J'ai vu "
Le Petit-maître corrigé" de Pierre de
Marivaux sur les planches de la comédie française dans une mise en scène campagnarde de Clément Hervieu-Léger, alors que la pièce n'avait pas été jouée depuis sa création en 1734. Cet échec est tout à fait surprenant aujourd'hui car c'est une comédie satirique aux dialogues fluides et aux personnages attachants, notamment les domestiques comme chez
Molière.
C'est probablement la façon de critiquer le petit-maître qui n'est pas passé à l'époque, nom qui était donné aux jeunes seigneurs méprisants surtout vis à vis des femmes. Pour moi c'est un gage de qualité d'écrire une pièce de théâtre sur ce sujet.
L'histoire est celle de jeunes gens de bonne famille que leurs parents veulent marier.
Rosimond, fils de la marquise, est un jeune parisien venu à la campagne pour rencontrer Hortense la fille du comte, sa promise.
Avec la complicité de la pétillante Marton sa suivante, Hortense va demander du temps à son père avant d'accepter le mariage pour tenter de corriger le beau garçon de son ridicule. Il est précieux et son valet Frontin imite ses manières pour séduire Marton.
Pour montrer sa supériorité Rosimond n'ouvre pas son coeur à la belle jeune fille qui n'est pourtant pas indifférente et préfère se laisser séduire par Dorimène qui fait tout pour empêcher le mariage.
On comprend pourquoi la jeune fille est piquée par l'arrogance de son prétendant car les codes parisiens sont à mille lieues des règles de bienséance en vigueur en province. Il considère en effet que les provinciaux sont des benêts.
J'avais quand même peur que
Marivaux cherche à montrer qu'il faut changer les gens quand ils ne vous conviennent pas mais au contraire il prône pour que le petit-maître dévoile sa vraie nature plutôt que de prendre de faux airs.
Ce chassé-croisé amoureux est bien plaisant entre manigances et ébullition de sentiments.
Challenge Temps modernes 2023