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Pierre-Marie Finkelstein (Traducteur)
EAN : 9782752902078
208 pages
Phébus (31/08/2006)
3.86/5   28 notes
Résumé :
Après le décés de sa mère, George Neethling, la trentaine, éditeur dont la famille s'est exilée en Suisse, décide de retourner en Afrique du Sud pour y vendre Rietvlei, la propriété où sa mère et lui sont nés.

Dès son arrivée, il est confronté à un univers où règnent la violence et la terreur, et découvre que Rietvlei n'est plus qu'un tas de ruines.

Espaces infinis -le "veld" et le ciel -et mondes intimes se répondent, dialoguent, se ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Catégorie : Roman absolument magnifique.



Né en Afrique du sud, George a quitté le pays à l'âge de cinq ans. Son père était diplomate, sa mère vient de mourir, les yeux tournés vers ce pays jamais oublié et Georges quitte la Suisse pour une semaine durant laquelle il espère régler quelques affaires et retrouver Rietvlei, la ferme de ses grands parents Neethling. Hélas seuls l'attendront quelques souvenirs affleurant à la surface, des ruines et des rosiers sauvages presque défleuris.



Des voisins fermiers, les Hattingh, l'accueillent simplement et insistent pour qu'il rencontre les fermiers du voisinage. Anciens citadins ayant connu des jours meilleurs ou fermiers autrefois riches devant vivre frugalement, ceux-ci évoquent un passé regretté et des événements terribles les obligeant à vivre sans guère d'espoir d'une vie meilleure et dans une peur diffuse.



George, perdu dans ses souvenirs, ne comprend pas ou ne veut pas comprendre ce qui l'entoure; après des années d'exil, il se sent chez lui dans ce pays dont il parle la langue, mais en même temps tout lui échappe. Tâtonnant sans trop de conviction, il parvient à saisir quelques fils, mais ne peut s'engager et repart : "le lendemain, il serait chez lui".

Repliés sur eux-mêmes, vivant dans le passé ou cherchant la lutte, les membres de cette communauté rurale ne dévoileront pas tous leurs secrets.



Quels événements ont poussé à l'exil tant d'habitants il y a une génération? Pourquoi la violence? Les luttes? Les interventions policières? Aucune explication dans ce roman. Rien dans l'histoire de l'Afrique du sud n'est éclairant (le roman est paru en 1972, en plein apartheid) Que ce roman demeure hors du temps, voire hors d'un lieu précis, quelle importance? Il n'en est que plus fort.


Douleur de l'exil, incompréhension de George, méfiance des autres, attentes déçues, tout cela baigne dans une ambiance souvent pesante, sous la menace d'un danger imprécis. Ce roman magnifique, superbement écrit, se lit d'une traite.



"Non, ça ne fait rien, méprise-nous tant que tu veux. Mais tu sais, quand on arrête de considérer quelqu'un comme un être humain, quand on ne le traite plus comme tel, il oublie peu à peu qu'il en est un. Il perd sa fierté, sa dignité; alors la seule chose qui compte est de rester en vie, on rampe, on se tortille, on s'humilie sur commande, j'ai vu cela chez mes propres parents, et j'ai peur, j'ai peur de cette déchéance, beaucoup plus que de la vieillesse, de la maladie ou de la pauvreté. C'est ce qu'ils pouvaient nous faire de pire. Passe encore qu'ils nous aient chassés, cela n'a plus d'importance; ce qui me fait vraiment peur, c'est l'idée de ne plus être un être humain, de ne plus rien pouvoir faire, de ne plus rien signifier."
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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George Neethling revient, après le décès de sa mère, sur les terres qu'il a quitté à l'âge de 5 ans avec ses parents pour la Suisse où le père est diplomate.
Pendant une semaine, il désire se replonger dans son enfance, retrouver la ferme dans laquelle il a vécu ses cinq premières années.
En Afrique, pour moi, tout est différent mais justement, je veux voir les choses telles qu'elles sont en réalité.
Les Hattingh, de vagues cousins, lui offrent l'hospitalité mais refusent de l'emmener à Rietvlei, la ferme où il a vécu. C'était avant le départ, avant les troubles, avant le déclassement de ces familles de la petite bourgeoisie afrikanders.
« Nous vivons modestement, comme je te l'ai dit tout à l'heure, dit Hattingh, mais c'est à cause des circonstances. Nous n'avons pas perdu le sens de l'hospitalité. »
Les évènements sont tout le temps évoqués. Madame Hattingh ressasse le temps des jours heureux où elle habitait la ville, avait une vie bourgeoise avec serviteurs noirs. Avec la catastrophe, elle a dû s'exiler dans leur ferme à la campagne, bosser dur avec son mari et ses trois enfants.
«On l'a bien néglige ces dernières années, ce n'est plus la ferme que j'ai connue quand je me suis installé, mais, négligée ou pas, nous pouvons nous estimer heureux d' l'avoir conservée. C'est une ferme de famille, un héritage de mon arrière grand-père ; à l'époque ils avaient encore l'argent et la main-d'oeuvre pour l'entretenir… Mon défunt père lui-même ne serait pas très fier de nous. Quand il est mort, tout allait encore bien. »
Les Hattingh et les autres restés au Veld, vivent aussi une sorte d'exil. Passer d'une vie de petite bourgeoisie avec serviteurs noirs à la vie austère, frugale, dure, presque sans espoir, exilés de leur ancienne vie confortable.
« Toi, ce qui t'intéresse, c'est la maison où ont vécu tes grands-parents, ta mère, ta famille, à l'époque où le monde entier leur appartenait, la terre et les étoiles. Mais ce monde-là a volé en éclats, il n'en reste pas pierre sur pierre. Les militaires sont arrivés, ils ont dynamité la maison, fait sauter l'étang, retourné la terre du jardin. Tout cela c'est du passé, tu comprends ? »
Les évènements pèsent sur tout le livre, sur le séjour de George. Les Hattingh lui feront rencontrer ceux qui n'ont pu ou pas voulu partir. Un sentiment entre jalousie et ressentiment contre les exilés perdure qui fausse les relations ; même si on le fête, il se sent l'étranger.
George se sent toujours en dehors, ne peut reconnecter avec ses souvenirs, ne comprend plus ce pays. La réalité ne correspond plus à ce que lui racontait sa mère. C'est bien cela l'exil, fantasmer le pays natal où sont les souvenirs reconstruit par l'absence de réalité. le pays natal devient un Eldorado, un pays de cocagne. Les éditions Elyzad ont publié un ouvrage collectif sur le pays natal. L'apaisement n'est jamais au rendez-vous.

