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EAN : 9782809703528
410 pages
Editions Picquier (17/08/2012)
4.09/5   33 notes
Résumé :
"L'enfant du ciel", premier des quatre livres composant ce magnifique roman, commence comme une réécriture de la Genèse. C'est l'histoire d'un adolescent, un ingénu qui, chargé de garder un camp de "novéducation" pour intellectuels, finira par se crucifier au-dessus d'un tapis de fleurs rouges pour leur rendre la liberté et sceller leur rédemption.
Il y a aussi "Le Vieux Lit", récit de l’Écrivain, et le mémoire "Des criminels", qu'il doit rédiger pour les aut... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Les quatre livres », c'est un témoignage romancé, distancié, froid et méthodique que nous livre YAN Lianke sur les ravages produits en Chine dans les années 1959 à 1961 par « Le Grand Bond en Avant ». Remontant le cours de l'histoire contemporaine, le lecteur est ainsi plongé dans ce qui sera successivement « une utopie socialiste, un rêve insensé puis un vrai cauchemar » (YAN Lianke, documentaire sur la Chine, ARTE, 30 avril 2013). Effrayant !

Petit retour en arrière. Obsédé par l'objectif de hisser son pays à la première place des producteurs d'acier dans le monde, obnubilé par une volonté de puissance et de démonstration, scotché par son idée d'avoir à dépasser l'Angleterre et de rattraper les États-Unis, hypnotisé par la nécessité de démontrer à tous – et plus particulièrement à l'URSS - la suprématie éternelle de l'Empire du Milieu, Mao Dze Dong fait, pour cette cause, déplacer et interner en camps de travail (YAN Lianke parle de camps de « novéducation ») des dizaines de milliers d'hommes et de femmes, pour la plupart des intellectuels. Pour ces hommes et femmes, forcément plus intelligents que la paysannerie locale, le Pouvoir central n'a qu'un seul mot d'ordre : produire de l'acier en quantité inimaginable, en pulvérisant les rendements habituellement obtenus. Alors ces hommes et femmes se mettent à couper puis à bruler progressivement toutes les forêts afin d'entretenir des « gueulards » en pierre dans lesquels ils fabriquent l'acier tant désiré. Au début, le procédé fonctionne parfaitement, mais, mois après mois, en proie à un appétit insatiable, le Pouvoir central exige d'eux qu'ils battent encore et encore les records de production d'acier, pourtant péniblement décrochés. Alors les « gueulards » ronflent, jours et nuits, et les galettes d'acier s'entassent, obtenues par la fusion de tout le métal disponible, morceaux de rails de chemin de fer, pelles, pioches, fourchettes, bols, casseroles, etc. Résultat ? Il n'y a bientôt plus de métal disponible et plus de bois à couper : la production d'acier dégringole et les sols - mélange de terre peu enrichie en engrais et de sable - se montrent nus, exposés aux vents et aux intempéries. Pour nourrir tous ces travailleurs, le Pouvoir central puise dans les stocks régionaux (essentiellement des céréales), organise des distributions et rationne ces esclaves des temps modernes, mais les stocks ne sont pas illimités. Qu'à cela ne tienne : le Pouvoir central donne l'ordre aux travailleurs de tous les camps de « novéducation » de produire du blé en quantité inimaginable, en pulvérisant les rendements habituellement obtenus (air connu). Mais les sols des campagnes ont été lessivés par les pluies et sont devenus alcalins, puis il y a eu des inondations qui ont fait pourrir les semences comme les premières récoltes, et la météo estivale a été défavorable (alternance de fortes pluies et de sècheresse) : au final, les rendements sont médiocres. le Pouvoir central donne alors l'ordre à tous de faire des efforts, demande qu'on punisse celles et ceux qui trichent ou ne s'impliquent pas suffisamment, exige que soient dénoncés les ennemis du Peuple, les contre-révolutionnaires. Rien n'y fait : la nourriture vient à manquer, c'est la disette puis la famine. Durant l'hiver 1960 - 1961, hiver particulièrement froid puisque la température va descendre jusqu'à – 30°C, les « novéduqués » brulent tous les livres qu'ils avaient cachés sous leurs paillasses afin de produire un peu de chaleur, puis ils mangent leurs chaussures et leurs ceintures de cuir et ils finissent par tomber comme des mouches : ceux qui ne meurent pas de faim se sont pour la plupart livrés à des actes de cannibalisme. Par sa bêtise et son entêtement, Mao Dze Dong aura ainsi sacrifié 36 millions de ses compatriotes. C'est à ces millions de sacrifiés que YAN Lianke dédie son roman : «  A ce pan d'histoire oublié et à ces dizaines de milliers d'intellectuels, les morts et les survivants ».

