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EAN : 9781094680194
Le Serpent à plumes (20/10/2015)
4.13/5   38 notes
Résumé :


Le Promeneur d'Alep est le témoignage poétique et étourdissant d'un écrivain plongé dans la guerre. La voix de Niroz Malek nous parvient à travers les déflagrations et les rafales d'armes automatiques.

Pourtant elle nous parle de choses simples, d'amis qui se retrouvent dans un café, de cœurs gravés dans les arbres, de promenades dans cette ancienne cité fabuleuse sur la Route de la Soie.

Et du chaos qui guette derrièr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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“J'ai peur, leur dis-je, que cette folie de guerre autour de moi me projette dans un autre monde, c'est le moins qu'on puisse dire, celui de la mort.”
Folie, guerre, mort....et la ville d'Alep, que Noriz Malek refuse de quitter .
Sous forme d'une écriture fragmentaire, en courts uppercuts littéraires, témoignage directe d'une ville où la frontière entre la vie et la mort n'existe plus.
Je laisse la parole à l'auteur, car je n'ai pas assez de mots pour exprimer ce que je viens de lire,
“les gens qui se font tuer sans raison.”,
“des hommes cagoulés qui lui couraient après et qui avaient poussé autour de nous comme des champignons vénéneux.”,
“Et parfois, à d'autres moments de la journée, tu te vois encerclé par deux chars grondant dans une rue bondée et chacun d'eux tente de t'écraser avant l'autre.”
“Le silence est total que déchirent seulement, par intervalles, des tirs d'armes automatiques.”,
“CHER lecteur : Ce qui se passe dehors crève l'oeil de la nuit.”.....
Je vous laisse découvrir le reste. Une très belle prose, bien que “belle” soit un adjectif inapproprié dans ce contexte horrible et poignant. L'auteur en accentue l'absurdité par l'usage de l'artifice du fantastique. Et pourtant, dans cet enfer sur terre, il réussit à y insérer un reste d'humanité, une lueur d'espoir avec l'amour et un « seau de yaourt ». Donc tout n'est pas perdu tant qu'existent des poètes comme Noriz Malek !
Inutile de vous dire , Lisez- le ! , si le fond et la forme vous intéresse.

“Je suis convaincu qu'un jour la lumière jaillira à nouveau de l'obscurité qui s'est abattue sur nous…”

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Cinq étoiles parce que je ne peux pas en mettre davantage.

De notre côté du miroir, le conflit syrien c'est surtout la crise migratoire, l'exode massif des migrants, la traversée de la Méditerranée, la route des Balkans. On parle rarement de ceux qui sont restés au pays. Parmi eux, Niroz Malek, écrivain et poète syrien d'origine kurde, issu de la communauté yézidie, est né à Alep en 1946 et n'a jamais quitté sa ville. Pour lui, rester là n'est pas tant une question de courage. Paradoxalement, c'est plutôt une question de survie : "Comment pourrais-je quitter ma maison, m'éloigner de mon bureau ? [...] Est-ce pour sauver uniquement mon corps ? Tu sais que derrière moi, dans ce bureau, ce ne sont pas des livres, des bibelots et des photographies que je laisserais, mais mon âme. le corps pourrait-il survivre sans âme ? Ai-je poursuivi. C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme". Alors il est resté dans sa maison, et continue à écrire pour témoigner, pour résister face à la barbarie, pour tenir le coup devant la folie et le désespoir. Ce livre est un ensemble de saynètes très courtes, quelques pages tout au plus, dans lesquelles la violence aveugle empêche toute vie normale. Personne ne sait, quand il sort de sa maison pour faire des courses ou prendre l'air, s'il en reviendra vivant. La mort peut surgir de partout, d'un chasseur bombardier, d'un sniper sur un toit, d'une rafale de mitrailleuse tirée depuis l'un des innombrables barrages par un soldat ou un milicien arrogant qui n'est pourtant lui-même qu'un cadavre en sursis. Hantés par la mort et la peur, les textes sont très souvent oniriques, comme pour permettre à l'esprit de se réfugier dans l'imaginaire et échapper ainsi à une réalité atroce. Les souvenirs aussi sont un abri où duper la douleur : devant un bistrot détruit par une explosion, on se rappelle des conversations sans fin avec les amis ; devant l'abattage des arbres du jardin public (parce qu'il n'y a plus d'autre bois pour se chauffer), on se rappelle les générations d'adolescents qu'on a vus graver leurs noms sur les troncs. Réaliser alors que les jours heureux appartiennent au passé, mais nourrir un espoir fou : "Je suis convaincu qu'un jour la lumière jaillira à nouveau de l'obscurité qui s'est abattue sur nous".
L'écriture de Niroz Malek est simple et sobre; point n'est besoin de pathos pour rendre ce texte déchirant et bouleversant. Pour supporter ce quotidien insupportable, il s'adresse souvent à "celle qui se trouve au loin" et lui parle d'amour. Quelle force d'âme a-t-il trouvée/conservée pour invoquer, face à cette sale guerre aussi absurde que cruelle, la poésie et la lumière de Chagall et de van Gogh, ou la musique de Beethoven ?
Respect.

