Locke & Key - Intégrale, tome 2

J'étais en train de me dire, alors que je terminais ce très joli volume, que rares ont été mes lectures de BD qui m'ont happé, subjugué, comme le font parfois les romans. Elles sont en général très proche de moi (je pense à Blankets de Craig Thompson) et peu ou pas fantastiques. Aussi je pense que si cette série m'exclut du monde alentour depuis quelques jours c'est parce qu'elle est proche tout en étant fantasque.

Proche pour ses personnages, peints dans leur quotidien sacrément dingue entre deux pointes de normalité. On pourrait presque croire que cela puisse nous arriver. Avoir la chance de vivre dans une maison de folie avec tout un putain de jeu de clefs.

Être comme Kinsey. Insensible à tout. qui s'en fout.
Ou alors Dodge. Asexué, ou plutôt sexy en tout genre. Ténébreux. Vilain vilain vilain. Qui ne s'en fiche pas. Mais avec une telle classe et une telle malice. Et qui hante plus sûrement et plus magnifiquement son entourage que toutes ces saloperies de téléphone dans notre gris-monde. Avez vous remarqué ? Aucun des personnages n'est zombifié par ce petit carré de voyeurisme. Je digresse. Mais en même temps je m'extasie. Et je tremble.
Plus qu'une intégrale et la série est terminée. Alors que là il me semble qu'elle a encore tant de piste à explorer, tant de choses à dire.

[Coup de coeur]

La tension est toujours omniprésente dans ce volume, et on est tentées de penser à la lecture que rien ne semble pouvoir arrêter Dodge. Là où les enfants découvrent et tâtonnent avec les clés de Keyhouse, Dodge les maîtrise toutes, a un plan bien précis en tête et semble avoir envisagé toutes les échappatoires possibles et comment les contrer.

Si on en apprend un tout petit peu plus sur les origines de Zack / Dodge, l'histoire complète de la bande d'ami⋅es du père Locke et de cette nuit fatidique dans les caves inondées de Lovecraft, reste un mystère.

De nouveaux personnages entrent en scène et deviennent proches de Kinsey, et ça redonne un peu d'espoir de voir qu'elle rencontre et passe du temps avec d'autres personnes que Dodge. Même si le temps qu'elle passe avec iels n'est pas forcément moins dangereux ! Kinsey commence d'ailleurs à se rendre compte de l'erreur qu'elle a faite en se débarrassant de sa peur et de sa tristesse, surtout quand ses ami⋅es ou ses frères ne sont pas là pour l'empêcher de foncer tête baissée.

Si la mère était un personnage plutôt absent des deux premiers tomes, elle est un peu plus présente ici et l'histoire aborde en surface pourquoi elle s'enfonce dans l'alcool et ne parle pas de ce qui est arrivé le jour du meurtre de son mari. On en découvre plus également sur Rufus, le fils autiste de Ellie qui vit sous le même toit que Dodge et qui, lui, n'est pas dupe.

J'apprécie particulièrement les auteurs et autrices qui utilisent la fantasy pour critiquer notre société et j'étais ravie que ce soit en partie le cas ici, quand Kinsey et Bode utilisent une clé leur permettant de changer de couleur de peau et qu'iels sont confrontés immédiatement au racisme (ordinaire ou pas) des personnes qu'iels croisent. Pour les personnes qui craignent que cela soit trop « lourd » ou appuyé, j'ai le sentiment que c'était très bien géré : les enfants sont surpris et tristes de la situation qui se déroule sur quelques pages, avant que l'histoire passe à autre chose.

La deuxième partie de l'intégrale comprend de nombreuses ellipses tandis que sur des semaines les enfants découvrent de nouvelles clés et se font attaquer par Zack. Ces nouvelles clés et attaques sont présentées en quelques cases ou planches seulement, ce qui peut être frustrant puisqu'on aurait pu s'attendre à assister aux aventures complètes des Locke. Mais finalement, cela permet à l'intrigue d'avancer, sans devenir trop répétitive. Au contraire, la fin de cette intégrale promet encore plus de dangers pour la famille Locke, et une résolution proche, pour le meilleur ou pour le pire.

Comme pour le premier volume, les illustrations de Gabriel Rodriguez sont époustouflantes de justesse, que ce soit dans les détails (qu'ils soient pleins de fantasy ou très gores) et surtout dans les expressions des personnages : rien ne semble avoir été laissé au hasard dans le dessin de leurs visages ou de leur langage corporel. le travail sur les palettes de couleurs contribue également à l'ambiance instaurée dans Locke & Key. En revanche, au début du quatrième tome (la deuxième moitié de l'intégrale donc), il y a un jeu avec un style de dessin tout à fait différent pour donner le point de vue de Bode et si je reconnais que l'exercice est intéressant, il m'a moyennement convaincue à la lecture et je m'en suis trouvée plus confuse qu'autre chose. Même la recherche au niveau de la construction des planches, avec des cases superposées sur une case pleine page, m'a frustrée plus qu'autre chose parce que je n'arrivais pas à visualiser la scène comme je l'aurai voulu. Mais cela ne dure qu'un chapitre et ne m'a pas empêché d'avoir un vrai coup de coeur pour ce deuxième volume !
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Je vous avais parlé de la première intégrale de Locke & Key qui regroupait les deux premiers tomes de cette série qui en comporte 6 en tout et que l'on avait adorée. Cette série a été créée par Joe Hill, le fils de Stephen King et dessinée par Gabriel Rodriguez. Il s'agit d'un comics horrifique et fantastique où l'on va suivre la famille Locke dont le père a été assassiné et qui trouve alors refuge dans la vielle demeure de famille sur l'ile de Lovecraft. Mais ils vont vite découvrir qu'il s'y passe des choses étranges, notamment des clés magiques qui ont toutes des pouvoirs différents lorsqu'on les actionne dans une serrure. Ils vont faire la connaissance de Dodge, un être maléfique prêt à tout pour s'emparer des clés et en particulier de la clé Omega, qui permet d'ouvrir la mystérieuse porte noire…
On avait ici un pitch de départ assez alléchant qui nous avait directement convaincu. Et pour cause, les deux premiers tomes étaient prenants, angoissants, sanguinolents, bien pensés, pleins de rebondissements et bien dessinés. On avait vraiment envie de lire la suite afin d'en savoir plus sur ces clés, leurs pouvoirs et leurs origines. Et nos attentes ont été absolument satisfaites avec les tomes 3 et 4 que l'on a dévoré avidement !...
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Je viens de découvrir, lire, aimer, plonger, trembler, terminer la trilogie Locke et Key en moins de 48h. du beau travail les gars. Prenant, malin, emberlificoté comme on aime, on va chercher l'inspiration auprès d'Alan Moore (un des tomes lui est d'ailleurs dédié), on se permet un clin d'oeil du côté de Stephen King, un autre chez Calvin & Hobbes de Bill Watterson, et puis un autre chez Lovecraft, et puis un autre vers les comics des années 60... Pourtant, ce petit jeu de références propre à la culture geek – qui irrite le plus souvent – passe ici sans problème tant l'intrigue, sa construction, sa narration, son inventivité, sa transposition en images sont maîtrisées.
On peut regretter un troisième tome plus convenu où la flamboyance des imbrications savamment dosées de flashbacks avec le cours du récit laisse place à une narration plus conventionnelle et plus plate. Quelques discours larmoyants sur la fin (et autres réflexions sur la vie après la mort) peuvent agacer, il faut bien terminer. Sinon : good job, guys !
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