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EAN : 9782359841732
55 pages
Esperluète éditions (10/09/2023)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Nid. Trois petites lettres à définir.

On a changé de maison, dit le personnage dans un monologue à la fois précis et hâché. Mais pour aller où ? Clinique, maison de repos, pensionnat, prison, monastère… la définition du lieu est floue, mais ce qui est sûr, c’est qu’il est fonctionnel, cadré, défini géométriquement, identique de pièce en pièce… bref, institutionnel. Au fil des fragments poétiques, la géographie de l’espace se dessine et se répète... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Tout d'abord, il y a tout ce blanc. Blanc du papier, blanc des combinaisons de ces femmes qui « parlent une autre langue. » Et puis il y a la noirceur des mots à laquelle fait écho le noir des monotypes de Pascaline Wollast dans des dessin dépouillés et légers.
« Elles parlent une autre langue, portent une combinaison très blanche. Leur tête est couverte d'une casquette. C'est comme ça qu'on les reconnait. »
Sur la ligne de crête qui sépare prose et poésie, on découvre le monde sans compassion d'un pays étranger, d'où ce titre « On a changé de pays ». Tout y est aligné, aseptisé et incompréhensible. On peut quitter ce monde, mais… on ne sait trop comment s'y prendre. Il faut apprendre une autre langue dans ce lieu où règne le silence. Ce lieu déshumanisé que l'on cherche à fuir, ce pourrait être un centre pour personnes déplacées, un hôpital psychiatrique, un service de gériatrie, où tout lieu où la liberté s'abolie et ou l'individu se replie sur lui-même. C'est écrit avec une sobriété de mots, comme pour alléger la peine que représente l'enfermement.

Dans la seconde partie intitulée « L'autre nuit », on pénètre en un lieu plus exigu
« Te voilà chez toi, duvet ajusté à la peau. » et l'auteure raconte ce « temps mi-clos, peuplé de parfums tactiles. » en utilisant le tutoiement pour abolir la distance et l'espace. « Tu » est cet humain fragile replié sur lui-même, dans un cocon, un nid pour l'escale, un terrier douillet. On se rapproche des bêtes, qui savent si bien se blottir ou se cacher : lapereau ou oiseaux. Et on redevient cet enfant pelotonné qui se souvient de son premier abri, premier nid.
« La vie en boucle te ramène au premier nid. Des bras d'une mère au ruisseau du matelas, il y eut des angles, des caps, tant et tant de cubes et de roches. »
Ce nid protecteur et si doux, un jour, il faut bien le quitter, peut-être pour un départ définitif. Ce sera fait avec douceur, sans drame.
« Il fait blanc, le grand drap s'orne de ton souffle, flotte et respire. Je n'entends que le bruissement farceur des feuilles. Il fait libre. »
De tous ces petits riens, de ces choses intimes, l'auteure construit son récit comme on construit un nid, mot après mot. Elle le raconte, ce nid, en usant d'une écriture sans artifice, avec une simplicité assumée.

Ce recueil d'une élégance dépouillée et aux illustrations sobres est à lire, à feuilleter pelotonné dans son lit, dans le creux d'un profond divan ou caché dans le foin. Mais qu'importe le nid pourvu qu'on y soit bien.
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A la première lecture, j'ai été déconcerté par ce lieu étrange où officient des femmes en combinaison blanche et à casquette. Elles parlent une autre langue. C'est un monde étrange dont on subit les règles sans les comprendre. Est-on dans un service de psychiatrie ? Un camp de réfugiés ? En tout cas, sans être vraiment prisonnier, on n'y est pas tout à fait libre. On veut pourtant s'en aller par la porte de derrière, prendre la voiture. Partir, c'est devenu une obsession. Quitter ce lieu où tout est mesuré, tout est aligné à l'identique, un lieu sans âme où l'on se perd un peu plus. La folie ?
La seconde partie aborde la notion du nid qui a donné le titre à ce recueil. Un nid, c'est fait pour s'y blottir, protégé des autres et de la fureur du monde. Dans ce nid, on se souvient de l'enfant qu'on a été. Et peut-être qu'on le redevient un peu en se repliant sur soi jusqu'à perdre la notion du réel et se rapprocher de l'oiseau. A la fois dehors et dedans, le « tu » auquel s'adresse l'auteure s'efface lentement tout en retrouvant sa légèreté. Alors, enfermement ou fin de vie « à l'heure de l'autre aventure », la liberté est au bout.

J'ai bien aimé l'écriture sobre ainsi que la légèreté des monotypes noirs et gris de Pascaline Wollast qui s'accordent parfaitement aux mots de Françoise Lison-Leroy

Un grand merci à Esperluète éditions et à Masse critique de Babelio pour cette jolie découverte
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Dans cette nouvelle publication de Françoise Lison-Leroy et Pascaline Wollast (qui ont déjà collaboré pour Les bouloches), le texte se présente en deux parties. La première, « On a changé de pays », se passe en un lieu non précisé, cela peut être un hôpital, une maison de retraite, voire une prison. L'écriture est sèche pour décrire cet univers uniformisé, elle se fait impérative pour partir, quitter ce lieu, s'échapper.