En partenariat avec les éditions du Serpent à Plumes/La Martinière (que je remercie pour l'envoi et le mot d'accompagnement), via une opération Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Merci aux éditions La Martinière et à Babelio qui à travers l'opération masse critique m'ont permis de croiser « le promeneur d'Alep ».

Syrie, rebelles, armée Syrienne, barbus, Kurdes, Iran, Russie et au milieu de tout ça Alep. Et au milieu de tout ça des hommes, des femmes, des enfants, qui vivent chaque seconde en se demandant où tombera le prochain obus, quelle cible atteindra la prochaine balle du snipper d'en face, combien de temps encore à « vivre » ? Il y a ceux qui partent vers des horizons où ils ne sont malheureusement pas les bienvenus et puis il y a ceux qui restent. Niroz Malek est de ceux là.
Le promeneur d'Alep, quel titre!!! Il résonne comme une provocation à la folie des hommes, comme un appel à une résistance pacifique, comme un renoncement au fatalisme. Il fait allégeance à la vie.
Un titre est souvent trompeur…
Souvent oui mais là, non. On est en plein dans la protestation, dans la lutte, juste parce que l'auteur est là, parce qu'il reste par choix. Un combat sans armes gagné d'avance car même la mort ne met pas ce genre d'homme à genoux. Il n'y a pas d'héroïsme, juste de la dignité malgré la peur.
Niroz Malek est ce promeneur. Il va nous faire visiter ses émotions et sa ville à travers un passé décomposé. Si la mort règne apparemment sans partage sur la ville, même si c'est difficile à dire, l'impression est trompeuse car il reste toujours quelqu'un debout.
Au fil des pages les vivants déjà morts côtoient les morts encore vivants dans le souvenir. Passé et présent se mêlent, rêves et cauchemars embrasent les braises toujours chaudes de la vie d'avant.
Une vie d'avant comme une résurrection, l'espace d'un instant, où les lieux renaissent de leurs cendres, où les anciennes conversations animées avec les amis viennent bousculer fugitivement la routine des bombes. Une vie d'avant pour s'enivrer d'un souffle de liberté. L'ivresse est forte, la gueule de bois est rude. A chaque image sortie des combles de la mémoire de l'auteur succède la triste réalité et soudain le café rempli de vie n'est plus que ruines fumantes, le car de ramassage scolaire qui l'emmène à l'école n'est plus que carcasse carbonisée, victime d'un attentat de plus. A chaque évocation répond la destruction, la disparition.
J'avoue que l'écriture ne m'a pas transporté, la traduction peut être. A chaud, j'ai aimé moyen car je ne m'attendais pas à ce genre de promenade mais une fois décanté… je me rends compte que l'angle choisi par Niroz Malek pour dire son quotidien, ses peurs, ses espoirs, est original et atteint son but. On repense à ce livre dans les jours qui suivent la lecture, enfin de mon coté j'y ai repensé. Il laisse une empreinte, une respiration… fragile, comme la vie.
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La guerre en Syrie ? La crise migratoire ? le drame humain des réfugiés syriens débarquant par dizaines de milliers sur les côtes grecques et déjà menacés d'y être bloqués ou alors refoulés en Turquie... On en entend parler tous les jours, et on croit tout en connaitre...
Mais Niroz Malek, écrivain et poète kurde syrien vivant à Alep, survivant plutôt au milieu d'une ville détruite par la violence, nous livre une image profondément tragique et poignante de l'omniprésence de la mort dans sa ville défigurée par les barrages de miliciens, les bombardements, les combats, les massacres de femmes, d'enfants, de vieillards.
En de courtes pages poétiques, excellemment traduites par Fawaz Hussain, il nous fait vivre cette ambiance de cauchemar où le mort saisit le vif, où il est devenu impossible d'aller au bout de la rue, de prendre un café ensemble, de se promener au jardin public... Arbres tronçonnés pour faire du feu, miliciens arrogants ou voués à être bientôt tués, cafés où certains ne reviendront plus, à supposer que les lieux ne soient ni fermés ni détruits, il ne reste plus à l'habitant de la ville en ruines qu'à tourner en rond chez lui entre ses livres bien aimés, des infos télévisées terrifiantes, des appels téléphoniques dramatiquement interrompus.
La beauté des images, des rêves virant au cauchemar, des souvenirs nostalgiques des femmes aimées en temps de paix, des artistes comme Chagall ou Van Gogh qui aident à sublimer le réel, donnent à ce texte déchirant une force et une présence peu communes qui nous font ressentir au plus profond de nous-mêmes l'horreur de la guerre en Syrie et ce qui pousse hommes, femmes et enfants sur les routes périlleuses de l'exil.
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Niroz Malek est né à Alep en 1946. Il est donc syrien issu de la communauté Yézidie, ses parents étaient kurdes.
Il est artiste et romancier et on lui doit huit recueils de nouvelles et six romans.
Avec « le promeneur d'Alep », il nous décrit le quotidien d'un écrivain qui a refusé de quitter Alep et qui tente d'y survivre.
On le comprend, ce recueil de très courts récits est en pleine actualité et éclaire durement dans quelle horreur vit le peuple syrien depuis l'émergence de ce conflit terrifiant. Pas un jour sans que le protagoniste n'apprenne la mort violente d'un parent ou d'un ami. Aller acheter quelques vivres, vouloir prendre un café avec ses amis constitue un parcours qui peut devenir mortel. Alep quadrillée de barrages, bombardée, survolée par des hélicoptères qui tirent à l'aveugle ou des tireurs qui abattent sans discernement les passants est un enfer. L'électricité et l'eau sont coupées sans avis, l'approvisionnement est aléatoire. Alep s'est vidée de ses habitants qui ont préféré partir à l'étranger, devenir ses fameux « migrants », risquant encore leur vie pour tenter de survivre.
Pourtant lui ne partira pas, il a trop à laisser derrière lui, non sa maison, ses livres mais son âme, écrit-il. Alors il continue de témoigner par ces petits tableaux allégoriques ou déchirants d'un quotidien absurde, d'une guerre que les habitants de Syrie ne comprennent pas, eux qui ne désiraient que vivre en paix de petits bonheurs simples.
Un livre d'une actualité criante qui nous permet de comprendre intimement qui sont ces migrants de l'humanité.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Cela m'a contrarié, pourtant je me suis endormi de nouveau, et après un temps que j'ai imaginé plus long, j'ai soulevé ma tête de l'oreiller avec le sentiment que le jour était bien là où qu'il fallait qu'il le fût. Mais l'obscurité était totale, à part une petite tache au plafond, qui ressemblait à un trou d'où jaillissait une lumière aveuglante. Et puis, j'ai entendu des voix et des mouvements autour de moi, et au-dessus aussi !

