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EAN : 9782492596933
306 pages
DALVA (05/01/2023)
4.01/5   142 notes
Résumé :
Il y a six ans, l’enfant a disparu. Zoé ne l’a quitté des yeux que quelques minutes, occupée à peindre la coque du bateau, mais voici son fils envolé. On a dragué le cours d’eau, étudié les courants, cherché en aval, la rivière n’a pas rendu le corps de l’enfant.
C’est peut-être ce savoir amérindien ancestral qu’elle porte en héritage ou un instinct maternel féroce mais Zoé le sait, Nathan ne s’est pas noyé. Il vit, quelque part. Elle est persuadée que son f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (45) Voir plus Ajouter une critique
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Nathan, trois ans et demi, a disparu aux abords de la rivière des Outaouais, près de Gatineau au Québec, alors qu'il était sous la surveillance de sa mère. Enlèvement ? Noyade ? Son corps n'a jamais été retrouvé. le couple de ses parents a aussitôt violemment explosé en vol. Zoé et Thomas ont la même histoire à digérer, la même souffrance à encaisser mais deux façons très différentes d'appréhender le traumatisme.

Isabelle Amonou trouve le ton juste pour caractériser ses personnages. Zoé, impulsive à fleur de peau, tout le temps dans l'action et la révolte, refuse de croire à la mort de son fils et le recherche avec un acharnement qui paraît insensé. Thomas, plus cérébral et calme, a fini par accepter le deuil même si cela le détruit. Six ans après la disparition de Nathan, lorsqu'il revient à Gatineau pour enterrer son père, la confrontation avec Zoé est inéluctable.
Mais L'Enfant rivière est bien plus qu'un drame intimiste. C'est un livre incroyablement romanesque, rempli d'actions, d'événements qui surprennent, l'intrigue rebondissant dans des directions difficilement prévisibles. le scénario est vraiment excellent.

Nous sommes en 2030. le monde fait face à des catastrophes naturelles comme des tornades à répétition, inondations. Les Etats-Unis ont ainsi chuté, forçant sa population à fuir vers le Canada qui ne veut plus supporter le poids de ces réfugiés climatiques. Zoé vit entre la rivière Outaouais, un de ces camps de migrants états-uniens qui craignent la déportation en Alaska, et une forêt peuplé de hardes d'enfants revenus à l'état sauvage.

Si la description et la présentation de ce contexte terrible sont trop « collés » à l'histoire de Zoé et Thomas, sans doute trop scolairement expliqués, le choix de la dystopie légère sans hiatus technologique est excellent, comme une prolongation possible de notre présent proposant une projection douloureusement réaliste. Cela crée une ambiance de menace permanente qui accentue la tension liée à la quête identitaire de Zoé, toujours proche du point de rupture, toujours au bord de la folie.

En plus du dérèglement climatique et de la réponse de nos sociétés à cette crise, la quête de Zoé est accompagnée des thématiques fortes : la transmission à travers le sort réservé aux populations autochtones au Canada, plus particulièrement au Québec. Sa mère, algonqine, a été traumatisée par l'assimilation forcée dans les pensionnats catholiques, au point qu'elle en est venue à renier sa culture amérindienne, au point qu'elle a sombré dans la dépression et l'alcoolisme. Comment Zoé aurait-elle pu protéger son enfant alors que sa propre mère, rongée par ses démons, ne l'a pas protégé d'un père dangereux et l'a coupée de ses racines profondes ?

Durant ma lecture, je me suis souvent dit que le roman était trop chargé, trop de thèmes - tous passionnant au demeurant - abordés. Mais finalement, ça marche. On est emporté par l'intensité des scènes et des enjeux balançant sur deux plateaux qui alternent espoir et désespoir, amour et désamour, désastre écologique et nature magnifique, ténèbres et pardon. J'ai plusieurs fois pensé à une autrice que j'adore, Sandrine Collette, pour cette capacité à faire vibrer le texte d'émotions contrastées et nous faire réfléchir des mille scissions de notre monde contemporain.

