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EAN : 9782366240443
169 pages
Cambourakis (05/06/2013)
3.65/5   10 notes
Résumé :
Ce recueil présente une quinzaine de nouvelles caractéristiques de l’art de Papadiamantis. On y retrouve ses thèmes de prédilection : une profonde conscience de la fragilité humaine, l’égoïsme, la tentation du mal, la cruauté de l’existence.

La noirceur de ces visions est atténuée tantôt par l’ironie, tantôt par une forme de compassion à l’égard de ses personnages aux destins vacillants. La présence du paysage grec, de la mer, d’une nature à la beauté... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Neuf nouvelles d'amour et de tendre rudesse des îles grecques du XIXème siècle.

Rassemblées en 2013 par l'inspiré éditeur Cambourakis dans une traduction de René Bouchet, découvertes en passant à la nantaise librairie des Machines grâce à l'infatigable Charlotte Desmousseaux, ces neuf nouvelles du grand écrivain grec "classique" Alexandre Papadiamantis (1851-1911), écrites entre 1891 et 1902, sont comme autant de jolies perles permettant de découvrir ou redécouvrir un auteur un peu injustement oublié, semble-t-il.

Dans ces îles grecques belles mais rudes, où la mer nourricière est omniprésente et bien souvent redoutée à juste titre, neuf histoires d'amour, de malheur, de bonheur, de fidélité déraisonnable, d'exil forcé, de retour improbable, de sagesse au coin de la ravine ou de félicité autour d'une bouée... On sera heureusement surpris de découvrir parfois dans telle ou telle anecdote, irriguant un texte qui prend vite des allures de conte, comme un écho anticipé des histoires dont Henry Miller sut se nourrir, sur place lui aussi, pour bâtir son formidable "Colosse de Maroussi". Et on donnera ainsi raison à René Bouchet qui dans sa vive préface témoignait, en substance, que Papadiamantis s'inscrit nettement parmi ces écrivains d'apparence foncièrement réactionnaire qui valent pourtant infiniment mieux que leur positionnement socio-politique putatif...
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"La lune était sereine et jouait sur les flots"

Voilà ce que chaque nouvelle m'inspira.
Du clacissisme académique mélé de poésie....du Victor Hugo ...bon... moins ambitieux... mais tout autant romantique.
Le bruit de la mer quasi à chaque page, les vagues sur le rivage, l'onde se brisant dans une grotte, la rame qui bat la mer.
La fiancée qui se dessèche en attendant le retour du promis, la jeune fille le plus souvent cloîtrée dans sa tour et se baignant nue sous la lune, ou la jeune épouse qui se languit de son Eubée natale.
Et puis il y a les pâtres, les popes, les mousses, les capitaines, les débardeurs...toute une population d'hommes durs à la tâche...pour la plupart! et tous donnent vie à ces 9 nouvelles et à l'île au centre de ce court recueil...Skiathos.

"La fenêtre enfin libre est ouverte à la brise,
La sultane regarde, et la mer qui se brise,
Là-bas, d'un flot d'argent, brode les noirs îlots."
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Une très bonne initiative de la part des éditions Cambourakis que d'avoir réédité cette séries de 17 nouvelles écrites entre 1888 et 1908 par Alexandre Papadiamantis.

Je connaissais cet auteur pour avoir lu, il y a déjà bien longtemps son roman "Les petites filles et la mort". J'y ai retrouvé une société rude, empreinte de principes et de rigidité tout orthodoxes. Des vies soumises aux préceptes religieux, à la rigueur des rites, où la notion même de liberté intellectuelle n'a aucune place, ou nécessite une transgression périlleuse. de l'enfance à l'âge adulte, les hommes luttent contre la tentation des chemins de traverses, contre la tentation du retrait de la société, les femmes quant à elles n'existent que par leur statut de vierges, épouses et surtout de mères.

Et pourtant ! Ces pages sévères sont traversées de fulgurances sensuelles, d'élans amoureux, d'émerveillements face à la mer et à la nature. Chaque nouvelle nous raconte le moment où le personnage fait un pas de côté.

"Sous le Chêne royal" nous conte l'amour inconsidéré d'un jeune garçon pour cet arbre δρυς qui, il faut le savoir, est féminin en grec. Il s'échappe de la surveillance de ses parents et

"J'étais fourbu, en nage, hors d'haleine. A peine arrivé, je me jetai sur l'herbe, me roulai sur les coquelicots et les fleurs des champs. J'éprouvais cependant un bonheur secret, un plaisir merveilleux. Je rêvais en levant les yeux vers les branches épaisses, j'ouvrais et fermais mes lèvres avec volupté au souffle de la brise qui faisait bruire le feuillage. Des centaines d'oiseaux venaient chercher le repos dans la ramure et entonnaient les chants débridés... La fraîcheur, le parfum et la joie faisaient fondre mon coeur... (...)

