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Jacques Martinache (Traducteur)
EAN : 9782258074477
276 pages
Presses de la Cité (03/01/2008)
4.07/5   74 notes
Résumé :
Sierra Leone, années 90. II s'appelle Ishmael Beah. Hier encore, c'était un enfant qui jouait à la guerre. Désormais, il la fait. Un jour de 1993. sa vie bascule brusquement dans le chaos. Ishmael a douze ans lorsqu'il quitte son village pour participer dans la ville voisine à un spectacle de jeunes talents. Il ne reverra jamais ses parents.
Après des mois d'errance dans un pays ravagé par la guerre, il tombe avec ses compagnons aux mains de l'armée. Faute de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Quand on a 12 ans et que l'on vit dans un petit village de la Sierra Leone, on ne pense pas à la guerre, on ne pense qu'à s'amuser, écouter de la musique, danser, rire, s'amuser…

Quand les rebelles fondent sur les villages, c'est le feu, l'enfer, les balles, les morts, les blessés, les otages, les viols qui se succèdent.

Ishmael n'était pas dans son village lorsque ça est arrivé, il était dans un autre, bien plus loin, mais l'enfer l'a rattrapé, lui et ses amis fan de rap et ils ont dû courir, fuir devant eux, sans savoir où ils allaient arriver, sans savoir s'ils n'allaient pas se jeter dans la gueule des rebelles.

Ce récit vous prend aux tripes car la question qui vient toujours à l'esprit est "Qu'est-ce que moi j'aurais fait ? Comment aurais-je réagis à cette horreur qui s'abat sur vous et vos proches ?".

Car cette guerre civile fractionne les familles, éparpille tout le monde, tue et blesse, mais aussi, elle fait naître la peur des autres. Pire, elle fait naître la peur des enfants dans les yeux des adultes.

Le périple de ces gamins ne sera pas facile, il est semé d'embûches et de villageois qui les prennent pour des enfants soldats, qui les chassent, qui les menacent et ces gamins de 12, 13 ans vont devoir affronter ce que même un adulte ne voudrait pas vivre dans sa vie.

J'ai frissonné de peur, j'ai craint pour la vie de ces gamins, pour la vie des autres. Courant avec eux pour fuir, j'en ai vu des vertes et des pas mûres, même si l'auteur reste très pudique dans ses explications, ne virant jamais au gore pour le plaisir de faire du gore, mais racontent les faits tels qu'il en a été le témoin.

On pourrait croire qu'il est difficile de faire d'un gamin qui pleure un enfant soldat sans peur et sans conscience, véritable machine à tuer, mais détrompez-vous, c'est facile, simple et rapide : tu peux ne pas être soldat, mais tu ne mangeras plus, tu peux partir, mais les rebelles te tueront.

Pour bien laver le cerveau, on explique aux enfants que ce sont les rebelles qui ont tué leurs parents, brûlés leurs villages (alors que ce sont peut-être ces soldats-ci, qui sait ?) et on les bourre de drogues qui nettoient le peu d'esprit de contradiction qu'ils leur restaient.

Oui, cerveau vidé, malgré le fait que Ishmael lisait, connaissait par coeur des passages de Shakespeare, était instruit, respectueux des gens, des anciens et que son chef militaire lisait "Macbeth" et "Jules César"… Nous n'étions pas face à des bas-de-plafond… Que du contraire.

Si au départ, nos gamins pleurnichent et ne savent pas tenir une arme, ils se transforment très vite en petits Rambo et accomplissent très bien les missions qu'on leur confie, à savoir, faire les mêmes exactions, les mêmes horreurs, que les rebelles, sauf que nous, les gars, c'est pour libérer notre pays. Ben voyons.

Aucuns scrupules à utiliser des enfants, autant dans l'armée que chez les rebelles, de toute façon, personne n'a jamais demandé l'avis de ces gosses, ont leur a lavé le cerveau et on en a fait des machines de guerre. Comment ensuite rééduquer ces gosses qui ont commis des atrocités ?