Le roman de YAN Lianke se passe dans la zone 99, un camp de « novéducation », près du fleuve Jaune. C'est un Enfant qui dirige ce camp : il applique à la lettre, en toute naïveté, les consignes révolutionnaires. L'Enfant donne la permission à l'Écrivain de coucher par écrit les faits et gestes des « novéduqués », celles et ceux que le Pouvoir central appelle « Les Criminels » car ils se sont rendus coupables d'un crime abject, celui d'être contre-révolutionnaire. L'Érudit observe la vie du camp et la bêtise humaine ; il se lie d'amitié avec une femme, La Musicienne, femme qui aura recours à divers artifices pour assurer sa survie. le Religieux essaye jusqu'au bout de cacher son penchant pour des lectures interdites (en fait, la Bible), lectures qu'il lui faudra renier devant tous ses codétenus. D'autres personnages particulièrement bien campés apparaissent au fil des pages, comme le patron de la zone 98 ou quelques hauts dignitaires provinciaux qui font des promesses stupéfiantes, promesses qui ne seront hélas jamais tenues (comme on sait, elles n'engagent que ceux qui les écoutent). Tous ces personnages jouent une pièce de théâtre très particulière : ils en sont à la fois les acteurs et les spectateurs. Sans ménager leur peine, tels Sisyphe, obéissant aveuglément aux ordres imbéciles de cette Bête immonde qui les tient pour quantité négligeable, les sacrifiés avancent et tentent de tout mettre en oeuvre pour exécuter servilement les consignes reçues tout en préservant au maximum leur existence. le récit (400 pages) avance lentement jusqu'à son final, surprenant. Quelques images poétiques, toutes en illusion, s'imposent, ici et là. le lecteur aura peut-être l'impression de visionner un documentaire d'époque, en noir et blanc. Dans « Les quatre livres », YAN Lianke ne dénonce pas ouvertement Mao Dze Dong : mettant en cause l'entreprise totalitaire et ses impacts nuisibles sur le peuple Chinois, YAN Lianke tente de rétablir la vérité historique. Il sait de quoi il parle: il est né en 1958 d'une famille de paysans illettrés, touchée de plein fouet par « le Grand Bond en Avant ». le rendu est précis, puissant mais glacial : l'auteur nous montre l'absurdité, la brutalité et l'inhumanité de l'entreprise.

Vous pourrez profiter de votre lecture pour vous interroger sur les vertus éducatives du travail, sur les efforts à accomplir (on parle aujourd'hui de « challenge ») au nom de la l'efficacité économique, sur le maintien au pouvoir d'idéologies peu respectueuses des droits de l'homme, sur les dégâts collatéraux provoqués par l'irrésistible ascension économique de certains pays ...

Un très bon livre.
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Tant de Bêtise prêterait à rire si elle n'avait pas fait 36 millions de morts!
L'auteur nous raconte "le Grand Bond en avant" de l'intérieur et c'est effrayant!

