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EAN : 9782073029843
144 pages
Gallimard (24/08/2023)
3.41/5   32 notes
Résumé :
"Il commence à chanter en arabe. Je saisis quelques mots comme benti, goulti ou jbel et, évidemment, tous les mots que la colonisation a influencés tels que Francia, musiqa, immigri, faliza, miseria, carta. Je devine, à ses yeux qu'il ferme de temps à autre, à la tonalité de sa voix, aux notes qui viennent du fond de sa gorge, aux voyelles qu'il étire à en perdre le souffle, qu'il parle de l'Algérie, de son village, de sa famille, de sa culture, de tout ce que la gu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique


Bribes de souvenirs , ce récit a des allures de poésie et d'essai.


Tout lecteur né dans les décennies 70/80  saura reconnaître la liberté qui était la saveur de l'enfance à cette époque. Liberté d'errer dans le quartier avec les copains, d'observer les va et vient des adultes, de scruter leur retour en voiture, de tout savoir sur les pavillons voisins, d'admirer les plus grands scotchés sur les bancs de la ville. Une enfance comme je l'ai vécue, celle des résidences pavillonnaires d'avant 2000. Ce récit a été pour moi une sorte de "reconnaissance sociologique".


C'est également le témoignage intime des racines, celui plus poétique "de la source des fantômes". La narratrice enfant puis adulte compose avec cette famille algérienne qu'elle ne connaît pas. Ses parents, taiseux, ne s'attardent pas sur leur vie d'avant, comme si ce n'était pas la même ligne de vie. Pourtant, cette source fantôme jaillit chaque jour à travers une langue oralisée, des plats, un regard , une posture, un geste. Elle se fait une place dans un monde qui paraît ne pas être le sien.


Je quitte ce récit avec une certitude : l'enfance est le moment où l'on forme notre paquetage en commençant par entasser les affaires de nos parents. 


Je remercie la collection arbalète des éditions Gallimard et Babelio pour ce récit qui réveillera la source de tout un chacun.

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La narratrice vit au Sud de la Vendée, à Fontayne, ville des années 80 où trône une usine grâce à laquelle une population vit. Ses parents sont algériens, le père est Harki. de l'Algerie, la narratrice ne connaît que trop peu de choses, elle en a le nom de famille « Benali » qui côtoie les Boulard, Michaud, Souchard dans leur quartier résidentiel. Dans ce quartier, elle coule une enfance et une adolescence pleines des nostalgie, d'effervescence des premiers instants, comme une observatrice d'un temps où l'air que l'on respire ne préoccupe personne, surtout pas le gouvernement dédié à enrichir un pays.

« Nostalgie d'un pays qu'elle ne connaît qu'à travers les silences »

Avec son histoire elle arbore le « racisme ordinaire » d'antan, elle évoque cette confusion sémantique qui caractérise ses parents mais ne les empêche surtout pas d'avoir une place dans leur ville. « Leur exil est l'histoire muette d'un effacement. », qui mieux que leur fille peut enrayer cet effacement en nous racontant l'exil de deux êtres dont les fronts ont sué pour nourrir les 3 bouches qu'ils ont créé.

