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EAN : 9782924519394
400 pages
La Peuplade (23/01/2017)
3.76/5   17 notes
Résumé :
La nuit où la célèbre goélette L’Amanda Transport brûlait, Amanda Pedneault naissait sur l’Île-aux-Coudres.
Sur ce morceau de terre flottant, lieu des premières conquêtes, elle a hérité du courage des femmes et des navigateurs de sa descendance. Solide charpente prête à tout risquer pour l’aventure, canot ivre dans les vagues mouvementées de l’amour et de l’amitié, la jeune fille a couru plusieurs lièvres à la fois, a voulu aller vivre loin. Vingt ans plus t... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Amanda, l'héroïne de ce roman, est une aventurière des temps modernes. Naître la nuit de l'incendie de l'Amanda, dernier bateau de bois de la compagnie Amanda Transports c'est le signe de naître au passage d'une époque à une autre.

Fût-elle marquée par les récits de sa mère, femme de marin, ou par les amitiés qu'elle a nouées dans sa jeunesse, personne ne peut le dire même si elle, elle en est convaincue. Amanda retrace dans ce récit, d'une manière très originale, son parcours et en particulier le pacte qu'elle s'est lancé à la vue d'un tableau dans une galerie d'art à Prague :

choisir une oeuvre d'art, en tomber amoureuse, ne pas l'acquérir, quitter sa vie actuelle lors de son achat par une personne, analyser sérieusement l'avenir.
Transformer sa vie sur un coup de poker…. Amanda se lance dans ce défi sans état d'âme car elle est à un tournant de sa vie. 48 ans, mariée à Mulan qui perd peu à peu la vue, mère de deux enfants : Sabina et Finn qui sont désormais adultes, son métier de critique culturelle l'a amenée à croiser la route d'hommes qu'elle a aimés, qu'elle a désirés et désormais elle veut faire sa route seule. Etre son propre capitaine, être libre.

Ca fait des années que je surmonte la nature, que je multiplie la compassion pour ce qu'il traverse. On serait sans doute pas plus forts si tout notre potentiel existentiel s'évanouissait d'un seul coup comme ça lui est arrivé. Je suis rongée de culpabilité. Sans coeur, que je me dis. Je me fouette d'être une pauvre insensible, de ne pas consoler sa peine, de vouloir tourner le dos à son malheur. Mais il m'entraîne avec lui, je coule avec lui. (p302)

Avec la lecture de cet ouvrage on s'embarque dans un récit à la construction étonnante. L'auteure tient une sorte de journal de bord où au fur et à mesure elle aligne ses pensées, ses correspondances, ses mantras, ses petits souvenirs du passé sous forme de courts dialogues, comme des petites scénettes, mais confie aussi à sa fille Sabina, l'héritage de ce que fut sa vie et les rencontres qui l'ont jalonnées.

Amitié, Amour, tout se mêle et se mélange, l'amour de sa mère guettant le passage du navire de son marin de mari, l'amitié avec les ami(e)s et les amours adolescents sous forme de liste où chacun rencontre, quitte, retrouve, aime, oublie, revient ainsi que les lettres que l'on ouvre tous les 4 ans et où l'on met ses espoirs pour l'avenir.

C'est une mise à nu d'un coeur de femme, du chemin qui l'a mené à faire ce pacte, peut-être en pensant que jamais elle n'aurait à tout quitter, que le tableau jamais ne trouverait d'acquéreur, faisant la découverte que certaines rencontres ne sont pas anodines et que tout cela devait sûrement arriver.

Pour l'instant, j'ai trouvé plus acceptable : si aimer, c'est choisir, alors choisir, ce n'est pas renoncer. Ce ne peut être cela. Parce qu'on serait alors coupés de tout, du monde, du désir. On ne serait plus libres. Et accepter ça c'est inconcevable dans ma tête, ça bloque, ça ne passe pas. Et je me bats, je retourne les choses dans ma tête. Moi, je pense que « choisir, c'est résister ». La résistance appelle à garder la tête froide, à raisonner, à peser les pour et les contre de chaque situation, à être maître de soi, à être fort.(…)J'ai choisi, je ne renonce pas. (p349)



