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EAN : 9791034908233
320 pages
Liana Lévi (05/10/2023)
3.75/5   22 notes
Résumé :
Jeune inspecteur des Renseignements généraux le jour, Martin Kowal mène la nuit une vie dissolue dans les boîtes parisiennes, pour tromper sa solitude et son mal-être. Lorsque l'ambassadeur de Bolivie est assassiné en pleine rue le 11 mai 1976, il est propulsé contre toute attente à la tête du groupe chargé d'identifier les mystérieuses "Brigades internationales" qui ont revendiqué l'attentat. Le gouvernement, qui craint l'irruption en France du terrorisme d'extrême... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Martin Kowal, agent des Renseignements Généraux (RG) français est chargé de mener une enquête sur l'assassinat à Paris, le 11 mai 1976, de l'ambassadeur de la Bolivie en France, le général Joaquín Zenteno Anaya.

Si Martin Kowal est un personnage créé par Éric Decouty, le général Zenteno Anaya, en revanche, est un personnage réel. Né en novembre 1921 à Cochabamba en Bolivie, ancien ministre des Affaires étrangères de son pays et ex-chef de l'armée bolivienne, avant d'être nommé ambassadeur à Paris, où il a effectivement été abattu en pleine rue. Il est surtout connu comme ordonnateur de l'exécution du légendaire rebelle, Ernesto Che Guevara, "le Che", le 9 octobre 1967 à La Higuera en Bolivie, à l'âge de 39 ans. Il existe sur le Net d'ailleurs une photo d'Anaya en grand uniforme militaire penché sur le corps du Che.

Une mission peu évidente pour le brave Martin Kowal, qui se trouve à son grand étonnement, à la tête d'une équipe composée d'agents des RG et de la police criminelle. Cette collaboration exceptionnelle s'explique par la peur que dans la République du Président Valéry Giscard d'Estaing, du Premier ministre Jacques Chirac et du ministre de l'Intérieur Michel Poniatowski des fanatiques d'extrême gauche sèment la terreur. Pour Martin, d'autant plus surprenant que l'attentat porte les marques d'un commando très professionnel et que l'affaire est suivie de près en très haut lieu.

1976 est une année mouvementée en France avec l'exécution, le 28 juillet, de Christian Ranucci, responsable de l'enlèvement et du meurtre d'une mineure et de l'assassinat du prince Jacques de Broglie, député et ex-ministre, le 24 décembre.

Relativement vite un trio de malfaiteurs est arrêté et accusé de la liquidation de l'ambassadeur bolivien, mais il paraît pratiquement aussi vite à Martin Kowal qu'il s'agit en fait d'une mise en scène et que les vrais commanditaires et exécutants se trouvent ailleurs.

Par l'intermédiaire de l'amie de l'un des 3 arrêtés, la belle Chilienne Elisa Cabrera, Martin Kowal réussit à s'introduire dans un groupement clandestin de réfugiés politiques, originaires des dictatures militaires de l'Amérique du Sud qui se sont alliés pour se protéger des commandos secrets venus du Chili du dictateur Augusto Pinochet, de l'Argentine du général Jorge Rafael Videla (surnommé "le Hitler de la Pampa"), du Paraguay d'Alfredo Stroessner, de la junte militaire d'Uruguay, etc.

En plus de son enquête compliquée dans un contexte politique alambiqué, notre Martin Kowal se trouve confronté à un drame personnel : la disparition de son père, Joseph, un ancien officier des RG, accusé de haute trahison.

L'auteur, Éric Decouty, a réussi, à mon avis, un exploit ambitieux et délicat, à savoir : raconter une histoire policière captivante située dans un cadre historique, géographique et politique peu banal.

Pour les Babelionautes férus de littérature, il y a des références à Isidore Ducasse, comte De Lautréamont (1846 Montevideo - 1870 Paris), auteur des "Chants de Maldoror" et au Nobel Littérature 1971, Pablo Neruda (1904-1973), ambassadeur du Chili en France de 1970 à 1972.
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"Pinochet fasciste, Giscard complice ! " scandait Didier Wampas, et voilà un refrain qui illustre bien ce roman.
Le 11 Mai 1976, le général Anaya, ambassadeur de Bolivie, est assassiné en pleine rue à Paris. le meurtre est revendiqué par un groupuscule maoïste, les Brigades Internationales Che Guevara, afin -entre autres- de venger l'exécution du Che, à laquelle a participé Anaya neuf ans auparavant. Une enquête est ouverte pour retrouver les coupables, et elle est confiée à l'Inspecteur Kowal des RG. Celui-ci doute que des Pieds-Nickelés de maos soient capables d'un tel professionnalisme, et son doute s'accroît lorsque sa hiérarchie se hâte de classer l'affaire ; évidemment, il va chercher à en savoir davantage...

