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EAN : 9782848051499
173 pages
Sabine Wespieser (02/05/2013)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Depuis son arrivée en France en 1939 lors de la victoire de Franco, Manu a vécu dans le silence de l’exil. De ses espoirs, de sa fougue de jeune combattant, de ses souffrances, de la blessure qui lui a coûté une jambe, il n’a jamais parlé. Après sa mort, son fils tente de retrouver la trace du jeune homme qu’il fut. A Argelès où les Républicains espagnols se réfugièrent en masse, à Barcelone où Manu combattit Franco dans les rangs du POUM et à Porto Cristo, sur les ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Hier, pour la première fois en 80 ans un chef de gouvernement espagnol a commémoré la Retirada. Pedro Sánchez s'est rendu à Collioure sur la tombe du poète Antonio Machado, puis sur la plage d'Argelès-sur-Mer sur les lieux de ce que fut autrefois le cimetière des Espagnols, où une stèle porte les noms des internés décédés dans le camp de concentration. Il s'est ensuite recueilli à Montauban sur la tombe de Manuel Azaña, le dernier président de la République espagnole.
Les souvenirs de la République s'étiolent avec le temps. Dans ce bel hymne à l'amour filial que sont ces Plages du silence, Thomas Pascual tente de retracer le parcours de son père Manu, militant du P.O.U.M. qui a combattu aux Baléares et en Catalogne puis a été interné dans « le camp sur la plage », à Argelès. « A la mi-février 1939, les baraquements étaient toujours un mythe. C'est en juillet que le camp de concentration d'Argelès-sur-Mer fut organisé. On tressait des clayonnages en jonc que l'on recouvrait d'une vieille toile maintenue par des mottes de sable aggloméré. Les plus chanceux avaient trouvé quelques planches; les privilégiés, une tôle ondulée. »
Le silence écrasant de l'exil pèse sur la famille, sur les plages du silence, et c'est avec ce beau roman fragmenté comme la mémoire que Serge Mestre esquisse le portrait d'un père, retrace le parcours d'un homme blessé. « Que s'est-il passé dans ces trous d'histoire qu'il a creusé de son silence? »
La Retirada, c'était il y a 80 ans et pour certains, encore , c'était hier.
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La douleur est-elle un moteur essentiel de la mémoire ? La première contribue, d'une manière décisive, à asseoir la seconde dans les consciences des individus.

C'est à cette démonstration que nous convie Serge Mestre dans son roman intitulé Les plages du silence , roman écrit en 1991 , et réécrit récemment chez un autre éditeur , Sabine Wespieser .Le récit, articulé autour de quatre lieux essentiels : Argelès –sur-Mer ,Paris ,Barcelone, Porto Christo , est centré sur le personnage de Manu, militant trotskyste du POUM (1) , réfugié , comme beaucoup de ses camarades de combat, en France en 1939 . Son fils, qui porte le même prénom, part à la recherche du passé de son père, il creuse dans le sable, par exemple celui de la plage d'Argelès. On apprend, ou on nous rappelle-c'est selon-, que ce lieu de villégiature a servi de camp d'internement pour les réfugiés : « On devait affronter les baraques insalubres, l'allée principale du camp .La rigueur de février gerçait la peau, crevassait la poitrine, creusait la terre .On avait profondément froid au coeur .On savait qu'on ne retournerait jamais en Espagne. »
L'auteur montre, tout au long du récit comment ces événements ont forgé les consciences des combattants ; il illustre à merveille le lien direct établi entre le vécu et la conviction : « le camp abritait toujours cette guerre du ventre en quoi se transforme toujours la guerre des vaincus .Pour l'instant, il abritait surtout la naissance d'un paysage neuf (…) Voilà comment un territoire devient une toute fraîche conscience. »
L'un des mérites de Serge Mestre est de décomposer avec précision les mécanismes de la mémoire, fût-elle celle d'un événement historique aussi décisif que la guerre civile d'Espagne ; ainsi fait-il énoncer à l'un des personnages : « la mémoire, c'est la répétition interprétée. »
C'est aussi évoquer les sujets qui fâchent à propos de ce conflit, les dissensions et affrontements entre anarchistes, trotskystes, communistes : « Par la suite, on a écrit que nous avions reçu des armes en bon état en provenance d'URSS. On n'a pas dit que les communistes espagnols les contrôlaient, ils ne les ont jamais distribuées aux gars de la CNT (2), encore moins à ceux du POUM. »

Par sa construction son style, la pluralité de l'évocation des lieux (quatre points cardinaux ?), ce roman s'inscrit dans une tendance fructueuse, du point de vue littéraire : la liaison des souvenirs, de la mémoire personnelle à l'histoire avec un grand H. A découvrir sans tarder.
(1) : Parti ouvrier d'Unification Marxiste, d'obédience trotskyste
(2) CNT : Confédération Nationale du Travail .Syndicat anarchiste
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Personne n'y croyait du reste, nous avons vite déchanté. C'était sur L'Indépendant que j'ai lu pour la première fois la nouvelle; d'abord le 31 janvier 1939: "Si Dante avait assisté à l'exode des populations espagnoles en France, il aurait eu matière à écrire un nouveau chapitre de son Enfer."
La une du 7 février 1939 ensuite: "Par tous les postes-frontière des Pyrénées -Orientales, une affluence sans précédent de soldats, de réfugiés, est entrée en France..."
Toutes les unes s'étaient emparées de l'évènement: le Travailleur catalan du 21 janvier: "Des canons, des avions pour l'Espagne. Ouvrez la frontière catalane!..."
Le Roussillon (journal royaliste) du 25 février: "La fin des vandales!"
Le Socialiste des Pyrénées -Orientales: "L'Espagne martyre sur le chemin de l'exil."
Somatent (dirigé par le président du P.P.F. Jacques Doriot) du 10 février: "Les marxistes exploitent honteusement ceux qu'ils ont affamés. La pègre de Catalogne déferle sur notre Roussillon."
Encore L'Indépendant du 31 janvier: "Le Perthus reste le passage de prédilection des Espagnols en route vers l'exil agréable qui les attend en France."
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Le camp abritait toujours cette guerre du ventre en quoi se transforme toujours la guerre des vaincus .Pour l’instant, il abritait surtout la naissance d’un paysage neuf (…) Voilà comment un territoire devient une toute fraîche conscience. »
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A perte de vue, le même terrain plat où ne serpente aucun sentier, les pieds du garçon s'enfoncent dans le sable.
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Vidéo de Serge Mestre
Dans le cadre des Bruits d'Espagne / Banquet de Printemps 2019, consacrés à la Retirada et à l'exil des républicains espagnols, rencontre avec le traducteur et romancier Serge Mestre à propos de son dernier livre, "Regarder", consacré à la photographe Gerda Taro. Entretien Jean-Michel Mariou
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