pour perpétuer son pouvoir. » (p. 278)

Ce que j'ai aimé : La thématique et, entre autres, la réflexion de l'auteur sur le pouvoir des écrivains : « …les mots sont notre seule arme, une arme que nous utilisons pour donner une voix à ceux qui n'ont visage ni terre, aux oubliés d'aujourd'hui et de toujours » (p. 199)

Ce que je n'ai pas aimé : -
Lien : http://avisdelecturepolarsro..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mais il y a quelque chose que je ne saisis pas très bien : d’où sors-tu le fric, si tu dis que le drogue pour toi n’est pas un commerce ? – La drogue, non, mais le prestige, si. Au Mexique, la renommée signifie argent. Grâce à Dieu nous avons un gouvernement qui gâte les intellectuels. Regarde ma carrière : à vingt-six ans, grâce à mon ami Fidel qui était président du jury, j’ai gagné le prix Lopez Velarde et avec l’argent j’ai pu payer l’acompte de cette maison. Après, avec l’appui d’un écrivain plus important que je fournissais en herbe et en peyotl – je ne te dis pas son nom parce que ce n’est pas le moment, mais c’est une gloire nationale – j’ai obtenu un poste de conseiller au ministère de l’Education, où j’étais royalement payé pour déjeuner une fois par mois avec le ministre. Je pouvais donc déjà me débrouiller tout seul (…) je suis entré dans la mafia du Fonds de Promotion de la Lecture, mes poèmes ont figuré dans plusieurs anthologies et il y a eu des interviews à la télé…
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Le monde entier baignait dans la corruption, y compris ceux qui prétendaient la combattre. L'homme s'inventait des masques pour cacher sa bassesse et le plus dangereux de tous était celui du juste, car il fournissait aux idiots un reflet idéalisé de leur propre personnalité.
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Ainsi était le Mexique, un pays où la moindre bonne action est punie avec toute la rigueur de la loi.
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Tous les ans, le président célèbre avec les journalistes la Journée de la Liberté d'Expression, mais au Mexique la censure existe et se pratique à coups de feu.
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La rivalité tue l'amour.
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Vidéo de Enrique Serna
Anne-Marie Métaillé - Rentrée littéraire (2/2) .Anne-Marie Métailie? vous présente l'ouvrage d'Enrique Serna "La Double vie de Jésus". Parution le 25 août 2016 aux éditions Métailie?. Retrouvez le livre : Note de musique : "Losing Love by Dexter Britain" - free music archive. Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/LibrairieMollat Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Librairie_Mollat/1 Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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