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EAN : 9782850769313
131 pages
Dervy (01/11/1998)
4.1/5   89 notes
Résumé :
Dans cet admirable petit livre, M. Herrigel, philosophe allemand qui est venu au Japon et s'est abonné au tir à l'arc pour arriver à comprendre le Zen, donne de sa propre expérience un récit qui nous éclaire. Un des caractères qui nous frappent le plus dans l'exercice du tir à l'arc, et en fait de tous les arts tels qu'on les étudie au Japon, c'est qu'on n'en attend pas des jouissances uniquement esthétiques, mais qu'on y voit un moyen de former le mental, et même d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Ce livre, édité en 1948, fut une lecture appréciée de Karl Graaf Dürckheim, le sage de la forêt Noire, philosophe, maître Zen, dont je suis les enseignements prodigués par son disciple Jacques Castermane.
Alors comprenez bien que je cherchais ce livre depuis un bon moment quand lui m'a trouvé, improbablement, chez un bouquiniste du quai Montebello à Paris, moi qui ne suis pas parisien. Un signe ?
Après une présentation brève et confuse, pour nous occidentaux, sur la nature relevant exclusivement du zen, du tir à l'arc, le professeur Suzuki nous introduit le texte d'Eugen Herrigel comme un développement nécessaire à un lecteur occidental pour tenter de comprendre cette nature du kyudo. Une sorte de béaba pour les bébés spirituels, normo-pensants, que nous sommes.
Et c'est vrai qu'Herrigel est un excellent vulgarisateur ; il a l'art de présenter simplement, par images heureuses, ces concepts zen qui, introduits par les maîtres orientaux, peuvent nous paraître éternellement incompréhensibles et inaccessibles.
Simplement, humblement aussi, Herrigel nous montre l'importance de la transmission de maître à élève, dont la simple présence nourrit l'apprenti.
Il fait ressortir sans « magistralité » ces notions si importantes que sont la pratique,
l'oubli de soi, la respiration, la non cérébralisation, le détachement de soi-même, la pleine attention( cette faculté d'être attentif à tout ce qui est à l'extérieur du cercle sans en être affecté) , la vacuité totale d'intention, la remise incessante de l'ouvrage sur le métier, le but de la pratique qui n'est pas un "but" mais un état : l'éveil.

Régulièrement l'auteur rappelle les points communs qui se trouvent dans tous ces « arts » japonais : composition florale, art du thé, calligraphie, méditation, escrime, dessin à l'encre de chine.

Voici donc un ouvrage bref et très accessible pour nous faire entrevoir ce que le Zen peut être.
Il m'aura permis d'aborder des notions qui me sont familières mais d'une façon différente donc avec ce petit décalage qui fait que parfois certaine choses rabâchées s'éclairent soudainement.
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Un livre court, mais très dense, sur le chemin qui mène au Zen à travers la pratique du tir à l'arc…

Quand j'ai commencé le tir à l'arc, ça m'a fait un bien fou : pendant 1h30 je me vide complètement la tête de tous les tracas du quotidien, je ne pense à rien d'autre qu'à tirer mes flèches.
Aussi, je dois avouer qu'en me lançant dans cette lecture, j'espérais un peu trouver des conseils pour m'aider à m'améliorer dans ma pratique, moi qui suis débutante. Il n'en fut rien, ou plutôt… ce livre ouvre la voie sur autre chose, ce qui n'est pas mal non plus.

« Dans cet admirable petit livre, M. Herrigel, philosophe allemand qui est venu au Japon et s'est adonné au tir à l'arc pour arriver à comprendre le Zen, donne de sa propre expérience un récit qui nous éclaire. » (D. T. Suzuki, 1953)

Cet extrait de la préface illustre parfaitement l'objectif de cet ouvrage, à l'exception près que le propos ne m'a pas toujours paru aussi clair. Il faut dire que je ne suis pas familière des lectures portant sur la méditation, le mental ou l'inconscient. Bien que l'auteur utilise de nombreux exemples concrets qui m'ont aidé à suivre son idée, j'ai parfois été perdue dans les notions plus abstraites.

