Fantastique destin que celui de Constantin Phaulkon, né grec, fuyant les maltraitances paternelles pour s'engager comme mousse sur un navire de commerce anglais, qui devient premier ministre à la cour du roi du Siam, Naraï.
Fantastique histoire vraie qui se déroule à la fin du XVIIe siècle dans le Sud-Est asiatique dont les richesses sont convoitées par différentes puissances européennes (Angleterre, Hollande, France) alors que les Maures y ont depuis longtemps établi des comptoirs commerciaux et voient d'un mauvais oeil toute ingérence étrangère.
Arrive Phaulkon, délégué par la Compagnie anglaise des Indes orientales, qui, charmé par Java puis conquis par le Siam, apprend la langue, les coutumes et le protocole incroyable de la Cour, s'intéresse au bouddhisme, constate les malversations des uns et des autres pour maintenir leur monopole commercial et tente de multiples approches auprès du conseiller principal du roi pour dénoncer les travers du système établi.
D'intrigues en stratégies, il propose au barcalon (premier ministre) de créer une flotte marchande siamoise dont les bénéfices tomberaient uniquement dans l'escarcelle du pays. Il fait ses preuves en devenant ministre du commerce et en faisant un rapport détaillé des livres de comptes trafiqués par les Maures. Une telle ambition ne peut créer que rivalités, jalousies, luttes de pouvoir et d'alcôves, discussions « diplomatiques » à outrance.
La cour du Siam est d'une magnificence grandiose. Un respect absolu est dû au souverain. Ses sujets ne se présentent à lui que prosternés, se mouvant sur les genoux et les avant-bras, ce qui fait dire à un Hollandais que « Naraï est le roi des crocodiles puisque son peuple est rampant ». Disgrâce immédiate !
Incroyable mais vrai, à force de charisme, d'habileté diplomatique, de méthodes pas toujours honnêtes et d'une ambition démesurée, Constantin Phaulkon finit par séduire le roi qui, à la mort de son barcalon, le nommera premier ministre en 1682.
Pour asseoir son pouvoir, Phaulkon conseille au roi de signer un traité avec la France pour contrer les Anglais (avec qui il n'est plus en odeur de sainteté) et les Hollandais qui menacent d'envahir le Siam pour contrôler le commerce avec la Perse, alors qu'ils viennent d'être battus par les Français (traité de Nimègue, 1678). Par le biais des Jésuites, Phaulkon assure
Louis XIV que le roi Naraï pourrait se convertir au catholicisme.
De ruses en péripéties, Phaulkon devient le deuxième personnage du royaume.
Axel Aylwen est un historien anglais spécialiste de la Thaïlande, ce qui nous vaut des détails impressionnants sur l'art et la façon de vivre, dans les campagnes et à la Cour, sur les superstitions, la vie des marchés, les paris, la boxe, les dizaines de milliers d'éléphants qui composent la « cavalerie » royale, sur la rareté de l'éléphant blanc, sur le raffinement et l'érotisme pratiqués à la Cour, sur la cruauté des châtiments, etc.
L'histoire est trépidante, chaque chapitre apporte son lot d'intrigues et d'aventures rocambolesques. Et ceci n'est que le premier tome. Deux autres tout aussi fournis relatent la suite jusqu'à la fin du « règne du Faucon du Siam » en 1688.