Il y a moyen, l'auteur a bénéficié des traitements de l'UNICEF, même si j'ai trouvé leurs démarches assez mal préparées. On peut être animé des meilleures intentions du monde, cela ne fera jamais que des pavés de plus pour le chemin de l'enfer.

Parce que mettre dans le même réfectoire des enfants soldats de l'armée et de ceux des rebelles, c'est dégoupiller des grenades ! Gare à l'explosion ! Et souvent, les gens de l'UNICEF oublient qu'ils ont face à eux des enfants soldats, qui voudraient retourner à la guerre, dans leur unité, qui sont bourré de drogues et de violences.

Un récit qui prend aux tripes, une fuite en avant dans la peur, les larmes et le sang, des familles séparées, que peu de gamins retrouveront, peu de solidarité, beaucoup de peur des autres et des enfants qui sont capables de changer très vite, passant de gamins insouciants, joueurs, rigoleurs à des fugitifs apeurés et ensuite, pour les plus malchanceux, à des guerriers sans pitié, oubliant très vite tout ce qu'il leur fut appris.

Une histoire vraie dure, sombre, violente. Une histoire, une de plus, sur la folie des hommes, apportant une pierre de plus à l'édifice de la bestialité sans laquelle l'Humain est capable de sombre très très vite, plus vite qu'on ne le croit et d'où il n'est pas facile de s'extraire après avoir été conditionné, surtout quand les combats viennent refrapper à votre porte.

Un témoignage magnifique.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Ishmael a 12 ans, lui et sa bande de copains se passionnent pour le hip-hop américain. En Sierra Leone, la guerre fait rage, les premiers flux de réfugiés arrivent dans sa ville. Lui et ses copains se rendent à Mattru pour un concours de jeunes talents. de là, ils apprennent que la ville d'où ils arrivent a été attaquée par les rebelles. Ils décident de revenir sur leurs pas pour tenter de retrouver leurs familles.
Cet instant est le début d'une longue errance entre rencontres avec les rebelles, cadavres en décomposition et faim permanente. Il y a cet instinct de survie, forme de pilotage automatique qui le fait avancer.
Toujours regarder vers l'horizon, ne pas penser, marcher, s'adapter.
Certaines rencontres le marquent : un vieillard que l'on a abandonné faute de pouvoir le déplacer avant l'arrivée des rebelles, un pêcheur qui guérit leurs pieds meurtris. Dans les villages qu'il traverse avec ses compagnons d'infortune, les habitants ne font plus la différence entre les rebelles et les enfants...
Il est enrôlé par l'armée. Viennent les entraînements, tirs à balles réelles, tueries, la drogue. Son lieutenant accepte ensuite de le confier, avec un groupe de jeunes gens, à une antenne de l'UNICEF qui le fait intégrer un centre de réhabilitation dans la capitale du pays. Ce témoignage raconte le passage d'un jeune garçon par les enfers, une double mort suivie d'une résurrection. Certains passages sont crus, bruts. Un livre fort sur la résilience.
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Ce livre a été une vraie claque. Il a été totalement impossible à lâcher, même si je n'ai pas pour autant atteint le coup de coeur.
