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EAN : 9782330019563
112 pages
Actes Sud (02/05/2013)
2.96/5   12 notes
Résumé :
Dans ce conte de Noël à l’envers, Stefano Benni dénonce la grande escroquerie des médicaments qui rendent gâteux, euphorique et surtout insomniaque. Un texte rageur et mélancolique, entre le pamphlet et l’allégorie.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

La Feuille Volante n° 1302
La trace de l'angeStefano Benni – Actes sud.
Traduit de l'italien par Marguerite Pozzoli.

Nous sommes à Noël et Morphée, huit ans, rêve devant la fenêtre à la neige qui tombe… En ce jour de joie il n'y a pas qu'elle qui tombe mais aussi une persienne, et sur la tête de ce petit garçon en plus, ce qui lui provoque une commotion cérébrale, une perte de mémoire et surtout une insomnie chronique que les remèdes peinent à guérir. Dès lors, toute sa vie va se résumer à la reconquête de ce sommeil, avec bien sûr la prise d'une foule de médicaments, la fréquentation des psychiatres, les hospitalisations… le lecteur aura noté que ce n'est pas sans un certain humour que son nom est « Morphée » ! Il s'ensuit toute une séries de remarques, parfois acerbes, sur les comprimés et leurs effets, sur la confiance qu'on peut mettre en eux (nos amis Italiens appellent en effet la feuille explicative qui y est jointe « Il burgiardino » - le petit menteur!), sur la dépendance, l'addiction des malades, sur l'effet du sevrage, sur les psychiatres souvent plus attirés par l'argent que par leurs fonctions de soignants, sur leur diagnostic fluctuant et parfois carrément faux, surtout en ce domaine, sur la fidélité des couples, sur Dieu, sur la folie... Il me semble qu'il y a dans ce roman une chose intéressante qui est juste effleurée dans le titre. C'est celle de l'ange. Non seulement il incarne la pureté, la vertu mais il aussi évidemment une dimension religieuse de protection et de conseil (l'ange gardien). Ici, il perd cette caractéristique et ne devient plus qu'une éventualité, son intervention se transformant en possibilité(« Sa caractéristique c'est que, tantôt il vient, tantôt il t'abandonne. Ne jamais savoir s'il viendra : c'est cela l'essence, la trace de l'ange »). Cette dualité est d'ailleurs soulignée par la couleur de ses ailes qui, suivant les circonstances et les personnes qui l'incarnent, peuvent être blanches ou noires et dans ce dernier cas il est franchement maléfique. Il y a peut-être davantage : Quand Morphée entre dans l'hôpital qui doit le guérir et qui est à l'image du monde extérieur, l'ange n'a plus cette dimension de préservation et dès lors, un compagnon de chambre étant livré à lui-même se donne la mort par suicide ce qui formellement interdit par le christianisme. le lecteur suit Morphée pendant toute son existence, il partage ses joies, ses peines, sa solitude, sa désespérance, ses rebellions, ses espoirs, sa peur de la vie et de la mort, ses obsessions subtilement suscitées par l'image d'un ange aperçu dans une ombre ou dans le prénom ou le nom des gens qui le côtoient. Cela devient une véritable angoisse. Pourtant, la maturité (ou la lassitude) venant, il décide de prendre sa vie en mains, de n'être plus la victime de ceux qui sont censés le soigner et il entre de lui-même dans une clinique, en réalité un autre enfer, qui commence dans l'univers confiné de la chambre 412 qui lui est attribuée. Ici se décidera son sort., guérison ou maintient définitif dans la condition de malade.
Les personnages qu'il croise sont nombreux, éphémères et chacun vient avec son voyage, ses fêlures, ses espoirs, ses déceptions . Puisque nous sommes dans l'imaginaire pourquoi ne pas y convoquer Van Gogh ou Moby Dick, oui, pourquoi pas ?
Avec ce court roman, en réalité une fable, Stefano Benni abandonne son humour habituel dont cette chronique s'est souvent fait l'écho. Je ne connais pas la biographie de l'auteur ni son parcours, mais il m'a semblé qu'ici il réglait des comptes, se livrait volontiers à une satire, comparant le microcosme de l'hôpital à la société qui traite différemment les pauvres et les riches qui devraient être égaux devant les soins comme ils le sont devant la maladie, s'attaque à l'industrie pharmaceutique, au corps médical qui devrait vivre son métier comme un sacerdoce mais au contraire en profite pour s'enrichir. Il dénonce cette « camisole chimique », véritable panacée, souvent préférée à la thérapie par la parole dans un monde où le stress est permanent. Mais après tout l'écriture sert aussi à cela, surtout dans l'univers apparemment irréel de la fiction, surtout si l'auteur en conçoit quelque chose d'agréable à lire. Son style est d'ailleurs particulier, fait de jeux de mots en italien qu'il n'est pas forcément aisé de traduire en français. Je me souviens avoir lu avec des amies des nouvelles de lui, dans le texte, et avoir franchement davantage ri à cette lecture qu'à celle du texte traduit. Je ne sais si c'est mon attachement à l'oeuvre de Benni déjà largement commentée par mes soins, ou peut-être aussi à une certaine compréhension, voire à une communion avec Morphée, mais j'ai lu ce roman dans désemparer, autant pour en connaître l'épilogue que pour l'accompagner à l'envi dans les pérégrinations de son vécu.
Nous sommes dans une fiction où l'absurde, le hasard, l'inspiration, la fantaisie de l'auteur ou simplement la liberté des personnages ont leur place et où, bien entendu, tout est possible. Alors, supposons que tout cela n'est pas arrivé, que la persienne est bien tombée, mais qu'au dernier moment l'ange, toujours lui, mais dans sa version bénéfique, soit intervenu pour préserver Morphée, alors l'histoire est différente. Pourquoi pas ?

