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EAN : 9782850610011
155 pages
Premier Parallèle (09/05/2019)
4.38/5   4 notes
Résumé :
Après Le Coureur et son ombre, unanimement salué par la critique, Olivier Haralambon brosse une galerie de portraits de cyclistes imaginaires.
Un texte qui prend sa source dans le monde du vélo mais dont chaque ligne touche à l'universel.

" Il s'est entiché de son vélo comme on s'attache à une machine, et il s'entraîne non pas pour gagner, mais pour stagner : s'étant bâti de muscle, pour rester cet ouvrier qu'il aurait dû être. Ou il est un cha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
On n'a jamais aussi bien écrit sur le vélo depuis Antoine Blondin. Parce que, comme l'auteur du « Tour de France en quatre et vingt jours », Olivier Haralambon fait de la course cycliste une métaphore de la vie, avec ses ascensions difficiles, ses pentes trop raides, ses descentes vertigineuses, ses sprints endiablés et ces lignes d'arrivées qu'on franchit in extremis. Ce livre est un peloton, un groupement compact et solidaire de douze portraits de coureurs dont les trajectoires s'effacent devant les sacrifices et l'urgence de la victoire. C'est l'histoire de douze hommes amoureux de la même femme : la petite reine. Douze portraits empreints de tendresse et de nostalgie, entre la vedette oubliée, le coureur de jupon et le reconverti dans le commerce.
Les sports de course ne m'ont jamais passionnée. J'ai vu mon père s'enthousiasmer devant sa télé pour les montées de l'Alpe d'Huez, au temps où Bernard Hinault dominait la grande boucle. Depuis les années quatre-vingt-dix, j'ai l'impression que tout est joué d'avance, que le vainqueur est celui qui a bénéficié du meilleur docteur Folamour. La dimension épique de ce sport, aux limites des possibilités humaines, semble avoir disparu. D'ailleurs l'auteur s'intéresse moins aux exploits qu'aux débandades, aux trophées qu'aux souffrances endurées, comme si, finalement, le coureur cycliste est l'un d'entre nous qui, par magie ou par hasard, est devenu un centaure paré de mille couleurs, présenté à la foule, condamné à se surpasser. Haralambon écrit avec justesse, dans une langue chérie et travaillée, où l'érudition vient toujours à propos. Voici un extrait : « il traverse des fumées épaisses et colorées dans les cris et le hurlement des klaxons à air comprimé. Il a beau se retrancher dans l'intimité de ses propres gémissements, de sa respiration sifflante et de la violence de son pouls, tous ces culs nus qui courent et tremblotent à ses côtés, ces perruques secouées et ces bouches éructantes, c'est comme toutes les fêtes quand tu n'es pas d'humeur : ça ressemble à l'enfer. Il pédale dans un tableau de Jérôme Bosch ». Chez Haralambon, la description des corps en mouvement est impressionnante de grâce et de précision, incarnée à l'extrême, comme si Rodin était passé à l'écriture. Mention spéciale pour le douzième hommage à un cycliste… femme, évocation pudique d'une pionnière incomprise, Jeannie Longo.
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Imagine all the cyclists

12 portraits en forme de nouvelles. Olivier Haralambon aime passionnément les coureurs cyclistes. Mais comme il aime avant tout l'être humain qui est derrière le costume du coureur, ses portraits, pour inspirés qu'ils peuvent être de vrais coureurs, dont les silhouettes de certains se dessinent plus ou moins nettement entre les lignes, restent avant tout anonymes.

Pour appuyer cet anonymat revendiqué des figures cyclistes mises en avant, Olivier Haralambon n'intitule pas ses différents portraits de noms ou de prénoms. Il met en exergue une caractéristique, un trait de caractère… « le Reconverti », « Cheville Ouvrière », « L'oeuf », « le Prodigue », « L'impeccable » ou « le Confisqué » pour ne citer que certains d'entre eux.

Olivier Haralambon fonctionne énormément par analogies, par images dont on se demande parfois où il va les chercher mais qui au final se révèlent systématiquement pertinentes. Que ce soit avec le monde ouvrier, que ce soit à travers des figures christiques, Olivier Haralambon sait parfaitement saisir les situations ou les tempéraments et les rendre compréhensibles au lecteur.

Parmi les portraits les plus touchants, il y en a trois qui m'ont particulièrement marqué. Il y a « Dernières économies » qui parle de cet ancien coureur en maison de retraite qui voit passer les cyclistes sur l'écran de la salle de télévision et qui repense à l'échappée belle qu'il a tenté l'année précédente, y mettant toute sa science de baroudeur et toutes ses dernières forces d'homme, pour essayer de rallier les Champs-Elysées et respirer une dernière fois le parfum du peloton. Il y a « L'oeuf » qui raconte cette course sur piste qui semblait promise mais qui chavire sur un instant d'inattention. Et il y a « Antilopes » qui parle de cette femme qui a enfourché son vélo et participe à des compétitions alors que, dans sa famille, seuls les hommes pédalent à ce niveau. Comme un symbole de la masculinité de la société, c'est d'ailleurs le seul portrait féminin de cycliste. Pour autant, les femmes sont très présentes dans le livre à travers les figures maternelles essentiellement.

