Je goûte beaucoup à la bibliothèque la présence de Teryl Euvremer, une artiste subtile et discrète qui sait partager avec les enfants son plaisir de raconter et de créer. (...)
Elle refuse de donner le nom d'"animation" à ce partage vivant. Ce terme évoque parfois quelque thème ou programme parachuté, bien ficelé, utile pour les rapports à transmettre aux autorités: il risque de ne pas donner sa part à l'imprévisible, à la parole spontané de l'enfant.
Je me suis beaucoup intéressée aux bunko, ces petites bibliothèques à domicile qui, dans un monde trop grand, un monde stressé, un monde qui va trop vite, me paraissent si précieuses. [...] A Tokyo, un des plus connus est celui de Kyoko Matsuoka. j'y suis allée un samedi après-midi et j'ai vu arriver les enfants à vélo avec leur sac de livres sur le dos. [...] Rien ne distingue la bibliothèque des autres maisons du voisinage si ce n'est une enseigne discrète qui annonce les horaires le samedi après-midi. Chaque bunko porte un nom ; le sien s'appelle La Pomme de pin. Le bureau de son appartement se transforme chaque samedi en bunko pour accueillir des enfants du voisinage. Presque deux cents le fréquentent de manière régulière, me dit Kyoko. Plus d'un millier de livres leur sont proposés, classés de manière simple. Les enfants se sentent ici chez eux, prennent le temps de lire, de choisir, d'écouter des histoires.
Au cours de ce premier entretien, le bibliothécaire ne manque pas de demander à l'enfant : "Qu'est-ce que tu aimes ? Qu'est-ce qui t'intéresse ? Qu'est-ce que tu souhaiterais faire à la bibliothèque ? Tu sais qu'on peut t'aider."
"J'aime la bibliothèque, confiait un enfant à sa mère, parce que les bibliothécaires sont toujours debout." Voilà une manière imagée d'exprimer la disponibilité des adultes.