PS : l'illustration de la couverture est absolument sublime, comme souvent chez Dalva !
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Un prologue énigmatique. C'est en effet avec un prologue assez mystérieux que j'ai débuté la lecture de L'enfant rivière de Isabelle Amonou. Je pensais assister à une scène de chasse traditionnelle, mais stupeur, il s'agit de capture de jeunes enfants ! Ma curiosité ainsi aiguisée, je n'ai eu qu'un désir, continuer et tourner les pages de plus en plus rapidement pour découvrir le fin mot de l'histoire.
En mai 2024, au moment de sa disparition sur les bords de la rivière des Outaouais, Nathan avait un peu moins de quatre ans. Son corps n'a jamais été retrouvé.
Suite à ce drame, le couple a éclaté. Cela fait six ans que Thomas et Zoé, les parents, se sont séparés. Thomas convaincu de la mort de son fils a fui vers la France pour tenter d'oublier son chagrin et repartir à zéro. S'il est de retour à Ottawa c'est pour l'enterrement de son père.
La mère, Zoé, persuadée qu'il est toujours vivant, qu'il ne s'est pas noyé et qu'il se cache parmi les migrants, ces migrants qui ont gagné le Canada, poussés par le réchauffement climatique et la chute des États-Unis, est restée sur place. À sa recherche, elle arpente les paysages sauvages et traque les invisibles de la forêt.
La confrontation entre les deux parents va permettre au lecteur d'appréhender cet amour puissant qui unissait ces deux êtres jusqu'à la perte de leur enfant et faire remonter des souvenirs douloureux.
C'est avant tout le personnage de Zoé née d'une mère autochtone et d'un père descendant des Français qui, au fil du roman, va révéler toute sa complexité. Une véritable quête d'identité.
En situant son roman dans un futur très proche, Isabelle Amonou nous offre une vision du monde qui nous attend assez réaliste, si des efforts internationaux ne sont pas faits très rapidement. Un monde où la nature a repris peu à peu ses droits et ne cesse de clamer sa puissance, tornades et crues se succèdent…
Inhérent au réchauffement climatique, le déplacement massif de migrants avec bien évidemment les problèmes de frontières...
Dans son récit, avec le personnage de Camille, mère de Zoé, l'auteure accorde également une large part à la manière dont ont été traités les autochtones au Canada, comment les enfants étaient arrachés à leurs parents, placés dans des pensionnats, où ils devaient renier leur langue, leur culture… « C'était pour leur bien. Il fallait tuer l'Indien ».
La maltraitance familiale et le viol sont aussi évoqués au cours de l'histoire.
L'enfant rivière est un roman fabuleux et richissime par les thèmes abordés, un roman envoûtant et palpitant dans lequel la tension monte inexorablement. Roman noir, roman d'anticipation, c'est aussi un roman psychologique plein de sensibilité et particulièrement maîtrisé, rehaussé par le cadre majestueux dans lequel il se déroule, à Gatineau, à la frontière entre le Québec et l'Ontario.
L'enfant rivière de Isabelle Amonou méritait amplement sa sélection pour le Prix orange Du Livre 2023, un gage de valeur !
Je remercie sincèrement Joëlle, Lecteurs.com et les éditions Dalva qui m'ont permis de faire connaissance avec cette brillante auteure qu'est Isabelle Amonou et ce roman inoubliable : L'enfant rivière.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Les rentrées littéraires se suivent… et ne se ressemblent pas ! Tant mieux. Car autant celle de l'automne dernier fut globalement décevante, autant mes premières lectures de cette rentrée dite « d'hiver » sont assez enthousiasmantes.

Et dans le lot, L'Enfant rivière d'Isabelle Amonou fait figure de jolie découverte. D'abord parce qu'il nous emmène dans la banlieue d'Ottawa, sur les rives de la rivière des Outaouais qui sépare le Québec de l'Ontario, et bien plus : deux histoires, deux cultures, deux religions, et beaucoup de blessures.

Des blessures, Zoé n'en manque pas, d'aucuns diraient même qu'elle les collectionne : abusée petite par son père, mère dépressive, soeur alcoolique, mariage brisé avec Tom après que leur enfant, Nathan, ait échappé un instant à leur surveillance et se soit noyé.

« Zoé et lui n'avaient pas partagé la souffrance, ils se l'étaient renvoyée ».

Zoé aurait pu sombrer, Zoé aurait dû sombrer. Sauf que Zoé est persuadée que Nathan est toujours vivant, et elle le cherche inlassablement depuis six ans, dans les marécages et bois de la marina de Gatineau, où comme ailleurs le chaos s'est installé.

Car Isabelle Amonou place son intrigue autour de 2030, alors que le changement climatique longtemps annoncé fait désormais des ravages. Il pousse la population des États-Unis à fuir le pays pour se réfugier au Canada, tandis que les Canadiens cherchent à se protéger de ces néo-migrants en les parquant et en érigeant un mur. En Alaska…

« On a fait partie de l'État le plus puissant du monde, America First et toutes ces conneries, et voilà comment on va finir, dans des bidonvilles ».