Il me sembla que l'arbre - car je conservais dans mon sommeil la notion d'arbre - changeait peu à peu d'apparence, d'état et de forme. A un moment, je crus voir à la racine du chêne deux jambes bien galbées, collées l'une à l'autre, qui ensuite se décollaient peu à peu et finissaient par se séparer. le tronc me parut se remodeler pour prendre la forme d'une taille, d'un ventre, d'une poitrine aux deux seins retroussés avec grâce."

La traduction de René Bouchet fait ressortir le classicisme de la langue utilisée par Papadiamantis, sans tomber dans un style ardu et précieux. Elle rend hommage à celui qui est considéré comme le père de la littérature moderne en Grèce.

Lien : https://meslecturesintantane..
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J'ai beaucoup aimé les petites filles et la mort ainsi que le recueil de nouvelles L'amour dans la neige, j'ai donc commandé, ans le feuilleter l'Ile d'Ouranitsa. Et là, déception, j'ai retrouvé dans le désordre les mêmes nouvelles que celles de L'amour dans la neige.
Relu avec plaisir, mais un peu déçue de ne pas en trouver d'autres!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La voûte du ciel se mirait dans ce jardin prodigieux, dont l'ardeur du soleil n'embrasait pas les profondeurs, car l'astre du jour, épuisé par sa course, allait au fond de l'abîme chercher le repos et, dans ses forges marines, aiguiser ses rayons émoussés. La lune envoyait sa clarté d'argent jusqu'aux confins de cette immense étendue, et se baignait avec volupté dans ses courants. Les Pléiades, avec une exquise et virginale pudeur, scintillaient jusque dans ses gouffres inexplorés, qu'elles traversaient comme des sondes lancées our en mesurer la profondeur, pour en toucher le fond.
On entendait mille bruits résonner dans les grottes et les rochers qui entouraient cette surface immaculée - des gémissement de plaisir amoureux aussi bien que des fracas guerriers amplifiés par l'écho. Des sensations suaves, des parfums légers s'exhalaient de toutes parts et embaumaient les brises. Les embruns, le feu du soleil, colorant et durcissant les chairs, hâlaient les visages et leur donnaient un air viril.
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Je me rappellerai longtemps encore ce corps tendre, délicat de jeune fille pure que j'ai senti un jour sur moi, pendant un court moment de ma vaine existence. Ce fut un songe, une illusion, un enchantement. Comment comparer aux étreintes égoïstes, aux fausses amitiés, aux bestiales amours de ce monde, cet exquis, ce sublime frôlement ? Je n'avais pas saisi un fardeau ; j'avais trouvé le soulagement, le repos. Jamais je ne me suis senti aussi léger qu'aussi longtemps que j'ai port le poids de son corps...J'étais l'homme qui avait, l'espace d'un instant, réussi à tenir un rêve entre ses mains, son propre rêve...
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Il est vrai que Yannios parlait de son frère avec amertume, mais sa mère n'avait jamais gratifié du moindre remerciement le pauvre esclave qu'il était. Et leurs disputes ne manquaient jamais de s'envenimer à cause de ce frère, pour qui la vieille femme avait une faiblesse aveugle et qu'elle n'admettait pas d'entendre critiquer. La pauvre femme trouvait tout à fait normal que Yannios fît ce qu'il faisait pour elle. Et il ne lui serait jamais venu à l'esprit que lui aussi pût l'abandonner comme l'avait fait son cadet. Mais, au fond, elle n'avait pas tort ; Yannios était de ces hommes qui gémissent souvent, mais ne se découragent jamais.
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Elle était à cinq brasses de la grotte et nageait maintenant vers l'ouest en me tournant le dos. Je voyais ses cheveux noirs, pourtant traversés de vagues reflets d'or, son cou gracile, ses épaules laiteuses, ses bras galbés, et tout se confondait dans la clarté blonde, onirique de la lune. Je distinguais dans une alternance d'ombre et de lumière sa taille souple, ses hanches, ses jambes et ses pieds qui s'enfonçaient dans la profondeur de l'eau. Je devinais sa poitrine, ses seins fermes et élégants, qui s'offraient aux haleines de la brise, au parfum divin de la mer. C'était une néréide, une nymphe, une sirène, qui voguait comme un vaisseau magique, comme vogue la nef des songes...
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Il n'avait tiré la felouque qu'à moitié et l'avait laissée la proue enfoncée dans le sable et la poupe, où il avait appuyé les deux rames, ballottée par les vagues. In enfant aurait eu une joie indescriptible à jouer avec ces deux rames légères, une fierté inouïe à voir sa force multipliée par la faible résistance de la mer. Ne cède-t-elle pas avec la faiblesse d'une mère qui ne refuse rien à son fils, dès qu'il se met à pleurer et à crier? Deux rames pareilles à ces ailes de mouette qui font planer l'oiseau blanc à la surface de la mer, qui le portent jusque dans une grotte marine, battue par les flots, deux rames pour conduire la barque au creux d'une plage de sable.
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