Nous sommes dans la zone 99, un camp de "novéducation" pour intellectuels, près du fleuve jaune. Ce camp est dirigé par un Enfant qui encourage la délation et les bassesses en tout genre. Ces érudits sont incités par le travail forcé à devenir des agriculteurs et à cultiver du blé. Mais comme ils sont plus intelligents que les autres, l'État leur demande des rendements impossibles à atteindre.

Puis l'État décide qu'il faut produire de l'acier pour rattraper les États-Unis. Nos "agriculteurs" font alors fondre tout leur métal (pioches, pelles, fourchettes) pour contenter le parti. Comment atteindre les quotas quand on a plus d'outils et que la terre sableuse n'est pas adaptée à la culture? Et bien il suffit d'irriguer avec son sang!

"Oui, fabriquer de l'acier à grande échelle pour abasourdir l'univers, cela s'est fait dans tout le pays. Toutes les forces de la nation y ont participé. Et partout où cela s'est fait, dans la montagne, sur les rives des fleuves, à l'entrée des villages, les hommes ont coupé les arbres. Or là où ils les ont coupés, il y a eu des inondations puis la sécheresse. Partout les cataclysmes se sont produits, et personne n'a pu éviter la disette."

La famine et le cannibalisme poussent les prisonniers à s'échapper seulement pour constater que le même drame sévit dans toute la chine et que leur zone 99 n'était peut-être pas la pire.