Il n'en demeure pas moins que cet ouvrage est extrêmement intéressant pour mieux cerner la culture japonaise en général et le kyudo en particulier. Il propose une autre approche et offre une dimension supplémentaire à cette activité que j'affectionne.
J'en retiens pour ma part l'importance du rapport entre la respiration et les actions de l'archer, mais aussi le travail sur le mental, l'oubli de soi, et cette capacité à rester attentif à l'extérieur sans en être perturbé intérieurement.

Je remercie Cricri124 qui a attiré mon attention sur cet ouvrage.
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J'ai repoussé plusieurs fois la lecture de ce livre, le titre plus le fait que l'auteur soit un philosophe semblaient laisser présager une lecture laborieuse. Et bien voilà pourquoi il faut dépasser ses préjugés. Cette lecture fut au contraire très fluide et j'ai englouti ce livre en quelques heures.
L'auteur est clair et concret, son expérience est parlante. J'ai reconnu à plusieurs reprises des difficultés contre lesquelles moi même j'ai buté (ou bute encore) dans la pratique de mon art martial.
Je trouve très intéressant d'avoir le point de vue d'un européen sur le sujet car la grosse différence de culture avec le Japon (mais il en va de même avec l'ensemble des pays asiatiques) est telle qu'elle constitue un obstacle supplémentaire pour celui qui veut se lancer. Qu'il s'agisse d'arts martiaux, d'art floral, de cérémonie du thé ou de méditation on retrouve cette problématique.

Par ailleurs l'évolution et la progression de l'élève, les difficultés rencontrées, le rapport maître / élève, tout cela sonne juste. On sent le vécu. Ca n'a l'air de rien comme ça mais il est difficile de mettre des mots sur sa pratique et sur sa relation avec son professeur. Tout cela est complexe et souvent plus de l'ordre du ressenti, des sensations et peut vite apparaître comme incompréhensible quand on tente de l'expliquer. Ici Herrigel s'en sort très bien, c'est clair, simple, complet et précis.
Il évoque le travail à fournir mais aussi ce que la pratique apporte. Ce que son maître lui a offert ce ne sont pas de simples leçons de tir à l'arc mais une philosophie de vie. On adhère ou pas mais au moins on comprend et on démystifie ce qui est déjà beaucoup. Plus largement ce livre donne des clefs pour comprendre la société japonaise et sa culture.
Herrigel a vraiment une plus fluide ce qui rend la lecture vraiment agréable.
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Le philosophe allemand, Eugen Herrigel vient à la rencontre du Japon, le Japon s'offre à lui. Il a passé six ans avec l'un des plus éminents Maître en cet art. Ce livre dense et passionnant tente de nous faire partager cet enseignement par l'expérience vécue.

Une préface stupéfiante du Professeur Daisetz T. Susuki écrite en mai 1953, nous saute au visage. Les concepts manipulés sont si loin de nous qu'aimablement le rédacteur conclut comme suit : “Dans sa manière de s'exprimer, le lecteur occidental trouvera une façon moins étrange et plus familière d'aborder le problème de cette expérience orientale quelque peu inaccessible.” Car il faut bien l'admettre, ces six pages d'introduction au Zen appliqué au tir à l'arc s'ouvrent à ceux capables d'une “intuition qui, sans médiation d'aucune sorte, voit que zéro est l'infini et que l'infini est zéro. Et cela ne constitue pas une indication symbolique ou mathématique, mais un fait d'expérience résultant d'une perception directe. Psychologiquement parlant, le satori consiste donc en un outrepassement des limites de l'égo ; logiquement c'est voir la synthèse de l'affirmation et de la négation ; métaphysiquement, c'est savoir par intuition que le devenir est l'être et l'être le devenir.”

Le Tir à l'arc, sport ou spiritualité
“Le Japonais conçoit l'art du tir à l'arc non pas comme une capacité sportive que l'on acquiert par un entrainement physique progressif, mais bien comme un pouvoir spirituel découlant d'exercices dans lesquels c'est l'esprit qui ajuste le but, de sorte qu'à bien le mirer l'archer se vise aussi lui-même et que peut-être parviendra-t-il à s'atteindre.”
“Assurément cela paraîtra sybillin”, nous rassure immédiatement l'apprenti archer philosophe.

Imaginez 6 années à apprendre à s'oublier pour envoyer une flèche vers soi. La respiration tout d'abord, la méditation puis laisser quelque chose choisir de lâcher la flèche. Quelque chose ? Oui, quelque chose car le lâcher ne peut être volontaire…6 années avec un Maître. Il faut qu'elle se détache de l'archer “comme la charge de neige de la feuille de bambou, avant même qu'il y est songé.”