Il s'agit donc d'un roman policier politique, basé sur des faits réels dont j'ignorais tout. J'ai beaucoup aimé cette balade rétro dans la France des 70's, j'y ai appris une foule de choses avilissantes pour leurs auteurs, et notamment : que Pompidou s'est empressé de reconnaître la junte militaire au lendemain du coup d'état de Pinochet, que VGE a soutenu l'OAS, et que Poniatowski a garanti aux dictatures sud-américaines la collaboration active de la France à l'opération Condor.
Eric Decouty a bien raclé le fond des poubelles de l'Histoire, d'où cette odeur répugnante qui continue de me donner la nausée.
L'intrigue est très complexe, entre barbouzes, faux gauchistes, internationale noire, réfugiés chiliens, bons flics, mauvais flic, secrets d'Etat, vieux collabos, taupes, bataille d'Alger, indics, école française, guerre révolutionnaire, etc., mais l'auteur explique tout très bien. Via Kowal, il a la bonne idée de faire régulièrement le point sur l'enquête, ce qui permet au lecteur de s'y retrouver aussi. En outre, l'écriture est simple et claire (presque pédagogique), et agréable à suivre.
Et j'ai fini par bien aimer le personnage de Kowal, inspecteur féru de littérature et amateur de substances illicites. Il y a une faille en lui qui le rend attachant, et j'ai pris plaisir à le voir évoluer tout au long de sa quête.

C'est donc une lecture palpitante et réjouissante -consternante aussi par ses révélations, mais tellement enrichissante !
Elle confirme aussi que Didier Wampas avait raison.

Merci à Babelio et aux Editions Liana Levi pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse Critique ; bonne pioche !
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France, années soixante-dix.
La France du choc pétrolier, la France babas cool et des activistes d'extrême gauche bien sûr, mais aussi et toujours le fantôme d'une France colonialiste et sûre d'elle.
Une France de barbouzes,adeptes de l'Ordre Nouveau, protégés par des hommes politiques nostalgiques de l'OAS.
Une France qui exporte son " Art de la guerre" et transmet fièrement des compétences acquises lors des "événements " d'Algérie d'encore fraîche mémoire, dans toutes les dictatures d'Amérique du Sud.
Martin Kowal, un jeune flic au passé familial trouble et douloureux sera notre guide dans la France de Giscard et ses scandales: politiciens véreux, cadavres et finances occultes, hommes de l'ombre aux mains sales, la liste n'est malheureusement pas exhaustive. Dans ce polar politique de très bonne tenue, Éric Decouty ressort les dossiers de Broglie, Poniatowski, Robert Pandraud, Zeneto Anaya et remue énergiquement le marigot géopolitique des années Giscard, faussement proprettes.
Un excellent moyen de se rafraîchir la mémoire et pour les plus jeunes de constater que non, vraiment , ce n'était pas mieux avant.
"L'affaire Martin Kowal" plus qu'un polar, un travail de recherche efficace et indispensable par ces temps troublés.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Back du 70s.
« L'affaire Martin Kowal » nous transporte en 1976 dans les coulisses du pouvoir Giscardien. Et le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas propre….

Un jeune inspecteur des RG est chargé d'enquêter sur le meurtre de l'ambassadeur de Bolivie. Très vite un mouvement d'extrême gauche revendique l'assassinat et les coupables vont rapidement être trouvés. Trop simple.

La fiction d'Eric Decouty prend racine dans les vraies poubelles des années Giscard et c'est effarant.
Barbouzes, réseaux d'extrême droite, anciens de l'OAS, argent sale, manipulations, compromissions policières, corruption politique.
Le coeur de l'intrigue repose sur les liens occultes que la France entretenait avec les dictatures sud-américaines de l'époque (Pinochet, Videla…).

C'est un polar hyper documenté, très précis et l'on pourrait facilement se perdre dans les protagonistes si l'auteur n'était pas aussi malin pour vulgariser l'ensemble. On sent le journaliste d'investigation derrière l'écrivain.

Un très bon moment qui sous couvert de roman nous replonge dans un contexte historique passionnant avec la montée du terrorisme d'extrême gauche qui affole toute l'Europe, la fin de l'Algérie française encore assez récente et un président jeune, soit disant moderne, mais entouré d'hommes au passé inavouable.

