L'amitié en Révolution, 1789-1799 : De l'Histoire à la mémoire

Amis à la vie, à la mort,

Je remercie vivement le site Babelio et les Presses Universitaires de Rennes pour ce livre.

Il s'agit d'un ouvrage collectif rédigé par de nombreux historiens sur le thème de l'amitié en Révolution.

Original, dense, complet et très intéressant pour comprendre les moeurs durant la Révolution.

La Révolution a exacerbé les émotions, les sentiments qu'elle fut la place de l'amitié dans cette période historique. Amitié privée, publique, déclarée, secrète, épistolaire ou en présentielle, elles révèlent toutes une fraternité vécue.

Le livre est découpé en trois parties :

- Théoriser l'amitié
- Des amitiés combattantes
- Refonder l'amitié.

Dans la première partie sont abordés les thèmes de l'amitié dans la franc-maçonnerie, la dénonciation, la presse ainsi qu'un article très intéressant rédigé par Marisa Linton sur la pensée politique de Saint-Just sur l'amitié.

Dans la seconde partie, le couple Roland et leurs amis, les Girondins, Prieur de la Marne, le théâtre notamment font l'objet de sous-chapitres.

Dans la troisième partie, les correspondances sont longuement décryptées ; j'ai vivement apprécié l'article d'Hervé Leuwers sur celle de Camille Desmoulins et son père, et celui de Michel Biard sur Philippe le Bas et la famille Duplay.

Michel Biard plaide pour une enquête sur les enfants des révolutionnaires ! J'y travaille et je prendrais rapidement contact avec lui !

C'est un essai historique très technique qui nécessite de bien connaître cette période historique : à réserver aux passionnés et aux historiens.

Mais si vous voulez en apprendre plus sur les liens amicaux durant la révolution je vous conseille cet ouvrage de très grande qualité.

Soyons d'emblée honnête, L'amitié en révolution, 1789-1799, n'est pas le type d'ouvrage qui se prête le mieux à une critique ici. Il s'agit d'un ouvrage universitaire, dirigé par Philippe Boudon et Côme Simien, deux spécialistes de l'histoire de la Révolution Française, et faisant appel à autant d'autres lumières sur le sujet. Quiconque ne n'est pas versé dans l'histoire du XVIIIe siècle sera donc bien en mal de juger de la qualité des réflexions proposées ici, moi le premier.

Les pistes engagées dès l'introduction s'annonce cependant riches. J'en schématise à outrance la problématique : l'amitié étant un aspect fondamental du comportement humain, comment la Révolution Française et son projet de refondation de la société l'a-t-elle investie de sens et de fonctions nouvelles, ce alors que les projets républicains réinventent les cadres des relation interpersonnelles au sein de la nation ? Il s'agit autant des amitiés de la sphère privée qui sont interrogées ici que celles de la sphère publiques : les amitiés politiques, certaines utiles, d'autres encombrantes, et souvent trahies au fil des évènements, notamment durant la Terreur - on pense ici immédiatement à Danton et Robespierre. Il s'agit également de l'amitié instituée : l'abolition de la société d'ordres aboutit en effet à un idéal de fraternité entre les hommes, une égalité et une amitié "forcée", qui s'oppose souvent aux cadres mentaux hérités de l'Ancien Régime. Que devient par exemple l'idéal maçonnique après 1789 ? Comment évolue les solidarités amicales (camaraderie scolaire ou soldatesque, réseaux familiaux et professionnels) dans ce remodelage de la société ? Les enjeux dont je ne transcrit ici qu'un aperçu bien maigre sont donc vastes. Ils sont approchés dans une réflexion divisée en trois parties : théoriser l'amitiés / des amitiés combattantes / rejouer, refonder l'amitié.

La lecture de l'ensemble (que j'avoue être encore en cours) est pour l'instant plaisante, et accessible à celui qui voudra s'y plonger par curiosité, même s'il se destine avant tout à un lectorat universitaire.

Un magnifique livre que j'ai eu la chance de recevoir dans le cadre des concours Masse Critique. Ce livre est très bien fait, très clair et ultra intéressant pour une passionnée de Révolution française comme moi. Je le conseille à tous ceux qui veulent avoir un nouveau regard sur la vie quotidienne à la fin du XVIIIe. J'adore !