Dans ce récit à la forme très originale, il y a une sorte de pêle-mêle ou l'auteure étale sa vie par tout ce qui l'a constituée mais aussi des réflexions sur son travail d'écriture, de la recherche du mot, de son analyse et ce à quoi se résume sa vie :

Ma lecture du monde se résume en quatre verbes : lire, dire, écrire, nommer. (…). On rencontre quelqu'un qu'on lit, avec qui on tente de dire les choses importantes, de raconter sa propre histoire, on s'ajoute alors et on bifurque pour écrire la même histoire, un temps, et par l'amour qui s'écrit, on nomme l'amour, on le crie sur les toits, on le fait rayonner dans le monde entier. (p308-309)

Comme une goélette, la vie d'Amanda (peut-être l'auteure) la ramène à son port, à ses attaches à cette Isle-aux-Coudres, où elle puise ses racines, où son coeur n'a cessé de battre.

C'est l'ampleur de la perte qui a fait la différence. J'étais découragée de perdre tous les regards complices, les embrassades à l'insu des enfants, les projets du futur. En échange de l'imparfaite amitié, m'était offerte une solitude dont nul ne veut, valorisée par personne. Ne résiderai-il pas là, le nouveau modèle de la vie moderne ? Pourquoi refusons-nous la solitude en bloc ? (p364)

L'auteure approfondit la valeur de l'amour et de l'amitié, bouleverse les idées du couple et de la famille. Où s'arrête l'amitié, où commence l'amour, peut-on être amie avec un homme ou est-ce de l'amour ? En utilisant une écriture poétique elle remet en cause le présent et envisage l'avenir de nos sociétés.

On est surpris par la construction, il faut un peu de temps pour s'immerger dans le style et l'écriture, mais une fois embarqué, on les apprécie car ils donnent des bouffées d'air, de respiration, deS sourireS parfois, à un récit qui aborde des thèmes importants dans nos vies.

C'est un voyage dans la littérature canadienne féminine dont je garderai, non pas le goût du sel, mais le goût d'une réflexion sur l'amour, l'amitié et finalement la vie.

Pigé – « Oui, il devait y avoir un lien entre l'ignorance des choses et la dureté du coeur, entre l'incapacité de nommer et celle d'aimer ».
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Alors, que raconte cette histoire?
Amanda est née à l'Isle-aux-Coudres, dans Charlevoix, au Québec, en 1967 et elle doit son nom à la goélette de Laurent Tremblay qui a pris feu quelques heures avant sa naissance. Elle est donc associée à l'eau, au départ, au feu, au large, au retour. Elle grandit sur l'île en compagnie des siens et de ses trois meilleures amies. Puis, un homme, Edmond, lui fera connaître l'amour. Comme la goélette quittant son port, elle part pour étudier et ensuite, elle s'installe à Prague où elle épouse un autre amoureux, Milan, qui deviendra le père de ses enfants. Ce dernier, peu à peu, perd la vue. Elle prend la décision de larguer les amarres, de tout quitter pour se réinventer ailleurs par le biais des mots puisqu'elle sent qu'elle a dérivé.
Dans ce récit, l'autrice explore divers genres. Ainsi, Amanda s'adresse tout d'abord à sa fille Sabina. Puis, le lecteur retrouve des extraits de ses carnets de voyage et des lettres adressées à son amant, des définitions, des tableaux typographiques, de la poésie. En ce sens, la lecture du récit apparaît dynamique. Elle invite le lecteur à affronter diverses vagues, à suivre le mouvement des mots, à visiter des contrées autres.

Mais encore, l'autrice explore les sentiments comme l'amour et l'amitié sous toutes les facettes jusque dans la solitude.

Si l'amitié est ce sentiment si pur que reconnaissent les grands philosophes, ne faisons-nous que régresser dans l'amour? Une fois amoureux, l'amitié ne serait plus hélas possible et la vie du coeur se réduirait à cette quête du retour à l'amitié, aux continents blancs qu'on a connus enfant? (p. 67)

En échange de l'imparfaite amitié, m'était offerte une solitude dont nul ne veut, valorisée par personne. Ne résiderait-il pas là, le nouveau modèle de la vie moderne? Pourquoi refusons-nous la solitude en bloc? (p. 364)

De surcroit, le lecteur retrouve tout au fil des pages de nombreuses références à L'insoutenable légèreté de l'être de Milan Kundera (noms des personnages, dialectiques de la légèreté et de la pesanteur, Prague, etc.). À cet égard, Amanda quitte mari et amant pour s'aventurer en elle un peu comme la Sabina de Kundera.