Olivier Haralambon joue avec les vies, mes souvenirs, le temps, les failles de ses personnages, leurs corps et leurs paroles, ceux et celles enfouies derrière les façades de circonstances que le sport de haut niveau impose aux coureurs. Il joue ainsi avec l'âme de ses personnages. Raison pour laquelle, d'ailleurs, ses personnages ont de multiples facettes. Olivier Haralambon parvient en quelques pages, à chaque fois, à les rendre toutes nettes, toutes complètes, toutes cohérentes, toutes pures.

Olivier Haralambon parle beaucoup d'anciennes figures du monde du vélo comme pour mieux marquer le fait qu'on ne cesse jamais vraiment d'être un cycliste. Cycliste un jour, cycliste toujours. Car ne dit-on pas que le vélo, ça ne s'oublie pas ?

Et si on ne parvient pas toujours à mettre un vrai visage, un vrai nom sur les portraits imaginaires d'Olivier Haralambon, cela importe peu : il reste de merveilleuses histoires, merveilleusement mise en texte par Olivier Haralambon. Un cycliste donne tout sur une compétition, d'un jour, d'une semaine ou de trois semaines : un cycliste doit aimer se faire mal avant toute chose ; Olivier Haralambon ne s'épargne pas dans ces quelques pages somptueuses et le lecteur ne sort pas indemne de cette lecture. Chamboulé et bouleversé, ému autant par les histoires que par le style, il ne pourra plus jamais voir, si tant est que ce fût jamais le cas, les coureurs comme de simples machines.

Lien : https://garoupe.wordpress.co..
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Cher Olivier Haralambon,
Je vous hais, je vous déteste, je vous honnis ! Je n'ai qu'un seul souhait, en refermant “mes coureurs imaginaires”, c'est de vous écarteler, place de Grève, avec des chevaux de traie à qui je commanderais de ne pas aller trop vite.
De piètre blogueur littéraire, porté aux nues par quelques compliments bienveillants, j'ai rêvé, à mon tour, de passer de l'autre côté de la barrière et de me mettre à l'écriture et… je vous ai lu !
Comment ai-je pu, ne serais-ce qu'un instant, fantasmer sur la sortie d'un ouvrage quand il y a, dans un coin de ma table de chevet, un livre d'Oliver Haralambon ? Je vais de ce pas me flageller de ses pensées obscènes.
Eric Naulleau a raison quand il dit : “Je donnerais cher pour avoir écrit ne serait-ce qu'une phrase de « Mes coureurs imaginaires »” . Et puis, après tout, je suis bien trop feignant et désormais trop vieux, pour écrire plus qu'un article sur un blog.
Cher Olivier, comme votre précédent ouvrage “le coureur et son ombre”, nous voici transpercés d'une plume trempée dans un encrier d'érudition. Je vous rassure, le supplice est très largement supportable et je le conseille à tous.
Dans “mes coureurs imaginaires”, ils sont 12 à votre table des matières. Apôtres de l'effort et de la bicyclette. Hommes, femmes, jeunes, vieux, glorieux ou besogneux. Bien sûr, certains se reconnaîtront.
Vous avez ce talent, une nouvelle fois, de nous inviter aux fonds des âmes. Vous nous plongez dans l'intime de ces esthètes de la pédale. Je veux dire en cela que nous éprouvons réellement, à la lecture, ce que ressente psychologiquement, physiologiquement ces coureurs ou anciens coureurs. Et dans la descente, vive et enivrante, l'empathie pour ces coureurs imaginaires nous envahis.
Qu'ils soient cloués à leur fauteuil, vissés à leur monture, au point de rupture…ils sont beaux à lire, le “prodige”, le “Jésus jardinier”, “l'impeccable”, “le confisqué”. Ils sont vos “coureurs imaginaires”, ils en deviennent les nôtres.
Cher Olivier, vous glorifiez la littérature sportive. Celle qu'on aime, qui nous submerge, qui nous emporte comme un tsunami. Vous lire c'est ouvrir un espace-temps littéraire. C'est un moment de lévitation littéraire.
Permettez-moi de convoquer et de détourner, quelque peu, le philosophe Bernard Andrieu. Avant de vous lire, nous sommes “le corps vivant (corps en acte sans perception)”. A vous lire nous devenons “Le corps vécu (le corps percevant des sensations)” et vous, vous êtes “Le corps décrit (le corps pouvant mettre en mots ses sensations)”.
Quand on termine votre ouvrage, il n'y a pas de doute permis, l'on se sent plus léger, plus intelligent aussi. Oui plus intelligent. Mais cela ne dure…qu'un instant.
Alors revenez nous vite !
Sébastien Beaujault

