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EAN : 9782754807579
176 pages
Futuropolis (05/01/2012)
4.14/5   88 notes
Résumé :
Dans Les cahiers ukrainiens, Igort nous avait parlé de la grande famine qui avait touché l’Ukraine dans les années 30. Avec Les cahiers russes, il reste dans le récit-témoignage en bandes dessinées en s’intéressant cette fois à la Russie d’aujourd’hui ; et plus précisément à la manière qu’ont ses politiques de régler leur "problème tchétchène"...

L’auteur italien Igort a passé plusieurs années entre l’Ukraine et la Russie. Lorsqu’il a appris la mort d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne savais pas qu'un roman graphique pouvait faire aussi mal.Eh bien si, la preuve en est faite avec ce récit bouleversant : celui de "la guerre oubliée du Caucase" vu à travers les yeux et le témoignage qu'en a laissa la journaliste russe Anna Politkovskaïa. Reporter pour le journal la Novaïa Gazeta, Anna n'avait pas froid aux yeux et n'hésitait pas à se rendre sur des endroits où elle risquait sa propre vie, simplement pour que la vérité éclate. Mais que peut faire une pauvre journaliste, bien qu'assisté et soutenue par ses contre tout un Régime ? Rien. Si ce n'est mettre à jour toutes les horreurs qui se déroulaient en Tchétchénie et la brutalité (je dirais même plus, l'animosité) des soldats russes qui agissaient sous les ordres du président en personne. Les tchétchènes, bien que pas tout blancs non plus, puisqu'il ne faut pas oublier que c'est eux qui avaient organisé l'attentat du 23 octobre 2002 en prenant d'assaut les spectateurs de la comédie musicale Nord-Ost, faisant ainsi plusieurs centaines de morts. Mais, la violence doit-elle forcément être nécessairement être combattue par la violence ? Pour le régime russe, apparemment oui.

L'auteure de cette remarquable bande-dessinée remonte aussi dans le temps en nous racontant l'histoire des Goulags et de la terreur que Staline répandit en Ukraine et en Sibérie.

Il y aurait tellement de choses à vous dire sur cet ouvrage que je ne voudrais pas tout vous dévoiler mais sachez que ce dernier est un récit poignant dont on ne peut certainement pas sortir indemne ! A découvrir mais, un bon conseil, je vous déconseille la cette lecture lorsque vous être déprimé !
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Ce récit graphique est une lecture difficile, plus impressionnante que toute actualité télévisuelle, concernant un conflit lointain qui nous indiffère, et pourtant aux portes de l'Europe.

Igort produit un témoignage factuel de la brutalité du régime de Poutine et un requiem pour l'affreuse guerre entre la Russie et la Tchétchénie. de façon journalistique, il fait se succéder des chapitres indépendants, en chroniques de vie et de mort concernant aussi bien les militaires russes que les civils tchétchènes.

Dans les pas des militants des droits de l'homme et des opposants de la "démocratie" russe, l'auteur rend hommage aux destins individuels, telle la journaliste Anna Politkovskaïa, ou l'avocat Stanislas Markelov assassinés pour leur engagement dans la dénonciation du génocide tchétchène.

Exactions, mutilations, massacres, opérations de nettoyage: la violence sur le terrain est souvent gratuite, addictive pour des jeunes conscrits russes indifférents, "des gamins qui ne comprennent pas ce qu'ils font".
La brutalité du régime russe est édifiante, jusque dans la traitement de la prise d'otages du théâtre Doubrovka en octobre 2002, illustrant une indifférence de la vie humaine jusque pour ses propres compatriotes.

Un livre graphique remarquable, difficile, souvent bouleversant par le dessin flouté pour montrer l'atroce ou l'indicible. Encre à la plume pour la précision du trait, feutres, aquarelles, couleurs passées, grisées: de l'ensemble se dégage une atmosphère de froideur, de tristesse glaçante qui prend aux tripes.
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Comme il est difficile de noter cet ouvrage ?
Admirative pour ce travail colossal reconnu par Amnesty International et son devoir de ne pas oublier les combats de la journaliste Anna Politkovskaïa.
Y est décrit les horreurs subies par les victimes de la guerre entre la Russie et la Tchétchénie. Des vérités qui dérangent trop, qui mettent mal à l'aise le lecteur.
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La Démocrature (ou dictocratie), mot-valise composé à partir de démocratie et dictature, est un terme bien trouvé pour décrire le régime politique de Poutine. Journaliste pour la Novaïa Gazeta, Anna Politkovskaïa, fervente militante des droits de l'homme, est morte assassinée le 7 octobre 2006 à l'âge de 48 ans pour avoir exercé sa liberté d'expression. Particulièrement obsédée par la cause tchétchène, la journaliste risque sa vie pour lever le tabou sur la question. Son combat a pour but de soutenir "des gens qui ont connu des choses de la vie que la plupart des gens ne connaîtront jamais." (Novaïa Gazeta, 29 octobre 2001 - p.13). Pour ce deuxième tome de son dyptique sur les pays de l'ex-URSS, Igort part cette fois-ci sur les traces de la téméraire journaliste. Après s'être intéressé aux mémoires du temps de l'URSS (Les Cahiers ukrainiens), Igort se penche cette fois-ci sur la guerre oubliée du Caucase en allant à la rencontre de quelques témoins des guerres de Tchétchénie (cf. les récits de Moussa et de la mère de Toupal). Aidé de Galya Ackerman (traductrice française d'Anna Politkovskaïa) dans ses investigations, Igort revient sur l'assassinat de journalistes (dont celui d'Anna Politkovskaïa), la crise du théâtre de Doubrovka (23-16 octobre 2002), la Zatchistka, la tragédie de Beslan (1er et 3 octobre 2004), le rôle de l'OGPU au début des années 1930 et les origines du conflit tchétchène (qui remontent à 1785). Puisant également ses récits dans des sources diverses (souvenirs de Galya Ackerman, archives du forum des vétérans de Tchétchénie, dépositions, informations de la Novaïa Gazeta, etc.), Igort relaie à sa façon les investigations journalistiques d'Anna Politkovskaïa et rappelle à la mémoire de la guerre oubliée du Caucase...

