Récit fin et sensible nuancé par des moments de vie restés vivants et par lesquels
Sophie Lemp reprend
le fil de vie de sa grand-mère, renoue un dialogue qui ne connaît pas de fin.
Avant et après la perte d'un être cher, quand l'avant et l'après se confondent et se remplacent, quand les empreintes qui restent après le départ sont tout aussi fortes que la vie qui pulsait avant.
Comment accepter les deux images, celle de la vie et celle de la mort tout en sachant qu'elles sont intimement liées, elles vivent sur le même fil de vie. Accepter l'inacceptable, accepter l'évidence qu'on rejette, et s'y soumettre. Vie c'est bien naissance et mort, sa définition toute simple, deux éléments qui la constituent et qui la construisent, deux piliers qui la soutiennent, qui la justifient. Et pourtant nous avons peur du deuxième, nous accueillons le premier avec larmes de bonheur, nous nous soumettons au deuxième avec un vide au coeur. le vide reste, lourd et douloureux. le corps de l'être aimé n'est plus, plus de chaleur, plus de mouvement, plus de respiration, mais on s'y attache, comment le voir sous terre, comment l'imaginer incinéré ? Et ses vêtements, et les objets qui participaient à son environnement ? L'être cher y est partout, n'y est plus. le son de sa voix revient souvent, son odeur aussi, un mouvement dans l'air nous le rappelle, les dates dans le calendrier reviennent, les mêmes, si différentes maintenant.
Avec le temps, les souvenirs prennent sa place, ils prennent chair et souffle en même temps, un sourire les accompagne, il vient se dessiner sur nos lèvres, nous en sommes surpris, nous le rejetons, mais il revient, et petit à petit nous l'accueillons, il trouve une place dans notre vide, l'habite, le chauffe, y reste, le vide se remplit et devient plus léger, avec le temps les plaies ne saignent plus, se ferment et deviennent cicatrices cousues au fil du temps,
le fil qui tient, le lien d'amour qui ne meurt pas.
Parler des êtres chers qui ne sont plus là, écrire sur leur vie et ce qu'elle a représenté pour la nôtre, ce qu'elle représente encore, continuer à les faire vivre, fantômes légers, silencieux, jamais muets.