Dans ce récit choral des retrouvailles entre Tom, de retour au pays et Zoé, devenue chasseresse, Isabelle Amonou réussit à déployer sa trame noire sans faiblir, dans une ambiance d'anticipation d'un chaos annoncé qui – heureusement – ne sombre jamais dans la dystopie.

Si j'ai parfois regretté un accompagnement trop important du lecteur dans sa compréhension du livre, c'est un bien faible regret comparé à l'habileté de l'auteure à insérer une réflexion profonde sur l'identité autochtone - ses travers passés comme sa réalité d'aujourd'hui –, sur la responsabilité et sur la résilience.

Reste au final un livre prenant, doublé d'un joli portrait de femme en constante interrogation, saisie à un point de bascule de son existence. Et une auteure qui, s'évadant du polar le temps d'une résidence révélatrice, promet beaucoup dans le noir…
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Quand de telles rencontres se produisent, cela tient presque de la magie. Une autrice que je ne connaissais absolument pas, pour une lecture qui m'a chamboulé autant qu'elle m'a enthousiasmé. Un moment rare, pour une histoire et des personnages qui resteront gravés en mémoire pour longtemps.

Oui, magie des rencontres, comme celle qui a permis à l'écrivaine bretonne de s'aventurer en terres québécoises. Une invitation à une résidence d'écriture à la frontière entre le Québec et l'Ontario a été l'étincelle qui a déclenché la flamme d'un récit sombre et magnifique.

Même publié dans une collection « blanche », c'est bien d'un roman noir dont il s'agit. Mais qu'importe l'étiquette, tant ce roman sublime est à conseiller au plus grand nombre.

Cette histoire, son environnement, sa manière de la conter, m'ont parfois fait penser à du Sandrine Collette. Croyez-moi, c'est sans doute l'un des plus beaux compliments que je puisse offrir.

Mais Isabelle Amonou a sa propre voix, magnifique de sensibilité et de justesse, formidable d'inventivité et d'émotions.

Avant les personnages, c'est l'environnement qui frappe. Fort. Dur. Vrai. Une région, une époque.

Les bords de la rivière des Outaouais, sauvage, encore davantage dans ce futur très proche. Car, oui, c'est aussi un roman d'anticipation, qui nous dépeint le monde en 2030, à peine quelques années en avant. Mais où le point de bascule a déjà fait glisser le monde sur une pente sans retour.

Cette idée, aussi géniale que traitée avec sagacité, rend l'histoire singulière, atypique, pour en renforcer encore son propos. L'autrice se sert de ce concept avec subtilité, pour décrire un monde qui peu à peu dérive.

Le Canada, touché par des tornades et tempêtes ravageuses, n'est pourtant pas le plus à plaindre. Son voisin, les États-Unis se sont littéralement effondrés sur eux-mêmes en quelques années, du fait du climat social autant que naturel. Sacré retournement de situation pour ces états-uniens qui se retrouvent dans la peau de réfugiés, à devoir passer la frontière en cachette, avec le risque d'être déportés dans des camps.

Isabelle Amonou brosse le portrait d'une société à la dérive, mais sans jamais en faire trop, juste par petites touches qui soulignent particulièrement bien le climat de l'histoire.

Tendu. Pesant. Troublant.

Dans ce contexte, un couple s'est déchiré six ans en arrière, suite à la disparition de leur enfant de 4 ans. le récit d'une quête. A la différence de son mari, Zoé n'a jamais perdu espoir. Pas de corps, pas de mort. Elle en est donc venue à « chasser » les jeunes cachés, réfugiés dans la forêt. Un nouveau métier, chasseuse de prime pour le compte du gouvernement, comme une excuse pour arpenter ces bois immenses.

Son conjoint Thomas, alors parti loin en France, revient sur les terres canadiennes, toutes ces années après. Tout un monde après.

Deux êtres déchirés, un couple que leurs différences ont brisé. C'est leur histoire contée ici, comme celle de l'enfant rivière, disparu à ses bords.

L'écrivaine fait preuve d'une sensibilité touchante au possible dans sa manière de nous plonger en alternance dans les esprits des deux personnages (et parfois dans ceux d'autres aussi).

Différents points de vue, ressentis, sensations, à en donner la chair de poule. Car Zoé n'est pas une femme comme les autres ; caractère particulier, fort. Mais aussi un passé, des racines indiennes qui lui font ressentir autrement, à son corps défendant.