Comme pour ses Cahiers ukrainiens, Igort conserve une certaine distance vis-à-vis du sujet traité. Les informations rapportées sont factuelles et laissent au lecteur la possibilité de juger par lui-même des contenus rapportés. Bien évidemment, les exactions du gouvernement de Poutine sont répréhensibles et les faits racontés sont accablants mais l'auteur se garde bien de considérer son travail comme celui d'un journaliste. Comparativement au travail très subjectif de Joe Sacco qui expose des récits différents des mêmes guerres (cf. Reportages dont le chapitre intitulé Caucase s'applique à dépeindre les conditions de vie des réfugiés tchétchènes), Igort fait une proposition qui couvre un spectre plus large des évènements. Rendant tout d'abord hommage au courage d'Anna Politkovskaïa, Igort fidèle au travail de ses précédents cahiers sur l'Ukraine, donne corps à ses récits grâce à de magnifiques illustrations. Les propos traités sont malheureuux et tragiques. Les dessins sont donc forcément graves mais ils sont servis par un coup de crayon maîtrisé qui donne une âme aux récits. Igort s'approprie brillament les représentations de la propagande soviétique en y apportant une touche personnelle très identifiable. Certaines planches rappellent le fameux tableau de Picasso, Guernica. On sera touché par le récit Ma vie de héros ou par celui de Moussa... Sorte de carnet de notes illustré, ces excellents Cahiers russes réunissant de troublants récit-reportages sur la Russie de Poutine, doivent être lus dans la foulée des Cahiers ukrainiens. La lecture de ces cahiers ne peut laisser indifférent...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Suite indépendante des Cahiers Ukrainiens, Les Cahiers Russes d'Igort relatent son voyage en Russie. Suite car c'est la même démarche que l'auteur poursuit. Indépendante car le sujet de son enquête est différent. Ici, Igort part de la mort de la journaliste Anna Politkovskaïa abattue pour avoir dénoncé la politique de Poutine et les atrocités de la guerre de Tchéchènie.

« J'ai été choqué lorsque, le 7 octobre 2006, Anna Politkovskaïa a été assassinée dans l'ascenseur d'un immeuble anonyme de Moscou. Je me rappelle avoir écrit quelque chose sur mon blog à ce sujet, bien qu'il soit réservé habituellement à la narration. Anna était morte. Une lumière s'était éteinte de quatre coups de Makarov dans le ventre et dans la tête.
La brutalité d'une démocratie travestie, à laquelle les soviétologues ont donné le nom de démocrature, avait parlé.
Pour ma part, je ne savais pas encore que, seulement trois ans plus tard, je rentrerais dans cet ascenseur, au numéro 6 de Lesnaja Ulitza, que je parlerais avec les personnes les plus proches d'Anna. Que je suivrais certains de ces parcours en quête d'un sens, malgré les questions qui se multipliaient en moi » (extrait de la présentation d'Igort sur le blog de Futuropolis).

-

Les Cahiers Ukrainiens m'avaient laissée sans voix. Remuée, mal, cette lecture m'avait pourtant ouvert tout un pan de l'histoire ukrainienne que j'avais méticuleusement pris soin d'oublier. Pourtant, malgré l'insupportable de certaines scènes, malgré la violence des témoignages, je voulais lire ce second volet du voyage d'Igort.

(...)

