Dans ces courts textes parus en Italie en 1986, l'auteur, alors âgé de 65 ans, se remémore différents moments, impressions et souvenirs de son passé lointain ou récent, presque tous situés dans sa région natale des hauts plateaux d'Asiago, région montagneuse entre la chaîne des Dolomites et Vicenze dans la plaine.
Comme il le dit lui-même : "On revit par la mémoire des sensations et des moments qu'ont filtrés les ans, comme si la faim, la fatigue, la douleur, le danger s'étaient déposés au fond de la bouteille de la vie. le vécu décanté reste limpide et mélancolique et acquiert des couleurs et des parfums très délicats."
Dans les deux premières parties, il évoque la 2ème guerre mondiale, les entraînements de son régiment de chasseurs alpins dans le Val d'Aoste, puis quelques scènes saisissantes de ses souvenirs de prisonnier dans des camps allemands aussi inhumains que ceux de la déportation, évoqués dans d'autres romans.
Les deux autres parties sont consacrée à sa patrie montagnarde, à son travail au cadastre, aux
saisons et aux jours, à mille et une anecdotes qui forment comme une mémoire collective de l'histoire de cette région isolée, au climat rude, et qui a été le théâtre durant le conflit de 1914-1918 d'une terrible guerre de positions entre armée italienne et forces autrichiennes.
Le sentiment de la nature, l'attention au climat rigoureux, à la faune, à la flore, sont ceux d'un amoureux de la montagne, d'un chasseur, jardinier à ses heures, qui tente de perpétuer les traditions ancestrales de survie de son haut-plateau. On sent la fraîcheur de la neige, on entend les bruits de la forêt, on s'émeut ou on sourit à l'évocation de destins tragiques (Une courte vie heureuse) ou étonnants (Le révérend père lièvre dans la tourmente).
Un livre, servi par une belle écriture, qui comme un vin vieux, se déguste, se savoure, dans l'authenticité retrouvée d'une nature âpre mais apprivoisée par des générations d'hommes.