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EAN : 9782710370482
272 pages
La Table ronde (07/05/2013)
3.35/5   10 notes
Résumé :
Edward Driffield, Alroy Kear et William Ashenden sont tous trois écrivains. Le premier est un auteur majeur de la littérature victorienne, le deuxième fait preuve de plus d'ambition que de talent, tandis que le troisième, le narrateur, se montre tour à tour modeste et irascible. Ils sont liés par une femme, la voluptueuse et insouciante Rosie Driffield.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
William Somerset Maugham est connu pour ses « nouvelles pour dames » comme le dit la chanson d'Alain Souchon, mais il a également écrit quelques romans dont celui-ci qui se déroule dans un milieu qu'il connaît bien : les écrivains et le monde littéraire.

Même si le sujet est la rédaction par Alroy Kear de la biographie du « grand écrivain » Edward Driffield, c'est finalement par William Ashenden, le narrateur ayant beaucoup de Somerset Maugham (enfance, parcours, études etc…), que nous allons le découvrir car celui-ci a fréquenté à plusieurs reprises Edward Driffield et surtout sa femme Rosie, personnage plein de vie et de charme, de beaucoup de charme.

Somerset Maugham en profite pour en faire également un pamphlet sur le monde littéraire et j'ai trouvé ses réflexions assez féroces et encore très actuelles (surtout en cette période de rentrée littéraire)

"Tous les ans des centaines de livres, ont beaucoup d'une valeur considérable, passent inaperçus. Chacun de ces livres a pris des mois à l'auteur pour l'écrire, il l'avait peut-être en tête depuis des années ; il a mis dedans quelque chose de lui qui est perdu à jamais, et il est déchirant de penser à la très forte probabilité que l'ouvrage soit ignoré vu la pléthore de volumes qui encombrent les tables des critiques et envahissent les rayons des librairies. Il n'est donc pas absurde que l'auteur ait recours à tous les moyens possibles pour attirer le regard des lecteurs. L'expérience lui a appris comment procéder. Il doit se transformer en personnage public. Il doit se montrer sans cesse. Il doit donner des interviews et avoir sa photo dans les journaux (…) Il ne doit jamais se laisser oublier. C'est un labeur difficile et angoissant, car une erreur peut lui coûter très cher. (préface page 12)"

Dès la préface le ton est donné et, comme vous le savez, je suis une inconditionnelle de littérature anglaise car il y a souvent au-delà d'une histoire souvent banale, une étude des personnages, de leur psychologie et de leurs moeurs, une critique souvent acérée des classes sociales et c'est le cas ici. J'ai aimé à travers cette évocation de la vie d'un écrivain, retrouver l'analyse que l'auteur y glisse à la fois de la société où il évolue mais aussi du milieu littéraire et de ses travers.

"Pour tenir en éveil l'attention du public, son auteur favori doit continuer à produire. Un ou deux chefs-d'oeuvre ne suffisent pas ; il faut les soutenir par quarante ou cinquante ouvrages de moindre importance. Faute de captiver encore le lecteur par la qualité, on peut toujours l'écraser sous la quantité. (p130)"

C'est à la fois un vaudeville avec le mari, la femme, les amants, les mystères, l'argent qui va et vient, les disparitions mais c'est surtout une sorte de pamphlet subtile et implacable sur le monde littéraire, ceux qui gravitent autour, la place de l'auteur et le rôle qu'il est parfois contraint de tenir.

J'ai aimé l'écriture alerte, vive, légère, parfois humoristique mais aussi directe, sévère et sans concession quant il s'agit de révéler l'envers du décor du monde littéraire. Qui est vraiment un auteur ? Qui se cache derrière la plume, qu'elle est sa vie, ses soucis, ses devoirs, ses doutes, ses obligations ?

J'ai passé un excellent moment de lecture avec en fond la vision critique d'un homme de lettres évoquant le monde où il évoluait au début du 19ème siècle (rien ne change vraiment) mais aussi la société avec ses règles, s'attachant avec Rosie à la place de la femme avec beaucoup de compassion et d'indulgence finalement en ce qui la concerne (chercher la femme qui se cache derrière chaque grand homme).