Le problème, c'est que l'on ressort de là encore plus dépité par la politique et avec la quasi certitude que ça ne doit pas être beaucoup plus clean actuellement.
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En 1976, l'ambassadeur de Bolivie à Paris – par ailleurs assassin du Che en 1967 - est assassiné. Martin Kowal, jeune inspecteur des RG, se voit chargé de l'enquête. Celle-ci s'oriente logiquement vers les milieux d'exilés sud-américains en France. Rapidement une bande de ceux-ci est mise en cause.
Un peu trop facile...
C'est ce que nous révèle la suite du livre : une nouvelle enquête cible d'anciens membres de l'OAS. Et cela devient intéressant quand les accointances de ceux-ci avec le pouvoir de l'époque, les proches de Giscard d'Estaing, sont pointées du doigt, sachant par ailleurs, que les forces répressives des dictatures sud-américaines ont été entraînées et conseillées par des militaires français ayant participé à la guerre d'Algérie, ce qui est un fait avéré.
Tout cela pourrait être la trame d'un excellent polar, si la plume était tenue par un vrai romancier. (On peut penser à Manchette, à Caryl Férey ou aux derniers livres de Javier Cercas par ex.). Ce qui n'est pas le cas.
D'autant plus, qu'il n'y a là pas de style. Et pour le lecteur, c'est un peu comme boire de l'eau quand on est amateur de vin.
Bref, sur un sujet qui me passionne, je me suis presque ennuyé.
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critiques presse (1)
Telerama
06 novembre 2023
Documentée, l’approche par Éric Decouty de ces sujets encore troubles arrive à garder la distance romanesque nécessaire.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
- Depuis plus de huit ans, à la préfecture de police, puis ici, à la direction centrale, j'ai exercé mon métier avec une totale détermination, sans qu'il me soit fait le moindre grief. Mais si vous sous-entendez, monsieur le directeur, que le passé de mon père constitue une tâche indélébile, il vaut mieux me le dire clairement en m'invitant à démissionner des Renseignements Généraux, et même de la police.
Il laisse filer un silence que Maisonneuve interrompit pas.
- Il y a quatre ans, votre prédécesseur était favorable à ce que j'intègre la BOC. Le commissaire Hastricht s'y est opposé pour la seule raison que je suis le fils de Joseph Kowal, et personne à l'époque ne l'a contredit. Si aujourd'hui encore le nom de Kowal demeure un problème, il est préférable que je quitte la Maison sans attendre. P39
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Dites moi Kowal, la trahison est-elle héréditaire? P38
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Il allume une cigarette, parcourt Le Figaro Il est question de l'évasion et de la fuite en Espagne d'Albert Spaggiari, le cerveau du casse du siècle, l'affaire des deux cents coffres de la Société Générale vidés par les égouts en juillet dernier. Il repose le quotidien. Son regard s'arrête sur un entrefilet en dernière page. Quelques lignes titrées : Confidentiel : Michel Poniatowski, ancien ministre de l'Intérieur désormais conseiller personnel du président Valéry Giscard d'Estaing, se rendra à Buenos Aires pour y rencontrer le général Albano Harguindeguy, ministre de l'Intérieur du général Jorge Rafael Videla, au pouvoir en Argentine depuis mars 1976. Cette visite, confirmée par L'Elysée, aura essentiellement pour objet " d'envisager l'avenir des relations commerciales entre les deux pays". Pour autant, ce déplacement de l'ancien ministre, représentant du président de la République, risque de susciter une polémique, des voix de plus en plus fortes se faisant entendre pour dénoncer des atteintes aux droits de l'homme en Argentine
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À l'entendre, Giscard était un soutien de l'OAS, notamment lorsqu'il était Secrétaire d’État aux finances, de 1959 à 1962. Il avait même été un membre actif de l'organisation, enregistré sous le nom de code « 12B ». Bastien Thiry, le chef du commando qui avait voulu assassiner de Gaulle au Petit-Clamart, en avait fait publiquement état lors de son procès, mais personne n'avait jugé utile de le relever. Quant à Poniatowski, un des principaux chefs de l'OAS avait déclaré qu'il s'agissait d'un de leurs plus précieux informateurs sur les « projets gouvernementaux ». Ponia était alors directeur de cabinet de Giscard.
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- Mais savez-vous ce que nous fuyons, monsieur l'inspecteur ? Demande Jorge.
- Je crois, oui.
- C'est loin de vous, très loin, le Chili, l'Argentine, l'Uruguay, la Bolivie, le Paraguay, le Brésil. Nous fuyons des pays que nous aimons plus que tout. Des pays où des hommes, des femmes, des milliers d'entre nous sont arrêtés, parqués dans des stades ou des camps, torturés, exécutés. Savez-vous que la plupart des victimes sont tout bonnement portées disparues, que leurs corps ne seront jamais rendus aux familles ? Et pourquoi ? Parce qu'ils sont communistes, comme moi, ou syndicalistes, ou simples sympathisants de gauche.
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Video de Éric Decouty (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Éric Decouty
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