L'écriture dense, intense m'a captivée. le malaise, la peur, la violence sont tangibles, la chaleur étouffante baigne les pages de ce très bon livre sur l'exil sorti en Afrique du Sud en 1972.
J'ai lu ce livre suite à la chronique de Mimi.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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George, la trentaine, retourne en Afrique du Sud où il est né. Ses parents sont morts en exil en Europe et il souhaite voir la ferme où ils habitaient et où il est né. Chez lui on parlait de ce pays comme d'un paradis mais, quand il arrive, rien n'est plus comme avant, la ferme a été détruite et les propriétés alentour survivent comme elles peuvent. Il est accueilli par une famille voisine qui est à la fois heureuse de revoir le fils de leurs anciens amis, et envieuse envers ceux qui ont choisi d'émigrer pour une vie meilleure.

Probablement très autobiographique, ce roman est un hymne à un pays adoré et à jamais perdu, la nostalgie en est vraiment le thème principal. Comment aimer encore ce pays qui a tellement changé, comment accepter d'y vivre alors que plus rien n'est comme avant ?

J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman qui exprime avec sensibilité des sentiments parfois contradistoires. Les personnages sont décrits avec justesse et on a l'impression de les avoir rencontrés.

Une seule chose m'a gênée, c'est l'imprécision de la période à laquelle se passent ces événements. Rien dans le texte ne donne la moindre indication. J'ai cru au début que c'était la période post-abolition de l'apartheid, mais en fait il semble que ce soit beaucoup plus ancien. L'auteur étant né en 1939, l'histoire se passerait environ en 1970 et ferait référence à des événements des années quarante (l'émigration massive des Afrikaners). J'ai cherché mais n'ai pas trouvé trace d'événements particuliers à cette période (si ce n'est la guerre !). Cette imprécision me gêne quand même car je pense que l'auteur a voulu donner un témoignage vécu et ça en enlève un peu la force.
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Retour au pays bien-aimé est un roman d'auteur connu d'Afrique du sud, qui a écrit des romans en afrikaans – la langue qui est parlé par une majorité d'afrikaners, un peuple qui ont l'origine au Pays-Bas. L'intrigue se déroule en 1972, l'époque d'apartheid en Afrique du sud.

George Neethling est rentré au son pays, après avoir grandi presque toute de sa vie en Suisse pour voir la ferme ou il est né, la ferme de famille Neethling à Rietvlei en Afrique du sud. En route, il s'arrête chez la famille Hattingh et il est informé qu'il n'y a plus rien à Rietvlei car sa mère (Anna Neethling) à quitté il y a très longtemps et personne ne s'est occupé de la ferme. Il est accueilli dans la famille de Hattingh et tout le monde dans sa famille sont intéressé.e.s à savoir différentes choses parce qu'il n'ont jamais vu quelqu'un d'étranger ou quelqu'un qui a vécu à l'étranger. Les conversations entre Carla (la fille d'Hattingh) et George était mon favori, avec des dialogues très fortes dans les deux côtés. Un autre point fort que j'ai bien aimé était le fête organisé pour George, où chacun a eu ses propres raisons pour danser avec George pour savoir quelque chose.