Mon premier Somerset Maugham et sûrement pas le dernier, j'ai vu qu'il avait écrit d'autres romans sur le milieu littéraire comme ‘La Ronde de l'amour' en 1930 ainsi que des récits autobiographiques mais je vais également découvrir ces fameuses Nouvelles pour dames
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William Somerset Maugham, né à Paris en 1874 et mort à Saint-Jean-Cap-Ferrat en 1965, est un romancier, nouvelliste et dramaturge britannique. L'enfant grandit au coeur de Paris, dans un monde de bourgeois fortunés et cosmopolites. le salon familial accueille écrivains et peintres, l'appartement est riche en livres et objets d'art. Mais à huit ans, sa mère meurt suivie deux plus tard par son père. Bien que ne parlant que français, il est recueilli par un oncle paternel, vicaire anglican d'un petit port du Kent dans le sud de l'Angleterre. En 1892, il entreprend des études de médecine. En 1895, âgé de vingt et un ans, vivant à Londres et y étudiant la médecine, il voit Oscar Wilde, qu'il admire. Celui-ci vient de rencontrer le succès mais il doit affronter le scandale public de ses relations homosexuelles. Dès lors, Maugham décide de vivre sa vie affective de bisexuel hors de ce pays trop rigoureux pour sa quête de liberté. Pendant sa longue carrière d'écrivain débutée en 1897, Maugham publie des comédies, des romans psychologiques, des récits d'espionnage et plus de cent nouvelles.
Le Grand écrivain, paru en 1930, existe aussi sous le titre La Ronde de l'amour (titre original : Cakes and Ale, or the skeleton in the cupboard)
Alroy Kear, est chargé par Amy, la seconde femme d'Edward Driffield, écrivain ayant connu la consécration sur le tard, d'écrire sa biographie. La tâche n'est pas sans embuches car pour Kear c'est le moyen de relancer sa propre carrière mais il va devoir jongler entre le politiquement correct tel que le conçoit Amy et la réalité et les rumeurs scandaleuses attachées à la vie du défunt du temps de sa première épouse, Rosie. Si Alroy Kear connaissait Driffield, William Ashenden, écrivain lui aussi, le connaissait mieux encore, il va tenter de lui soutirer des anecdotes pour étayer son texte.
Si vous aimez les romans anglais : les traditions séculaires avec leurs clubs snobinards, l'heure du thé pris dans des salons où règnent bois et cuir, les différences de classe affichées, la sauvegarde des apparences etc. vous aimerez ce roman. D'autant plus si je rajoute qu'un mouton noir vient corser l'affaire, en l'occurrence une brebis, Rosie, jeune femme d'origine modeste, aimant la vie par-dessus tout, n'ayant que faire des conventions elle ne pense qu'à répandre le bonheur et le plaisir autour d'elle avec l'accord tacite de son époux.
William Ashenden est le narrateur de ce roman qui court sur une trentaine d'années. Lui seul connait la vérité sur la vie d'Edward Driffield et mieux encore celle de Rosie ; ses souvenirs lui reviennent en mémoire et par une habile mise en abîme font la biographie que n'écrit pas Alroy Kear. le bouquin traite d'une histoire d'amour, où une femme jeune et libre, trop moderne pour son époque, se confronte avec la bienséance et les convenances, les ragots et le qu'en-dira-t-on d'une petite ville de province. Tous les personnages étant peu ou prou écrivains, Somerset Maugham en profite pour brocarder un milieu qu'il ne connait que trop bien.
Un délicieux roman, extrêmement agréable à lire.

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W. Somerset Maugham dresse un portrait du milieu littéraire et de la société anglaise.
Les personnages d'Edward Driffield , le grand écrivain, et de sa 1ère épouse Rosie sont brossés sur une trentaine d'années par le narrateur William Ashenden.
Derrière l'image officielle du viel écrivain célèbre, il y a la réalité d'une vie pas forcément conforme aux codes de la bonne société, il y a également un beau portrait de femme dont la liberté heurte ces mêmes codes.
Une réflexion sur la célébrité, un regard lucide, même caustique sur la manière d'y parvenir portent le livre qui, même s'il ne m'a pas totalement conquis, ne se referme qu'en se disant qu'il est bien plus riche que la supposée légéreté de Maugham.
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Bouh la la la ... c'est bien parce que je me suis mise en tête de lire "presque tout Maugham" que je suis allée au bout de ce (court) roman ...