Le style de l'auteur est très neutre et distancié, presque froid. Cela contribue à augmenter l'horreur de la situation. Les personnages n'ont pas de nom. L'auteur évoque une musicienne, un écrivain, un religieux et un érudit. En s'en tenant à des personnages archétypaux on sent que l'auteur n'a pas voulu stigmatiser son pays mais plutôt le phénomène totalitaire en général. Yan Lianke signe en tout cas un grand livre.
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Mon Dieu que ce roman est alambiqué ! D'une part, plagier la Genèse pour décrire les commencements d'un camp de réeducation communiste (sous Mao, c'est dire si c'est tordu) était un pari risqué mais je dois dire assez réussi, faisant ressortir la volonté dogmatique du principe de rééducation par le travail avec tout ce qu'elle a d'absurde, d'incohérent, d'illogique et d'inhumain ; d'autre part y mêler brutalement (sans transitions aucune) les récits de l'écrivain interné sur ce même camp et, dans la foulée, ses rapports adressés au parti ne contribue pas à ménager le lecteur pris au dépourvu par tant de bizarreries. D'autres écrivains ont réussi ce type de mélanges, mais là, carrément, c'est un peu loupé. "Forte, violente bouleversante" me paraissent des adjectifs un tantinet exagérés pour décrire cette oeuvre certes puissante, mais qui perd de sa force tant on a l'impression que l'auteur tourne en rond dans son récit comme ses personnages dans leur camp sans plus pouvoir en sortir. Reste l'efficacité de sa démonstration sur le plan relationnel où le rôle de la flagornerie et de la délation remplacent tout rapport humain digne de ce nom. Reste aussi la possibilité de transposer ce récit à l'époque actuelle, en se demandant, si, au nom de la rentabilité et de l'efficacité économique, les choses ont vraiment changé sur le plan humain... : " Sur l'aire vide de la cour, ils défrichèrent un terrain, y semèrent le maïs et eurent un champ expérimental. Puis, tandis que les pousses étaient hautes comme des baguettes, voici que devant chacune ils plantèrent une pancarte en bois et que sur cette pancarte un nom était écrit. Chaque criminel était responsable d'un plant, il était exigé que tous les trois ou quatre jours il se pique le doigt et le poignet pour faire couler le sang sur la racine."
D'abord enthousiaste au cours des premiers chapitres, j'ai vu ma flamme se refroidir peu à peu jusqu'à me demander si j'allais finir ou non ce livre. Je l'ai fini, et me suis dit qu'une civilisation qui transformait ses intellectuels en cannibales (à cause de famines, certes mais aussi à cause d'une idéologie qui cherche à détruire son élite et qui brûle les livres pour parer au froid) n'était effectivement pas une civilisation digne de ce nom. Ahurissante, délirante, ubuesque, absurde tel le Sysiphe qui se résigne à sa condition et y trouve même sa joie (cf dernier chapitre) , cette fable est un cauchemar éveillé, un peu tout de même à la limite du grand guignol.
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Toute la folie des hommes et les conséquences absurdes et meurtrières d'un pouvoir mégalomaniaque, irraisonné, dominateur, démesuré sont condensées dans ce roman cauchemardesque qui se joue dans un camp de rééducation pour intellectuels obligés de se soumettre à une production démente d'acier, de cultures sous la direction et l'arbitraire d'un enfant manipulé par les autorités qui, entre autoritarisme et chantage, entre punitions et rétributions, les incite à la délation et la concurrence, avec, au bout du chemin, la famine et l'horreur. Quatre livres écrits comme une nouvelle Genèse sous Mao.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
page 144
[...] Les gueulards des quelque vingt fourneaux étaient déjà ouverts, les hommes apportaient avec leurs palanches l'eau de la rivière et la déversaient seau après seau par cette ouverture et celles des poitrines pour qu'elle se répande à l'intérieur. Tandis que, glacée, elle arrosait le four bouillant, le froid et le chaud entraient en collision avec un bruit assourdissant de gigantesque explosion. Des fumées noires et blanches jaillissaient, sautaient en grondant hors de la bouche et s'échappaient en fonçant vers le ciel. A l'intérieur les loupes se formaient. La vingtaine de colonnes de fumée s'enroulaient comme des nuages. L'Enfant s'avança à l'intérieur de cette vapeur, et il fut comme l'oiseau quand il s'envole au plus profond du firmament. Premier fourneau, deuxième fourneau, lorsqu'il fut au treizième, le plus grand, voici qu'il vit l'Erudit agenouillé au sommet, à deux pieds à peine du gueulard, d'où montait un panache d'un bon mètre de diamètre qui lui frôlait le visage et s'y accrochait. Et comme il s'approchait, à la clarté de la neige, dans sa lumière immaculée, il vit aussi que sur son haut chapeau conique, en plus du "fornicateur" originel en caractères noirs gros comme le poing, il avait ajouté "traitre à la patrie, anti-Parti, renégat, insulte à la nation, ne respecte pas les dirigeants, méprise le petit peuple, rejette la civilisation humaine, s'oppose au bien-être du peuple, pelote les femmes, met l'amour au-dessus de tout, martyrise les vieillards et les enfants, prend des chemins erronés", toutes sortes de crimes, enfin, répartis autour du "fornicateur", à droite, à gauche, au-dessus et au-dessous, ainsi qu'à l'arrière de la coiffe. La fumée et la vapeur bouillonnantes s'élevaient devant lui, l'encre noire lui dégoulinait sur le visage. [...]
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14. Le sage règle sa conduite d’après la condition dans laquelle il se trouve ; il ne désire rien en dehors de sa condition. Dans les richesses et les honneurs, il agit comme il convient à un homme riche et honoré. Dans la pauvreté et l’abjection, il agit comme il convient à un homme pauvre et méprisé. Au milieu des barbares de l’occident ou du septentrion, il agit comme il convient au milieu de ces barbares. Dans le malheur et la souffrance, il agit comme il convient dans le malheur et la souffrance. Partout et toujours le sage a ce qui lui suffit (à savoir, la vertu).

Dans un rang élevé, il ne vexe pas ses inférieurs ; dans un rang inférieur, il ne recherche pas la faveur des grands. Il se rend lui-même parfait, et ne demande rien à personne ; aussi ne se plaint il jamais. Il ne se plaint pas du Ciel, il n’accuse pas les hommes. Le sage ne quitte pas le chemin uni ; il attend tranquillement les dispositions de la Providence. Celui qui n’est pas vertueux court chercher fortune à travers les précipices. Confucius dit : « L’archer a un point de ressemblance avec le sage. Quand sa flèche n’atteint pas le milieu de la cible, il en cherche la cause en lui-même, (et n’accuse personne).