Cela m'a étonné, puis j'ai découvert peu à peu qu'il y avait des gens qui essayaient de déblayer des décombres et des choses de ce genre. Mais je n'ai pas su s'ils les déblayaient pour me dégager moi, ou d'autres comme moi.
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— Comment pourrais-je quitter ma maison, m'éloigner de mon bureau ? ai-je dit.
— Et tout cela pour quoi, ? ai-je dit après avoir avalé ma salive. Est-ce pour sauver uniquement mon corps ? Tu sais que derrière moi, dans ce bureau, ce ne sont pas des livres, des bibelots et des photographies que je laisserais, mais mon âme.
— Le corps pourrait-il survivre sans âme ? ai-je poursuivi. C'est pour cela que je ne partirai pas de chez moi, car il n'y a pas de valise assez grande pour contenir mon âme.
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Dans le premier immeuble, il y a un balcon pulvérisé par un projectile perdu! Imaginez, comment un projectile pourrait se perdre...
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Prix Lorientales 2016. Les mots du jury:
L’écriture en de courts paragraphe est comme « découpée » par la guerre, comme interrompue par les attaques, les bombardements, les coupures de courant…
Ecrit comme un carnet de voyage, un journal de résistance, Niroz Malek est la voix d’Alep...
Des images de guerre mais jamais d’image d’horreur. Comme un poème hors du temps où les personnages volent dans les airs comme dans un tableau de Chagall...
Témoignage poignant tout en retenue, toujours au dessus de la haine...
Superbe, magnifique, passionné et passionnant...

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— La plupart des connaissances et amis se sont dispersés, ce sont désormais des expatriés, des bannis, des migrants, des exilés. Et puis il y a ceux qui sont morts de toutes les manières possibles.
— Et toi ? a-t-il questionné après un long silence.
Pour toute réponse, je lui ai lancé un regard moribond.
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