[ Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Je remercie les Trois Ours et Pierre Krause et les Éditions Robert Laffont pour leur confiance.
Ainsi que Boucle d'Or et le Ch'ti gô de ch'Nord... ]
Effacer tout et recommencer. Ne garder aucunes traces d'un passé douloureux. Ne plus rester arrimer à l'ancre délétère des souvenirs. Léah avait démoli sa vie d'homme amoureux de vingt neuf ans comme un vulgaire château de cartes. Se reconstruire désormais. Loin des blessures de l'âme et loin de la cruelle Léah. le Vénézuela pour horizon. Maracaibo pour destination. Et faire en sorte que la souffrance se fasse aussi silencieuse que l'éclair illuminant l'embouchure du Catatumbo.
Tic tac tic tac, la trentaine qui s'approche, le goût de l'inachevé dans la bouche. A trente ans si tu n'as rien fait de tes rêves, tu ne le feras jamais. L'âge bête c'est toujours c'est maintenant. Un éclair (encore un, eh oui!), une annonce, oh rien de bien cochon, un coup de fil (toujours rien de vicieux) et me voilà parti.
Passeport en main, embarquement immédiat vers les flibustiers de mon enfance. Maracaibo…Neuf lettres aux parfums enivrants de l'exotisme ! Cinq syllabes qui fleurent bon les épices sur les étals bigarrés de marchés typiques, la noix de coco et les fruits gorgés de soleil… Ou presque ! Aaaaahhh, l'arrivée à Maracaibo et la découverte de la ville aussi inattendue et violente qu'une sortie de boîte de nuit effectuée par un vigile au profil chevalin et trop à cheval sur le règlement. (On vous avez bien dit de ne pas vous vous agripper à la boule à facettes, pourtant !)
Bref, question exotisme, je suis servi : y a pas à dire ! Milice locale, chaleur écrasante ou l'inverse, une espèce de poisson me guide dans ce lieu qui ne ressemble à rien. Les filles accortes, toutes voiles dehors qui me donnent du mon chou, mon amour à tout va mettent à mal ma chasteté. Des femelles moulées dans leurs robes et sachant mettre en avant leurs atouts. Me voici paré pour l'aventure, avec un minuscule riquiqui petit a. Me voici aventurier, Ulysse au milieu de voluptueuses sirènes, européen au fin fond du monde, prof désarmé devant une armada d'élèves voulant faire la peau du nouveau… Ne pas se laisser abattre, résister. Survivre aux collègues atypiques, aux agressions de la rue, à la faune locale et à la chaleur écrasante. Seules bouées de sauvetage : quelques cassettes de rock, de la bière, Medusa, un cancrelat qui partage l'appartement avec moi et de la bière… Tout cela noyé sous des wagons de références cinématographiques qui me sont chères ; vestiges de ma vie de passée.
Daniel Fohr nous livre une chronique d'un expatrié, un journal où l'on attend l'événement celui qui va faire basculer le livre comme cet éclair, mais chocolat! Pas un coup de foudre en tout cas…Si l'écriture laisse présager un bon moment de lecture, on éprouve vite un petit agacement à force d'attendre quelque chose qui ne vient pas. Par ailleurs, la profusion de références cinématographiques devient lassante et finit par être aussi mélodieuses et agréables à l'oreille que le chant de la craie sur le tableau noir. Si tous les ingrédients étaient présents au départ pour faire un bon roman : originalité, écriture caustique et humour , la mayonnaise retombe rapidement hélas…L'impitoyable soleil de Maracaibo peut-être ?