15. Le sage est comme le voyageur qui, pour aller loin, part du lieu le plus rapproché de lui ; comme un homme qui, voulant gravir une haute montagne, commence par le bas. Il est dit dans le Cheu king : « Votre femme et vos enfants s’accordent comme le luth et la lyre. Vos frères de tout âge vivent en bonne harmonie, et se réjouissent ensemble ; ils font régner le bon ordre dans votre famille, et comblent de joie votre femme et vos enfants. »

Confucius ajoute : « Que le père et la mère en éprouvent de contentement ! » Dans une famille, le père et la mère occupent le premier rang, ils vont au dessus et à distance des autres. La femme, les enfants, les frères de tout âge sont au second rang ; ils sont en bas, et tout près de nous. Commencer par mettre le bon accord entre la femme, les enfants et les frères, et par cette voie arriver à rendre heureux les parents, n’est ce pas aller loin en partant d’un lieu rapproché, gravir une haute montagne en partant du pied ?

16. Confucius dit : « Que l’action des esprits est puissante ! L’œil ne peut les voir, ni l’oreille les entendre. Ils sont en toutes choses, et ne peuvent en être séparés. Pour eux, dans tout l’univers, les hommes se purifient par l’abstinence, se revêtent d’habits magnifiques, et offrent des dons et des sacrifices. Ils sont partout en grand nombre ; ils se meuvent au dessus de nos têtes, à notre droite et à notre gauche. Il est dit dans le Cheu king : « L’arrivée des esprits ne peut être devinée ; beaucoup moins peut elle être comptée pour rien. Tant il est vrai que les esprits se manifestent sans se montrer aux regards, et que leur action ne peut être cachée ! »
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TCHOUNG IOUNG

L’INVARIABLE MILIEU
______

Avertissement de Tchou Hi.

Mon maître Tch’eng tzeu dit : « On appelle milieu ce qui n’incline d’aucun côté, et constant ce qui ne change pas. Le milieu est la voie droite pour tous les êtres, et la constance est la loi invariable qui les régit. Ce traité contient les enseignements moraux donnés de vive voix par Confucius, et transmis par son école. Tzeu seu, craignant qu’avec le temps l’erreur ne s’y mêlât, les a consignés par écrit. Ils sont ainsi parvenus à Meng tzeu. Tzeu seu est le prénom de K’oung Ki, fils de Pe iu et petit-fils de Confucius. Il eut pour maître Tseng Tzeu. L’auteur, au commencement, parle d’un principe unique ; dans le corps de son livre, il le développe et traite de tous les êtres ; à la fin, il ramène tout à ce principe unique. Quand il le développe, il embrasse tout l’univers ; quand il se renferme dans des considérations générales, il se plonge dans les mystères les plus profonds. La saveur de sa doctrine est inépuisable ; dans tout le livre, cette doctrine est solide. Le lecteur intelligent la médite, cherche à la comprendre ; et, quand il y est parvenu, il la met en pratique toute sa vie ; elle est un trésor inépuisable.


1. La loi que le Ciel a mise dans le cœur de l’homme s’appelle la loi naturelle. L’observation de la loi naturelle s’appelle la voie (ou la règle de nos actions). Réparer la voie (ou remettre en lumière dans le cœur des hommes la règle des actions que les passions ont obscurcie) cela s’appelle enseigner. Il n’est jamais permis de s’écarter de la règle de nos actions, même un instant ; s’il était permis de s’en écarter, elle ne serait plus règle. Pour cette raison, le sage prend garde et fait attention, même quand il ne voit rien qui réclame sa vigilance ; il craint et tremble, même quand il n’entend rien qui doive l’effrayer. Pour lui, rien n’apparaît plus à découvert que les secrets replis de son cœur ; et rien n’est plus manifeste que les plus petits indices. Aussi veille t il avec soin sur ce que lui seul connaît (sur ses pensées et ses sentiments les plus intimes).