Mes coureurs imaginaires
Olivier Haralambon
Premier Parallèle
Lien : https://blogs.letemps.ch/seb..
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Pourtant pas cycliste, même pas adepte de sport, j'ai de nouveau fondu pour le livre d'un sportif. Mais que m'arrive-t-il ? Tchernobyl passé, les poules ont-elles enfin des dents ? Même pas. Il y a un phénomène qui ne s'explique pas : le talent. Quand les gens ont une plume, il faut se rendre à l'évidence, ils peuvent vous parler mécanique ou logarithme népérien avec enthousiasme, intérêt et passion. C'est le cas d'Olivier Haralambon, que j'avais déjà eu la joie de découvrir dans "Le coureur et son ombre", et qui sait conquérir son petit monde par la seule force de son verbe. Je remercie donc Babelio et les éditions Premier Parallèle pour me permettre de continuer la danse avec cet artiste via l'opération masse critique.

Charmée par son style, tantôt poétique, tantôt journalistique, au plus près de la réalité, on fait vite le constat : cet homme-là n'est pas qu'un sportif. C'est un écrivain. Un esprit. Un philosophe du geste. En esthète, il sait décortiquer l'humain, croquer nos brèches, les petits riens qui font chavirer.

Pas de redite ici, une belle continuité, une précision, un prolongement de l'évidence : on peut écrire encore et encore sur un même sujet, sans lasser son lecteur, ni s'épuiser soi-même. L'acte de création est infini et l'auteur sait autant se renouveler que s'amuser des mots, des situations, de l'écriture. Auteur à suivre !
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Recevoir ce livre à commenter par l opération Masse Critique fut un réel plaisir pour diverses raisons. La principale étant que je traque les coïncidences et que lors d'une précédente participation en 2017 j avais déjà reçu un livre de cet auteur "Le coureur et son ombre". J ai donc eu un premier plaisir de constater cette coïncidence d auteur déjà découvert précédemment par la même filière alors que j avais postulé pour plusieurs ouvrages.
J'en viens enfin à la lecture. Quelles jolies et intéressantes rencontres avec ces coureurs qui par la plume de l'auteur deviennent à mes yeux de vrais personnes. J'avais en même temps le plaisir de suivre à la télévision les efforts, performances, exploits, commentaires des héros actuels puisque nous étions en plein Tour de France. Performances egalement de la part des organisateurs devant improviser avec Dame Nature qui imposa sa loi, inutile de donner plus de précisions. J'avoue que mes héros du moment étaient les coureurs du peloton et non imaginaires comme ces derniers sont si bien évoqués par la plume d'Olivier Haralambon. Et puis arriva ce lundi 5 août où j'appris l accident mortel de mon jeune compatriote Bjorg Lambrecht en Pologne. J'aurais tant voulu qu il soit un Coureur Imaginaire.


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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il traverse des fumées épaisses et colorées dans les cris et le hurlement des klaxons à air comprimé. Il a beau se retrancher dans l’intimité de ses propres gémissements, de sa respiration sifflante et de la violence de son pouls, tous ces culs nus qui courent et tremblotent à ses côtés, ces perruques secouées et ces bouches éructantes, c’est comme toutes les fêtes quand tu n’es pas d’humeur : ça ressemble à l’enfer. Il pédale dans un tableau de Jérôme Bosch.
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Il n’est devenu coureur qu’à force de fugues et de hasards. Pour imiter quelques copains ou quelque aîné qu’on allait applaudir en famille. Les courses de village et sa jouissance ont fait le reste. Adolescent, plus d’une fois il s’est évanoui tout sourire sur les lignes d’arrivée, tant il ne voulait pas perdre, et tant il n’était question qu’il ralentît. Mais jamais l’idée de sa souffrance et de « sa capacité à endurer la douleur » ne lui serait venue à l‘esprit avant qu’on la lui souffle.
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Le buste et les yeux tendus vers l’écran et les coureurs, il s’était projeté dans la peau de celui-là qui, fermant la marche du groupe de tête, doit vigiler à toutes les petites tensions de son corps pour espérer suivre. Celui qui, si près de sa limite, pédale comme sur du verre brisé et que la moindre démangeaison menace du naufrage. Le désespéré qui s’accroche.
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Il entend encore moins que l’an passé, retranché plus profondément dans les seuls bruits de ses organes. Ses mains tremblent et ses pieds frottent un peu plus fort sur le sol quand il se déplace.
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Il avait forcément déjà cet air qu’il est commode de dire rêveur, ces yeux ronds dont on ne sait s’ils ne s’étonnent de rien ou s’ils s’affolent de tout.
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Videos de Olivier Haralambon (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Olivier Haralambon
Rencontre avec Olivier Haralambon autour de son ouvrage "Mes coureurs imaginaires" aux Éditions Premier Parallèle.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2322919/olivier-haralambon-mes-coureurs-imaginaires
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