“Libérez-vous de vous-même, laissez derrière vous ce que vous êtes, tout ce que vous avez, de sorte que de vous il ne reste plus rien, que la tension sans aucun but.”

Le Maître ne peut enseigner qu'à celui qui cherche le chemin. “Et le Maître ne se soucie pas de savoir jusqu'à quel point ira l'élève. Dès qu'il lui a montré le vrai chemin, il convient qu'il le laisse continuer seul.”
“Ne m'interrogez pas, lui dit le Maître, entraînez-vous.”

Ce qui est valable pour l'arc ou le maniement de l'épée, l'est aussi pour chacun des autres Arts. La peinture à l'encre de chine, par exemple, révèle la maitrise précisément “par la main qui, en possession de la technique, exécute, et rend visible son rêve, juste au moment où l'esprit commence à élaborer des formes, sans qu'il y ait entre conception et réalisation l'épaisseur d'un cheveu.”

Ce livre est propre à vous faire changer de regard sur la vie. Il est délicieusement traduit (par un anonyme). La pensée allemande est, comme toujours, si belle lorsqu'elle est traduite en français.

Edition Dervy, Collection l'être et l'esprit, 130 pages bien remplies pour seulement 9€

Lectori salutem, Pikkendorff

Lien : http://quidhodieagisti.kazeo..
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Ce “petit livret” … est « une perle rare » sur le sujet.
Quand je l'ai eu entre les mains il y a trente cinq ans maintenant, je m'adonnais déjà de temps à autre au tir à l'arc sportif, mais suite à cette lecture (alors que dans le même temps j'étais “initié” à la méditation d'extrême-orient*) ma perspective en changea du tout au tout !
Parcourir les pages de cet “opuscule”, c'est plonger son regard dans un horizon peu banal, dont certes les pratiquant(e)s de la méditation du Zen trouverons des éléments familier. Cependant la “vibration” ne peut être qu'une expérience vécue, à équidistance de l'éther et du tellurique.
Une relecture approfondie 35 années plus tard, à destination d'une présentation sur « Babelio » s'est faite à la faveur d'une reprise personnelle du tir à l'arc pratiqué dans cette inspiration et perspective de la discipline du Kyudo qui n'a pas pour objet premier “l'exploit sportif”, mais bien plutôt la tentative d'atteindre à une élégance « du geste » et de son sens profond de résonance en soi !
L'auteur y décrit très sobrement, très fidèlement le cheminement qui a été le sien durant plusieurs années et les étapes parfois redoutables à franchir, tant l'individu s'accroche à une identité retorse et figée !
Lecture d'une parfaite clarté, sans ajouts inutiles, qui ne pourraient pas de toute façon rendre compte un tant soit peu de ce dont il s'agît vraiment, cette lecture donc lève un coin de voile sur une discipline peu connue en occident ; peut être un peu plus de nos jours.
------
* (époque où j'ai rencontré Arnaud et surtout Denise Desjardins qui m'orienta vers un yogi tibétain laïc [et marié] maître accompli du « Dzogpa tchen-po » et du « Tchagya tchen-po », d'un âge vénérable et respecté et de nature espiègle [décédé en automne 1991] ; parfaite incarnation de « dana prajna paramita ». Denise me le recommanda chaleureusement ; c'est ainsi qu'avec Lui j'ai mis en place “une méditation venue d'orient” et que j'ai au fil des ans adaptée à une vie de “labeur”, avec de très grandes difficultés d'ailleurs, citoyen lambda laïc d'Europe de notre temps ! ...)
Lien : http://www.versautrechose.fr/
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Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
L'homme est bien un roseau pensant, mais ses plus grandes oeuvres se font quand il ne pense ni ne calcule. Il nous faut redevenir "comme des enfants" par de longues années d'entraînement à l'art de l'oubli de soi. Quand cela est réalité, l'homme pense et pourtant il ne pense pas ; il pense comme les vagues qui déferlent sur l'océan ; il pense comme les étoiles qui illuminent le ciel nocturne ; il pense comme le vert feuillage qui bourgeonne dans la paix de la brise vernale. En vérité, il est les ondées, l'océan, les étoiles, le feuillage. Lorsqu'un homme est parvenu à cet état de développement "spirituel", il est un artiste Zen de la vie.
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Ensuite, le maître se fit un devoir d'établir sans tarder les rapports entre le tir à l'arc et l'acte respiratoire auquel on ne s'exerce pas pour lui-même. L'acte global de la tension de l'arc et du tir fut décomposé en périodes : saisir l'arc, y poser la flèche, élever l'arc, le bander, le maintenir au maximum de tension, lâcher le coup. Chacun de ces actes partiels était introduit par une inspiration, soutenu par la retenue du souffle, refoulé et terminé par une expiration. En agissant de la sorte, l'acte respiratoire s'insère tout naturellement dans le processus, accentue notablement positions et actes particuliers et surtout les relie intimement les uns aux autres en un déroulement rythmique qui varie suivant les facultés respiratoires de chaque tireur. (P40)
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Pour l’ambitieux la cible n’est qu’un méchant morceau de papier qu’il réduit en miette. La « grande doctrine » du tir à l’arc voit dans une telle conception une chose purement diabolique. Elle ignore tout d’une cible dressée à une distance déterminée de l’archer ; elle connait seulement le but qui ne s’atteint d’aucune manière technique, et si elle donne un nom à cet objectif, elle l’appellera : Bouddha ».
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Sous l’influence du Zen, le pouvoir s’est spiritualisé et l’homme qui s’entraînait, devenant plus libre d’étape en étape, s’est transformé.