Quand il ne s’élève dans l’âme aucun sentiment de joie, de colère, de tristesse ou de plaisir, on dit qu’elle est en équilibre (parce qu'elle n'incline d'aucun côté). Quand ces sentiments naissent dans l’âme sans dépasser la juste mesure, on dit qu’ils sont en harmonie. L’équilibre est le point de départ de toutes les transformations et de tous les changements qui s’opèrent dans l’univers. L’harmonie est la loi générale de tout ce qui se fait dans l’univers. Quand l’équilibre et l’harmonie atteignent leur plus haut degré, chaque chose est à sa place dans le ciel et sur la terre ; tous les êtres se propagent et se développent heureusement.

Dans ce premier article, Tzeu seu exprime les idées qu’il a reçues (des disciples de Confucius) et qui feront la base de son livre. Il montre d’abord que la loi naturelle a son fondement dans le ciel et est immuable ; qu’elle est tout entière en chacun de nous, et qu’il n’est jamais permis de s’en écarter. Il enseigne ensuite la nécessité d’en conserver et d’en entretenir la connaissance, et de nous examiner nous même. Enfin il parle de cette influence méritoire et toute puissante de l’homme qui, doué de la plus haute sagesse, transforme tout l’univers. Il désire que le disciple de la sagesse cherche en lui-même et trouve par lui-même ces vérités, afin qu’il repousse les mauvaises impressions faites sur lui par les objets extérieurs, et rende parfaites ses vertus naturelles. Ce premier article est ce que Iang tzeu appelle la substance et le résumé de tout l’ouvrage. Dans les dix articles qui vont suivre, Tzeu seu cite les paroles du Maître, pour compléter la doctrine du premier article. (Tchou Hi).


2. Confucius dit : L’homme vertueux reste dans l’invariable milieu ; celui qui n’est pas vertueux s’en écarte. (Tchoung, qui n'est ni oblique ni incliné, et atteint la limite sans la dépasser. Ioung, ordinaire et constant). Pour ce qui concerne l’invariable milieu, l’homme vertueux ne s’en écarte jamais, parce qu’il est vertueux ; celui qui n’est pas vertueux n’évite et ne craint rien, parce qu’il est vicieux. »

3. Confucius dit : « Se tenir dans l’invariable milieu, oh ! c’est la plus haute perfection ! Peu d’hommes sont capables de la garder longtemps. »
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Vous voulez voir ce que je prépare?
Personne ne répondit, mais nos regards convergèrent sur le couvercle en carton. Ailleurs certains avaient éteint le feu, et tenant à la main la tasse ou le bol émaillé qui avait servi de casserole, ils s'étaient accroupis pour manger. Des bruits de déglutitions nous parvenaient par intermittence, comme une eau qui se serait écoulée dans le lointain. Elle jeta un œil dans leur direction avant de revenir à nous pour platement annoncer:
"Nous mangeons de la chair humaine. La tempête a duré une semaine, le sable a enseveli les herbes de la lande, personne n'a pu déterrer la moindre racine aujourd'hui."
(P365)
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Et voici que l'Enfant était dans ce rouge et que son visage était lumineux et son coeur transparent. Or l'Erudit se tenait là, abasourdi par tout ce rouge, l'absolu de ce rouge, et ses traits étaient rigides, durs, comme s'il avait eu une pierre rouge sur la figure.
Or l'Enfant lui parlait. Il dit : "Tu dois m'écouter. C'est pour ton bien. Il faut que tu m'obéisses, que tu acceptes de te faire critiquer et de porter le chapeau car en vérité tu en seras généreusement récompensé."
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