Comprendre le monde pour s'en dégager; vous désignez cette entreprise comme essentielle si l'on souhaite se déprendre de l'emprise de la société. Cette intention va à l'encontre des conditionnements les plus courants qui ne forment que des légions de morts-vivants. C'est une invitation à vivre, enfin vivre, sans se comporter en automate de la reproduction sociale. Contre la mauvaise religion de l'avoir, parvenir à insuffler de l'être dans le quotidien, se nourrir de la banalité des jours pour en déceler la lumière. Avec la joie de sentir, une énergie nouvelle enflamme l'existence, elle devient la suprême récompense. Cette joie inspire la dérision qui défait avec humour les faux-semblants. L'émancipation est possible au prix d'une lucidité qui enchante la vie la plus simple, après avoir désenchanté le règne du spectacle et détruit ses illusions.
L'ampleur de la servitude échappe bien souvent au travailleur tant celui-ci trouve désirable de louer sa force et son intelligence en contrepartie d'un salaire, pour, quelque soit son montant, gagner une vie au bout du compte misérable, aliénée de part en part.
Seul un homme asservi accepte d'être réduit à une fonction professionnelle. L'homme libre, ayant réfléchi à ce qui fait la valeur de son être, assume sereinement de vivre hors fonction et d'être hors service.
Le tourisme : un anti voyage - Rodolphe Christin mars 2019