Par ailleurs, je me suis beaucoup retrouvée dans ce livre. D'abord, j'ai revisité mes souvenirs reliés à mes amies d'enfance et à ceux de mon premier amour. J'ai réfléchi à cette question que l'on se pose tous, peut-il y avoir une relation d'amitié entre un homme et une femme? Aussi, tout comme Amanda, j'ai grandi devant le fleuve et dans la même région qu'elle. J'ai aimé les anecdotes concernant la légende de la roche pleureuse de l'Isle-aux-Coudres. Je comprends lorsqu'elle écrit :

De mon côté, c'était le fleuve qui me manquait le plus, grand canal de communication déplaçant les plus éloquents silences. Puissant courant rassembleur. Où que j'aille il continuerait en moi. Il était dans ma peau, dans ma charpente, dans ma composition. (p. 130-131)

Je partage son désir de solitude, de questionnement par rapport à l'amitié, du fait qu'en laissant un lieu, on quitte des amis pour aller en rencontrer des nouveaux.

Aussi, vous savez que je reviens de Belgique. Dans ce récit, Amanda, à la fin se retrouve à Bruxelles. J'ai eu la chance d'y passer une journée. En terminant le récit en sol canadien, j'ai eu la surprise de constater que je me suis assise par hasard à la terrasse du Cirio et que je ne connaissais pas son histoire (en fait, je ne me souvenais même plus du nom de l'établissement). J'ai été enchantée de la découvrir par le biais du texte de Mylène Bouchard. Tout comme Amanda, j'ai pu voir le serveur accompagné de ses deux bouteilles pour composer les Half and Half dans les flûtes à champagne et d'observer les couples de personnes âgées déguster leur apéro. Grâce à Mylène Bouchard, j'ai appris que Jacques Brel venait dans ce lieu pour boire son Half and Half. C'est tout simplement incroyable! Je me suis arrêtée par hasard pour déguster une bière et manger une gaufre dans cet endroit et ce dernier est présent dans le livre. J'ai eu toute une surprise! Grâce à l'autrice, je découvre à quel point ce lieu possède une belle histoire… Si j'avais su!

Je vous invite à prendre le large et à embarquer sur l'Amanda le temps d'un récit. Vous allez osciller sur une mer intérieure, belle, aux couleurs de l'amour et de l'amitié. Elle est imparfaite cette mer, mais elle s'avère douce pour l'oreille. Un texte sensible, intelligent, émouvant.

https://madamelit.ca/2019/07/25/madame-lit-limparfaite-amitie-de-mylene-bouchard/
Lien : https://madamelit.ca/2019/07..
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J'ai lu ce livre dans le cadre du Mois québécois organisé par le Picabo River Book Club avec la collaboration des éditions La Peuplade. Sans cette belle initiative, je serais passée à côté de l'imparfaite amitié et vraiment cela aurait été une belle rencontre manquée.

En ouvrant les premières pages de ce livre, je craignais qu'il se résume à un exercice de style, brillant mais formel, avec alternance de citations sur des pages blanches, extraits de dialogues, tableaux typographiques, listes et touches de graphismes. C'est très beau mais cela ne me touche pas profondément, moi qui aime avant tout les histoires. Mais, très vite, l'histoire justement se met en place, celle d'Amanda, Amanda Pednault, née sur l'Île-aux-coudres, au milieu du fleuve Saint-Laurent, un lieu sublime au sein duquel tous les habitants se connaissent, d'où une inévitable endogamie. Amanda tire son prénom du nom d'une goélette l'Amanda Transport. Elle en a hérité un goût pour les voyages, l'exil, le fait de partir (pour mieux revenir ?).

Ce livre nous livre un magnifique portrait de femme autant qu'un hommage à la liberté, non pas érigée comme un slogan mais comme un besoin intime, viscéral de cette femme qui refuse de "vivre au bord de sa vie". Surtout, Mylène Bouchard nous offre un plaidoyer vibrant pour l'amitié dont finalement l'amour, même le grand, ne serait qu'une forme imparfaite puisqu'"elle ne permet pas de jouer". Nous la suivons de son île à Berlin, où elle rencontre l'amour, à Prague, où elle s'installe avec son mari, laissant son île derrière elle, ville qu'elle finira par quitter puis à l'Anse-Pleureuse, qui pourrait être son paradis longtemps recherché.