©Hervé GAUTIER – Décembre 2018.http://hervegautier.e-monsite.com
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Ceux qui aiment (adorent ?) les livres de Stefano Benni, en particulier Margherita Dolcevita et Pain et tempête, attendent chaque nouveau roman de l'auteur italien avec une béatitude digne de ravis de la crèche. Autant dire que La trace de l'ange est une réelle déception à l'aune de leurs grandes espérances. Primo, le livre est bien trop court, une petite centaine de pages, comment ne pas se sentir frustré ? Secundo, Benni semble avoir oublié un peu de sa loufoquerie habituelle pour s'attaquer avec une rare véhémence à l'incurie du corps médical et, surtout, au pouvoir de l'industrie pharmaceutique "troisième par ordre d'importance, après les armes et le pétrole." Un pamphlet, pourquoi pas, mais on attend plus l'écrivain du côté de la satire dévastatrice et gouailleuse qui lui va mieux au teint. Tertio, ce "conte de Noël à l'envers" s'encombre de personnages superfétatoires, des anges ou assimilés tels, qui viennent semer une drôle de confusion dans le roman et embrouiller le message. Evidemment, Stefano Benni a du métier et La trace de l'ange se lit sans déplaisir. Mais pas avec le bonheur ineffable de se retrouver au coin du feu avec un livre ami. Snif !
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C'est Noël... Quelques cadeaux attendent sous le sapin... Morphée rêve près d'une fenêtre lorsqu'une persienne lui tombe sur la tête...
Il avait huit ans... commence alors pour lui un long parcours vers la guérison... Les séquelles de cette commotion cérébrale seraient d'abord l'épilepsie et également l'insomnie... Morphée va se nourrir de médicaments ... Mais de quel mal souffre t'il vraiment ? Quel est le véritable diagnostic ?...

Ce petit livre de lecture agréable est un conte absurde qui traite des irrégularités et tromperies de l'industrie pharmaceutique...
En italien le mot signifiant effets indésirables signifie aussi petit menteur... Comme c'est drôle... lorsque l'on sait que certains traitements, médicaments, vaccins sont prescrits systématiquement pour liquider le stock, ou encore en prévention de pathologies non diagnostiquées, de posologie non vérifiée ou malgré des effets secondaires dévastateurs... Je n'invente rien n'est ce pas ?...
L'ange Gadariel a raison de se mettre en colère...

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Morphée a huit ans quand le jour de Noël, une persienne se décroche et tombe sur sa tête, provoquant une grave commotion cérébrale. On suit Morphée durant sa vie et ses petits problèmes de santé, qui mal soignés par les médecins vont l'amener vers une descente à la dépendance. Il faut aussi parlé d'un autre personnage l'ange noir nommé Gadariel, lequel aurait été chassé du Paradis après s'être  rebellé contre le maître des médicaments.
Ce roman parle du monde médical qui est avant tout préoccupé de ses intérêts au détriment de la santé de tous.
C'est le premier livre que je lis de cet auteur. le sujet et la façon de le traiter comme un conte est intéressant.

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Années '50 : le petit Morphée, 8 ans, passe son noël chez ses grands parents. Rêvant près du sapin aux jouets qu'il va recevoir, une persienne lui tombe sur la tête lui provoquant une grave commotion cérébrale. Son état ne va cesser d'empirer durant son adolescence et à l'âge adulte.
30 ans plus tard, les médecins lui descellent l'épilepsie et lui prescrivent de nombreux médicaments.
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critiques presse (1)
Lhumanite
01 juillet 2013
Stefano Benni dénonce la toute-puissante industrie pharmaceutique et ses secrets.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Le seul moyen de ne pas craindre la mort, c'est de ne pas y penser et de ne pas y croire. De lui tourner le dos même si elle est partout, même s'il est impossible de tourner le dos à ce qui est partout. Peut-on tourner le dos au désert? Un des mystères de la mort est justement cette folie qui est la nôtre : essayer de ne pas la craindre.
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Le pauvre, en revanche, devra subir les humiliations habituelles, la douleur s'acharnera sur lui même à l'hôpital, tel un serviteur perfide. Il ne cessera de répéter que c'est injuste, pourquoi le malheur doit-il toujours lui échoir, à lui ? Il n'y a pas de place, on le chasse, il n'a même pas accès à la chambre de la guérison. Il meurt devant une porte close. Ou bien, parfois, il entre et croise le cercueil du riche qui vient de mourir. Un bref soulagement, mais la douleur est là-dehors, elle l'a attendu patiemment.
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Et l'économie du monde des soins est la même que celle de l'hôpital ; il y a ceux qui veulent le bien de tous et ceux qui veulent s'enrichir. La troisième industrie du monde après les armes et le pétrole.
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Dès que la mort au sourire indestructible te parle et te touche l'épaule, l'enfance est finie.
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