L'histoire est portée par une écriture nostalgique, méticuleuse avec un rythme percutant. J'y ai senti l'amour pour des parents partis de rien, la volonté farouche de les faire exister mais aussi la naissance d'un capitalisme morose à venir. Un livre multiple, une histoire personnelle téléporté dans un monde où le délitement annoncé inquiète.
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J'imagine que le roman que je viens de fermer est d'inspiration autobiographique. Si ce n'est pas le cas, il aurait pu l'être. Une famille d'origine algérienne s'est installée dans un lotissement calme en Vendée, à Fontayne, qui tient son nom d'une source. Après avoir été harki lors de la guerre d'Algérie, le père a choisi la liberté en vendant des merguez dans un camion ambulant pour divers événements. Les enfants font passer le temps en inventant divers jeux dehors. Une certaine langueur se dégage de cette lecture. Des moments simples, des instants de vie, comme des instantanés, qui nous plongent dans l'ambiance des années 80 : amours de jeunesse, fermeture des industries françaises, émissions télévisées, racisme, ennui... Il n'y a pas vraiment d'histoire dans ce livre. Il s'agit plutôt d'une ambiance qui redonne le goût d'une époque passée. Ce n'est pas désagréable mais ça ne m'a pas captivé. Quelques descriptions du futur de la narratrice parsèment le livre comme pour montrer ce qu'il adviendra de tout ce dont on est témoin dans ce texte. Je me suis un peu ennuyée, et j'ai donc mis du temps à lire ce récit pourtant court. Un roman pour les nostalgiques et les amateurs des années 80. Il m'a manqué un fil conducteur et je ne crois pas que je retiendrai grand chose de ce texte, pourtant très bien écrit.
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Ce récit personnel et autobiographique de l'autrice revient sur sa vie, ses parents d'origine algérienne qui ont fuit lors de l'indépendance et sa construction dans un environnement où le mélange des cultures n'était pas encore une question d'intégration.
Elle évoque aussi le côté social avec l'époque où la valeur travail et le rôle de l'employeur avaient une haute estime et son délitement dans les années 1990/2000 avec les plans sociaux et les délocalisations qui ont profondément bouleversé la vie dans certaines régions.
La pudeur aussi des souvenirs de sa vie familiale et de ses parents qui ont marqué sa construction personnelle sont des passages très touchants dans cette lecture.
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Jolie dialectique qu'offre ce livre très matérialiste alors que c'est bien de souvenirs qu'il est question. L'héroïne principale conte simplement une enfance qu'elle a vécu. On peut penser qu'il y a une grande part autobiographique dans ce texte. de fait, les personnages sont vraiment ancrés dans un réel matériel. Ça se voit à des choses simples, comme les noms des personnages. Ils n'ont pas vocation à attirer l'oeil, sont d'une grande banalité, et leur musicalité rappelle la réalité que vit la France modeste. C'est rien, ce ne sont que des prénoms. Mais ils disent tant de choses de ce texte qui veut nous ramener à l'essentiel d'une vie. Les seuls petits griefs que l'on peut faire sont le fait que le texte peut dériver vers un didactisme ouvrier. Plutôt que de décrire avec la simplicité qui le caractérise tout son long, il tente à ce moment beaucoup trop de forcer la main du lecteur.
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critiques presse (2)
Bibliobs
19 septembre 2023
Enquête familiale et sociologique, ce livre de haute tenue raconte une enfance des années 1980, sans cesse interrogée par la narratrice adulte.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
LeMonde
01 septembre 2023
D’une écriture aussi blanche que possible, Yamina Benahmed Daho relate une jeunesse vendéenne qui pourrait être la sienne, mais elle l’évoque sur un mode suffisamment distancié pour l’ériger en ­tableau sociologique.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Quand ils parlent, ils lâchent des bribes comme par accident, livrent des fragments en éclats. Ils ne racontent jamais les histoires en entier. Ils murmurent le début, coupent le milieu, chuchotent la fin, en bégayant. Signe qu’il faut se méfier de leurs fantômes muets. Ils les hantent toujours. Ils rôdent dans nos maisons. Je vois leurs ombres.
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Je trouve amusant que notre nom se noie au milieu de patronymes très vendéens. J'ai trouvé ça amusant jusqu'à ce que je comprenne que l'harmonie entre mon nom et mon lieu de naissance n'est en réalité que pour moi. Encore aujourd'hui il me faut régulièrement expliquer que, l'exil d'après-guerre imposant un voyage à sens unique, il ne m'a jamais été possible de faire connaissance avec le pays de mes parents et c'est pourquoi je ne sais pas répondre à l'identité qu'on me prête.
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Je suis nostalgique d'un pays que je ne connais pas. Ou plutôt d'un pays que je ne connais qu'au travers des silences et des récits percés de mes parents...Pour connaitre ce pays, j'ai appris à lire dans les yeux de mon père, à lire entre les bribes que mes parents laissent tomber quand enfin ils cèdent à mes questions.
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La colonisation ne se limite jamais à la conquête d'un territoire, elle s'approprie et déforme une langue ainsi que tout ce qu'elle charrie d'histoires collectives et individuelles, de luttes et de rêves, de souvenirs, de silences et de révélations.
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Tellement cabossé est le chemin qui remonte à nos sources.
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Video de Yamina Benahmed Daho (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Yamina Benahmed Daho
Au début du XIXe siècle, Barthélemy Thimonnier, tailleur, met au point le premier métier à coudre. Destinée à alléger le travail des ouvriers, cette machine provoque parmi eux les plus vives controverses avant d'être récupérée par la concurrence. le destin de cet inventeur aujourd'hui oublié sert de trame à Yamina Benahmed Daho pour raconter les bouleversements de la révolution industrielle, les espoirs qu'elle a suscités et déçus et les premiers mouvements de révolte ouvrière, dont celui des canuts lyonnais.
L'autrice intègre à son récit des fragments de ses souvenirs d'enfance rythmés par le bruit de la Singer, l'un des rares objets que sa mère a conservé en quittant l'Algérie pour s'exiler en France. La machine à coudre devient ainsi un objet littéraire, une invention qui passe symboliquement des fabriques aux foyers et habite la mémoire de nombreuses familles.
Yamina Benahmed Daho est écrivaine et enseignante. La pratique du football féminin a alimenté ses récits sportifs qui se situent à la frontière entre la fiction et le documentaire. À la machine est son quatrième roman.
Retrouvez notre dossier "Effractions 2021" sur notre webmagazine Balises : https://balises.bpi.fr/dossier/effractions-2021/ Retrouvez toute la programmation du festival sur le site d'Effractions : https://effractions.bpi.fr/
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