Trois étoiles, plus ou moins justifiées.
Parlons du positif : une intrigue accrocheuse, un personnage principal vraiment bien dessiné, plus humain que romanesque et pas cynique pour deux sous (ce qui est rare dans ce genre de littérature), des rebondissements intéressants, l'atmosphère glaçante.
L'ambiance d'un camp militaire est vraiment très bien rendue, avec ses rapports de force, ses histoires quotidiennes et ses procédures parfois absurdes. Et pis c'est pas trop mal écrit.
Maintenant, le négatif, de ces petites choses qui, seules, ne dévalorisent pas un roman, mais qui mises bout à bout en rendent la lecture difficile.
Geoffroy de la Roche, le personnage principal, est certes très bien campé.
Mais hormis le curé du camp militaire au nom imprononçable, tous les personnages me semblent caricaturaux.
Comme le dit très bien Meelly, les personnages féminins sont « maman ou putain », et c'est lassant. Dans la même veine, les simples soldats sont gros bras ou tafiolles (à prendre au second degré, hein, je veux pas d'emmerdements), les gradés pervers ou bouffis de leur importance.
De même pour le coupable, dont l'idée se précise et se transforme en quasi certitude vers le milieu du roman. Quid de la surprise de dernière minute ?
Au bout d'un moment on perd l'espoir d'un revirement de situation.
J'ai trouvé que l'intrigue suivait un faux rythme, avec des moments longs de pensées et de réflexions sur la vie de Geoffroy (d'ailleurs, j'ai horreur des rêves pseudo prémonitoires à répétition, je trouve que c'est une grosse ficelle), et d'autres où tout se précipite.
Je sais que c'est comme ça dans la vraie vie, quand on enquête tout ne tombe pas tout cuit, et c'est tout à l'honneur de l'auteur d'avoir voulu le retranscrire. Mais en tant que lecteur, c'est tout de même perturbant et hache le rythme de lecture.
Et puis c'est très violent, comme bouquin, mais ça je m'y attendais.
Mais pourquoi faut-il du gore et du trash de partout ? Alors qu'une atmosphère bien flippante fait vachement plus d'effet ? Parce que là, je voyais tout, j'entendais tout, je sentais tout, mais les descriptions étaient tellement précises dans l'horreur que je n'en ai pas été horrifiée, juste un peu intriguée au début avant de m'y habituer et de passer en mode scientifique. de fait, impossible de partager les émotions de Geoffroy.
C'est comme dans les clips gore sur la prévention routière, à force d'en voir ça fait plus aucun effet.
Les scènes de sexe à répétition aussi, même si objectivement il n'y en a pas tant que ça. D'une manière générale, pourquoi est-ce que les auteurs de romans noirs se sentent obligés de mettre des scènes de sexe dans leurs romans ?
Ici ça faisant vraiment partie de l'intrigue, mais bon, quand même quoi. On est en train d'enquêter sur une série de meutres et tout ce que le personnage trouve à faire c'est baiser ? Je veux bien qu'il ait besoin d'évacuer la pression, mais quand même.
Je me languis de retrouver un auteur qui écrirait des intrigues comme
Conan Doyle avec son Sherlock : c'était peut-être gore, mais au moins il n'y avait d'histoire de cul à tort et à travers, et c'était quand même vachement bien.
Et une dernière chose : il y a un effet « fausse fin » qui ne m'a pas plu. J'ai eu la tentation de sauter des pages pour savoir comment tout ça finirait, et de fait ça finit vraiment bizarrement. Mais pas de surprise, alors que c'est quand même l'élément de base d'un thriller.
Je m'appesantis sur les côtés négatifs du roman parce que ce sont eux qui m'ont le plus marquée, et même franchement agacée, mais si on n'est pas trop chatouilleux, on passe quand même un moment intéressant.
Ce bouquin n'est pas mauvais, c'est juste qu'il n'a pas su me plaire. Peut-être parce que l'auteur a cherché à faire plaisir à tous les publics susceptibles de lire son livre, en mettant un peu de ci, un peu de ça… Il en résulte un patchwork littéraire, nettement plus fragile et décousue qu'une étoffe tissée d'un même fil. Mais bon, on s'en accommode…