C'est bavard ça s'étire , ça me fait vraiment l'effet d'écouter un papi qui raconte une anecdote de son enfance qu'il trouve géniale car elle l'a marquée mais qui en soit n'a rien d'extraordinaire : des hommes d'âges différents rêvent tous de coucher-et le font- avec la jolie nana d'un autre (et elle accepte parce qu'elle est bien sûûûûûûûr naturellement faite pour l'amour et aime qu'on la couvre de cadeaux en échange, comme toutes les jolies femmes de la campagne qui n'attendent que ça bien sûr , les femmes sont si vénales et légères... que de poncifs ... pfffff), et ça choque la ménagère du village ("ouh la la" ) ... Je ne sais pas si à l'époque ce bouquin a eu son petit succès (n'était il pas déjà ringard même à l'époque ? )(Si on veut trouver une profondeur au truc on peut certes y voir une critique des cercles artistiques, snobinards ... mais franchement il n'enfonce que des portes ouvertes...)
Je trouve que ce n'est original ni dans le fond ni dans la forme ... Raté, Maugham, cette fois ci pour moi ...
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Le style, la construction, l'acidité de la plume de Maugham font que ce livre est un livre formidable.
Et bien sûr, il bénéficie d'une magnifique couverture de Floc'h.
Comment un écrivain (l'auteur sous le pseudo de Ashenden- même nom que l'agent secret, héros d'un de ses recueils de nouvelles) parle de sa jeunesse à travers la sollicitation d'un autre écrivain, peu apprécié de ce premier, à qui on a demandé d'écrire une biographie d'un réputé troisième écrivain.
Extraordinaires descriptions, férocité de Maugham vis-à-vis de ses congénères et d'une certaine société bourgeoise d'antan.
Livre très agréable à lire.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tous les ans des centaines de livres, ont beaucoup d'une valeur considérable, passent inaperçus. Chacun de ces livres a pris des mois à l'auteur pour l'écrire, il l'avait peut-être en tête depuis des années ; il a mis dedans quelque chose de lui qui est perdu à jamais, et il est déchirant de penser à la très forte probabilité que l'ouvrage soit ignoré vu la pléthore de volumes qui encombrent les tables des critiques et envahissent les rayons des librairies. Il n'est donc pas absurde que l'auteur ait recours à tous les moyens possibles pour attirer le regard des lecteurs. L'expérience lui a appris comment procéder. Il doit se transformer en personnage public. Il doit se montrer sans cesse. Il doit donner des interviews et avoir sa photo dans les journaux (...) Il ne doit jamais se laisser oublier. C'est un labeur difficile et angoissant, car une erreur peut lui coûter très cher. (préface page 12)
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… je me mis à réfléchir sur la destinée de l’homme de lettres qui n’est qu’une longue suite d’épreuves. D’abord il faut supporter la pauvreté et l’indifférence ; puis, si le succès vient, subir les caprices d’un public inconstant. Vous êtes à la merci de chacun. Ce sont les interviews des journalistes, les exigences des photographes, l’impatience des éditeurs qui vous réclament de la copie, l’avidité d’un fisc insatiable. Ce sont les grandes dames avec leurs déjeuners, les secrétaires de sociétés qui vous sollicitent pour des conférences, les femmes qui veulent vous épouser, la vôtre qui demande le divorce. (…) Mais le forçat de la plume a du moins une compensation. Toute émotion qu’il éprouve, tout choc moral qu’il ressent, chagrin de la mort d’un ami, amour malheureux, blessure d’amour-propre, trahison d’un ingrat : il lui suffit d’en faire le sujet d’un roman ou d’une nouvelle pour s’en libérer. Au fond, l’homme de lettre est le seul homme indépendant.
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-Ne me parlez pas de la campagne. Le docteur a voulu m'envoyer là-bas six semaines l'été dernier. J'ai failli me tuer, ma parole. Ce bruit! Tous ces oiseaux qui piaillent sans arrêt, le chant du coq et le mugissement des vaches. Très peu pour moi. Quand on a vécu des années dans la paix et le silence, on ne peut s'habituer à ce raffut incessant.
A quelques encablures de là se trouvait le Vauxhall Bridge Road avec ses trams qui raisonnaient d'un bruit métallique, carillonaient en passant, les imposants omnibus qui traversaient lourdement, les taxis qui sonnaient le tocsin. Je crois que Mrs Hudson les entendait, mais c'était toujours Londres qu'elle entendait, et cela l'apaisait comme le fredonnement d'une maman apaise un enfant insomniaque.
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Pour tenir en éveil l'attention du public, son auteur favori doit continuer à produire. Un ou deux chefs-d'œuvre ne suffisent pas ; il faut les soutenir par quarante ou cinquante ouvrages de moindre importance. Faute de captiver encore le lecteur par la qualité, on peut toujours l'écraser sous la quantité. (p130)
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"Servitude humaine" Livre vidéo. Non sous-titré. Non traduit.
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