L'autrice, rencontrée à la librairie Chantelivre de Tournai le 14 octobre dernier, a expliqué s'être inspirée de l'accompagnement de ses deux parents en fin de vie. Tout est « vrai » dans ce livre. La confusion entraînée par la maladie ou le grand âge, le sentiment d'enfermement, le désir de fuite pour retrouver sa capacité à décider de sa vie vont de pair avec la liberté, l'autre face de l'enfermement.

La deuxième partie, « L'autre nuit », se fait plus douce, en « tu ». le nid, c'est l'abri pour les exilés, les personnes déplacées. Cela peut être aussi le dernier lit. « Un lieu, dit Françoise Lison-Leroy, où s'alléger, où retrouver un équilibre à n'importe quel moment de la vie. » C'est ce qu'illustre l'extrait en quatrième de couverture.

C'est la patronne des éditions Esperluète, elle-même éditrice, qui a choisi Pascaline Wollast, plasticienne, céramiste, pour accompagner le texte de ses monotypes. « Je n'ai pas toujours tout compris 😉 J'ai travaillé avec les vibrations des mots » explique-t-elle. L'artiste a fait une démonstration lors de la rencontre : le monotype est une technique aléatoire, qui apporte des surprises. Les silhouettes appuyées l'une sur l'autre, les chaussures, les ombres et les blancs des oeuvres accompagnent les textes avec justesse et légèreté. C'est une fois de plus une belle réussite !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Je remercie Babelio et les éditions Esperluète de m'avoir permis de lire et relire à maintes reprises déjà ce livret très sobre intitulé «NID» de Françoise LISON-LEROY parsemé d'une dizaine de monotypes dépouillés mais toutefois très évocateurs de Pascaline WOLLAST.
Tout de suite, j'ai été étonnée par ce livre blanc, couleur soutenue par un texte se résumant à 7/8 lignes en partie supérieure de chaque page. Puis au fur et à mesure de la lecture du premier chapitre, je suis saisie d'un sentiment noir, étrange, de désarroi, de malaise. le personnage principal, est-ce un homme, une femme, un enfant ?, raconte son environnement de béton, géométrique, aseptisé, contrôlé par des personnes non identifiées qualifiées de gardes. le récit captivant malgré sa sobriété m'a permis de m'identifier au personnage et je me suis ressentie tout aussi désorientée, impuissante et démunie. Sommes-nous dans un milieu carcéral, un internat, un hôpital ? En tout cas, le personnage du récit souhaite vainement partir avec une de ses parentés qui fait le lien avec l'extérieur de ce qui est fortement ressenti comme un lieu inhospitalier, clos et surveillé.
Dans le second chapitre, nous voilà dans ce qui semble être l'environnement personnel et connu du personnage qui est souvent comparé à un oiseau : moineau, grive, merle, passereau. Tout est familier, douceur, protection, chaleur, creux, parfums, chants, bonheur, nid.
Le récit se termine par le blanc de cette oeuvre et je suis émue.
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J'ai lu un livre de Françoise Lison-Leroy il y a quelques années et j'ai été heureux de lire celui-ci grâce à Masse Critique et aux éditions Esperluète qui continuent à allier le texte et l'illustration.
Il est composé de deux recueils de courts textes qui m'ont laissé un peu perplexe. La première partie, "On a changé de pays", nous conduit dans ce qui ressemble à un lieu d'accueil pour des migrants. Tout y est propre et net, fonctionnel .. mais les personnes qui y vivent n'ont qu'une envie, repartir !
La deuxième partie s'intitule "L'autre nuit." C'est un texte où on sent plus de chaleur avec un retour à l'enfance. Un nid où on se sent lapereau, moineau ou lérot, bien au chaud, à l'abri, entouré d'amour. Cela permet d'envisager une nouvelle mue, une autre liberté, celle de la fin de la vie.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Mon corps est une armoire. Je vis dedans. Quand elles viennent, je voudrais me cacher ailleurs. Je pourrais m'enfuir et elles ne verraient rien, je serais toujours là.
ton corps est une armoire. Je vis dedans. Quand elles viennent
Toi tu me vois parce que tu sais. Tu sais que j'existe à l'intérieur. Et moi je me sens invisible.
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On a changé de pays.

Ici les maisons se ressemblent. Elles sont alignées comme des cubes, mêmes dimensions pour toutes, une porte, une fenêtre. Et ça n’en finit pas, il y en a jusqu’au bout de la ville.

Les gardes viennent apporter à manger. Elles se taisent. Nous dormons dans la chambre. Le matin quelqu’un tire les rideaux. (p. 7)
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La grive s'ébroue dans l'aubépine, buisson solidaire et armé. De son perchoir, elle surveille son fief moussu, tapi dans le lierre. Seul un faucon pourrait anéantir l'énigme qui court à l'insu des aguets. D'autres meurtriers flânent, oiseleur jaloux, belette saisonnière. Il faudra planquer les pépiements.
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Mélodie des premiers berceaux, raclements de langue et de gosier : te perçois-tu passereau, relié à tes pairs? Il arrive que tu restes immobile, les yeux clos, dans la fanelle joufflue. Le pépiement te revient, comme un appel aux ailes maternelles.
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La vie en boucle te ramène au premíer níd. Des bras d'une mère au ruisseau du matelas, il y eut des angles, des caps, tant et tant de cubes et de roches. La caresse initiale reprend vigueur, comme une chevelure butine la tête enfantine. Tu te perçois soleil et lune, dans ton antre, au milieu du désert. La voûte lactée te protège.
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