L'écriture est sublime, empruntant tour à tour à la prose, à la poésie, à la philosophie, au graphisme. Un mélange hétéroclite mais qui, grâce au brio de l'auteure, ne nous perd jamais. Amanda est une femme aussi attachante que forte, loin de la caricature féministe que je craignais. Elle est humaine, vibrante, touchante et nous livre sa vérité au lieu de la Vérité, ce qui change tout.

Vive ce mois québécois ! J'ai bien envie d'envoyer la main à Mylène Bouchard (saluer de la main en québécois)
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Parfois les premiers mots permettent de se lancer. de trouver le commencement d'un billet.
Ici, il s'agit d'amour. D'amour et d'amitié. Pas d'un seul amour mais de plusieurs, de ceux que l'on croise tout au long de notre vie, de ceux qui font de nous des êtres emplis de souvenirs doux et amers. de ceux qui permettent de grandir et d'aller voir ailleurs. de l'amitié, parfois impossible, entre deux amants, de l'amitié donnée à sens unique. de l'amour d'une mère pour sa fille, de celui qui ne se veut pas étouffant mais libérateur.

Amanda veut léguer à sa fille le récit de sa vie, de ses amours passionnelles et de ses amitiés imparfaites. Elle lui offre alors un récit empli de poésie, de liste, de conseils à suivre ou pas, à garder précieusement pour plus tard ou à suivre de ce pas (oui, il faut aimer très fort).

« Réfléchis bien cela Sabina : 1 Aimer très fort / 2 Résister / 3 Choisir »

C'est une ode à la vieL'imparfaite amitié est de ces livres qui n'offre pas que des paroles mais des tremblements intérieurs et émouvants. Les pages se suivent mais ne se ressemblent pas. Il est grisant de penser qu'Amanda est près de nous, à écrire ses mots, tous ses mots, pour qu'ils ne disparaissent pas.
Laissez-vous aussi bercer par ce roman aux allures de carnets de notes, de recueil de poésie, d'essai, de doux pêle-mêle attendrissant. que cette histoire. Elle offre la sensation que notre bonheur est à portée de mains et qu'il serait idiot de le refuser. Il serait bête aussi de se fermer aux rencontres qui peuvent nous faire chavirer. Il serait idiot de dire non.

Mylène Bouchard m'a touchée avec ses mots sortis tout droit de son coeur. Offerts pour vibrer avec elle, pour ressentir son histoire, pour aimer à notre tour.
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Je continue les chroniques sur les livres que j'ai aimé, qui date du printemps. La rentrée littéraire arrive bientôt.

Une gamme musicale entre mélodie et dissonances, contre-temps et pauses, changements de rythme.

Des pensées apparemment en désordre pour nous dire les relations entre deux êtres, l'amour, l'amitié, partir ou rester.

De ses amours passionnés ou platoniques, Amanda, la narratrice, nous dit presque tout.

Nous sommes à Prague, où elle s'est installée avec Milan, directeur photo, qui deviendra son mari. Elle, elle chronique la vie culturelle, rencontre écrivains et musiciens, artistes peintres.

Lorsqu'une nouvelle galerie d'art ouvre, elle fait le pari insensé de désirer une oeuvre jusqu'à ce que celle ci soit vendu. Elle changera alors radicalement de vie, chamboulera tout. Un petit air de « L'homme dé » de Luke Rhinehart, la parodie en moins.

Amanda aime et aimera passionnément.

Le récit, qu'elle laisse à sa fille comme un héritage, est celui d'une femme qui a choisi la liberté comme moteur.

Entre carnet de notes, essais, roman et poésie, Mylène Bouchard recense les mots pour dire l'amour et l'amitié.

Dans un style bien à elle, l'auteure se découvre au fil des pages, dans une carte du tendre moderne et subtil.