L'histoire que nous raconte Ishmael ne décrit pas seulement la vie d'un enfant soldat, mais il nous raconte aussi sa vie quand la guerre lui est tombée dessus, son errance pour retrouver ses parents et tenter d'échapper à l'enrôlement de force par les rebelles, la traversée de village où les pré-ados et les ados sont regardés avec hostilité car les récit de villages pillés par les enfants soldats ont précédé Ishmael et ses camarades. Il nous parle du nombre de fois où il a frôlé la mort, que ce soit en tombant sur les rebelles ou aux mains de villageois terrorisés et donc insensibles.
Et quand ils croient être enfin en sécurité, c'est aux mains de l'armée régulière qu'ils tombent. Si celle-ci n'enrôle pas les gamins par la force brute, l'alternative qu'elle leur propose ne leur laisse, en réalité guère de choix.
On peut se rendre compte que, rebelles ou armée régulière, les deux exploitent sans scrupules les enfants, n'hésitant pas à les droguer pour les rendre plus insensibles à la peur, au danger, à la douleur, et aux abominations qu'on leur demande de commettre.
Quand enfin l'UNICEF arrive pour les tirer de là, j'ai trouvé ses membres très maladroits. Ils commencent par arriver en terrain conquis, agissant comme si les enfants soldats appelaient leur arrivée de leurs voeux. le moins qu'on puisse dire, c'est que la réaction des gosses va les surprendre. Ensuite, si je comprends la nécessité de les rééduquer, de contrevenir au lavage de cerveau qu'ils ont subis, j'ai trouvé qu'ils étaient mal préparés, qu'ils faisaient preuve d'arrogance et de condescendance, ce qui ne les a pas fait entrer dans les bonnes grâces des enfants. J'ai surtout trouvé qu'ils étaient mal préparés, même s'ils sont animés des meilleures intentions. Mais mettre dans la même pièce des enfants-soldats rebelles et des enfants-soldats armée, c'était presque comme leur donner des fusils et déclarer la chasse ouverte.
Cette guerre est partout et, quand elle s'arrête, il y a un autre coup d'état, et une autre guerre, avec d'autres alliances qui débute. On a l'impression qu'Ishmael ne peut pas y échapper. Car si les rapports entre les différentes factions ont changés, si les alliances se sont modifiées, les grands perdants restent les enfants-soldats, qu'on renvoie au front dans une guerre qui n'est pas de leur fait mais où ils se font allégrement massacrer.
J'ai trouvé qu'Ishmael avait un sang-froid et un courage exceptionnel, que ce soit dans les premières années, quand il fuit les rebelles, ou plus tard, quand il décide qu'il ne sera plus un enfant-soldat et qu'il est prêt à prendre le risque de tenter de quitter le pays pour se sortir de ce pays ravagé.
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Le chemin parcouru est une autobiographie d'Ishmael Beah, dont la vie d'enfant s'est arrêtée trop vite lorsque la guerre civile a éclaté en Sierra Leone. Il doit s'enfuir lorsque son village est attaqué par les rebelles, et se réfugie dans un endroit tenu par l'armée. Ses parents sont tenus pour morts, et l'armée recrute tous ceux qui veulent venger un proche tué par les rebelles ; c'est comme ça qu'à 11 ans il devient enfant soldat.

