Prudence et Nicholas se retrouvent le temps d'un dîner après 40 ans d'absence. le dîner sera l'instant des réminiscences, du constat de leurs vies, de la satisfaction qu'ils en tirent ou non. Et l'injustice de la vie, l'orage qui gronde auront aussi leur place autour de la table.
Ils se connaissent depuis l'adolescence après avoir passer d'inoubliables vacances ensemble en 1937. Nicholas était alors un ami
De Robert, frère de Prudence, il avait été invité dans la demeure familiale dans la campagne Anglaise. Si Nicholas est perçu par un étranger par la famille
De Robert & Prudence c'est parce qu'il est né et vivait en Afrique du Sud. S'adapter aux conventions dénuées de spontanéité dans ce milieu aristocratique était plutôt plaisant et gratifiant pour lui. Entre parties de crickets, de tennis, de repas servis par les employés de la demeure, Nicholas s'impose comme l'observateur de ce monde.
Le fond historique est à la fois omniprésent (montée du nazisme, Franco qui sévit, Bilbao et ses orphelins) et complètement effacé par l'autarcie dans laquelle vivent la famille
De Robert & Prudence. Comme si deux mondes cohabitaient en toute ignorance pour l'un et l'autre. Pourtant Prudence est pleine de rage et pétrit d'indignation face à l'état fragile de l'Europe. Lors de son dîner en tête à tête avec Nicholas, nous saurons ce que cette rage lui a insuffler pour sa carrière professionnelle.
Et c'est surtout la nostalgie du jardin du paradis de cette demeure qui est préservée dans ces souvenirs, c'est la nostalgie du temps qui passe qui est abordé dans ce repas de vieux amis. Comme si tout ce qui a pu se passer entre l'été 1937 et ce fameux dîner s'était envolé si subtilement que ça en est confondant.
Avec un style contemplatif déconcertant de réalisme,
Karel Schoeman nous offre un livre sur la nostalgie, sur la ferveur juvénile que rien n'ébranle, l'élégance d'une amitié qui toujours se conjugue avec respect et l'Histoire qui demeure.