Devenue son âme, l’épée n’est plus prompte à sortir du fourreau et il ne l’en tire que lorsque vraiment cela est inévitable. Parfois, il arrive qu’il accepte avec le sourire le reproche de lâcheté et refuse de se colleter avec un adversaire brutal, vain de ses biceps et qu’il juge indigne. Mais il se peut aussi que la haute estime que lui inspire un autre adversaire l’incite à rechercher un combat dont l’issue ne pourrait être que la mort honorable de ce dernier. C’est ici que se manifestent les sentiments qui ont déterminé l’éthique du Samouraï, cet incomparable « Chemin du chevalier » qui porte le nom de Bushido. Au-dessus de tout, plus haut que la gloire, que la victoire, et même que la vie, le Maître épéiste place « l’épée de la Vérité », de la Vérité dont il a fait l’expérience et qui le juge.

Comme le novice, le Maître de l’épée est sans peur mais, à l’opposé du novice, il devient de jour en jour moins sensible aux choses terrifiantes. Dans la méditation continue de plusieurs années, il a appris qu’au fond vie et mort sont une seule et même chose, sur le même plan du Destin. Aussi il ne connaît plus l’angoisse de vivre ni la peur de mourir.

Il vit volontiers dans le monde, cela est très caractéristique du Zen, mais il demeure toujours prêt à en sortir, sans que la pensée de mourir le trouble. Et si le plus pur emblème du Samouraï est la délicate fleur du cerisier, ce n’est pas par hasard. Comme, dans un rayon de soleil matinal le pétale d’une fleur de cerisier se détache, ainsi l’homme impavide doit pouvoir se détacher de l’existence, silencieusement et d’un cœur que rien n’agite.

Vivre sans crainte de la mort ne signifie pas qu’en toutes les heures heureuses, on se targue de ne pas trembler devant elle, ni qu’on ait l’assurance de bien supporter l’épreuve. Celui qui domine vie et mort est bien plutôt libre de la crainte de rencontrer la peur. Celui qui ne connaît pas, par expérience, la puissance d’une méditation sérieuse et soutenue, ne peut se faire une idée de ce qu’une pareille méditation vous permet de surmonter. Ce ne sont pas par des paroles que le Maître accompli montre qu’il est inaccessible à la crainte mais, en toutes circonstances, on est profondément frappé de lire ce comportement intérieur que trahit son visage. Seuls quelques rares individus peuvent atteindre cette impassibilité inébranlable qui est déjà en soi une maîtrise, et on le comprend du reste fort bien.
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Oublieux de soi, comme perdus dans leurs pensées, ils exécutent les gestes préparatoires avec calme ; ils s'absorbent dans l'acte de la création et de la réalisation en formes qui, du premier geste jusqu'au complet achèvement de l'oeuvre, donne chez tous deux l'impression du complet déroulement d'un tout. (P70)
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