Ce livre est plus passionnant encore, et ce n'est pas peu dire, que le précédent essai du même auteur, "
un silence religieux", dont il prolonge à certains égards, la réflexion.
Les faibles ne sont pas ceux que l'on peut imaginer au premier abord.
Et "la Croyance" non plus. C'est celle dont sont imbibés ceux de nos semblables qui ne parviennent pas à voir ce qu'ils voient, pour reprendre la formule bien connue de Péguy.
L'auteur nous fait partager, sur ce point, son expérience personnelle et nous découvrons, dans un chapitre final qui, à lui seul vaut au livre d'être lu, la manière dont ses yeux se sont ouverts, à l'occasion d'un colloque organisé sur
Derrida par des autorités algériennes gouvernementales et universitaires qui n'avaient pas grand chose à faire de la réalité de la pensée de ce philosophe qui est né et a grandi à Alger, mais étaient surtout préoccupés de s'appuyer sur la présence d'intellectuels occidentaux pour avancer leur propagande sans grand souci de vérité.
Mais ce qui frappe
Jean Birnbaum, c'est l'attitude des participants Français, sympathisants de la cause algérienne, mais qui, comme l'explique bien l'auteur, par leur effort pour minimiser les mensonges qui s'ajoutent les uns aux autres au cours du colloque et des manifestations qui l'accompagnent, détournent leur regard, et montrent en réalité davantage "une indulgence teintée de mépris".
Jean Birnbaum dissèque avec précision cette attitude à travers bien des évènements où, face à la violence d'attaques de l'Islamiste qui les vise, des intellectuels (
Rushdie par ex) sont abandonnés par la plupart de leurs pairs, dans un mouvement de grande lâcheté qui tente de se justifier par le désir de "ne pas faire le jeu de....".
Un livre éclairant, écrit dans un style d'une très grande clarté, seulement rendu obscurs lorsque l'auteur se sent, on ne sait pas bien pourquoi, obligé de citer
Derrida, à qui l'attachent visiblement des sentiments forts.