L'auteur a exploré beaucoup d'émotions humaines qui se passent partout dans le monde, comme nostalgie avec George, où il a dépensé trop d'argent pour venir en Afrique du sud même si il a eu peu d'espoir que le pays sera mieux que lequel sa mère a quitté, et également les valeurs familiales avec Hattingh et ses ami.e.s. Il y a avait également l'air de mystère, soit avec George, soit avec la famille Hattingh et ses ami.e.s pour deux tiers du livre, que j'ai trouvé intéressant. le contraste entre quelqu'un de la campagne et quelqu'un de la ville a été bien vu également, particulièrement entre les conversations entre Carla et George, lorsque où la première a dit qu'ils parlent les mêmes mots, mais pas la même langue. Une autre facette du livre que j'ai bien aimé était la description du paysage et les villages et je me suis senti vraiment être en Afrique du sud en 1972. le roman a aussi touché beaucoup de la politique même si l'auteur n'a jamais précisé que c'est du politique – il a juste évoqué le sujet en utilisant les autres personnages comme Gerhad qui a parlé d'un devoir de George vers ses ancêtres et « son pays ». Même la transformation de George était intéressant, où il s'est senti comme chez lui au début mais à la fin, il a commencé à s'identifier comme un étranger.

Un problème peut-être pour les lecteur.ice.s est le fait qu'on a besoin d'un contexte, le roman est écrit pour les afrikaners en Afrique du sud et si on ne connait pas l'histoire du peuple afrikaner ou du pays, ça sera difficile pour apprécier certains subtilités et parfois ennuyeux également. C'était un remarque fait par une moitié des participant.e.s dans mon club de lecture où on a discuté le roman et je comprends leur point de vue.

En bref, j'ai adoré le livre, c'était bien écrit où l'auteur a évoqué beaucoup de sujets complexes malgré la petite taille du roman (que 250 pages dans mon édition de poche). Alors, je donnerai le roman une note de quatre sur cinq.
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Pleure encore pays bien-aimé


Afrique du Sud terre d'immenses écrivains, Breyten Bretenbach, Nadine Gordimer, André Brink, J.M.Coetzee, deux Nobel. Voici Karel Schoeman dont le titre du dernier roman paru en France fait écho au célèbre "Pleure ô pays bien aimé" d'Alan Paton. Ce roman paru en 47 et adapté au cinéma un peu plus tard a connu une aura très importante et a commencé à faire connaître l'apartheid.

Karel Schoeman sous un titre très proche raconte la visite au pays natal d'un Afrikander vivant en Suisse dans l'univers bien protégé de la diplomatie. Dans "Retour au pays bien-aimé", le narrateur a 30 ans et revient voir la ferme de sa prime enfance 25 ans après son départ. L'action du livre se déroule sur les quelques jours qu'il passe chez des cousins perdus de vue. Incompréhension, souvenirs communs inexistants, malentendus, le séjour ne se passe pas très bien.

Et puis George n'a plus guère de liens avec cette Afrique du Sud de 1972 (date d'édition originale). Il sent confusément que la violence est là, à fleur de peau, que rien ne sera plus comme avant, que tout va à vau l'eau dans ce pays, et que le veld sera bientôt à feu et à sang. Nous sommes entre Afrikanders qui sentent bien la fin de leur monde.

C'est assez court, sans exotisme et d'une violence souterraine qui laisse libre cours à l'imagination du lecteur.

de la très grande littérature.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Non, ça ne fait rien, méprise-nous tant que tu veux. Mais tu sais, quand on arrête de considérer quelqu'un comme un être humain, quand on ne le traite plus comme tel, il oublie peu à peu qu'il en est un. Il perd sa fierté, sa dignité; alors la seule chose qui compte est de rester en vie, on rampe, on se tortille, on s'humilie sur commande, j'ai vu cela chez mes propres parents, et j'ai peur, j'ai peur de cette déchéance, beaucoup plus que de la vieillesse, de la maladie ou de la pauvreté. C'est ce qu'ils pouvaient nous faire de pire. Passe encore qu'ils nous aient chassés, cela n'a plus d'importance; ce qui me fait vraiment peur, c'est l'idée de ne plus être un être humain, de ne plus rien pouvoir faire, de ne plus rien signifier.
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Il avait le souvenir d'une véranda, avec de grandes plantes vertes fichées dans des pots de terre et de métal, qui tamisaient la lumière du jour; elles appartenaient à sa grand-mère, qui s'en occupait tout en surveillant le domestique chargé de les arroser chaque jour. Il leva les yeux. Comment pouvait-il savoir une chose pareille? Comment pouvait-il savoir qu'à cet endroit précis, là entre les fougères, une paysanne aux cheveux gris donnait des ordres aux domestiques? Etait-ce vraiment un souvenir ou quleque chose que sa mère lui avait raconté? Peut-être avait-il vu des photos dans un album? Mais dans ce cas, comment expliquer alors qu'il se rappelait aussi la voix de sa grand-mère, le bruit des ciseaux avec lesquels elle coupait les feuilles mortes, le tintement des tasses à café?
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Il entendit les filles chanter leur petite mélodie plaintive au son de l'accordéon, et les bruits lointains dans le silence de l'aube: des voix qui chuchotaient, le craquement d'une chaise, le bruit des ailes d'un papillon de nuit qui se cognait à l'abat-jour de la lampe, les aboiements des chiens enfermés quelque part dans une arrière-cour ou dans un bâtiment.
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Video de Karel Schoeman (1) Voir plusAjouter une vidéo
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