L'occasion pour l'écrivaine de traiter de sujets puissants et émotionnellement chargés. On ne fuit pas si facilement ses origines, et la manière dont ses ancêtres ont été traités. Ce présent ressemble au passé ; éternel recommencement. Sauf à se battre pour en changer.

L'enfant rivière est un livre sublime autant que déchirant. Admirablement bien pensé, inventif, surprenant tout du long, émouvant au possible. Isabelle Amonou a un talent fou, cette histoire le révèle, la révèle. Avec un roman qui mérite de se retrouver entre toutes les mains, à récolter tous les éloges.
Lien : https://gruznamur.com/2023/0..
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Dans un monde que les bouleversements climatiques ont mis à mal, quelque part au Canada, la population cherche à se protéger des hordes d'enfants étatsuniens qui ont franchi la frontière et sont prêts à tout, y compris à tuer pour survivre.

Zoé s'est organisée, à l'orée de la forêt, pour se mettre à l'abri des migrants et s'accommode même de leur présence pour arrondir ses fins de mois. Elle est solitaire, on apprend le drame qu'elle a vécu six ans plus tôt : la disparition de son enfant et l'explosion de son couple qui a suivi.
Elle reste cependant persuadée que le petit Nathan est encore en vie, malgré les dénégations de son ex, venu enterrer son père.

Peu à peu l'histoire nous est livrée, pour permettre de comprendre l'état d'esprit des différents personnages : avec la maltraitance familiale mais aussi sociale, le roman est l ‘occasion d'aborder le drame des enfants autochtones, que l'on a voulu acculturer dans la violence et le déni de leurs droits les plus fondamentaux.

Magnifique hommage aux peuples opprimés, dont le cadre dystopique souligne superbement la narration pour mettre l'accent sur l'essentiel.


Un premier roman fort bien construit et écrit.

304 pages Dalva 5 janvier 2023
Sélection prix Orange 2023

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Sa mère avait été arrachée à ses propres parents et à sa réserve alors qu’elle avait à peine six ans. Elle avait grandi au pensionnat d’Amos. Assimilation oblige. Il fallait bien convertir les enfants dotés d’une culture primitive au catholicisme et les intégrer à la bonne société canadienne. De force, puisqu’ils résistaient. C’était pour leur bien. Il fallait tuer l’Indien. Camille avait fait partie des 150 000 jeunes autochtones ainsi offerts à la violence culturelle, sans parler des agressions physiques, psychiques et sexuelles qu’ils avaient subies. Pour la plupart, bousillés à vie.
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Il y avait une dizaine de jours, elle avait trouvé un campement, près du lac Grand, à Val-des-Monts. Une vingtaine de jeunes étaient réunis là. Enfants, ados. Ceux-là étaient très différents des réfugiés qui vivaient près de chez elle. Ceux-là s’étaient enfoncés dans la forêt, se cachaient des autorités, ne demandaient pas de régularisation, ne comptaient que sur eux-mêmes. Ceux-là étaient les vrais sauvages. Les insoumis. Les enfants perdus.
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C’est plus un monde pour avoir des enfants. Je sais pas quoi lui dire à ma fille. La température va encore augmenter de trois degrés dans les vingt ans qui viennent, les océans vont monter, la rivière va déborder tous les ans, on se tapera d’autres tornades, on sait plus quoi faire des réfugiés. Qu’est-ce que je vais leur laisser ?
- L’optimisme. Il faut leur laisser l’optimisme. Et l’amour.
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Alors qu’il entrait à l’université, il avait manifesté contre le mur qui se montait entre les États-Unis et le Mexique. Sans imaginer que, quinze ans plus tard, ce serait entre le Canada et les mêmes États-Unis que pousseraient les barbelés. Le Vermont, le Maine, puis le Montana… mais ils avaient beau faire, la frontière entre les deux pays restait un gruyère, les migrants continuaient à la franchir en masse.
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Une colonne de fourmis avait commencé à grimper le long de sa jambe. Elle jura tout bas, dut se déplacer légèrement, elle ne gagnerait pas contre une armée de mandibules, quand ces satanées bestioles avaient choisi une route, rien ne pouvait les en détourner, et peu importait que vous soyez au beau milieu du chemin.
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Vidéo de Isabelle Amonou
VLEEL 223 Rencontre littéraire avec Isabelle Amonou, L'enfant rivière, Éditions Dalva
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