Un très beau livre.
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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critiques presse (2)
LeMonde
15 juin 2018
Une femme détaille sa vie sentimentale à sa fille adolescente. La Québécoise Mylène Bouchard signe un roman enflammé, d’une belle audace formelle.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaPresse
09 février 2017
Le quatrième roman de Mylène Bouchard parle du sujet éternel, incontournable, inépuisable qu'est l'amour. À moins que ce ne soit de l'amitié. Dans un cas comme dans l'autre, ce ne sera jamais assez.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (41) Voir plus Ajouter une citation
L’esprit de l’exil hante toute amitié. Tout lien. J’avais une île, j’allais voir ailleurs. J’avais des amis, j’en voulais encore. J’aimais les rencontres. J’étais poussée dans la nouveauté. Je n’ai jamais eu peur de m’attacher. J’ai un mari, mais je suis loin, j’ai dérivé. Le début de mon exil…
Où sera sa fin ?
La ligne ne peut qu’être mince. Moi, j’ai l’impression d’être constamment assise dessus à tanguer en idéaliste acrobate. Un pied dans l’amour, un pied dans l’amitié. Où tracer la ligne ? Qu’est-ce qui est possible ou impossible ? Correct ou indécent ? Je vais lui faire changer, le titre de son livre, à Hubert. Lui dire que l’amitié est possible quand on s’ouvre et prend des risques. Le possible rend la vie réelle. En théorie, l’amitié est peut-être impossible parce qu’elle n’est dans plusieurs cas qu’illusion, fausse représentation. Elle crée des sœurs de sang, des fratries, puis du jour au lendemain fait apparaître quelqu’un qui te vole ta place, un projet qu’on ne peut refuser, une ligne pointillée à compléter.
Que reste-t-il à faire devant l’égarement ?
Se ressaisir.
Entrer dans le voyage.
Voir d’un œil pragmatique ce qui se tisse.
Rendre les choses possibles. Les choses de l’amour, de l’amitié et de l’existence.
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Ca fait des années que je surmonte la nature, que je multiplie la compassion pour ce qu'il traverse. On serait sans doute pas plus forts si tout notre potentiel existentiel s'évanouissait d'un seul coup comme ça lui est arrivé. Je suis rongée de culpabilité. Sans cœur, que je me dis. Je me fouette d'être une pauvre insensible, de ne pas consoler sa peine, de vouloir tourner le dos à son malheur. Mais il m'entraîne avec lui, je coule avec lui. (p302)
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Pour l'instant, j'ai trouvé plus acceptable : si aimer, c'est choisir, alors choisir, ce n'est pas renoncer. Ce ne peut être cela. Parce qu'on serait alors coupés de tout, du monde, du désir. On ne serait plus libres. Et accepter ça c'est inconcevable dans ma tête, ça bloque, ça ne passe pas. Et je me bats, je retourne les choses dans ma tête. Moi, je pense que "choisir, c'est résister". La résistance appelle à garder la tête froide, à raisonner, à peser les pour et les contre de chaque situation, à être maître de soi, à être fort.(...)J'ai choisi, je ne renonce pas. (p349)
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Edmond était partout dans mon voyage.
Avoir constamment quelqu'un dans la tête, c'est encombrant. ça obstrue les autres liens, ça gêne les nouvelles rencontres. Je me promettais à lui, je limitais mes transports amoureux. (...)
Je restais une promise à qui on avait fait aucune promesse.
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J’ai reconnu les marsouins. C’est comme ça qu’on appelle les habitants de l’île dans le coin. C’est eux que j’ai quittés avec la plus grande des tristesses au cœur, les gens merveilleux de ce bout de pays peu connu pour ce qu’il est. Ces jeunes qui tournent sans crainte de se faire prendre par la police. Ces gens qui giguent, qui gueulent quand il le faut, qui se rassemblent. Ces gens qui mangent du pâté croche. Ceux qui font de longues marches à l’intérieur des terres parmi les coudriers, qui les gossent. J’ai quitté le morceau de terre flottant dans le fleuve, j’ai choisi les routes de tout acabit, pas que celles qui tournent, des routes droites qui serpentent avec des champs des deux bords, de maïs, de canola, de blé blond qui danse, de blé mûr à Félix. J’ai voulu vivre le pays. Et je suis partie le cœur gros comme son importance. J’ai pris le bord des chemins, en ne sachant pas où j’arriverais. Et jamais je n’aurais même pu deviner que je ferais ma vie à l’étranger, comme une véritable étrangère qui finit par n’avoir aucune place à soi nulle part.
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