Lui et ses amis sont envoyés se battre après un entrainement pour le moins sommaire. Il voit deux amis mourir lors de la première bataille pendant que lui tue son premier ennemi. Puis c'est l'enchainement, la routine de la guerre. Ce n'est pas un conflit au sens où on l'entend en Europe, avec deux armées qui s'affrontent au nom d'une idéologie. Les armées en question sont livrées à elles-mêmes, et leur but est de manger et de tuer. Les soldats sont envoyés en mission de reconnaissance, et lorsqu'il repèrent un village où il y a des réserves de nourriture, ils l'attaquent. Personne ne demande aux villageois quel parti ils soutiennent, peu importe. Ensuite soit ils s'y installent un moment, soit ils le brûlent après l'avoir pillé. Et malheur à ceux des habitants qui ne courent pas assez vite pour fuir à temps.
La vie ne compte pas, les prisonniers sont systématiquement massacrés, souvent les habitants aussi, on en garde juste quelques uns pour porter le butin jusqu'au camp.
L'une des recettes pour transformer des enfants en monstres sanguinaires, c'est la drogue. Comme partout en Afrique, les soldats sont drogués avant de massacrer tout un village dont le seul tort est d'être resté indemne alors que le chaos règne partout ailleurs.

Quelques années plus tard, il est choisi pour participer à un programme des Nations Unies qui vise à démilitariser les enfants. Il raconte la souffrance des enfants sevrés de drogue, leur refus de toute autorité civile alors que leur monde se résumait jusque là à l'armée. Il raconte la bagarre dans le refuge lorsqu'ils s'aperçoivent que des ex enfants soldats rebelles sont hébergés avec eux. Ça se soldera par des morts "Nous avions été conditionnés pour tuer" dit-il. "J'avais besoin de violence".
Ishmael Beah va s'en sortir grâce à l'attention et à la patience de quelques personnes du refuge. Il sera même choisi pour incarner la voix des enfants de Sierra Leone à l'ONU. de retour dans son pays, il connait un moment de paix avant qu'un nouveau conflit, aussi meurtrier que le premier, ne se déclenche. Là encore le livre montre bien l'absurdité du conflit. Il ne parle jamais de politique, il n'y en a pas, seul le pouvoir compte. Les soldats de l'armée régulière se comportent comme les rebelles, ils tuent tous ceux qui ont quelque chose à voler, ou tous ceux dont le regard ne leur plait pas. Aucune loi sinon celle de la Kalachnikov.
Ishmael Beah arrive à fuir en Guinée, et vit maintenant aux États-Unis où il se consacre à la défense des enfants dans le monde.
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Si la paix et le calme sont bien et heureusement revenus dans le pays, les années de guerre civile n'en marquent pas moins les livres des écrivains sierraléonais. J'ai d'abord lu « A Long Way Gone. Memoirs of a Boy Soldier” d'Ishmael Beah. Ce récit, traduit en français sous le titre “Le Chemin Parcouru. Mémoires d'un Enfant Soldat », était inscrit au programme de lecture de mes enfants dans leur école américaine. Il m'avait toujours intrigué et je l'ai emporté avec moi lors de mon premier voyage au Sierra Leone. L'auteur raconte son itinéraire d'enfant-soldat : sa vie simple avant le conflit, les rumeurs de guerre qui se rapprochent, le jour où son village est attaqué par les forces rebelles et sa famille dispersée, son errance avec des amis de jeux avant d'être enrôlé de force dans l'armée officielle. le lieutenant qui les a recrutés leur explique qu'ils n'ont pas d'autre choix pour contribuer à l'effort de guerre et les exhorte à « venger leurs familles ». Ishmael devient un guerrier, on lui ordonne d'exécuter des prisonniers, et on lui refile de la came pour lui donner du coeur à l'ouvrage. Jusqu'à ce qu'un beau jour l'UNICEF débarque dans son camp pour rassembler les enfants-soldats et les emmener à Freetown dans un centre de rééducation. Celle-ci est longue, avec ses hauts et ses bas, mais finalement Ishmael est choisi pour témoigner de son expérience à New York.
Malgré une controverse un peu opaque sur la véracité de certains faits, c'est un livre fort bien écrit qui montre comment un enfant peut rapidement être entrainé dans la guerre et ses horreurs, que la ligne entre guerrier et victime est difficile à tracer et combien sortir de la spirale de la violence est un long chemin, pentu et ardu.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
 Chaque fois que des gens se ruent sur nous avec l’intention de nous tuer, je ferme les yeux et j’attends la mort. Même si je suis encore en vie, je sens qu’une partie de moi meurt chaque fois que j’accepte la mort.
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 Ce fusil est la source de votre pouvoir. Il vous protégera et vous fournira tout ce dont vous avez besoin si vous savez bien vous en servir. 
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Depuis que nous n’avions plus de mère à la maison, Junior et moi étions les marginaux de notre communauté. La séparation de nos parents avait laissé sur nous des marques que même les enfants les plus jeunes pouvaient voir. Le soir, nous faisions l’objet des commérages.
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Comme il faisait vraiment chaud dans la pièce, j’ai ôté mes vêtements, mais j’ai continué à transpirer devant la télévision, que j’ai regardée toute la soirée. Deux jours plus tard, j’ai appris qu’il faisait une telle chaleur dans ma chambre parce que le radiateur était au maximum. Je ne savais pas à quoi cela ressemblait, j’ignorais totalement comment baisser ou arrêter le chauffage. Je me souviens d’avoir médité sur l’étrangeté de ce pays : il fait très froid dehors, étouffant à l’intérieur.
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Nous avons traversé le village en tirant sur tous ceux qui sortaient des maisons et des huttes. Nous nous sommes ensuite rendu compte qu’il ne restait personne pour porter les ballots : nous avions tué tout le monde.
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Videos de Ishmael Beah (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ishmael Beah
Ishmael Beah: 2014 National Book Festival
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Histoire de l'Afrique>Histoire de 'Afrique occidentale (14)
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