Si le premier tome m'avait heurtée malgré l'intérêt que je lui ai porté, je pensais être plus à même de faire face à la force de ce nouvel album. S'appuyant sur un graphisme sobre et sans aucun artifice, Igort relate le fruit de ses recherches sur le parcours d'Anna Politkovskaïa. L'ouvrage accueille le lecteur sur les faits tels qu'on les connait aujourd'hui et les circonstances de son assassinat puis, on part dans des allers-retours entre passé et présent (on y côtoiera notamment l'amie et traductrice française d'Anna : Galia Ackerman). Igort reconstitue le puzzle, met en exergue toutes les répercussions (sociales, politiques…) de l'action menée par la journaliste russe. Il aborde les pressions dont elle a été l'objet et son modus operandi professionnel, rend compte de son combat, de ses valeurs éthiques et humaines. Il livre-là un superbe hommage à cette femme.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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critiques presse (5)
BoDoi
16 février 2012
Au fil de ces Cahiers, le dessin d’Igort se fait mouvant : tantôt réaliste, tantôt stylisé, pour rendre compte de l’atrocité sans flirter avec le voyeurisme.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
09 février 2012
Igort est un dessinateur au talent indéniable, mais dans « Les Cahiers russes », ses choix narratifs dérangent, malgré l’admiration sincère manifestée à l’égard du travail d’Anna Politkovskaïa. Son livre, soutenu par Amnesty International, est amené à diviser sur la forme, pas sur le fond.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
30 janvier 2012
La lecture de Cahiers russes prend aux tripes, oblige à regarder des vérités en face, incite aussi à réfléchir. En cela, l’album atteint son but, malgré quelques imperfections et une volonté évidente de témoigner à charge.
Lire la critique sur le site : BDGest
Telerama
11 janvier 2012
Mettre à nu la cruauté des uns, la lâcheté des autres, et l'indifférence quasi généralisée, dénoncer sans jamais céder sur les valeurs en jeu : ce combat-là et le courage inouï qu'il exigeait trouvent le plus percutant des échos dans une évocation ultra sensible.
Lire la critique sur le site : Telerama
Sceneario
19 décembre 2011
Sur environ 140 pages, l’auteur nous raconte ce qu’il sait et ce qu’il a appris. Il apparaît humblement dans quelques scènes puis s’efface rapidement au profit des gens auxquels il donne la parole ou desquels il rapporte les dires. On est ainsi parfois aux côtés d’Anna Politkovskaïa ou pendus aux paroles de gens qui l’ont côtoyée. On entend aussi des victimes de la guerre russe qui met aujourd'hui encore la Tchétchénie à feu et à sang , mais également des soldats qui se sont retrouvés du côté des bourreaux.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mais dans un contexte où le massacre des Tchétchènes est une pratique quotidienne et le passe-temps préféré des soldats russes en garnison dans le Caucase, les zatchistkis ne sont rien d’autre que des razzias, des expéditions punitives. La violence gratuite contre les gens sans armes, les femmes, les vieux ou les enfants, est comme une drogue, une dépendance. A tel point que les soldats qui sont retournés en Russie ne peuvent pas s’en passer et se dépouillent entre eux
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Mais la réponse à mes questions ne soufflait pas dans le vent et les étendues blanches ne me donnaient nullement le sentiment de paix et de réconfort que j’avais espéré. Dans cet hiver moscovite, la tension était palpable, un sentiment de malaise croissant auquel je ne savais pas encore donner un nom. La Grande Mère Russie offre aujourd’hui un destin oppressant à ceux qui s’occupent des droits de l’homme, à ceux qui n’acceptent pas les vérités préfabriquées
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Nous avons tous le même sang. Et ce sont des fleuves de sang qu'on a vus s'écouler au cours de cette guerre. Et à présent ce sang court en nous, comme une décharge d'adréaline. Il ne nous mène nulle part sinon dans une pièce sombre, sans portes. À la fin, quand son effet s'estompe, on comprend combien nous sommes seuls, condamnés à rechercher des gens comme nous, qui n'ont nul besoin de mots pour communiquer.

Anna Politkovskaïa, Novaïa Gazeta, 29 octobre 2001
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Elle s'élevait contre la cruauté des militaires, mais aussi contre l'indifférence de la police, du parquet, de la justice capable de couvrir toutes sortes de crimes sans qu'aucun châtiment n'ait jamais lieu. Voilà, Anna était imprégnée de ce sentiment éthique qui transpire d'une certaine littérature russe du XIXe siècle. Anna c'était la Russie meilleure, et peut-être qu'aujourd'hui ce qu'Anna nous laisse en héritage c'est son élan, sa passion qui nous permettent de ne pas fermer les yeux, de ne pas tourner la tête. De ne pas accepter de vérités préfabriquées, pour défendre coûte que coûte les valeurs, celles qui nous rendent, après tout, humains.
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"La férocité humaine dépasse largement l'imagination..."
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Videos de Igort (53) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Igort
Voici les ouvrages qui vous attendront dès le 8 février 2023 en librairie ! de l'actualité la plus chaude avec Igort qui raconte la guerre en Ukraine au jour le jour, à celle anticipée par Jared Muralt dans La Chute, vous passerez par un documentaire passionnant sur les corvidés (les oiseaux noirs, quoi) dans La Femme Corneille, et une fiction française et rurale dans La Meute !
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